Weeping Dawn [Beryl]

Weeping Dawn

Beryl & Wyl

La dépouille de Nymera a à peine reçu ses derniers adieux que son unique fille est introuvable. Wyl n’a pas besoin de la demande discrète de sa mère d’aller la retrouver pour s'exécuter. Pas inquiète, mais concernée. Et avec une petite idée en tête.

Voilà à peine deux ans que Wyl a quitté la terre ferme avec Kaly, pour l’appel du large. Baroudant d’îles en îles à bord de navire marchands, découvrant les merveilles du monde, apprivoisant la mer qui était cette force parfaitement alien, et pourtant bizarrement si proche. Son père venait des vagues, son sang était partiellement écume. Il y avait cet étrange attrait pour quelque chose qui partout les portait, et était pourtant si cruelle et impardonnable. Dans cette frénésie de la découverte et d’entrée dans l’âge adulte, il aurait été si facile d’oublier ses origines pour Wyl. Oshaara et ses lotus noirs Anhae et son port qui avait été autrefois son terrain de jeu préféré, et la maison rouge qui l’a vu naître, grandir, et évoluer. Mais à peine le pied posé dans sa ville natale, et c’est comme si pour l’hybride, elle n’était jamais partie. Elle connaît chaque planche de bois qui foulèrent ses bottes. Chaque pair d’yeux qui la dévisagent. Chaque recoin étriqué pour se cacher quand on est encore en pleine croissance. Chaque cachette ou embrasser sa conquête de la soirée. Chaque ride sur le visage de cire de Nymera avant de la voir disparaître. Sa mort était trop importante pour ne pas revenir sur l’île pour lui faire un dernier adieu. Mais plus que Nymera, Wyl n’avait eu que Béryl en tête. A quel point perdre sa propre mère doit être douloureux, et à quel point elle a besoin de quelqu’un à ses côtés. Wyl s’était surpris à se demander si il y avait eu quelqu’un pour tenir sa main pendant ce moment douloureux. Si Béryl se serait sentie mieux si ça aurait été la sienne.

La chanteuse n’était pas à la recherche de Béryl, pas vraiment. Elle ne pouvait que respecter la volonté de son amie de toujours d’avoir besoin de solitude et de paix. Et pourtant, Wyl marchait aux alentours de la capitale, avec une idée en tête. Leur endroit. Leur secret dissimulé du reste du monde. Encore adolescentes, elles avaient juré craché de ne jamais amené personne d’autres ici. Pas un coup de foudre d’un soir, pas un membre de la famille, pas une seule autre âme morte ou vivante. Avec le temps, c’était devenu leur cachette ou elles parlaient sans fin de leurs rêves, leurs problèmes, leurs solutions. Avec des victuailles achetés sur la place du marché, des couvertures en laine et des nappes en tissu. Parfois elles s’y endormaient, dans les bras l’une de l’autre, profitant de la vue imprenable sur la mer qui semblaient veiller sur leurs filles.

Si Béryl était ici, se disait Wyl, c’est qu’elle voulait être trouvée. Elle voulait être trouvée -par elle.

La jeune orpheline s’était recluse là où leurs traces de pas étaient encore imprimées dans le sable. Les rochers sont encore couverts de dessins et d’inscription faites à la craie. Béryl est assise au rebord, comme une invitation silencieuse à la rejoindre. Sans écouter ses propres sentiments, Wyl la rejoint en silence, avec une discrétion qui ne lui ressemble pas du tout. Si ce n’est pour sa main hâlée qui vient doucement de se saisir de sa main. Elle ne veut pas lui dire de rentrer, ou même lever la voix, même si elle a du mal à s'arrêter sur tout ce qu’elle veut lui dire.

En guise de mots tendre, elle pose sa tête sur l’épaule de Béryl, caressant le dos de sa main avec son pouce. Une conversation silencieuse.

Je suis là. Prends ton temps. Tant que tu as besoin de moi, je ne pars pas.

(c) DΛNDELION

Weeping Dawn

Beryl & Wyl

Béryl grelotte doucement.

Assise sur le sable, sa peau d'humaine lui donne froid. Elle hésite à y retourner, là-bas, sous les vagues, où les sons sont étouffés et où la lumière ne l’atteint pas. Elle ne sait combien de temps elle est partie, ni vraiment pourquoi. Personne ne l'attend dans la baie. Plus personne ne l'attend sur l’île non plus, d’ailleurs. Alors peut-être qu’elle pourrait s’y laisser prendre ? Garder ses jambes, et nager, nager, jusqu'à se laisser couler ? Jusqu'à ce que ses poumons se remplissent d’eau et qu’elle redevienne écume à son tour.

La jeune femme sursaute lorqu’un poids semble se poser sur son épaule. Elle ne l’a pas entendu arriver, pourtant, elle enroule doucement ses doigts dans cette paume qu’elle connaît mieux que la sienne, et prend une profonde inspiration.

« Tu m’as manqué », lui avoue la nouvelle madame après un long silence.

Sans quitter l’océan des yeux, elle expire enfin. Beryl a considéré l’idée de nager jusqu'à Wyl. Elle aurait voulu la voir, sur son navire, les cheveux au vent et l’embrun qui la porte. Sans se manifester, elle aurait voulu découvrir ce qui l’a poussée à partir, ce qu’elle raconte dans ses lettres.

« Navrée que tu ai dû revenir pour…», sa voix s’étrangle à l'idée même de prononcer la fin de sa phrase. « J’aurais préféré que tu reviennes seulement car mes beaux yeux te manquaient trop…», plaisante-t-elle, mais sa voix se brise en sanglots. Elle se laisse choir doucement contre l’épaule de Wyl, des larmes salées roulant sur ses joues, son corps secoué de spasmes.

Lorsqu’elle retrouve enfin comment respirer, et que son corps se calme, elle tourne doucement la tête vers la jeune femme. Elle n’a pas beaucoup changé. Son teint est davantage doré par le soleil, mais son regard est toujours le même. Beryl remarque tout de même que ses cheveux ont poussé - elle a toujours été jalouse des mèches soyeuses de son amie, là où sa tignasse se veut rebelle et indisciplinée. Elle doit d'ailleurs avoir bien sale mine, après avoir passé autant de temps entre les algues et les coraux.

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Lun 4 Mar 2024 - 23:06

Weeping Dawn

Beryl & Wyl

“Moi plus que toi.” Répond Wyl avec une taquinerie volontairement enfantine. Mais juste entendre la confirmation qu'elle a été attendue apaise les quelques doutes que la jeune femme aurait pu avoir. Elle entrelace leurs doigts alors qu'elle murmure des “Shhhh” patients quand les sanglots commencent à secouer la sirène. Son autre bras la serre contre elle, lui laissant le temps de déposer sur elle tout le fardeau du deuil. Wyl n'en mène pas large non plus, ses yeux noirs brillent un peu, débordants des émotions de son amie, et d'avoir vu une des figures de son enfance inanimée aujourd'hui. Mais la matelot ne laisse pas plus que quelques hoquets déborder. Des accompagnements de la triste musique que les pleurs de Beryl jouaient pour la mer.

“Tes beaux yeux me poursuivront jusqu’aux confins de l’archipel. Je n’ai pas besoin d’être ici pour me souvenir de leur beauté. ” Finit-elle par dire à voix basse alors que les pleurs se sont calmés et que les deux femmes peuvent se regarder dans les yeux. Wyl n’a pas laché le mains de la jeune femme, meme si elle sent les longs doigts s’attarder dans ses cheveux encore ébouriffés par le vent. Elle lui sourit un moment avant de murmurer : “J’suis là Beryl.” A défaut d'avoir le cœur a présenter ses condoléances, elle veut la rassurer. Lui dire que pour un moment du moins, elle va rester à bon port. Quitte à dire à Kalyani de repartir sur le bateau sans elle.

Un de ses pouces essuie doucement les restes de larmes qui tâchent encore le joli visage de son amie. La beauté de Béryl est le fruit d'inspiration de moult chansons et poèmes, à juste titre. Mais Wyl a une tendresse particulière pour les moments où elle peut la voir au naturel. Là où elle montre éternellement un visage savamment fardé et des toilettes apprêtées, la voir sans artifice semble aussi précieux que de croiser le chemin de Calypso en personne.
Pour Wyl, surtout depuis que Beryl a commencé à travailler, ce sont des moments intimes plus puissants que tous les pouvoirs de Maeda. Ils ont une saveur particulière. Aussi précieux que ces moments volés ici même, sans ce petit coin secret qui n'appartient qu'à elles.

“Je t'ai jamais laissé toute seule. Tu peux pas quitter ma tête.” dit-elle, sans trop savoir ce qu'elle essaie d'exprimer. Les chansons de Wyl ne sont pas des poésies pleines de métaphores alambiquées. Ses mots sont hachés, rustres et sortent comme ils résonnent en elle. Ça lui a fait de la peine de quitter Oshaara, sa famille et sa ville natale pour le frisson de l'aventure, mais c'était comme un appel qu'on ne peut ignorer. Mais rien de ce qu'elle n'a quitté ne l'a abandonné. Tout est précieusement dorloté dans sa tête. Y comprit les beaux yeux de Béryl. Deux étoiles qui illuminent ses nuits les plus noires. Ils sont toujours là, des qu'elle ferme les yeux. Comment expliquer une chose pareille?

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Sam 30 Mar 2024 - 5:36

Weeping Dawn

Beryl & Wyl

La sirène laisse ses yeux vagabonder sur l'horizon, captant le jeu des vagues qui caressent la plage. Elle savoure le réconfort de la présence de Wyl, sentant son cœur s'apaiser peu à peu, comme un baume apaisant sur une plaie béante.

« Je sais, » murmure-t-elle doucement, sa voix à peine plus qu'un souffle. Elle ferme les yeux un instant, laissant le vent lui caresser le visage, puis tourne son regard vers Wyl, captant l'éclat de ses yeux sombres. « Toi non plus, tu n'as jamais quitté la mienne. » ; car Béryl revoit Wyl partout où elle passe à la Maison Rouge. Sous la table de la cuisine où elles aimaient déguster des tartelettes dérobées sous le nez des cuisinières, les fruits encore chauds fondant sous le sucre et sur leurs doigts. Dans le dortoir sous les combles qui sert de chambre aux enfants des travailleuses, ces petites mains si discrètes pourtant indispensable au bon fonctionnement de la maison. Dans ses draps plus souvent vides qu’habités.

Béryl se penche légèrement pour poser un baiser léger sur la joue humide de Wyl. Puis, elle se redresse, laissant ses doigts glisser hors de la main de son amie pour ramener ses genoux contre sa poitrine, enveloppant ses bras autour d'eux.

Le silence qui s'installe entre elles est paisible, comblé par la douce brise marine et du murmure lointain des vagues. Béryl finit par briser le silence, redressant le menton bien malgré elle : « On devrait rentrer, non ? ». Puis pour détendre un peu l’atmosphère, elle ajoute : « J’ai besoin d’un bain, je sens aussi mauvais qu’un marin revenant de Feyr ! »

En se redressant, elle inspire profondément, s'imprégnant une dernière fois de l'air salé de la mer, puis se lève avec souplesse, tendant une main à Wyl pour l'aider à se relever.

Elles se dirigent ensemble vers le chemin qui mène à la Maison Rouge, leurs pas se mêlant au doux murmure de l'océan. La brise marine caresse leurs visages, apportant un semblant de fraîcheur aux yeux gonflés et brulants de Béryl.

À mesure qu'elles s'approchent de la demeure qui les a vu grandir, la nouvelle madame sent le poids des responsabilités s’amonceler doucement sur ses épaules. Elle n’est pas encore prête à faire face à tout ça. Il lui faut juste encore un peu de temps…

Alors, Béryl lance un regard entendu à Wyl, lui intimant son besoin de s'isoler un moment, loin des regards et des conversations pesantes. Sans un mot, elles se dirigent vers l'endroit où elles savent qu’elles passeront inaperçu : la porte cachée, dissimulée derrière un panneau de bois dans le jardin, à l'abri des regards indiscrets.

Les jardins qui entourent la Maison Rouge sont richement fournis. Des fleurs aux couleurs vives éclosent dans de magnifiques parterres, tandis que des arbres majestueux offrent de l'ombre aux visiteurs. Des sentiers sinueux serpentent à travers les jardins, invitant à la flânerie et à la contemplation. Pourtant, ce jour-là, tout semble morne et triste aux yeux de Béryl.

Les deux jeunes femmes se glissent avec précaution dans la maison, refermant la porte derrière elles dans un doux cliquetis. À l'intérieur, l'obscurité les enveloppe, mais elles ne sont pas seules.

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Weeping Dawn

Beryl & Wyl

Le retour se passe dans un silence respectueux, ou les deux jeunes femmes voltigent doucement dans les ruelles de la capitale, main dans la main. Wyl ne détache que rarement les yeux de son amie, dont la grâce n’est qu'à peine impactée par le chagrin. Toutes les deux savent que sa vie va changer drastiquement et ce dès demain. Oshaara a besoin de sa maison rouge, et la maison rouge à besoin de sa madame. Une lourde responsabilité qui peine un peu Wyl, bien que Béryl ait été entraînée pour ce rôle toute sa vie. L’hybride contemple abandonné sa nouvelle vie de matelot pour rester à ses côtés et la soutenir, mais à vrai dire elle ne sait même pas ce qu’elle pourrait faire pour l’aider. Elle n’est ni une gérante, ni une leader, et encore moins une assistante. Et la cuisine était déjà occupée par la vieille Léonore qui avait tout appris à Wyl. Mais Wyl se savait pas totalement impuissante à l’aider.

Elle hoche la tête sans rien dire quand sa demande muette est formulée, mais les deux petites filles guillerettes qui se faufilaient partout en catimini, ont désormais bien grandi. Et les jolis souvenirs sont bien ternes.

“... Wyl ?” ose une petite voix derrière les deux jeunes femmes. L'intéressée se retourne pour faire face à deux ravissants bambins de sa fratrie, en train de finir la vaisselle avant le repas du soir. Ses derniers ont des grands yeux qui brillent en voyant leur soeur revenue après des mois, mais avant qu’ils lui foncent dessus, Wyl les intimide avec une fausse autorité de se taire, son doigt devant ses lèvres. Avec enthousiasme, les deux reproduisent le geste sur le champ et comprennent immédiatement qu’il faut se faire discret. Les joies d’être une grande sœur : pouvoir apprendre des tours bien pratiques au plus jeune. Et bien évidemment, quand on a tendance a se mettre dans le pétrin, les apprendre à se taire était la base.

Après les avoir embrassés comme il se doit, Wyl s’accroupit devant eux et chuchote “Béryl est un peu fatiguée.” Les deux lèvent le nez vers l'intéressée, un peu tristes. Pour eux aussi, Nymera est une énorme perte. “Et j’peeeense, qu’un bon bain lui ferait du bien. Vous voulez bien aller lui préparer tout ça.” Ils sont bien évidemment convaincus, mais Wyl laisse le ton avec malice. “Si vous le faites… peut-être que vous aurez des pancakes demain matin!” “À la vanille ?” “À la banane ?!” “Je pourrai faire vanille ET banane maiiis…” Elle fait mine de réfléchir en prenant son temps. “Il se pourrait que je vous ai ramené du chocolat…”

Le temps qu’ils détalent à la salle de bain, leurs yeux avaient triplés de volume. Wyl se tourne, fait un clin d'oeil taquin à son amie, et lui saisit la main pour qu'elles suivent les enfants discrètement.

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Le temps que le bain soit prêt, et les enfants partis, Wyl s’est amusé a payé la tignasse de la sirène, ébouriffée par le vent. Mis à part quelques sourires et plaisanterie échangés, les deux jeunes femmes sont silencieuses. Comme appréciant juste leurs retrouvailles, malgré les pénibles circonstances. Même Wyl, qui est bruyante, fantasque et explosive, n’éprouve pas le besoin d’en faire des tonnes. Béryl a ce pouvoir étrange de la calmer, celui que toute sa famille lui envie. Kaly, particulièrement, tuerait pour être capable de faire taire sa sœur.

Quand Béryl est enfin dans son bain, parfumé d’huiles et eaux qui détendent le corps et l’esprit, et parsemé de pétales. Wyl ne quitte pas ses côtés pour autant. Les deux femmes ont grandi ensemble, et il n’est même plus question de pudeur entre elles. L’hybride, aidé de son ukulele, s’amuse à jouer des airs à Beryl, pour qu’elle achève de se détendre et d’oublier ses soucis pendant un court instant. Tel une reine dans sa salle de bain avec ses troubadours attitrés.

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Weeping Dawn

Beryl & Wyl

La chaleur apaisante du bain enveloppe Béryl tandis qu'elle se laisse aller à la quiétude de l'instant.

Les pétales flottant à la surface de l'eau semblent danser au rythme des accords de l'ukulélé de Wyl. Alors que l'eau chaude caresse sa peau fatiguée, Béryl laisse échapper un soupir entre frustration et contentement. Elle ferme les yeux, laissant les accords mélodieux de son amie l'emporter loin des tourments qui la rongent. Sans un mot, elle finit par laisser son corps glisser doucement sous la surface, s'immergeant complètement dans le bain.

L'eau l'enveloppe, étouffant les bruits extérieurs et ne laissant derrière elle que le battement régulier de son propre pouls. Sous l'eau, elle se sent en sécurité, protégée de la douleur et de la tristesse qui l'assaillent. Elle laisse ses pensées se dissoudre dans l'obscurité du bain, se laissant emporter par le calme et la tranquillité qui règnent autour d'elle.

Après un moment qui lui semble à la fois infiniment long et incroyablement bref, Béryl sent qu’il est temps d’émerger pour ne pas éveiller de soupçons chez son amie. Lentement, elle pousse sur ses pieds, faisant avec un soupir de soulagement.

Elle secoue doucement ses cheveux trempés, écartant les mèches collées à son visage. Ses poumons se remplissent d'air, et elle repose la tête en arrière sur le rebord de la baignoire en cuivre.

« Merci, Wyl, », murmure-t-elle, sa voix à peine plus qu'un souffle. « Pour tout. »

Penchant doucement la tête sur le côté pour venir croiser son regard, elle tend la main vers son amie, l'invitant à se joindre à elle dans le bain. Sur le reflet de l'eau, leurs silhouettes se dessinent, ondulant sous la lumière des bougies.

Avec un sourire tendre, elle glisse un peu sur le côté de la baignoire, libérant de l'espace pour que Wyl puisse s’y glisser, ramenant ses genoux contre sa poitrine. « Viens, Wyl, » l'invite-t-elle doucement, tendant toujours la main vers son amie. « Allez, emmène-moi loin d'ici. Raconte-moi tes voyages. »

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Weeping Dawn

Beryl & Wyl

Wyl se contente de cet instant volé. Comme figurante de la vie de Béryl, divine au milieu de l’eau. Dire que la véritable nature de son amie ne lui avait jamais traversé l’esprit serait un mensonge, mais toute petite Wyl avait préféré ne pas y penser. Cela les aurait encore plus rapproché. Mais dans le cas échéant, aurait pu briser quelque chose. Et la jeune hybride n’aurait pas pu le supporter. Perdre Béryl serait aussi horrible que de perdre un membre de sa fratrie.

Pinçant les cordes, fredonnant des petits airs qu’on utilisait volontiers pour bercer quelqu’un, Wyl lui laisse l’espace pour se remettre de cette épreuve difficile, offrant son humble présence en guise de béquille si elle a besoin d’être remontée. Quand Béryl la remercie, elle lui répond d’un simple sourire, secouant légèrement la tête. C'est apprécié, mais inutile. Elle sait que dans une situation inversée, Béryl n’aurait pas été en reste de lui offrir son aide. Son sourire s’accentue quand elle lui tend la main pour être rejointe dans l’eau du bain. Ce n’est pas la première fois - l’eau est un luxe, et se laver à plusieurs est une habitude qu’on prend dès l’enfance. Mais le ton donné par la nouvelle madame donne une autre dimension à un acte autrement anodin. Wyl la regarde avec attention et douceur alors qu’elle commence à retirer ses vêtements. Elle se rappelle à quel point elle lui a cruellement manqué durant sa nouvelle vie. Que pour se trouver elle-même, il y avait malheureusement quelque chose à laisser derrière soi. L’idée de la serrer de nouveau dans ses bras lui semble encore plus accueillante que soulager des mois de muscles ankylosés par la dure vie en mer.

“J’ai vu Ka’hauni.” Fit-elle en glissant dans l’eau à son tour. “C’est encore plus beau qu’on imaginait. Partout où j'allais il y avait une arrière odeur de sucre…” Commence-t-elle a s’expliquer, cherchant a évader la jeune femme avec ses mots comme elle le ferrait dans une audience avec ses chansons.

Au fur et à mesure que ses aventures prennent vie entre ses lèvres, Wyl se sent petit à petit fondre dans l’eau chaude, et avec la présence confortable de son amie. Se rapprochant petit à petit. Une dizaine de minutes plus tard, Wyl a la lourde tête posée sur l’épaule de son amie, toutes les deux lovées contre l’autre dans les vapeurs parfumées de l’eau. Peut-être que la matelot avait aussi désespérément besoin de confort. De soutien. De tendresse.

“Tu m’as manqué, Béryl.” Soupire la jeune femme en fermant les yeux. Quitte à se répéter comme une horloge cassée. Une de ses mains récupère une mèche de cheveu ondulé de son amie entre ses doigts, les lissant entre ses doigts. Comme si la proximité entre leurs corps n'était pas totalement suffisante. “C’est mon appel tu sais ? Voyager, voir le monde. Mais savoir que tu m’attendais… ça changeait tout, pour moi.” Confie-t-elle à voix basse. Comme si parler trop fort allait déranger l’eau du bain. Ou si les murs avaient des oreilles.

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Beryl & Wyl

Alors que Wyl se rapproche d'elle, la chaleur de son corps se mêle à celle de l'eau. Béryl ferme à nouveau les yeux, se laissant bercer par le mouvement apaisant des vaguettes ondulant autour d'elles.

La jeune femme écoute attentivement les récits de son amie, laissant ses mots la transporter. D’abord vers Ka’hauni, ile lointaine et exotique, puis dans les descriptions colorées de paysages à couper le souffle, de rencontres inoubliables et d'aventures palpitantes. Les histoires de Wyl sont comme des fenêtres ouvertes sur un monde qu’elle ne découvrira jamais qu’à travers ses yeux. Les odeurs de sucre semblent presque palpables à travers ses mots, et Béryl se laisse emporter par l'illusion d'un monde où ses soucis n'existent pas, où sa mère est toujours là.

Elles restent là, toutes les deux, dans le bain chaud et parfumé, se laissant bercer par les histoires et les souvenirs de Wyl. La lueur des bougies danse sur leurs visages fatigués.

Quand la matelote avoue à voix basse à quel point Béryl lui a manqué pendant ses voyages, un frisson parcourt le corps de la jeune femme et elle réouvre les yeux. Elle a du mal à s’avouer combien ça lui fait plaisir de l’entendre. « Tu m'as manqué aussi, Wyl, » murmure-t-elle doucement, sa voix empreinte d'émotion. « Plus que tu ne peux l'imaginer. » La sirène tourne légèrement la tête pour croiser le regard de son amie, captant l'éclat de ses yeux sombres dans la lueur tamisée de la salle de bain. Elle à envie de lui dire qu’elle ne veux plus jamais avoir à l’attendre, qu’elle voudrait qu’elle reste, et qu’elle n’arrivera jamais à surmonter tout ce qui l’attends sans elle mais… Mais ça serait la priver de la mer, de son rêve, et Béryl n’est pas assez égoïste pour ça. Pas lorsqu’il s’agit de Wyl en tous cas.

Alors elle se tait et laisse échapper un soupir, se sentant submergée par une vague d'émotions qu'elle ne saurait nommer. Elle serre un peu plus fort la main de Wyl, comme pour se raccrocher au moment présent. « Merci d'être là », murmure-t-elle, ses yeux brillant d'une lueur reconnaissante. « Merci d'avoir toujours été là ». Wyl sait tout d’elle, c’est même elle qui l’a aidé à mettre fin au règne de l’ancien Monsieur Rouge. D’ailleurs, ce souvenir soulève une question.

« Je… Tu sais que tu auras toujours ta place ici, hein ? Même si je deviens la nouvelle Madame, ça reste ta maison. Je t'attendrais toujours. »

(c) DΛNDELION