eliza › the past will catch you up as you run faster

Boussole

Eliza nait au sein d'une famille ayant bâti sa fortune autour de l'élevage, de la négociation et de la vente de chevaux des sables, une espèce native de l'île de Temerys et très réputée. Elle nait à la suite d'Amelia, sa soeur aînée, rejoignant ainsi la famille Kenway et les deux parents : Johanna et Mark. On dit que dès sa naissance, elle ressemblait à sa grand mère, c'est pourquoi elles partagent leur prénom. De par leurs activités commerciales, ses parents se sont toujours assurés qu'elle ne manque de rien, et elle grandit entourée d'amour et de tout ce dont elle pouvait avoir besoin. Leur élevage était pour autant modeste, ses parents tenant à ce que leur confort de vie ne biaise pas les valeurs des jeunes filles. Eliza grandit dans l'ombre de sa soeur, qu'elle trouve toujours plus intelligente, plus sociale, plus jolie. Le mouton noir, en quelque sorte, bien qu'elle ne se qualifierait jamais de tel. Dès lors, une sorte de compétition s'installe entre elles à mesure qu'elles grandissent. La plus polie, la meilleure négociatrice, ... la plus séductrice. Les soeurs se chamaillent souvent, se poussant toujours plus dans leurs retranchements, et tentant de gagner dès qu'il y avait un concours à faire, même s'il était stupide ! Si une visite diplomatique avait lieu pour les Carrery, alors il fallait s'assurer d'obtenir l'attention des visiteurs, leur parler de l'élevage de chevaux, les inviter à prendre un verre sur leur terrasse en bord de mer... Tout pour se surpasser. Et tout pour qu'Eliza puisse enfin dépasser Amelia.

Elle y arrive, souvent. Ce qui met Amelia dans une rage folle, et ce qui agace aussi ses parents qui ne comprennent pas cette rivalité. A l'aube de ses dix-huit ans, elle découvre ses pouvoirs, par inadvertance. En effet, le temps était changeant, depuis plusieurs jours, en lien avec son humeur. Les chevaux était agités lorsqu'elle l'était, calmes lorsqu'elle était apaisée. Si la météo peut parfois jouer des tours, les chevaux des sables eux, n'en jouent jamais. Son cheval préféré, Poussière, sa petite jument qu'elle avait vue grandir, ne mentait pas. Elle comprit qu'elle pouvait agir sur l'eau, la bouger, et sans doute la créer ou la détruire, même si elle ne pouvait pas le faire encore. Incapable de savoir quoi faire, ni quoi dire, elle n'en fit rien. Et un jour, elle fut surprise par sa soeur tandis qu'elle essayait de faire bouger l'eau dans l'auge de ses bêtes, sous un soleil de plomb. Amelia menaça de tout dire aux parents, effrayée par ce que lui disait Eliza. Sa cadette parvint à lui faire entendre raison et elles conviennent de quelques mois pendant lesquels Eliza devait tâcher d'en savoir plus, avant de le dire aux parents.

Les jours passent, et se transforment en semaines. Les saisons passent, mais sur l'île de Temerys, cela ne veut pas vraiment dire grand chose car le climat reste sensiblement le même : une forte chaleur, une sécheresse abrutissante. Eliza ne parvient à rien, seule. Elle ne fait pas vraiment de progrès et a même plutôt l'impression de régresser. Mais elle refuse d'en parler à ses parents. Elle se souvient de la peur sur le visage d'Amelia et ne souhaite pas affoler son père et sa mère de la sorte. Elle s'en veut, aussi, de se sentir aussi impuissante. C'est à cette période que la famille Kenway s'ouvre encore plus aux échanges avec d'autres familles, voyageurs et marchands, ce qui fait qu'elle rencontre beaucoup de monde et a moins de temps à passer avec sa grand-mère, à qui pourtant elle raconte tout. Sauf son pouvoir. Elle lui parle de ses différences, sans rentrer dans le détail. A cette époque, les filles Kenway sont en compétition là encore, sur les hommes également, pour savoir qui arrivera à embrasser le plus de garçons différents en une semaine, par exemple. Des jeux d'enfants, qui n'en sont plus vraiment.

Une nouvelle manifestation de ses pouvoirs se fait lorsqu'elle est témoin d'un jeune homme qui profite un peu trop de sa soeur, presque sous ses yeux. Eliza sent la colère monter, l'impuissance, aussi. Le vent se lève et menace tout, faisant trembler le toit de la petite maison de bord de plage. Il prit peur et partit, ce qui lui valut les foudres d'Amelia, qui décida de tout dire à leurs parents. Eliza ne put pas l'en empêcher, et elle la laissa faire. Ce fut le soir où tout bascula. Ses parents se disputèrent sur la marche à suivre : la mère, abasourdie, la regardait avec une difficulté nouvelle, comme si elle se sentait trahie. Le père, plus véhément, grognait qu'il fallait l'envoyer au large pour de l'apprentissage mais qu'elle ne pouvait pas rester ici. Ce fut la plus grosse trahison pour Eliza qui ne comprenait pas ce rejet ultime alors qu'ils l'avaient toujours aimée, choyée. Ils lui interdirent de passer du temps auprès de sa grand-mère, fragile, et de sa soeur, plus "normale" plus "parfaite". La colère était montée petit à petit, et ce fut la goutte de trop pour la jeune Kenway qui laissa sa rage exploser... et tout détruire.

Lorsqu'elle se réveilla, la maison était détruite. Le toit et les murs ne tenaient plus debout, des débris surgissaient de partout et décomposaient la structure branlante de ce qui était sa maison. Les enclos étaient ouverts, les barrières presque toutes au sol. Les chevaux avaient fui. Et ils avaient eu raison. Eliza avait causé la ruine de sa famille, en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Elle ne retrouva aucune trace de ses parents, ni de sa soeur. Elle se dit qu'ils ont du être emportés par les marées, ou ensevelis sous les décombres. Elle ne put pas le vérifier car à son réveil, elle fut retrouvée par celui qui était Eiran Maeda, dernier fils de la famille ducale Maeda.

Encore choquée, il la prit sous son aile et elle passa plusieurs mois à ses côtés. Il prit soin d'elle en tant que pupille, l'emmenant avec lui lors de ses voyages diplomatiques. C'est qui lui lui apprend véritablement qu'elle est shaman, et qui l'aide, à sa façon, à contrôler ses pouvoirs, avec plus de succès qu'elle n'avait jamais eu. Il était beau, charismatique, un peu plus âgé, et Eliza voyait sans problèmes l'effet qu'il avait sur les femmes. Elle s'en sentait jalouse, un peu, sans qu'elle ne comprenne vraiment pourquoi, sans pour autant vraiment chercher à le faire. Ils passèrent quelques mois ensemble encore qui furent parmi les plus beaux de sa vie. Mais petit à petit, les différences de statut se firent sentir : des regards insistants d'autres personnes, des mots glissés en coin, des bagares même, provoquées par la jeune Kenway qui en avait assez de se faire rabaisser constamment par rapport à lui. Elle se défendait, mais c'était insuffisant, et de plus en plus pesant. Lui prenait des responsabilités liées à son statut, et elle, quel avenir aurait-elle ? Et quel avenir aurait-elle à ses côtés ?

Un jour, elle a l'opportunité de rejoindre l'équipage d'Avitus Marduk et après une hésitation, elle le rejoint. Depuis, elle est en compagnie de son capitaine, à qui elle a caché sa vraie nature, déterminée à ne pas se servir de ses pouvoirs mais à gagner sa place à la sueur de son front. Elle pense souvent à Eiran et s'en veut de l'avoir quitté sans rien lui dire. Peut-être que le futur leur permettra de se retrouver.