Our melody

Jeu 17 Oct 2024 - 2:44

Our melody

L’Arcadia avait repris le large depuis quelques jours, laissant un sentiment bienfaiteur dans le cœur de la sirène. Anastasia était revenue, les blessures avaient été pansées et ils avaient même accueilli une nouvelle passagère depuis peu sur le pont. Ayant besoin d’aide ou plutôt de distance avec ce dit lien d’âme-sœur, Aelyna avait trouvé refuge sur l’Arcadia et Calyssa avait été plus qu’heureuse de pouvoir l’accueillir. Déjà parce que donner un coup de main, c’était plus fort qu’elle, mais elle était aussi ravie de pouvoir passer un peu de temps avec son amie qu’elle ne voyait que trop peu. Bon, ça ce n’était pas réellement sa faute puisque toutes les fois qu’elle avait tenté de mettre les pieds sur le Sea Hawk, elle s’était récolté une vague de mépris de la part de son frère. Enfin… elle ne savait plus exactement ce que c’était. Bien souvent, la sirène était plutôt convaincue que son frère la détestait, sans réellement comprendre pourquoi. Calyssa avait tenté, encore et encore de se rapprocher de lui, particulièrement dans son adolescence. À ses yeux à elle, s’était si stupide qu’il cherchât à la repousser constamment, mais elle n’avait jamais été capable de lui faire entendre raison. Alors les années s’étaient écoulées et petit à petit l'amertume avait pris racine dans son cœur. Les rencontres se déroulaient toujours de mal en pis, chacun y allant de reproches, de piques et d’une mauvaise humeur à rendre mal à l’aise tous les autres matelots. Ils ne se comprenaient pas et ne se comprendraient sans doute jamais. Ce n’était pas faute d’avoir essayé par contre. Et Rhyse faisait ses propres choix depuis longtemps… peut-être trop longtemps pour son propre bien. Il serait peut-être temps de l'assommer avec une pelle pour lui remettre les idées en place… Deux fois plutôt qu’une.

Toujours est-il qu’elle appréciait le roulis de la coque contre les vagues. Le mouvement l’apaisait et lui permettait enfin de pouvoir s’arrêter et tenter d’apprécier le moment présent. Assise à la proue du navire, les iris perdus dans ce magnifique couché de soleil, Calyssa avait enfin l’impression d’avoir le droit à un peu de repos. C’était que sa vie s’était emballée depuis les derniers mois. Tout avait commencé lorsqu’elle avait retrouvé son frère à Temerys pour les festivités de Beltane. Allez savoir pourquoi, il lui avait proposé de l’accompagner pour la découverte d’Hydore, cette vieille cité marine dont les rumeurs d’une reconstruction étaient parvenues à la surface. Refusant de s’en plaindre et surtout ne voulant pas laisser l’occasion de prouver à son frère qu’elle pouvait avoir l’étoffe d’une femme forte et vaillante, Calyssa avait bien entendu accepté. Mais disons que la descente dans les eaux tumultueuses de la Baie des Sirènes n'avait pas été de tout repos. Entre l’attaque des requins, celle du tarasque, la découverte de la reconstruction, du décès d’Heiura, les émotions avaient été chamboulées de part et d'autre sans pouvoir avoir le temps de tout assimiler. Dès son retour sur la terre ferme, Anastasia avait entraîné l’équipage de l’Arcadia dans une vendetta pour libérer un otage hybride. Les combats avaient fait rage et surtout il avait fallu panser là aussi des blessures. Croyant qu’elle aurait eu le temps de s’en remettre, elle avait voulu participer aux festivités de la Lune Rouge pour se défouler, s’amuser, retrouver ses racines de joie. Haha. Hahaha. Hahahaha. Le dieu Alkeny avait été bien contre cette idée. Arrachée à Oshaara pour se retrouver à Ka’Hauni avec les siens, la belle s’était amusée une bonne partie de la soirée avant que les choses ne déraillent à nouveau. Là encore, elle était revenue épuisée et blessée, ayant nécessité les soins de Neera pour guérir sa peau qui avait été brûlée par le dragon ainsi que sa tête qui lui faisait terriblement mal.

La sirène terminait justement avec son amie qui lui donnait ses derniers conseils. Calyssa la remercia chaleureusement d’une longue accolade avant de la laisser s’occuper de quelqu’un d’autre de plus nécessiteux qu’elle. Elle esquissa quelques pas sur le pont du navire, songeant à cette succession d'événements, évitant soigneusement d’avoir des pensées pour un certain triton qui retournait son estomac, y créant constamment une envolée de papillons qu’elle repoussait de toutes ses forces. Il n’était qu’un fruit défendu auquel elle ne voulait pas céder, même si elle se doutait qu’elle n’aurait pas indéfiniment les forces pour s’en tenir loin. Sérieux, c’était la loose de vivre des sentiments pareils, incapable d’avoir le contrôle sur ceux-ci. Mais pour une fois, dans les derniers jours, son esprit s’était allégé et elle avait retrouvé un peu de sommeil, lui permettant ainsi d’être plus joyeuse et plus présente avec l’équipage plutôt que d’être constamment dans sa tête. Et il était franchement temps. Il y avait tant de choses à vivre que de se morfondre sur un homme…

Soulevant la main pour masser sa nuque et chasser les pensées qui commençaient doucement à l’envahir, elle observa les matelots sur le navire et étira un petit sourire sur ses lèvres en voyant le plus jeune de leur bande un peu plus loin. Ce jeune homme, elle l’avait adopté rapidement dans ses âmes préférées. Solan était un être solaire pour elle, constamment souriant à ses yeux. Sans plus attendre, elle s’approcha de lui de sa démarche légère presque dansante. “Bonjour mon p’tit bijou.” Une mine amusée et complice se glissa sur ses traits alors qu’elle s’accoudait à ses côtés. Elle l’observa quelques secondes avant de regarder le ciel qui se zébrait de magnifiques couleurs alors que le soleil déclinait doucement à l’horizon. “Comment vas-tu?” Elle délaissa le magnifique spectacle devant elle pour étudier les traits de Solan. “J’ai réalisé que ça faisait un petit moment que nous nous étions arrêtés pour regarder le soleil décliner et pour notre petit duo musical. T’aurais envie qu’on s’y lance ce soir? Il me semble que j’aurais envie de chanter!” Un léger rire franchit ses lèvres, amusée par ses propres paroles, mais il était vrai que ça lui manquait, chantant beaucoup moins dernièrement. Il était temps de remédier à la situation!

(c) DΛNDELION