A quoi ça rime ?

Mar 3 Sep 2024 - 10:32

A quoi ça rime ?

Shades & Velizar

Malgré les humiliations, ça vaut la peine
Tant de remises en question, ça vaut la peine
Ne jamais baisser les bras, ne jamais penser tout bas
Comment exister si je refuse le combat?

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[An 31, Litha, jour 22, La Citadelle]

(En rouge italique, Velizar communique par la pensée.)

La peur. Silencieuse, insidieuse, perfide. Elle s’immisçait dans les moindres recoins de son esprit, dans les moindres fibres de son corps. Si c’était un sentiment qu’il avait toujours plus ou moins connu, Velizar avait réussi, pendant toutes ces années, à le cacher. Il avait enfermé ses angoisses à double tour, les avait entourées d’immenses murailles infranchissables, et avait tenté de les oublier. Parce qu’il n’avait le droit à aucune faiblesse.

Et pourtant, elle était revenue. Seul, face à ses tortionnaires, le Roi avait vu la mort arriver. Long tunnel autrefois sans fin, qui s’était raccourci en une fraction de seconde et l’avait poussé vers la conclusion d’une vie qu’il n’avait pas choisie. Les coups avaient plu, les couteaux avaient tailladé, s’étaient plantés dans les muscles et le shaman n’avait pu qu’être spectateur de sa propre destinée. Incapable d’agir, de se défendre, sans ses pouvoirs, il avait été obligé de se retrouver seul face à son miroir, et se rendre compte qu’il n’était rien, absolument rien, sans l’opale noire.

Aujourd’hui, il n’y avait plus de marques. Alors que Velizar s’habillait, d’une de ses somptueuses tenues, il frotta machinalement ses poignets, portant encore très récemment les cicatrices des blessures infligées. Sa peau était, depuis, redevenue parfaitement lisse, grâce aux merveilleux pouvoirs de Malka. Mais le Roi pouvait bien s’habiller comme il le voulait, pouvait bien se faire soigner par les meilleurs shamans du monde, ce qui avait envahi ses veines durant ce voyage, l’angoisse sourde et destructrice, elle, ne partait pas.

Si tous ces événements avaient pu lui permettre de constater qu’il n’était pas aussi seul qu’il l’avait imaginé, ça avait surtout développé son besoin de mieux se protéger. Aussi, une fois prêt, couronne sur la tête, tenue parfaite, il quitta ses appartements flanqué comme toujours de deux shamans, et se rendit vers l’armurerie. Nouvelle salle dédiée il y a quelques mois à son shaman d’améthyste personnel, elle avait été installée dans la cour du château. L’endroit avait été réparé, nettoyé, et préparé pour Benjamin. Tout le matériel dont il avait besoin avait été installé. Au sous-sol du château se trouvait déjà une salle qui servait autrefois à cet effet, mais vu la situation du jeune homme, Velizar avait préféré lui en dédier une nouvelle, plus accessible. Shades ayant refusé d’obtenir des appartements à lui au sein même du château, c’est une petite pièce confortable qui fut installée dans ce qui lui servait d’armurerie pour devenir sa chambre.

Le Roi passait rarement le voir, mais lui envoyait souvent des gens. Dès que quelqu’un travaillait pour lui, il lui proposait les services de son shaman. Uniquement aux personnes revêtant un minimum d’importance à ses yeux évidemment. Aujourd’hui, c’était sa propre vie qui avait de l’importance. Il entra dans l’armurerie par les grandes portes de bois donnant sur la cour, sans frapper, ordonna à ses gardes de rester dehors. Le bâtiment n’était autre qu’une ancienne grange, rénovée, dont la cheminée était alimentée régulièrement par les domestiques au besoin. Des établis, à bonne hauteur avait été installés et partout on trouvait toutes sortes de matériaux. Plus loin, une seule et unique porte donnait sur la chambre.

- Bonjour Benjamin. Je venais vérifier si cette nouvelle pièce te convenait.

Velizar joua nerveusement avec ses boutons de manchettes :

- Et savoir si tu avais quelques minutes à m’accorder pour une demande spécifique.

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@Shades B. Brekker

Dim 22 Sep 2024 - 21:51

Tu as tes lunettes de soudeur sur la gueule. Parce que tu as beau utiliser la plupart du temps ta magie, il y a parfois besoin que tu soudes quand tu as besoin d'assembler deux éléments. Souvent le verre et le métal. Tu n'arrives pas encore à les manipuler ensemble. Peut-être au niveau cinq. Mais en attendant, tu soudes et ça te plaît. Ca te fait un petit peu penser à Elijah. Tu te demandes bien ce qu'il est devenu...

Tu as un petit peu chaud, penché comme ça sur les flammes et tu sais que tu es sale. Si Velizar te voyait comme ça, tu te demandes s'il te ferait une remarque. Ca serait indigne de lui d'avoir un de ses suivants aussi mal fagoter.

Et comme à chaque fois que tu as une pensée pour ton employeur, tu te mets à chanter « a qu'est ce qu'on est serré... Au fond de cette boîte ». S'il passe par ici, qu'il lit tes pensées, il aura une belle surprise.

L'idée te fait marrer.

Et puis bon, vu ce qu'il vient de vivre, le futur roi, peut-être que ça le fera rire aussi ? Il faut le dérider le Duc.

Même si bon, tu ne vas pas te plaindre. L'endroit qui t'est dédié est parfait pour ce que tu as à faire. Tu ne le quittes pas souvent, il y a ta chambre aussi. Tu ne sors que pour tes courses perso ou quand tu en a marre de cette cours. Tu aimerais aller plus loin, voir Moon ou Freyr. Est ce qu'il s'est nourri ?

Tu as une pensée pour tes adelphes en finissant une commande d'un des sbires de Velizar. D'un geste forgé par l'habitude, tu relève tes lunettes sur ton front et souffle. Ton ouvrage se retrouve abandonné sur ton plan de travail alors que tes mains salies par la suie se posent sur les rues de ton fauteuil alors que tu roules pour aller chercher un grand bâton de verre dans ta réserve.

Jusqu'à ce que les portes s'ouvrent. Avant même que tu ne te retournes, ton arbalète est chargée. Tu te tournes vivement vers le nouvel arrivé... Et tu baisses le bras en voyant Velizar. Tu as un haussement d'épaules en guise d'excuses.

-Bonjour à vous aussi.

Tu roules vers ton plan de travail et y dépose délicatement ta baguette de verre.

-Comme vous pouvez le voir, je m'en suis très bien accommodé.

Tu le dévisages alors. C'est peut-être pas dans le protocole mais c'est plus fort que toi. Tu vois les gestes un peu parasitaire que tu n'as pas remarqué lors de vos dernières rencontres. Ca ne te plaît pas.

Et sa demande tu surprends. Tu plonges dans son regard et croise les bras.

-Vous demandez... Vous n'exigez pas. Je dois m'inquiéter ?

Tu lui présente une chaise finement ouvragée et propre qui était disposée dans un coin de ton atelier. Elle te servait surtout à tester de nouvelles formes, un brouillon pour tes créations finales.

-Dites moi.

Jeu 26 Sep 2024 - 19:24

A quoi ça rime ?

Shades & Velizar

Malgré les humiliations, ça vaut la peine
Tant de remises en question, ça vaut la peine
Ne jamais baisser les bras, ne jamais penser tout bas
Comment exister si je refuse le combat?

Le Roi balaya l’atelier du regard avec un air désapprobateur. Ce n’était guerre mieux rangé que dans les écuries. Mais avec Benjamin, il devait toujours se méfier de ce qu’il disait. C’était agaçant au plus haut point. Heureusement, le jeune homme fréquentait rarement le château et ils n’avaient donc pas besoin de s’y croiser régulièrement. Tant qu’il faisait son travail, Velizar n’avait rien à redire. Pour le moment.

Shades se retourna vers lui et le visa avec son arme. Immédiatement, les pouvoirs du shaman s’immiscèrent dans son esprit, prêts à intervenir et l’obliger à retourner l’arme contre lui au besoin. Une fraction de seconde plus tôt et c’était trop tard. Le Roi se serait retrouvé avec un carreau d’arbalète dans le cœur. En voyant qu’il baissait l’arme, le Duc grogna. Plus Velizar le voyait, moins il lui faisait confiance. Le problème étant que c’était le meilleur sur l’île, notamment pour la demande qu’il avait à faire. Mais il était hors de question de lui dévoiler ses peurs ou pire, de lui raconter ce qu’il lui était arrivé. Secret bien gardé, les gens de la Citadelle savaient que Velizar était parti en mission plusieurs jours mais personne ne savait ce qu’il s’y était passé. Des rumeurs circulaient, prétendant l’avoir vu rentrer blessé, mais personne n’en savait plus. Et aujourd’hui, le Roi semblait intact. Il ne divulguerait pas ses faiblesses à un homme en qui il avait si peu confiance. Si on apprenait que quelqu’un avait réussi à retirer ses pouvoirs au shaman de l’Onyx…

Il s’éclaircit la gorge.

- Tu m’en voies ravi. Si tu as besoin de quoi que ce soit d’autre pour t’aider dans ton travail, tu n’hésites pas.

Il notait l’effort de vouvoiement. C’était toujours ça de pris. Il se mordit la joue en remarquant qu’en effet, il n’avait pas ordonné.

- Disons que si tu as déjà beaucoup de projets en cours, cette demande peut attendre.

Les doigts lâchèrent les boutons, le Roi tentait de contrôler la peur. Mais rapidement ils se mirent à jouer avec les chevalières sans qu’il ne s’en rende compte. Les yeux se posèrent sur la chaise. Il hésita mais finit par s’y asseoir. Il croisa les jambes, replaça correctement sa veste puis croisa les doigts entre eux pour les empêcher de démontrer un quelconque toc.

- Ce qui va se dire durant cette conversation devra absolument rester entre nous.

Il regarda l’arme que Shades était en train de construire, réfléchit longuement, avant d’oser poursuivre.

- Je n’ai pas tenu une épée depuis longtemps et l’arc n’est pas pratique. Mais j’ai besoin d’une arme. Et si possible discrète.

Se balader avec une épée sur le côté était bon pour ceux qui voulaient montrer qu’ils savaient se battre et qui souhaitaient se montrer menaçants. Velizar aimait s’afficher sans arme. Il n’en avait pas besoin, voulait-il dire. Il avait des pouvoirs immenses et une armée sans faille. Pourquoi aurait-il besoin d’une épée ? Oui mais, voilà, il lui était arrivé ce qui lui était arrivé aux Quatre Vents. Et cela changeait la donne.

- Aurais-tu une idée qui pourrait me convenir ? Une arme pratique, camouflable et qui pourrait me protéger rapidement.

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@Shades B. Brekker

Mer 13 Nov 2024 - 22:50

Tu as bien vu son regard sur ton atelier. Ton atelier en bordel. Ca ne lui plaît pas ? Grand bien lui fasse. Tu ne vas pas te plier à tout non plus. Déjà que tu es poli.

Il ne fait aucun commentaire et tu n'en fais pas non plus. C'est bien mieux comme ça.

Mais au fond, tu t'en fous royalement. Parce que sa présence ici t'intéresse bien plus. Qu'est ce qu'il peut bien vouloir pour se présenter de lui-même et pas via une missive ?

-Parce que vous me laisseriez vous faire passer après d'autre ?

Tu croises les bras sur ta poitrine.

-Une nouvelle fois : je dois m'inquiéter ?

T'as un sourire en coin. Tu es persuadé que tu peux l'emmerder tout en restant dans la politesse qu'il chéri tant. Parfait.

Tu ne le quittes pas des yeux. Tu a été un voleur de l'ombre, observer, c'est cinquante pourcent de ton métier. Alors tu vois bien qu'il est nerveux, que ses doigts jouent avec tout ce qu'ils trouvent et surtout, que Velizar tente de les occuper autrement et se donner consistance.

Mais au fond, tu t'en fous aussi. Les états d'âme du duc, ça te passe par dessus.

Tu le regardes s’installer et roule jusqu'à lui quand il te demande la confidentialité. Il a touché ta curiosité.

Tu le laisse prendre ton temps et t'installe plus confortablement dans ton fauteuil un peu nonchalant. Bien différemment de d'habitude. Tu es bien droit quand tu travail, la concentration te maintient.

Là, tu attends... Et c'est ton esprit qui se met à jouer avec trente mille idées pendant que tu l'écoutes.

Tu reviens regarder ses mains et ça devient un petit peu plus évident.

Tu sais ce qu'il lui faut.

Tu roules un peu plus proche de lui, lentement. Tu ne veux pas qu'il revienne te faire du mal, tu n'as aucune hostilité mais tu as quand même l'impression d'approcher un animal sauvage et blessé.

-Votre poignet.

Tu tends la main.

-Remontez votre manche et montrez moi votre poignet.

Tu attends patiemment mais tu ne te tais pas pour autant. Ta langue se délie et cette étincelle brille dans ton regard.

Tu es piqué par ce plaisir de créer. Tu es piqué par cette envie viscérale d'inventer.

-Un bracelet... Discret, qui peut être esthétique en cas de manches courtes... Ou juste pour le plaisir..

Tu fais léviter jusqu'à toi un éclat de verre et le récupère. Tes doigts joues un peu autour, méticuleusement tout en restant sur quelque chose d'un peu grossier … Pourtant tout à fait convenable pour une œuvre faite en quelques secondes.

-Relié par une bague peut-être...

Tu as le mouvement, ton pouce vient appuyer à l'intérieur de ton annulaire, juste pour vérifier que ce soit possible.

-Qui serait le déclencheur.

Tu présentes la minuscule pique que tu as créé.

-Ca fonctionnerait comme une arbalète. Ca peut-être empoisonné, bien qu'il faudra voir avec quelqu'un d'autre pour ça.

Tu réfléchis et roule jusqu'à ton plan de travail pour attraper un stylo et crayon sur lequel tu griffonnes.

-La puissance peut-être assez forte pour tuer avec un projectile simple, sans poison. Ca sera votre choix.

Tu te tournes vers lui.

-Par contre, c'est une arme de défense, les munitions seront limitées.

Tu plonges dans son regard.

-Qu'en pensez-vous ?

Ven 15 Nov 2024 - 20:57

A quoi ça rime ?

Shades & Velizar

Malgré les humiliations, ça vaut la peine
Tant de remises en question, ça vaut la peine
Ne jamais baisser les bras, ne jamais penser tout bas
Comment exister si je refuse le combat?

Évidemment, s’il avait embauché le shaman, c’était dans l’unique but d’avoir un armurier qui répondrait au doigt et à l’œil à ses demandes en priorité. Seulement, cette fois, c’était délicat. Lui demander de mettre tous les autres projets de côté allait forcément faire en sorte que d’autres se poseraient des questions. Velizar n’avait aucunement envie que qui que ce soit dans la Citadelle comprenne qu’il avait peur. Ses pouvoirs, les plus puissants de tous l’archipel, pouvaient être réduits à néant par un simple artefact et ça, c’était insupportable. Il lui fallait un plan de secours.

- Non, pas d’inquiétude à avoir, signifia-t-il simplement.

Les pouvoirs du Roi effleurèrent l’esprit de Benjamin, n’y trouvant que l’envie de l’embêter au plus haut point. Navrant.

Alors qu’il approchait, Velizar plissa les yeux, se montrant méfiant. Il lui avait tout de même pointé une arbalète sur le cœur quelques secondes plus tôt. Et c’était sans compter les tensions qu’il y avait toujours eu entre eux. Le Roi avairt du mal à imaginer que Shades puisse être un quelconque espion, il lisait en lui comme dans un livre ouvert, il n’avait aucune défense psychique. Mais il avait du mal à anticiper ses gestes, ses réactions, il était trop impulsif et ça faisait donc de lui quelqu’un de dangereux à garder à l’œil. On n’était jamais trop prudent.

Heureusement, l’autre shaman semblait avoir comprit sa méfiance. Velizar ne l’avouerait pas, mais il revenait d’un voyage compliqué. Les tortures infligées marquaient encore ses veines, son cœur et son esprit, à défaut de marquer sa peau soignée. Il baissa les yeux sur sa main, puis les releva dans son regard et l’écoute. Il finit par retirer de nouveau ses boutons de manchettes et par lui tendre le poignet.

- Un bracelet ?

Le souverain ne vit pas en quoi un bracelet l’aiderait à se défendre. Mais rapidement, Benjamin s’expliqua. Une bague, un déclencheur. Une arbalète.

Empoisonné.

- En voilà une idée intéressante, sourit-il, arrogant. Sera-t-il difficile à retirer ?

Il avait tout un tas de personnes capables de lui fabriquer un poison entre ces murs. Il faudrait protéger sa propre peau du dit poison mais….

- C’est une excellente idée. Comment cela t’est-il venu ?

Il l’observa longuement, puis se pinça les lèvres :

- Il faudra que ce projet reste secret.

Il se répétait mais il était nécessaire que cet ordre soit suivi. Une fois que Benjamin eut terminé ses mesures, il baissa sa manche, remit ses boutons et lissa sa veste dans un geste quelque peu impatient.

- Dans combien de temps cela sera-t-elle prête ?

Non pas qu’il avait l’intention de partir à la guerre avec une mini arbalète – il avait des soldats pour se battre à sa place, après tout – mais l’angoisse qui lui prenait la gorge depuis son retour commençait à devenir difficilement supportable. Velizar avait besoin de pouvoir marcher dans les couloirs de son propre château sans s’inquiéter à chaque angle qu’il tournait. Il devait pourvoir se concentrer sur ses tâches importantes et pour cela, il devait se sentir capable de se défendre lui-même. En tout cas, de ne pas se retrouver inerte et sans pouvoir en une seule seconde.

Il se leva, balaya de nouveau du regard l’atelier :

- Tiens-moi au courant de l’avancée du projet. Merci pour le temps accordé.

Puis il tourna les talons sans ajouter un mot, jouant nerveusement avec ses chevalières.

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@Shades B. Brekker