Le choix de nos alliés - Ft Avitus & Ana

Les réunions au sein du Palais Maeda ne cessaient plus depuis l’arrivée des dragons sur l’Archipel. A peine sortit, les représentants de la famille et leurs conseillers se contentaient d’un verre avant de reprendre place sur un siège durant des heures. La matinée fut longue et la moitié de l'après-midi le fut encore plus. Les traits du général de guerre étaient tirés par la fatigue et même si Eiran n’avait pas été convié à la farce du Dieu Alkeny, il supportait le poids des conséquences de celle-ci, en plus du reste. La santé de Malya était fragile, trop pour qu’elle puisse assister à tous ces grands débats pendant de si longues heures. Draven était mutique, enfermé dans sa rigidité et son silence habituel quant à son aîné, Nikolas.. il se moquait de tout et préférait se tenir à bonne distance des réunions.

Jihane reportait donc ses inquiétudes et ses plans sur le cadet sans le moindre remords et avait été elle aussi informée de la venue d’une Sovevna dans l’enceinte.

« Mon général, Mme Sovevna est arrivée. Elle vous attend dans le grand hall. »

Un soulagement, une libération. Eiran se redressa, les jambes ankylosées par la posture gardée trop longtemps et salua l’assemblée d’une inclinaison silencieuse avant de sortir illico presto de cette pièce. Il troquait des grandes discussions pour d’autres grandes discussions, mais le simple fait de changer d’endroit, de prendre un café revigorant et de compter sur l'appui du Carrery suffisait à rendre cette visite plus intéressante encore.

« Hawk, peux tu informer Avitus Carrery de son arrivée. Si son état le permet, nous l’attendrons dans le salon de l’aile ouest. » Le garde hocha la tête et quitta son ombre en jetant un regard tout autour, par réflexe, toujours soucieux de la sécurité de son ami. Le danger pouvait rôder partout, y comprit dans l’enceinte du grand Palais d’Oshaara et la sécurité y était renforcée depuis les récentes confidences de Safa.

Dans le hall, une grande femme brune patientait, entourée d’hommes armés très peu souriants.

« Madame Sovevna.» lança t-il d’une voix chaleureuse qui contrastait avec l’ambiance du moment.  « Nous avons connu des ambiances plus conviviales entre ses murs, soyez la bienvenue.» Un raclement de gorge se fit entendre et l’homme à la barbe grisonnante secoua la fiole entre ses doigts. Le Maeda hésita un instant, soupira et s’empara du produit.

« Je suis navrée, les règles sont les règles. Les visiteurs ne sont pas admis sans potion de vérité. Pas de questions personnelles, soyez sans crainte.»

Le flacon tendu, Eiran lui adressa un sourire discret pour appuyer sa sincérité et la jeune femme céda. Le sérum en action, il prononça les quelques questions minimum pour son entrée sous les regards acérés des gardes en place.

« Anastasia Sovevna, pouvez vous me confirmer que cette visite est pacifique et que vous n’envisagez pas de porter atteinte aux membres du Palais d’Oshaara ce jour ? »

Pas de combattants planqués dans les buissons, pas d’intentions malhonnêtes, seulement une discussion privée qui pourrait prendre mille et une tournures sans pour autant finir avec une dague sous la gorge.

Le test terminé, Eiran pivota, son bras offert pour la traversée des longs couloirs.

« Si vous le voulez bien, nous allons poursuivre nos échanges dans un endroit plus approprié. Avitus Carrery se joindra probablement à nous, il est à l’origine de cette rencontre.»

Eiran esquissa un sourire en coin, persuadé qu’avec un tel franc parler, les échanges à venir seraient bien plus divertissants que tous ceux échangés durant des heures avec ces culs serrés pleins de fric et terrifiés à l’idée de s’engager physiquement dans une guerre.

« C’est bien connu, la lumière attire les papillons de nuit, Mademoiselle Sovevna. Madame, peut-être ? » Il n’avait pas pensé à regarder si une bague brillait à ses doigts. « mais je vous en prie, continuez d’attirer l’attention sur vous, ça fait mes affaires. » une plaisanterie douteuse, mais pas totalement dénuée de vérité. Pour l’heure, le général avait besoin de discrétion et d’alliés pour rejoindre les 4 vents sans finir dans un guet-apens.

« Ma famille a été épargnée par la Lune, beaucoup des natifs d’Oshaara en vérité. J’ai toujours pensé que ces vieilles femmes qui prononçaient de drôles d’incantations étaient folles, mais peut-être pas. J’ose espérer que vous vous rétablirez rapidement. Allez-y, installez-vous.» dit-il en tendant le bras en direction d’un joli salon. Les baies vitrées étaient ouvertes, laissant danser les voilages qui encadraient les portes.

« Allons sur la terrasse, la journée est belle et je n’en peux plus d’être enfermé. » Très ironique lorsqu’on pouvait affirmer que le palais des Maeda faisait même taille que 10 maisons du peuple accolées. Cela ne l’empêchait pas de se languir de la mer et de la quiétude d’un jour sans ennuis.

L’homme s’installa près de la rambarde autour d’une table déjà couvertes de biscuits, de thé et d’une petite bouteille de digestif local. Le genre de boisson qui avait très probablement le même goût qu’un décapant à joints de carrelage.

« Vous fumez, Mlle Sovevna ? Il n’est pas fort, bien moins que le sérum que vous venez d’avaler. » dit-il en déposant le précieux sésame du lotus noir sur la table tout en allumant sa propre tige.

« Inutile de passer par 4 chemins, nous avons fort à faire à l’extérieur. Je dois bien admettre que la situation est cocasse. Une Sovevna alliée aux Carrery. N’êtes vous pas liée à notre cher usurpateur. Il me tarde d’entendre votre vision de la situation ainsi que vos projets. Je ne prendrai pas de pincettes à votre égard, faites-en donc autant. »

Difficile de savoir qui s’adressait à la jeune femme. Eiran, le conseiller politique de sa soeur aînée ? Ou le général de guerre en quête d’informations et de renforts pour ne pas envoyer ses hommes et ses femmes à l'abattoir à cause d’une mauvaise tactique.

« Les dragons sont un problème, j’ai entendu dire que Kelona avait subi des pertes. Mon frère se charge de ce soucis là, du moins, il les fait surveiller et prépare ses hommes à agir en cas de besoin. Moi, ce qui m'intéresse, c’est Fedja. La grande île des brumes connue pour ses guerres sanglantes. A peine trente ans de répit, c’est trop peu..‘»

Assis sur le muret, il pivota pour regarder la jolie brune sans détour, alternant gorgées de thé et lotus. L’ambiance était détendue, plutôt conviviale en dépit des discussions complexes du jour.

« Ne ne vous aurait jamais contacté, mais Avitus est un homme intelligent qu’il est difficile de convaincre. Il m’a confié ses choix d’alliances, à moi de faire les miens à présent. »

Ce matin-là, Avitus eut l’impression de faire trois pas en arrière pour un seul en avant. Il s’était réveillé en sueur, vaseux, le corps douloureux, pris de nausées et de maux de tête. Avait-il trop marché la veille ? Ou peut-être avait-il trop pleuré ? Une veillée avait été organisée en l’honneur de ses marins disparus durant la lune rouge ; ils avaient passé la soirée sur le Thélème où une petite cérémonie avait eu lieu la veille en hommage à celles et ceux qui foulaient encore son pont une dizaine de jours plus tôt. Evander, Kovan, Jiqqhi, trois noms parmi une dizaine d’autres qui avaient été tués par des dragons lors de cette maudite nuit sur les quelques centaines de marins de son équipage. Tous n’avaient pas été emportés, fort heureusement. Avitus peinait à y voir de l’aléatoire… Avec l’aide de Doran, il avait fait la liste de tous ceux qu’ils connaissaient ayant été téléportés sur l’un de ces terrains de jeu : lui-même, son épouse, Anastasia et Vaelyre Sovevna, Safa, l’usurpateur, Saman, Amélia, des personnes de pouvoirs ou de secrets, des shamans et des ombres séparés. Tous liés entre eux. Des destins liés, parfois brisés. Sur son équipage, que des personnes dont il était plutôt proches. Cela ne pouvait être un hasard.

Il revoyait Nezetta le jour de son réveil, son calme apparent, la joie de le revoir, la peine masquée d’avoir perdue sa jeune apprentie et son maître dans la même nuit. Il espérait, dix jours plus tard, pouvoir se passer d’elle. Avitus ne se plaignit pas, mais dès que Levanah fut sortie, il fit quérir sa shaman. Allait-il avoir des séquelles à vie ? Etait-ce possible à seulement trente et un an ? Mais ce n’était qu’un mauvais jour, car depuis la lune rouge et depuis cette discussion avec son épouse, Avitus avait l’esprit bien plus serein. Il avait enfin compris qu’il ne pouvait pas tout contrôler et que se flageller mentalement n’y changeait rien à part rendre malheureux ses proches, alors il profitait un peu plus de l’instant présent. Le dragon venait seulement hanter ses nuits, et avec lui la douleur de ce coup de tête qu’il avait pris et qui aurait pu lui être fatale. Les paroles rassurantes de Nezetta et ses bons soins finirent par l’apaiser, de corps comme d’esprit.

« Le chemin de la guérison n’est pas toujours linéaire, Avitus et vos organes ont besoin de temps, tout comme votre esprit. Je ne me souviens pas vous avoir recommandé une sortie en ville et une veillée pleine d’émotions… Du calme et du repos. »

L’héritier et la shaman échangèrent un sourire entendu. Du calme et du repos ? Autant mettre un plat de viande devant un chien et lui demander de ne pas y toucher. Néanmoins, Avitus ne quitta pas le palais. Il passa autant de temps que possible à marcher dans les jardins, s’arrêtant régulièrement sur un banc, ou à lire dans un bon fauteuil ou bien à recevoir quelques visites ou à profiter de sa bien-aimée. Même sans avoir grand chose à faire, le temps passait vite et il ne vit pas les heures défilées jusqu’à ce que Hawke vienne le chercher.
Il ne répondit rien au sujet de son état, tout comme il passa avec dédain à côté de cette canne qu’on lui avait laissée près de la porte et qu’il n’avait même pas touché une seule fois. Tout de même. Ses deux jambes allaient bien, ses organes moyennement, mais il saurait passer outre car il n’était pas question de manquer cette entrevue.
Il suivit Hawke à travers ce Palais qu’il commençait à connaître aussi bien que le sien - ses portes dérobées et couloirs secrets en moins sans doute - jusqu’à un salon qui servait à accueillir des invités.

Hawke le fit entrer et resta à l’extérieur. Mains dans le dos, l’héritier fit un pas, regardant la porte se fermer derrière puis il s’avança, tandis qu’un sourire se dessinait sur ses lèvres. Il salua d’abord Anastasia à la témérienne.

« Dame Sovevna, heureux de vous revoir en un seul morceau. » Puis il se tourna vers le Maeda pour lui attraper l’avant-bras, juste avant le coude, et réciproquement. « Eiran. »

Les formalités passées, il les regarda tous les deux, ainsi que la table bien garnie mais rien ne lui faisait particulièrement envie.

« Où en étiez-vous ? Ai-je manqué quelque chose ? »

Jouer à domicile offrait son lot de privilèges. Au palais Carrery, ou dans n’importe quel autre, Eiran ne se serait pas permis le luxe de quémander une terrasse, de l’alcool et du lotus pour une réunion si importante. Sauf que le jeune homme en avait sa claque des longs monologues insipides et vides d’ambitions, de courage, les fesses collés sur une chaise et l’esprit enfermé entre 4 murs. Avitus fit rapidement son apparition et Eiran ne manqua pas de le saluer chaleureusement.

« Bonjour Avitus, tu as meilleure mine. Tu n’as rien manqué, de simples bavardages de présentation, prend place. »

Eiran se posa avec nonchalance contre la rambarde de la terrasse, dos à l’horizon ne pas se montrer trop impoli, mais suffisamment dressé pour sentir le vent tiède caresser sa nuque endoloris. Le Maeda ne s’autorisa aucun commentaire au sujet de l’épouse Carrery, mais ne pouvait que confirmer sa présence avec un sourire malicieux aux lèvres. Levanah avait littéralement retourné le palais durant le coma de son mari et n’avait retrouvé son calme que très récemment. Alors oui, elle était bien là, inratable.

Eiran tourna la tête en direction de la Sovevna et prit une bouffée de lotus pour détendre son esprit. Une cigarette très légèrement dosée avec des fleurs de qualité qui n’altérerait pas sa faculté à converser, mais l’empêcherait de s’énerver, si d’aventures les échanges prenaient une tournure désagréable.

« Vous ne correspondez pas non plus à l’image que je me fais des femmes pirates, soyez en sûr. » La flatterie était une arme délicieuse que la Sovevna savait visiblement utiliser à son avantage et bien que le coeur du Maeda soit dans une impasse, il n’en restait pas moins un charmeur de longue date qui ne refusait jamais les compliments d’une belle femme.

« Les ambitions de votre demi-frère sont contre nos idéaux de vie. Point de démocratie, il nous l’a prouvé à Shova en nous tendant un piège et en espérant voir la foule plier le genoux. Mes rotules ne toucheront le sol que par conviction, jamais par obligation, je préfère mourir fier que vivre soumis. Son armée d’océanide sous emprise nous prouve à quel point cet homme n’a de respect que pour lui-même, pour les shamans peut-être, et encore. Je suis contre l’esclavagisme et le commerce du peuple des mers, comment pourrais-je adhérer à ces méthodes barbares venues d’un ancien temps ? Puis-je connaître votre position sur le sujet ? Il s’agit de votre famille, seriez-vous prête à agir contre lui ? Je ne souhaiterais pas votre place, sachez le. » Car jamais il n’aurait la force mentale de combattre ses frères et sœurs. Il laisserait d’autres s’en charger, son démon culpabilité serait trop grand.

« Quant à la question d’une autre Souveraineté, Avitus connait mon point de vue. Je suis pour le dialogue et les débats constructifs, non pour le tout pouvoir. Une régence tournante, à réfléchir..  »

« Levanah est ici, mais je doute que vous la trouviez après notre rencontre. Elle est sortie en ville. »

Pas plus de commentaires. Levanah et Saryah furent peut-être amies à une époque, mais désormais elle était Anastasia Sovevna, avec des intérêts bien différents d’autrefois, sans parler de ses relations... Elle avait le bénéfice du doute pour lui avoir sauvé la vie, guère plus. C’était d’autant plus vrai qu’Avitus protégeait de plus en plus sa vie privée. Jusque là Levanah n’avait jamais été bien loin de lui, mais elle rentrerait bientôt à Temerys, sans lui, ce que personne n’avait besoin de savoir.
Vraie amitié ou non, il ne l’encouragerait donc pas, même si ce n’était pas un mensonge : Levanah ne tenait pas en place et aimait se promener ou acheter des choses pour le bébé et elle était présentement sortie.

L’héritier prit place après avoir refusé le lotus et il les écouta, dubitatif, s’échanger quelques paroles charmeuses. C’est là qu’il voyait à quel point le mariage l’avait changé, il ne savait même plus s’il aurait pu en faire de même à l’époque alors que là il trouvait cela de mauvais goût, sans toutefois en montrer quoique ce soit. Il savait rester impassible. Il écouta Eiran répondre à Anastasia, acquiesçant régulièrement à ses paroles pour montrer son approbation.

« Nous partageons le même point de vue, autant sur l’esclavage que sur la souveraineté. Il n’est pas question de mettre qui que ce soit sur le trône.
J’ai les mêmes questions qu’Eiran. Vous l’appelez Velizar, faut-il y voir une marque de familiarité ? Il ne me semblait pourtant pas que vous le connaissiez, si ? »

Plus souvent nommé l’usurpateur ou l’Ozova, ou par son nom complet, plus rarement par son prénom seul qu’elle venait d’employer deux fois. Que ce soit par lui-même ou par Eiran, ou par toutes les personnes assistant aux réunions. C’était une question honnête, une simple impression qu’il venait d’avoir car il n’avait jamais eu de raison de penser qu’il en était autrement et son ton n’était pas accusateur, juste curieux.
Peut-être s’était-elle juste habituée à l’appeler ainsi auprès de leur père ?

« C’est ce qui était prévu, en effet, mais je ne crois pas que Velizar Ozova ait envoyé la fameuse invitation au dialogue dont il m’a tant parlé… Je ne saurais dire ce qu’il en est précisément aujourd’hui, si le Duc a finalement quitté Khesa pour Fedja ou non, puisqu’il s’agit d’un voyage de plusieurs semaines. Je suppose que ce n’est toujours pas le cas… J’imagine que la lune rouge a perturbé les agendas de tout le monde. »

Un mensonge cette fois. Shahana avait quitté Khesa et serait dans moins de dix jours ici-même. Pas de rencontre avec l’usurpateur pour le moment, ce qui agaçait le Carrery car il s’imaginait que l’Ozova voulait gagner du temps à leur dépens. Mais si le Duc venait à lui, c’est qu’il devait y avoir autre chose, quelque chose qu’il ignorait pour le moment. Les Maedas étaient au courant de son arrivée, ainsi que le juge Mirforth, pour le reste il préférait ne pas trop l’ébruiter.

Après des années de discordes et de conflits d’adolescents, le duo Carrery / Maeda était plutôt stupéfiants. Les deux hommes, diamétralement opposés en bien des points, parvenaient à accorder leurs violons sur la scène politique sans un mot plus haut que l’autre. Dans ce cas de figure, face à une quasi inconnu, l’héritier apportait un soutien appréciable même si sa méfiance était historiquement plus exacerbée que la sienne.

« Ce n’est pas parce qu’une partie d’Oshaara abrite l’horreur que je la cautionne. On ne se débarrasse pas de la mauvaise herbe en un claquement de doigt, mais nous y travaillons, soyez en certaine.  » Certains plus que d’autres. Les femmes de la famille Ducale étaient plus en retrait du petit monde d’en bas. En revanche, deux des 3 frères s’éfforçaient de démanteler les infâmes trafic de l’ombre. L’un pour pouvoir se vanter de la puissance de ses forces militaires, le second par réel désir d’égalité.

Eiran écouta sagement, détendu et absolument pas sur la défensive malgré la gravité du sujet et des positions inconfortables pour tous. Avitus se retrouvait mêlé au plus grand drame de cette époque à l’aube de la naissance de son enfant, Anastasia tentait de sortir du silence toute une Confrérie pour la remettre dans l’axe et lui venait d’être nommé Général par sa propre mère. Chacune de ses décisions à venir pourraient propulser leurs soldats six pieds sous terre. Sa conscience serait inévitablement maltraitée dans les mois à venir.

« L’arracher de l’Onyx ? Permettez moi de ne pas y croire une seule seconde. Votre demi frère EST l’onyx. Je doute qu’il cède sa place avec un grand sourire et une poignée de main fraternelle. En vérité, il ne peut même plus le faire. Sa tête est mise à prix dans presque tout l’Archipel. Aucun pacte de paix ne pourrait le sortir d’affaires, il ne sera plus jamais en parfaite sécurité nulle part. En clair, soit il gagne et sauve sa peau. Soit il perd et va mourir. Vous devez l’entendre et en avoir conscience. D’un point de vue moral, je vous conseillerai de ne pas trop vous attacher. Vos propos sont partagés entre le bien et le mal qu’il vous inspire. Entre vos souvenirs, votre lien de sang et ses actions.. mais je ne serais votre allié que lorsque vous aurez pris une décision ferme le concernant. » Ses yeux n’avaient pas quitté la jeune femme, en quête d’une gêne ou d’un signe d’anxiété qui pourrait aller à l’encontre de ses belles paroles et de ses louables intentions.

« J’ai pris le temps de renforcer mes équipes et de les former convenablement. L’inaction me donne grise mine. Nous passerons rapidement à l’offensive. Votre temps pour d’éventuelles négociations est compté, Dame Sovevna.» Une missive secrète du Duc l’avait conduit à repousser certains de ses plans. Sans doute voulait-il s’entretenir avec son fils pour se lancer dans l’arène.

« La régence tournante est une idée d’Avitus. Je lui laisse la parole sur ce point, même s’il nous faut d’abord mettre fin à ce conflit avant d’envisager l’avenir.  »

Et s’occuper d’endiguer la pauvreté, l’esclavagisme sous toutes ses formes, gérer la Guilde devenue trop puissante et les dragons qui prennaient de plus en plus leurs aises… Deux femmes, aussi, parmi tout ça…

« Jihane Maeda est de l’ancienne école. Une excellente Duchesse, surtout en période de guerre. Un sang froid remarquable. Pour le reste, je dirai que ma chère mère à du mal avec le changement. L’esclavagismes a encore de beaux jours devant lui.. mais nous sommes la relève, nous devons plaider nos idées les unes après les autres.  » En d’autres termes ; rayer la vermine d’Oshaara serait plus compliqué que nulle part ailleurs, mais s’il sortait vivant de son combat contre l’Onyx, Eiran ferait de son mieux pour améliorer les choses.

Le Maeda ne faisait aucune promesse qu’il n’était pas sûr de pouvoir tenir, mais sa détermination n’était pas un mensonge, elle enveloppait son être et dansait dans son regard.

S’il m’est donné une chance d’arracher Velizar à l’endoctrinement des Ozova, je la saisirai. Dans une guerre, dans une alliance, personne n’avait envie d’entendre ce genre de phrase. Ce n’était pas un ami, ni une famille qu’il fallait sauver de lui-même. C’était un homme qui avait fait ses propres choix, commis ses propres crimes et il fallait l’arrêter, et certainement le tuer. Eiran y répondit parfaitement, laissant Avitus dans son observation et son analyse des mots choisis, et en fin observateur qu’il était, presque rien ne lui échappait. Anastasia parlait de son père comme d’un homme qu’elle connaissait à peine, mais traitait son demi-frère avec bien plus de familiarité, songeant même à le sauver. Y avait-il de l’affection ? Sa réponse sur la défensive le conforta en ce sens. Était-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Entre ça et l’étonnante réticence de Vadyslas à se lancer dans une guerre contre Fedja, dans cette vengeance qui était sa seule raison de vivre depuis trente ans, la famille Sovevna était décidément pleine de surprises et de secrets, et pas vraiment pour le meilleur.

« Son nom est Velizar Ozova. Dois-je vous expliquer la différence entre nom et prénom ? Je doute que vous appeliez Jihane Maeda et Shahana Carrery par leur simple prénom, vous n’avez pas utilisé celui d’Eiran non plus, tout comme je ne vous appellerai pas Anastasia si nous ne nous connaissions pas depuis longtemps. Je présume que vous avez répondu à ma question vous-même, Madame Sovevna. »

Et ce qui l’avait fait tiqué c’était bien qu’elle n’avait utilisé que son prénom, jamais son nom complet. Il avait beau être son demi-frère, il était censé être un parfait inconnu, qui a vécu reclus avec les autres Ozova, endoctriné sans nulle doute par Nikolaï Ozova. Et dans le plus grand secret de cet Onyx reformé. Personne n’avait pu prédire leur retour dans l’archipel et la revendication du trône. Personne ne savait que Vadyslas avait un fils caché, et qui aurait pu le dire à Anastasia si elle n’avait même pas revu son père depuis tout ce temps ? Il sentait bien une incohérence quelque part, sans arriver à mettre le doigt dessus.

Avitus restait assis, jambes croisées, ses mains sur ses genoux. Il ne mangeait pas, ne buvait pas, ne fumait pas non plus. Un peu en retrait, il ne participait que lorsque l’on faisait appel à lui.

« Cette histoire de régence tournante n’est qu’une ébauche. L’idée qu’il nous faudra trouver comment fonctionner tous ensemble afin de préserver la paix, mais aussi pour que le monde avance et dans le bon sens. Chacun de notre côté, nous ne pesons pas assez face à la Guilde Marchande pour mettre fin à l’esclavage, notamment. Sans parler de guerres intestines qui pourraient nous déchirer entre nous. Nous ne voulons plus d’une royauté, arriverons-nous cependant à discuter et à trouver des accords à sept autour d’une même table ? Cette question est effectivement prématurée, mais nous pouvons imaginer que chaque duché prenne la direction des discussions, à tour de rôle et durant une période définie à l’avance. Trois mois par exemple. De quoi mener des projets plus globaux à bien.
Mais avant cela, nous devons gagner la guerre. »

Sinon, ce ne serait là qu’un rêve, une utopie.
Avitus serait Duc plus vite que prévu, même si son père n’était pas si vieux. Mais cela, personne ne le savait encore et il ne pouvait donc que se présenter qu’en héritier actif, défendant ses idées auprès d’un père qui avait toujours le dernier mot, même si la dynamique entre eux était en train de changer.

« Comme le dit Eiran, nous sommes la relève, nous ne défendons pas le même monde que nos parents. Mon père est aussi de l’ancienne école, toutefois il a bien compris que j'incarne le futur de Temerys. Je dirais qu’il prépare le terrain, qu’il m’écoute et me donne son opinion, et enfin qu’il m’accompagne pour entamer le changement que je prépare. A Temerys l’esclavage est déjà fermement encadré et surveillé. Autant que possible, les ventes se font en présence des autorités, nous avons d’ailleurs démantelé plusieurs marchés noirs cette année. La maltraitance est fermement réprimée, et de plus en plus. Nous avons des personnes qui croupissent en prison pour cela, d’autres qui se sont vus retirés leurs esclaves sans contreparties. Et je fais en sorte que ces esclaves soient relâchés plutôt que revendus, en fonction de leur désir. La prostitution des esclaves est désormais formellement interdite, ce qui a permis d’en affranchir une nouvelle vague. Bref, nous avons durci les règles du traité.
Les choses n’avancent jamais assez vite, c’est une certitude, toutefois, lorsque les nobles n’auront plus d’esclaves eux-mêmes, ils ne verront plus l’intérêt de cette pratique.
Malheureusement la guerre à venir a quelque peu détourné notre attention de ces problèmes insulaires. Elle demande du temps, de l’or, des moyens, des hommes et des femmes… J’ai proposé que tous les esclaves qui voulaient s’enrôler dans l’armée soient affranchis, mais nous voulons être certains de ne pas lever une armée pour rien avant cela. »

Après avoir tant parlé, Avitus se servit un peu de thé pour s’hydrater, finalement.

« J’ai eu la chance de côtoyer Velizar Ozova lors de la Lune Rouge. Il nous accuse de refuser le dialogue, mais son invitation se fait attendre et je crains qu’il ne cherche qu’à gagner du temps pour rassembler ses forces. Et surtout, quel dialogue pourrait-il nous proposer ? La seule chose qu'il veut c'est que nous le reconnaissions comme souverain de l’archipel, ce qui n’arrivera pas. »

Il se frotta le menton, pensif, comme s’il parlait à lui-même plutôt qu’à ses interlocuteurs. Ses questions restèrent silencieuses, car il ne voulait pas trop en dire. Il fallait frapper et vite, même s’il attendait son père et les nouvelles qu’il apporterait avec lui avant de prendre la moindre décision.

Le ton commençait à grimper entre l’héritier de Temerys et la Sovevna. Des paroles empreintes de méfiance de part et d'autre étaient enveloppées de politesse qui sonnait creux. Eiran resta silencieux, le temps pour lui d’écouter les opinions de ses interlocuteurs pour se forger la sienne au fil des mots. Le temps pour lui de savourer son verre avec une forme de nonchalance, preuve formelle qu’il n’avait nullement envie d’hausser la voix ou de se retrouver au milieu d’un débat stérile.

« Cessons de débattre autour de noms et de prénoms, concentrons-nous sur la fusion éventuelle de nos mondes respectifs, voulez-vous. » lança t-il en reprenant son lotus, les yeux rivés sur l’horizon offert par la terrasse suspendue à plusieurs mètres de hauteur. Eiran alternait entre des phases de réflexions personnelles et quelques interventions, mais son esprit ne divaguait pas pour autant. Le cadet avait à cœur de trouver une entente pour lutter contre un fléau commun. « Je suis d’accord avec vous, Anastasia, Velizar Ozova est le leader des extrémistes, mais il pourrait être remplacé. Raison pour laquelle j’aspire à une défaite totale de l’Onyx. Ne vous méprenez pas sur mes intentions, je ne suis pas un assassin d’opale noire, mais nous ne parlons pas ici de races, nous parlons d’un clan aux idées sombres. Ils ont œuvré dans l’ombre de Fedja durant des années, ils ont tissé des alliances discrètes avec l’une des plus puissantes îles de l’Archipel sans attirer notre attention. Cela laisse penser qu’ils pourraient le refaire et qu’aucune poignée de main ne scellera une entente saine entre des idéaux de vie si opposés. Personne ne nous blâmera de vouloir éradiquer l’Onyx, purement et simplement. Mon peuple a peur. Un peuple fêtard, qui aime se réunir au centre ville pour le lien, le divertissement et qui, maintenant, hésite. Je refuse de vivre avec la boule au ventre. »

En d’autres termes, Eiran se moquait éperdument d’une table ronde, il voulait régler ce différend à l’ancienne en assumant la responsabilité des pertes inévitables. Reculer pour mieux sauter, ça ne l'intéressait pas.

« Hum.. la Guilde marchande et sa pression… Ils feraient mieux de la boire plutôt que de la subir avec autant de lâcheté. Les juges ont beaucoup de pouvoir. Tout notre système repose sur notre commerce maritime. Sans Temerys, nous ne construisons plus. Sans Oshaara, d’autres voisins seraient affamés. Ils nous tiennent par les couilles et s’en cachent à peine. Les Dieux savent à quel point j’apprécie l’un d’entre eux, le juge Mirforth, mais je n'approuve pas ses choix et il le sait. Vous avez tout de même raison, il serait idiot et inconscient d’avoir des ennemis dans ce camps là. Il nous faudra les convaincre et les soutenir, pour espérer avoir de l’influence sur leurs prochains traités..  »

Autant dire qu’il n’avait pas hâte et ne prendrait pas part à ces négociations là au risque de s’emporter.

« Draven Maeda et moi-même. Mon second ainé se moque de tout de façon général, la Duchesse et son héritière ne blâme pas le traité, par convictions ou apparences, je n’en sais rien. De façon très factuel, ceux qui sont sur le terrain s’opposent à la bureaucratie. Un problème universel je dirais, propre à beaucoup de maisons ducales..  Enfin bref, vous me demandez de ne pas attaquer avant la libération des otages, c’est bien ça ? Et ensuite ? S’il est intelligent, il consentira à cet effort. Que faisons-nous après ? Lorsqu’ils auront gagné assez de temps pour connaître la position précise de nos navires ? La quantité d’armes et de shamans dans nos rangs.. Nous lui offrons confiance et grands sourires ? Une fête pour célébrer une amitié factice.. ? »

Eiran pivota le buste vers son allié. « Avitus, qu’en penses-tu ? Crois-tu sincèrement en ces pourparlers ? La rédemption de l’Onyx pour des échanges constructifs ? » Le Temerien était bien plus calme et pragmatique qu’il ne le serait jamais.

« Je suis favorable à une alliance avec les Océanides. Vous ne manquez pas de liens de famille atypiques, Mademoiselle Sovena » dit-il en souriant pour détendre l’atmosphère. Un frère psychopathe et un oncle triton. « Votre aide dans la création de cette nouvelle alliance sera la bienvenue. Quant au reste, accordez-moi un bref délai de réflexion. »

« Nous sommes en majorité sur cette question. Les Makani ne sont pas à convaincre, les Feyrborn non plus. Il ne resterait que les Vestrit, ou ce qu’il en reste, et les Maeda, pour lesquels Eiran saura faire pencher la balance dans le bon sens. Sachant qu’il y a six duchés et que j’ai mentionné sept personnes autour de la table. Il est inutile de préciser que le Roi triton n’est pas pour l’esclavage des siens. Ensuite la Guilde n’aura plus qu’à se plier à nos décisions communes. Mais tout cela n’est qu’une utopie tant que les choses ne sont pas rentrées dans l’ordre, il est inutile de s’étendre plus sur le sujet pour le moment. »

Avitus en termina sur ce point et les laissa poursuivre, se perdant parfois dans la contemplation du ciel. Anastasia avait donc réellement rencontré l’usurpateur… Et négocié avec lui. Voilà qui expliquait ce qu’il avait senti dans ses paroles.

« Que pourrait bien nous demander l’Onyx que nous ne sachions pas déjà ? Ces pourparlers n’ont aucun intérêt, je pense comme toi Eiran. Cela ne fait que vous mettre dans une position extrêmement délicate vis à vis de nous, Anastasia. Velizar Ozova veut être Roi, aucun duché ne l’acceptera de son plein gré. S'il ne veut pas nous faire ployer de force  à nouveau. Je n’appelle pas ça des négociations. A moins qu'il accepte de rester au même niveau que nous ? Et vous de renoncer à votre héritage par la même occasion ? Je peine à y croire.
La Guilde Marchande veut nous faire signer un document pour que nous ne remettions pas en place une souveraineté quelconque, voilà ce que le juge Mirforth m’a demandé hier et aujourd’hui, l’usurpateur veut négocier… Négocier quoi ? Du temps. L’Onyx veut toujours plus de temps. Du temps pour nous dévorer de l’intérieur, voilà ce que j’en pense.
J’en parlerai évidemment au Duc… Même si cela fait bientôt deux mois qu’une proposition de pourparlers a été formulée par mon père, n’ayant eu que le silence pour réponse. Et soudain, Velizar se réveille en souhaitant tous nous rencontrer ? Soit disant parce qu’il a été mal conseillé ? C’est une supercherie.
J’ai eu le plaisir de sa compagnie lors de la Lune Rouge, il avait tout le loisir de me transmettre un message pertinent, il n’a rien fait d’autre que de chercher la provocation.

Il vous utilise, Anastasia.
Néanmoins, ces cinquante vies méritent bien que nous attendions encore un peu. »

Avitus n’en démordait pas, il aurait dû le tuer ce jour-là.
Le visage fermé, le témérien plongea son regard dans celui d’Eiran. Anastasia ne pouvait plus être informée de leur plan, c’était bien trop risqué désormais et il espérait qu’Eiran le comprendrait autant que lui. Elle était trop impliquée émotionnellement, personnellement...

« J’ai rencontré le Prince Rhyse à plusieurs reprises, il serait bien de le revoir pour savoir si les océanides sont prêts.
Que pensez-vous de votre oncle, Anastasia ? »

Avitus gardait un souvenir assez amère de sa personne et ne savait toujours pas s’il pouvait lui faire confiance. Il avait accepté l’alliance par nécessité plus que par choix, conscient que le monde n’avancerait pas s’ils ne s'entendaient pas. Mais il n’oubliait pas non plus le contexte de leur première rencontre et la peur de mourir qu’il avait ressenti ce jour-là.

« Je serai ravi d'accueillir des opales noires saines d’esprit, s’il y en a. Loin de moi l’envie de reproduire un tel génocide. En revanche, je serai intraitable concernant les partisans de l’Onyx. Velizar a gagné sa place en haut de ce clan extrémiste, mais vous avez raison, il est remplaçable et les candidats ne manqueraient pas. Si je découvre des alliances sur mes terres, il n’y aura pas de traitement de faveurs.  »

Eiran quitta la rambarde sur laquelle il était en appuis pour se rapprocher de la jolie brune. Une main amicale se posa sur l’épaule de la Sovevna pour une vérité dont il n’avait pas honte.  « Toutefois, si l’un des membres de ma famille ou amis proche venait à me trahir, je serai tout bonnement incappable d’agir, de punir ou de tuer. Mon affection est trop pure pour que j’ai assez de force mentale, raison pour laquelle j’ai besoin de soutiens de valeur capable de me raisonner et de prendre les armes à ma place si j’échoue. » Son regard se posa sur Avitus, en qui il plaçait le plus gros de sa confiance sur l'échiquier des alliances.  « Raison pour laquelle je trouve vos idées honorables, même si je ne suis nullement convaincu par leurs chances de réussites. Allez jusqu’au bout, les regrets sont un fléau que je ne souhaite à personne. Pas à vous du moins. J’apprécie votre énergie dans ce conflit, mais soyez prudente, Anastasia Sovevna. Ne vous laissez pas duper par vos souvenirs, aussi beaux soient-ils. C’est un homme dangereux, ne devenez pas son pion par affection et si vous sentez vos émotions interférer dans votre jugement, ne vous murez pas dans le silence. Je ne partagerai cette fois-ci qu’une demi alliance, en comptant sur vos relations et sur celles d’Avitus pour unir nos forces au peuple des mers, mais vous pouvez m’écrire en cas de besoin. »

D’un hochement de tête discret, Eiran fit comprendre à l’héritier de Temerys que leur ligne de conduite étaient similaires. Pour autant, Anastasia avait des choses à offrir, l’écarter entièrement serait une erreur stratégique que le général ne souhaitait pas commettre.

« Si vous obtenez des informations, j’ose espérer pouvoir compter sur vous pour que l’on en discute pacifiquement, comme nous venons de le faire. Déplacez votre bateau, vous êtes la bienvenue à Oshaara. Si vous croisez votre oncle, faites lui savoir qu’Avitus et vous même m’avez rallié à sa cause. Concernant la Guilde, je vous l’ai dit, j’ai un conflit d'intérêt personnel, une amitié trop ancienne que je ne souhaite pas perdre, Malya Maeda saura prendre part au sujet si vous avez besoin d’un appui. Je préfère garder les idées claires. Nos chemins se recroiseront, j’en suis convaincu.  »

Le général s’inclina pour liberer la jeune femme. Inutile de tourner en rond, les sujets principaux avaient été abordés.

De nouveaux entre hommes, Eiran remplit les deux verres et s’installa face à l’héritier de Temerys.

« Je n’irais bien évidemment pas à la table des négociations, toutes ces réunions commencent à me taper sur les nerfs, mais si celle-ci à lieu, j’imagine qu’avoir quelqu’un de confiance autour de cette table nous permettrait d’obtenir des informations. Enfin.. gardons là à l’oeil. Son lien du sang avec l’usurpateur peut-être dangereux, mais aussi.. très bénéfique. Restons planqués encore quelques instants pour un verre avant que l’on vienne nous confier une nouvelle pile de mission en tout genre. » Sourire aux lèvres, Eiran leva sa coupe en direction d’Avitus et s’affala dans son fauteuil pour souffler encore un instant…

Un répit de courte durée car leur présence fut réclamer quelques minutes plus tard..