Cachez les miroirs ! [Velizar]

[ En italique, Velizar parle par la pensée ]

[An 31, Litha Jour 37 – La Citadelle]


Ses pensées prenaient de nouveaux sentiers qu’il n’avait pas encore l’habitude d’emprunter. Cela faisaient des semaines, des mois, que son esprit faisait ce qu’il n’avait jamais fait auparavant : se concentrer sur son entourage. Velizar avait passé près de trente ans à suivre Nikolaï où bon lui semblait et à faire tout ce qu’il lui ordonnait de faire. Il n’avait que rarement pris le temps de rencontrer des gens, de tisser des liens. La technique avait été parfaite, Velizar n’avait qu’un entourage très limité, dont les Ozova tenaient la plus grande partie. C’était une façon comme une autre de le maintenir étroitement attaché. Mais le Roi s’émancipait. Il avait appris à laisser d’autres personnes entrer dans sa vie. Des amants, qui allaient, et venaient, auxquels il s’attachait quelque peu et qu’il laissait repartir en tentant de ne pas craindre pour ses secrets. Des amis, qui s’installaient à ses côtés. Et évidemment, Elowen. Voilà donc celle qui accaparait ses pensées du moment plus que personne d’autre ne l’avait jamais fait.

C’est que Velizar jouait à un jeu dangereux avec la jeune femme. Il lui laissait de plus en plus de place dans son esprit, derrière ses barrières protectrices. Elle était la seule à savoir, dorénavant, pour son lien avec Anastasia. Elle prenait de la place, elle prenait du pouvoir et, s’il n’avait absolument pas peur qu’elle cherche un jour à l’évincer d’une façon ou d’une autre, il était surtout agacé par cette place qu’elle prenait partout en lui. Comme si elle y avait fait une marque indélébile. Il faut dire qu’ils s’entendaient merveilleusement bien et qu’Elowen avait une fâcheuse tendance à dire précisément ce qu’il avait envie d’entendre, quand il le fallait. Ce n’était pas que charnel entre eux, c’était bien plus complexe que ça, bien plus profond. Comme une alter égo, une version plus sournoise de lui, ils se comprenaient et se poussaient mutuellement vers le haut. Jusqu’où irait leur ascension ? Il était curieux de le savoir.

Une fois de plus, il n’avait pas suivi le déroulé de la conversation qui avait lieu autour de lui. Velizar avait convoqué plusieurs personnes pour avoir un compte-rendu des cellules de soldats et d’esclaves qu’il possédait à travers l’Archipel et la paperasse avait eu tendance à lui laisser un peu trop de temps pour réfléchir. Jusqu’à maintenant, son oncle avait pris soin de le tenir écarté de tout ce qu’il considérait comme « des détails » et maintenant, le shaman se devait de tout reprendre, pour tout savoir. Les questions avaient évidemment fusé de toutes parts et il avait fini par se masser les tempes. Il n’avait aucune envie de parler de négociations en cours avec qui que ce soit dans cette salle. Seule Elowen était au courant pour le moment. Et il allait probablement mettre Zoya sur le coup, pour qu’elle gère les opérations. Il faudrait aussi en parler à Mislav, avoir son point de vue, tout en le cachant à Nikolaï tant qu’il ne serait pas sûr de lui et…

- Dehors.

Velizar n’eut pas besoin de se répéter. Le regard assassin, les mains en train de presser ses tempes, la colère qui montait était trop visible et eux tenaient beaucoup trop à leurs vies pour insister. Ils se levèrent et quittèrent la salle en murmurant, laissant le souverain seul face à la tonne de papiers et de cartes devant lui. Une fois le retour au calme passé, Velizar attrapa une plume et griffonna, de sa fine écriture, des noms de villes proches des endroits où étaient cachés ses esclaves, dont la plupart étaient des océanides. Il en entoura plusieurs qui étaient non loin les unes des autres, les relia par des flèches, pour pouvoir s’organiser rapidement. Il récupéra les tas des listes, choisit quelques noms, en fonction de l’état des esclaves et…

Il la sentit avant de l’entendre.

Et ses lèvres s’étirèrent.

Comme à son habitude, Caitlyn soigna son entrée et le souverain leva les yeux sur elle. D’aucun la trouverait trop bruyante, trop excentrique – et Velizar le premier probablement – mais leur lien était trop important, trop ficelé, trop ancré, pour qu’il lui en tienne rigueur. Il déposa sa plume dans l’étui approprié, chassa le gade d’un geste de la main.

- Caitlyn.

Le Roi empila les parchemins qui l’intéressaient, puis se leva avec le sourire le plus orgueilleux possible quand elle fit une blague à propos des miroir :

- Essaies-tu de me charmer ? Qu’as-tu à me demander ? Avoue-tout, maintenant !

Les liens entre les Ozova étaient si protocolaires qu’ils semblaient souvent n’avoir rien de familiaux. Velizar et ses cousines ayant grandi dans un climat particulier, uniquement dirigé vers les objectifs de leurs parents, ils n’avaient pas pris – eu – le temps de créer des jeux et autres affinités comme les autres enfants de nombreuses familles. On leur dirait de toute façon qu’un Roi et son espionne n’avaient pas besoin de plus de proximité qu’actuellement pour s’entendre et être utiles. Oui mais…

Mais les deux shamans avaient traversé ces murs érigés par d’autres et s’étaient aimés malgré tout. Un amour étrange, mais un amour tout de même. S’il y avait une chose importante pour Velizar, c’était qu’on ne touchait pas à ses proches sans conséquences. Valeur qu’il avait acquisse seul, puisque, pour Nikolaï, qui l’avait élevé, le plan passait avant tout le reste. Et cette façon qu’il avait de refuser qu’on s’en prenne à son entourage – n’était-il pas le seul à en avoir le droit après tout – les avait rapprochés tous les deux d’une étrange façon, il y a des années de ça. Il regarda, sourire mielleux aux lèvres, sa cousine lui présenter une sublime révérence.

Le Roi s’approcha d’elle et posa une main sur sa joue. Il l’obligea à lever les yeux dans les siens, effleura ses pensées pour vérifier ses états d’âme, son état général, et lui sourit enfin, de façon plus chaleureuse :

- Tu es rentrée, oui.

Il échappa un rire moqueur à la suite :

- Dieux, tu n’en loupes pas une. Cesse tes singeries et raconte-moi tout ce que j’ai à savoir, lui dit-il en lui présentant une chaise et en retournant s’asseoir lui aussi.

Velizar étira ses pouvoirs, contacta un domestique et lui fit apporter, quelques minutes plus tard, deux verres et une bouteille de vin, avec un plateau de choses à grignoter, dont du raisin – il y avait toujours du raisin, quand le Roi avait faim.

- Alors ? Comment trouves-tu mon château ? Demanda-t-il alors qu’on leur servait le vin.

Le regard qu’il posa sur elle était sans appel. C’était son château. Il n’avait pas vu sa cousine depuis un moment, probablement trop long. Et elle allait rapidement se rendre compte que Velizar n’était plus le pantin de Nikolaï qui avait pris la parole devant une foule apeurée au centre de Fedja  en Ostara. Il n’était plus le même, et ce serait à prendre ou à laisser. Ses sentiments à l’égard de sa cousine ne l’empêcheraient pas de faire ce qu’il y avait à faire si, d’aventure, elle décidait de ne pas se ranger de son côté.

- Il s’en est passé des choses, par ici, depuis ton départ. Je suppose que tu avais hâte de rentrer ?

[ En italique, Velizar parle par la pensée ]

La bonne humeur n’était pas franchement ce qu’il y avait de plus récurent dans le Citadelle. Un Roi paranoïaque, secondé par un oncle qui rêvait probablement de l’assassiner, un autre oncle très prudent, une cousine qui rêvait de l’étrangler et quelques shamans présents par intérêt, l’ambiance était rarement festive. Heureusement, les nombreuses réceptions étaient là pour donner le change, pour présenter une jolie façade au peuple de Shova. Peut-être que Caitlyn était la pierre qui manquait à son édifice. Peut-être qu’elle était la clef pour lier Velizar aux autres membres de la famille, et mettre fin à la peur qui le hantait depuis des mois, des années.

- Tu m’en vois ravi dans ce cas, répondit-il. Ton sourie manquait cruellement entre ces murs.

Le regard qu’elle lui lançait, l’analyse qu’elle faisait de lui, fit étirer les lèvres du souverain. Elle ne changeait pas. Et c’était ainsi qu’elle était parfaite. Tous les membres de sa famille avaient un tas de qualités, ils savaient tous se rendre utiles d’une façon ou d’une autre, pour la famille, pour leur cause, pour le trône. Et Velizar connaissait les talents de Caitlyn. Aussi savait-il à quel point il avait besoin d’elle dans les parages.

De nouveau assis, il se concentra sur ses paroles.

- Jenror et Leeta, répéta-t-il.

Étrange comme ces noms devenaient de plus en plus récurrents autour de lui en ce moment. Ascension de leur part ou réelle coïncidence ? Velizar, pensif, faisant tourner une chevalière autour de son index, nota qu’il était temps d’en savoir plus. Il avait demandé à Elowen d’organiser une rencontre, il n’avait aucun doute que ce serait fait en temps et en heure. S’il y avait une personne efficace ici, c’était bien elle. Un grognement plus tard, il obligea ses propres pensées à se reconcentrer.

- Ça explique un peu mieux pourquoi nous sommes si mal vus sur les Quatre Vents ces temps-ci.

S’ils se mettaient à exposer des têtes partout, le peuple ne pouvait que grimacer.

Le Roi observa d’abord sa cousine, avant de s’éclaircir la gorge. Il réfléchit à ce qu’il allait lui dire et dans quel ordre. Caitlyn lui avait confié, il y a des années, sa plus grosse douleur. Ensemble, ils avaient partagé leur plus gros secret. Velizar était dans un tournant décisif de son existence. Le tout, maintenant, était de savoir si sa cousine le suivrait ou non. Il était l’heure, pour chacun d’entre eux, de faire des choix.

- Et bien, pour commencer je me suis déplacé sur Ka’Hauni début Beltane, seul.

Ça aurait pu paraître insignifiant comme nouvelle. Mais ça ne l’était pas du tout. Ce voyage, fait sans l’avis de ses oncles, avait été le début de son propre affranchissement. Velizar avait coupé les ficelles une par une.

- J’avais besoin d’un excellent chasseur de tête et Elvard m’a parlé de l’un des leurs, un de leurs esclaves. Grâce à un papier signé de sa main, j’ai pu envoyé de ce dit esclave sur les traces d’un homme qui s’appelle Ronan. J’avais appris, quelques semaines plus tôt, qu’une famille de Shova, qui nous a prêté allégeance, avait un opale noir parmi les siens dont elle ne nous a jamais parlé. Je leur ai demandé de le faire venir, ils ont refusé. J’ai donc pris les choses en mains. L’esclave, Dante, me l’a retrouvé. Nous avons fait passer cela pour un enlèvement et nous l’avons donc sauvé. Ses parents étaient fous de joie et j’en ai profité pour proposer d’allier nos deux familles.

Regard plongé dans le sien, il ne s’arrêta qu’une seconde avant de reprendre :

- Vois-tu, j’avais à y gagner un opale noir de plus, et dieu sait qu’ils sont difficiles à trouver, mais également une joli petite fortune de la part de leur famille. Ils gagnaient un lien avec la famille royale. Je l’ai donc fiancé à Zoya.

La jumelle de Caitlyn avait échappé tout ce temps au mariage forcé, il était temps qu’elle y passe. Cette alliance serait bénéfique pour la famille, il n’en doutait pas une seconde.

- Elle n’a évidemment pas très bien pris la nouvelle, mais elle a fini par l’accepter. Le mariage est prévu pour le premier jour de Lug. Et Ronan se révèle être un excellent shaman, digne de confiance – tant qu’il ne savait pas comment il était arrivé là du moins. A part ça, nous avons accueilli dans nos rangs une nouvelle opale blanche. Elle est… excellente dans son domaine, sourit-il au souvenir de tout ce dont Malka était capable, mais aussi au petit secret qu’ils partageaient ensemble. Cette pensée le mena à une autre. Il s’éclaircit de nouveau la gorge. Au fur et à mesure de mes rencontres avec Dante, j’ai… cru qu’il était mon Ombre. Disons que j’en ai encore un sérieux doute. Mislav m’a transmis un tas de documents au sujet des Ombres et je ne sais trop qu’en penser.

Il avait partagé trois nuits à ses côtés. Trois. Le Roi avait eu une énorme attirance pour l’hybride et s’en était rapproché rapidement. Il avait obtenu ce qu’il voulait. Pour ça, il avait du l’affranchir, se retirer quelques barrages, pour pouvoir l’atteindre. Et maintenant que c’était fait…

- Je ne suis plus sûr de rien, murmura-t-il en fixant son propre verre de vin auquel il n’avait pas encore touché.

Il grogna, et se concentra sur l’essentiel. Il avait gagné un excellent chasseur de tête, quant bien même cela restait un hybride.

- Oh, je me suis rendu à Bryntterre pour constater moi-même les dégâts de cette rébellion.

Personne n’était au courant de cette escapade. Velizar déploya ses pouvoirs, s’insinua dans son esprit et lui partagea ses souvenirs. L’attaque, la torture à son encontre, Elowen et Dante. Le fait qu’il n’avait mis personne au courant. Puis il enchaîna avec les événements de la Lune Rouge, la perte – encore une fois – de ses pouvoirs, les provocation du Carrery.

- Et je me suis fiancé, dit-il en plongeant enfin son sourire dans son verre.

Ça non plus, les autres Ozova ne le savaient pas encore.

Il restait à lui parler de ses plans futur au sujet de cette table ronde. Et… de la mort imminente de son père ?

[ En italique, Velizar parle par la pensée ]

S’il n’avait jamais eu à s’intéresser particulièrement à eux jusqu’à maintenant, il semblait clair que le couple de Vestrit allait avoir son rôle à jouer tôt ou tard. Volonté d’Elvard de les lui cacher ou manque d’opportunité de les lui présenter ? Peu importait, mais s’il en entendait aussi souvent parler en ce moment, il devait mener son enquête afin de savoir à quel point ils pourraient lui être utile. Velizar ne releva donc pas et se contenta d’un hochement de tête distrait, pensif.

Il écouta ensuite son point de vue sur la situation des Quatre Vents. Cet archipel avait été la porte d’entrée vers le reste du monde. C’était en le prenant qu’ils avaient ouvertement dévoilé leurs intention de conquête et prouvé qu’ils n’accepteraient aucun opposant. C’était aussi cet acte qui leur avait donné autant d’ennemis et qui avait été le début de l’organisation entre duchés pour se préparer à la guerre. Là où Nikolaï voyait une preuve de force de la part de l’Onyx, pensant que la peur serait suffisante pour leur faire ployer le genoux, Velizar, lui, voyait surtout le nombre d’ennemis qu’il était en train de se faire. Et si son oncle pensait que quelques menaces, entrecoupées de divers enlèvements et meurtres, leur offriraient l’Archipel des Sept Mers sur un plateau d’argent, le futur Roi de ce dit Archipel, lui, entrevoyait déjà les tentatives d’assassinat à son encontre qui auraient lieu régulièrement s’il se mettait la totalité de son peuple à dos. Entendre que toute la population des Quatre Vents n’avaient pas été contre ce petit changement de gouvernement le rassura quelque peu.

- Je vois. Tant mieux dans ce cas. Je ne veux pas avoir à regarder sans arrêt par-dessus mon épaule quand je fixe le Sud de L’Archipel pour le conquérir. J’ai envoyé quelques navires tenter de remettre de l’ordre à Bryntterre. J’attends de leurs nouvelles.

Jamais trop loin des pensées de sa cousine, il effleurait sans pour autant s’imposer. Et quand elle réagit à l’annonce des fiançailles, il la fixait sans mot dire, pendant qu’elle riait, imperturbable. Il avait choisi de parler justement des sujets épineux dans le but de voir ses réactions et de savoir précisément où se situer par rapport à elle. Jusqu’à quel point lui était-elle loyale ? Caitlyn était peut-être celle de la famille dont Velizar se méfiait le moins. Il avait besoin de savoir si son allégeance et sa confiance étaient pleines et entières. S’il avait le moindre doute à son sujet, qu’en serait-il pour les autres ?

- Ronan est plus fort que tu ne le penses, sourit-il, machiavélique, en écoutant ses pensées. J’ai la nette impression qu’il s’en sortira bien mieux que ce qu’on aurait pu imaginer, et il semble qu’il apprécie tout autant les quelques privilèges que je lui accorde. Observons donc, avant de juger.

Une pensée lui fit froncer les sourcils. Encore une fois, il s’agissait de Nikolaï. Encore une fois, c’était à Nikolaï qu’on voulait se référer pour prendre la bonne décision. Velizar joua nerveusement avec les joyaux de ses chevalières. Nikolaï… alors que c’était lui, le Roi. La colère commença à le tirailler doucement, lentement. Caitlyn ne voyait-elle en lui que le pantin de bois que les Ozova avaient tenté de sculpté pour eux ?

- Nikolaï n’a pas agi puisqu’il n’a été informé de la situation qu’une fois ma décision prise. C’est Zoya qui a été la première au courant. Elle a négocié plusieurs avantages pour son armée, avant d’accepter. Avec le sourire, se moqua-t-il, puisque c’était loin d’être vrai.

Velizar n’aurait probablement pas accepté un refus de sa part, mais quelque chose en lui restait prudent tout de même. Il annulerait ce mariage à la dernière seconde s’il estimait qu’un membre de sa famille était en danger. Peut-être le rappellerait-il à Zoya lui-même. Après tout, là était toute la subtilité de Velizar. Il était seul à avoir le droit de s’en prendre aux siens.

Il ne connaissait pas l’emploi du temps de l’opale blanche par cœur, aussi préféra-t-il faire un geste vague de la main :

- Elle vit ici, si telle et ta question. Mais elle se montre d’une efficacité remarquable en mission alors je ne saurais te dire où elle est à l’heure actuelle.

Le sujet de son Ombre était récurent ces derniers temps et le forçait à faire certaines introspections qu’il n’avait pas envie de faire. Ses ongles glissaient sur les surfaces lisses de ses joyaux qu’il regardait sans réellement les voir. Intense sur le plan émotionnel, ça, il n’y avait pas eu trop de doute. Du moins au départ.

- Je n’en doutais pas, de prime abord. Et puis…

Velizar cessa de lui parler, et préféra lui partager ses pensées. Sans entrer dans les détails, il lui communiqua ses ressentis. Quelques nuits partagées avec le dit esclave avait calmé l’intensité de ses émotions. Comme s’il avait obtenu ce qu’il désirait, comme si le fait d’avoir bravé cet interdit là n’avait eu de saveur que tant que ce n’était pas fait. Aujourd’hui, et bien que l’attirance soit toujours quelque peu présente, il était capable de croiser le chasseur de tête sans en faire une fixation.

Le partage des pensées suivantes eurent pour résultat le bris d’un verre hors de prix. Velizar soupira, jusqu’à ressentir la haine de Caitlyn envers ceux qui lui avaient infligé ça. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire orgueilleux.  

- Ne t’en fais pas, la dite fiancée s’est déjà occupée du coupable.

Elowen et sa façon toute particulière de lui prouver son allégeance constance. Un véritable plaisir.

Le Roi suivit son espionne des yeux alors qu’elle semblait tout faire pour se calmer. Quand elle l’approcha, il haussa un sourcil. Il se tendit au contact, lui qui y était fort peu habitué, avant de cligner une fois des paupières en soutenant son regard.

Il réfléchit, hésita, puis finit par dire :

- En toute franchise, j’ai eu peur. La perte de mes pouvoirs a été une véritable épreuve.

Voilà qu’il se leva à son tour pour se mettre à faire les cent pas en jouant avec ses chevalières, en glissant les doigts les uns contre les autres.

- Je me balade, depuis, avec une arme. Et la Lune Rouge a renouvelé cette mauvaise expérience. J’ai, aussi, décidé seul de prendre ce virage dans notre façon d’agir et ai maintenant des ennemis autant dans ce château qu’à l’extérieur. Ma nouvelle façon d’agir ne plaît pas et cette couronne ne me protège pas contre ceux qui ont l’intention de me nuire. Je m’entoure de personnes qui se disent loyales mais je ne sais pas jusqu’à quel point je peux leur faire confiance. A contrario, celles qui m’ont porté jusqu’ici montre des signes de dédain et je vais devoir prendre des décisions qui vont absolument tout changer.

Après ce monologue qu’il n’avait encore offert à personne, il se tourna vers elle, posant son ébène sur elle :

- Tu comprends ?