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Mer 13 Mar 2024 - 16:41

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Heiura & Aedan

L'azur de ces eaux tropicales l'attirait autant qu'il l'apaisait. Ka'Hauni était un petit paradis dans cet archipel de malheur. Il aimait y passer du temps en escale. Cette île contrastait tellement avec Feyr, et pourtant il y trouvait une certaine paix. Une paix plus apaisante que sur son île natale qui lui rappelait encore trop l'absence de sa mère. Parfois, lorsqu'il regardait l'océan, le marin n'avait qu'une envie : prendre le large pour ne plus jamais revenir. Qu'y avait-il au-delà de ces eaux ? L'archipel était certes immense, mais le monde qui s'étendait au-delà de la mer de feu devait probablement être plus grand encore ? Mais difficile de quitter un monde qui abrite votre foyer... Le Feyrborn se contentait de simplement en rêver sans jamais oser s'en aller. Par des attaches invisibles, il sentait son âme prise au piège, le corps accroché avec. L'esprit avait encore la possibilité de vagabonder jusqu'aux limites de son imagination.

Contemplant l'horizon, Aédan se baladait l'air tranquille sur une plage s'étendant à perte de vue. Le port était un peu plus loin au nord, Wyvern l'y attendait pour embarquer une cargaison. Mais celle-ci n'arriverait que dans trois ou quatre jours au plus tard. Des fruits et autres baies qu'il irait probablement vendre à Temerys. En attendant l'homme prenait le temps de... ne rien faire ? Se promener, buller, s'ennuyer, qu'importe... Il n'était de toute façon pas nature à courir dans tous les sens, Aédan avait toujours pris le temps de vivre sans se précipiter. Alors pourquoi changer ? Faire différemment ? Il n'était pas plus heureux, pas moins non plus, très introspectif, il recherchait malgré tout facilement la compagnie des autres... Ce qu'il avait pris l'habitude de faire dans ses heures les plus sombres ne rejoignant un navire pirate en de rares occasions pour cueillir la présence d'une belle âme qui saurait lui faire oublier l'espace de quelque heures le monde à l'extérieur...

Étrangement il repensait à elle, pourquoi maintenant ? Elle n'était probablement plus aujourd'hui... Alors pourquoi avait-il l'impression de voir sa silhouette au loin se dessiner sous ses yeux. Pourquoi voulait-il tant se raccrocher à ce souvenir sous le coup de ce qui avait tout l'air de n'être qu'un mirage. Un songe, une idée un peu abstraite. Une légère impulsion dans le myocarde. Aédan s'arrêta devant cette silhouette qui venait doucement dérouter la lumière du crépuscule. « Tu deviens fou... » se dit-il. Mais à mesure que la jeune femme se rapprochait, la réalité le frappa aussitôt.

« Heiura ? » Il n'avait jamais oublié son nom...

@Heiura Telvani

(c) DΛNDELION

Jeu 14 Mar 2024 - 19:26

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Heiura & Aedan

Plage de sables fins, vent chaud balayant son visage, jouant dans sa tignasse emmêlée, les derniers rayons glissaient sur sa peau qui ne les craignait pas. Elle marchait entre les vagues turquoises et les cocotiers, jouant avec le sable ou avec l’écume du bout des pieds, selon si elle divaguait d’un côté ou de l’autre. Et elle souriait. Elle marchait, elle n’était pas seule mais au elle ne sentait pas en danger pour autant. Le paradis avait un nom : Ka’Hauni.

Elle l’avait juste oublié.

La beauté, la tranquillité, la sécurité. Son grand-père sur une petite île pas très loin, sa famille entre terre et mer à portée de nageoire. Elle était là. Elle était rentrée. Elle avait encore les cheveux humides et plein de sel, et elle écartait les bras face à l’astre solaire qui disparaissait, face à ce ciel aux couleurs incroyables. Un coucher de soleil ! Elle n’en avait presque pas vu en cinq ans. Est-ce que le monde se rendait compte à quel point ce spectacle était précieux ?
Elle était rentrée, et maintenant ? Elle était libre, et en même temps, elle ne l’était pas, pas tant que tous ses frères et sœurs ne le seraient pas eux aussi.
Maintenant, elle avait trouvé sa raison de vivre, son combat : son peuple, l’esclavage en général. Car aucun hybride, ni aucun humain ne méritait ce traitement.

Et puis le vent glissa son nom à son oreille, avec un timbre doux et chaud, étrangement familier. Elle se retourna pour constater qu’elle n’était plus seule à profiter de ce paradis, de ce paysage crépusculaire. Elle sourit en reconnaissant la silhouette d’un homme, celui qui fut un ami durant toutes ces années, qui lui apporta un peu de réconfort et de compagnie sans jamais rien lui demander.

A cet homme, elle avait tout dit, sur sa vie, ses peurs, ses rêves. Elle se souvenait d’une fois où il lui avait demandé ce qu’elle ferait quand elle serait libre. Elle avait pensé “si” mais lui avait répondu tout de même. Maintenant elle pouvait dire que rien ne s’était déroulé comme dans ses rêves. La liberté était plus difficile que prévu.

Elle courut vers lui et s’arrêta juste devant lui, soudainement hésitante et timide. Car si elle était très heureuse de le revoir, elle était aussi un peu gênée et un brin méfiante. Rhyse lui avait demandé de faire plus attention et après tout, elle avait connu cet homme alors qu’elle était en cage et que ses pouvoirs étaient restreints. Rien ne lui garantissait qu’il était aussi bon qu’il le prétendait. Foutu Rhyse… Il lui avait retourné le cerveau.
Aedan faisait aussi partie d’un passé qu’elle aurait préféré oublier, sans l’oublier lui, évidemment.

« Aedan ! Tu es… Tu es là ! Comme tu vois, je suis libre à nouveau… » Et légèrement mal à l’aise. Quelques éclats de rires gênés entre deux silences un peu embarrassants. Elle ne savait pas quoi dire. C’était drôle comme Calypso envoyait des personnes sur son chemin comme ça.

@Aédan Feyrborn

(c) DΛNDELION

Dim 17 Mar 2024 - 12:28

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Heiura & Aedan

Tel un fantôme du passé, un ange peut-être ? Aédan n'avait pas les mots, mais elle était là bien vivante pourtant. Foulant de ses pieds nus le sable chaud de Ka'Hauni elle s'approchait de lui. La brise venait jouer avec quelques mèches de cheveux, un sourire s'affichait, s'affirmait, le soleil réchauffait encore son derme. Le marin la détailla à mesure que ses pas l’amenaient vers lui. Interdit presque, son nom souffla entre ses lippes. Il ne rêvait pas... Ce n'était pas le lotus qui avait longuement glissé entre ses lèvres la veille soir qui faisait divaguer son cerveau. Non la réalité était tout à fait palpable, il pouvait même sentir son doux parfum lorsqu'elle s'approcha tout prêt marquant un arrêt un peu timide face à lui.

« Heiura... » souffla-t-il à nouveau. « Je suis très heureux de te voir... » ne risquant pas le moindre geste, il se contenta de la regarder, de la détailler sous toutes les coutures. Il aurait pu en faire le tour pour être bien sûr que son cerveau ne lui fasse pas le moindre tour. Muscle si capricieux en ce moment... tourmenté à coup de vapeurs, dépresseurs.

Une boule dans le fond de la gorge s’immisça sans qu'il puisse la refouler. « Je suis désolé... » Il n'avait rien fait à l'époque, rien fait pour que la situation change pour elle. Rien fait pour la sauver, l'extirper, l'arracher à cette vie de malheur. Inaction qui lui avait valu tant de tourments quand il cru qu'elle avait disparu. Le Feyrborn ne s'était jamais excusé et la vie lui offrait une chance potentielle de se rattraper, d'agir de ne pas se contenter d'être impassible ce qu'il avait toujours été un peu... Contre lui, contre sa volonté probablement, une souffrance dont il n'arrivait pas à s'arracher. Mais Heiura était peut-être une chance... sa chance, de faire différemment.

« J'ai cru que... » il entrouvrit la bouche mais ne termina pas sa phrase, il aurait pu la prendre dans ses bras mais... « Ce n'est pas important, » il n'en fit rien. Sourire qui se glissait timidement sur ses lippes salées, un gout d'éther dans la bouche. Tandis qu'il fourrait ses mains dans les poches de son pantalon, les pieds nus s'enfonçant dans le sable, l'air d'un gamin intimidé placardé sur le visage, il lui demanda : « Tu fais quelques pas avec moi ? »

La simplicité dans les mots, dans le regard dans les gestes, Aédan n'avait pas envie qu'elle le quitte déjà. Il voulait savoir... il voulait tout savoir. Mais il n'avait jamais eu l'habitude de brusquer les gens, ça jamais. Lui proposer quelques pas, se remémorer le passé, imaginer l'avenir, tout était possible. Le marin et la sirène avaient probablement des milliers de choses à se raconter, eux qui avaient toujours su parler avec des mots... et des fois avec le silence. Jamais gênés, toujours bercés par une douce mélancolie.

@Heiura Telvani

(c) DΛNDELION

Ven 22 Mar 2024 - 8:02

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Heiura & Aedan

C’est drôle. Ils ont parlé des nuits entières sans jamais se trouver à cours de sujets de discussion, et les voilà à ne finir aucunes phrases. Heiura a le rose qui lui monte au joue. Pourquoi ? Elle l’ignore. Elle n’a aucune raison d’être gênée devant cet homme qu’elle considère comme un ami, du moins c’est ce qu’elle croit. Elle n’en fait pas grand cas non plus, cela passera tout seul.

« Moi aussi ! Tu n’imagines pas ! Tu tombes à pic même. » Son sourire s’étire jusqu’à ses oreilles. Elle est plus qu’heureuse de le voir. D’une part parce qu’elle avait besoin de compagnie, et d’autre part parce que la sienne est sans doute le plus beau cadeau que Calypso pouvait lui faire.
Même si la petite voix de Rhyse lui susurre toujours à l’oreille de bien choisir à qui donner sa confiance.

Mais son visage s’affaisse soudainement, ses sourcils se froncent alors que l’homme s’excuse. Son regard, son ton, son attitude soudaine... Elle ne le suit pas et s’inquiète, forcément, regardant autour d’eux des fois qu’il s’agisse d’un piège. Personne. Pour le moment ? Entre méfiance et paranoïa, la limite est ténue pour la sirène. « Désolé ? Je… Qu’as-tu cru ? »

Elle est larguée.
Et elle aime savoir, elle est bien trop curieuse et inquiète, angoissée même, ce qui n’a pas toujours été le cas. Que lui a-t-il fait ? Ses souvenirs à ses côtés sont tous heureux, son esprit est marqué par sa douceur et elle est heureuse de le retrouver. Elle aurait sûrement fini par le chercher, d’ailleurs. Elle continue de surveiller les alentours, pas sereine tant qu’elle n’aura pas eu de réponse.

Seulement quelques pas ? Ce qu’elle aurait dit avec joie sans ces excuses qui lui donnaient de curieux soupçons et un sentiment de vulnérabilité.

« D’accord... » Et elle se remet à marcher à côté de lui, préférant garder une distance de sécurité dont elle n’a pas vraiment envie. « Aédan, tu me fais peur. Ai-je des raisons de me méfier ? Des hommes m’ont trahi autrefois… De quoi es-tu désolé ? »

Ne sois pas l’un d’eux, s’il-te-plaît. Ne m’oblige pas à te faire du mal. Je ne veux pas retourner dans une cage.

@Aédan Feyrborn

(c) DΛNDELION

Dim 24 Mar 2024 - 14:18

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Heiura & Aedan

Leur gestes se firent aussi tendre qu’hésitant, leurs mots prenaient le pas, mais ils ne furent pas beaucoup plus limpides. Sans le vouloir Aédan immisça en Heiura un doute, un malaise. Terriblement maladroit, il ne sentit pas la distance qui s’installa, l'inquiétude qui inondait les traits de la sirène. Il l’invita à marcher, parce que sur cette plage il se dit qui c’était ce qu’il y avait de plus sage à faire… ce qu’il y avait de plus simple à faire. Ils n’avaient jamais eu l’occasion de se découvrir au-delà d’une chambre bouclée entre quatre murs. A elle la captivité, à lui la liberté de ses gestes. Une relation parfaitement déséquilibrée, il en avait eu terriblement conscience à cette époque, il aurait aimé s'extirper de son enfer, il n’en a jamais eu vraiment le courage… C’était elle en vérité qui l’avait sauvé de ses propres démons.

Très vite son élan est ralenti, le visage d’Aédan s’assombrit. « Aédan, tu me fais peur. Ai-je des raisons de me méfier ? Des hommes m’ont trahi autrefois… De quoi es-tu désolé ? » Le Feyrborn se sentit absolument stupide, pourquoi se comportait-il ainsi ? Pourquoi faisait-il flotter dans l’air autant d'incertitudes… maladresse parfois douteuse, il lui était impossible de la laisser douter, s’inquiéter. Lui faire du mal ? Jamais, impossible, il n’était pas ce genre d’homme…

Lui attrapant doucement la main, il arrêta leur balade et la fit se tourner vers lui. Ses prunelles vinrent rencontrer les siennes, rétablissant la connexion entre les deux âmes. Deux âmes qui s’étaient perdues, égarées, mais jamais oubliées.

« Non bien sûr que non… J’ai cru que… Que je ne te reverrais jamais, j’ai l’impression que tout ceci n’est qu’un rêve… Je suis désolé… » d’être aussi con. Ses esprits s’embrouillèrent, il se trouvait bête. « Désolé d’avoir été aussi lâche… de t’avoir laissé là bas… » D’un geste il caressa la joue de la jeune femme, comme pour dissiper ses inquiétudes, faire disparaitre ces petits plis de crainte au coin de ses lèvres. Tu m’as manqué… se garda-t-il de lui dire. Il relâcha son geste, espérant avoir été un peu plus rassurant pour elle. Aédan détestait être une source d’inquiétude, il était parfaitement incapable de trahir qui que ce soit, la loyauté était pour lui une valeur fondamentale. Ca ne lui viendrait tout simplement pas à l’esprit de faire du tort à quiconque.

Son regard se posa sur la mer dont les vagues douces mais incessantes viennent lécher le rivage de sable. « Tu te souviens qu’on s’était dit qu’un jour on sera là… face à l’océan et que la première chose qu’on ferait c’est de nager… » Il se pinça les lèvres, un faible sourire se dessinant sur son visage. « Ensemble… »

D’un regard un peu taquin, il observa la jeune femme espérant voir sur son visage l’ombre se dissiper et la gaieté s’immiscer. Ils avaient tant parlé, mais si peu agit. Ils n’en avaient ni les moyens, ni l’occasion. Ils s’étaient tant confiés, allongés l’un à côté de l’autre. Aucun geste, que des mots échangés, des maux aussi… trop souvent. Le paysage n’était plus le même, depuis leur ciel s’était ouvert, éclairé. Ils pouvaient y voir le soleil, sentir le vent et les vagues. La liberté s’offrait à eux, qu’est-ce qui pouvait encore les empêcher d’en profiter ? Il espérait un oui, un signe de tête, un sourire n’importe quoi. Aédan voulait simplement passer du rêve à la réalité.

@Heiura Telvani

(c) DΛNDELION

Dim 24 Mar 2024 - 22:15

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Heiura & Aedan

Sa main dans la sienne irradiait une douce chaleur dans sa paume, tout comme un léger picotement désagréable. Ce même picotement à chaque fois que quelqu’un la touchait et qui disparaissait en quelques secondes lorsqu’elle se disait que ça allait, que cette personne pouvait. Même si elle préférait qu’on lui demande avant.

Pour Aédan c’était un peu différent, elle avait l’impression de connaître son âme et tout ce qu’il y avait à savoir sur lui. Si elle n’était pas devenue si méfiante, jamais elle n’aurait pu douter de ses intentions et elle aurait eu le cœur meurtri de donner raison à Rhyse. Le picotement fut fugace, laissant place à une sensation bien plus agréable : de la tendresse et de la douceur, d’autant qu’elle fut rapidement rassurée.

Elle ferma les yeux contre sa paume. L’attachement qu’elle avait pour lui était fort, il avait été une grande source de réconfort pendant toutes ces années. Et cela n’avait pas changé maintenant qu’elle était libre. Voir son visage la rendait heureuse, et un peu nostalgique. La vie serait sans doute bien différente maintenant.

« Ne dis pas ça, tu m’as permis de tenir. Que pouvais-tu faire de plus ? Le navire était bien gardé, la maquerelle ne m’aurait revendue que pour un prix exorbitant. Et puis ça n’a pas d’importance. Je suis libre et nous sommes réunis à nouveau ! »

Elle lui sourit. Maintenant que le petit quiproquo était levé, elle pouvait se laisser aller à apprécier pleinement cet instant et sa compagnie. Il retira sa main et elle soupira, un peu soulagée car c’était encore compliqué. Comme si elle réapprenait son corps, ses envies, ses limites, qu’elle en reprenait possession après l’avoir offert trop de fois sans en avoir envie.

« Bien sûr que je me souviens ! »

Elle disait cela, mais son visage était rieur, assumant une certaine mauvaise foi. Peut-être qu’elle n’y aurait plus pensé s’il n’en avait pas parlé. Elle tira sa main pour l’emmener vers l’océan et tâter l’eau du bout des orteils, puis jusqu’aux chevilles.

« Tu sais que je vais me transformer au contact de l’eau, j’espère que tu ne crains pas de me voir sous ma vraie forme. »

Elle eut une pensée pour Sebastian, le mercenaire qui n’aimait pas ses écailles et trouvait qu’elle manquait de pudeur. Il s’étoufferait s’il voyait ça, ce qui la fit sourire alors qu’elle avait lâché sa main pour déboutonner sa robe. Une sirène ne nageait pas avec des habits, cela n’aurait pas de sens.

Elle lança la robe sur la plage et avança, nue comme un vers, dans l’eau si agréablement chaude et aux teintes turquoises qui avaient baignées son enfance. Dès qu’elle eut assez d’eau - un peu au-dessus du nombril, elle plongea et se transforma. Sa longue queue termina son plongeon en lieu et place de ses jambes et elle fit très - trop - rapidement quelques dizaines de mètres avant de faire demi-tour et d’émerger juste devant lui.

« Tu n’es quand même pas un de ces marins qui ne sait pas nager ? » Elle se moqua gentiment tout en l’éclaboussant. Puis elle ne laissa que ses yeux et son front dépasser de l’eau. La nuit tombait, le ciel était de plus en plus sombre et les étoiles apparaissaient.

Un endroit sublime et isolé. Ici ils étaient seuls au monde, un peu comme toutes ces nuits qu’ils avaient passé ensemble.

Heiura se tourna vers la lune qui se levait tandis que l’astre solaire avait disparu, soudainement pensive.

« Est-ce que ça va te paraître idiot si je te dis que parfois ce bateau me manque ? Les rêves et la réalité sont si différents… La liberté, ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît… Chaque jour est une nouvelle épreuve. Là-bas j’étais nourrie, je n’avais rien à penser, rien à décider, je ne sais même plus si j’avais peur… Je crois que non ? »

Elle se tourna vers lui, les sourcils froncés, en plein questionnement.

« J’espère que tu ne m’en veux pas de dire ça. Il n’y a personne d’autre à qui je pourrais confier une chose pareille, qui pourrait me comprendre. »

@Aédan Feyrborn

(c) DΛNDELION

Jeu 28 Mar 2024 - 11:14

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Heiura & Aedan

Les doutes apaisés, envolés, le soulagement se glissa sur le doux visage d’Heiura. Aédan, le regard presque taquin attendit sage comme une image qu’elle accepte sa proposition, qu’elle quitte le sable fin de cette plage paradisiaque pour aller embrasser les eaux calmes de la baie. L’océan les appelait, la rappelait… Elle être de l’eau, lui n’ignorait pas qu’à son contact la jeune femme serait pourvue d’une belle queue de poisson. Mais cela ne lui importait guère, il était même carrément fasciné par cette magie. Par la capacité qu’ont les océanides de s’adapter ainsi. Elle était l’une des leurs, beauté à couper le souffle. Depuis sa liberté et la disparition de cette draconite, elle était encore plus belle. Une aura toute aussi fascinante que sa capacité à se transformer dans l’eau. Bien des hommes et des femmes ont dû se laisser prendre par cette magie. Lui aussi peut-être… probablement.

« Absolument pas » répondit-il. Visiblement elle était d’accord pour aller piquer une tête. Elle ne perdit pas de temps pour se défaire de sa robe. Il fit très vite de même retira sa chemise et son pantalon avant de la suivre dans l’eau.

« Tu en connais ? Moi pas… » rétorqua-t-il très amusé par sa remarque. Aédan avec ses capacités tout à fait humaines savait parfaitement nager. Il évoluait dans l’eau avec une certaine aisance et faisait de bonnes apnées. Il n’était évidemment pas à la hauteur des océanides et autres hybrides, mais il n’avait pas à en rougir.

Le marin s’éloigna du rivage en compagnie d’Heiura sous les derniers rayons du soleil qui s'éteignaient derrière l’horizon. L’air ambiant était tout aussi chaud, et ce bain de nuit se fit tout à fait salvateur. Il n’y avait pas âme qui vive, seulement eux et leurs souvenirs. Heiura lui confia avoir étrangement peur de cette liberté soudainement retrouvée. Elle avait l’impression finalement de développer des souvenirs positifs de sa captivité, de la relative protection que celle-ci lui apportait. « Ce n’est pas si idiot... Tu as vécu longtemps là-bas, tu t’y es habituée… Mais tu verras que la liberté est encore plus incroyable, et si jamais tu ne sais pas où aller… Je serai là, » offrit-il tout simplement. Heiura avait juste besoin de reprendre confiance en elle, de reprendre possession de sa vie dont Aédan n’était finalement qu’un détail. Mais il voulait qu’elle sache qu’elle pouvait compter sur lui si elle en avait besoin. « Je serai bien incapable de t’en vouloir de te confier à moi Heiura… »

Ils s’étaient tant confiés l’un l’autre, il la comprenait d’une certaine façon. Aédan n’avait pas vécu le quart de ce qui était arrivée à la jeune femme… Elle méritait tellement d’être heureuse, d’être aimée, apaisée. Elle méritait qu’on s’occupe d’elle, qu’on l’écoute, qu’on essaye de la comprendre. « De quoi rêves tu alors ? Quand tu arrives à chasser ce maudit bateau de tes pensées… » Il releva un sourcil, se fit un brin inquisiteur, ses jambes battant l’eau pour le maintenir à la surface. Sous l’eau se jouait un spectacle magnifique : les écailles de l’océanide reflétaient les rayons de la lune. Couleurs iridescentes qui poussaient certains à tuer sans merci ces créatures innocentes. Aédan eu un léger pincement au cœur quand il imaginait cette torture. Il serait bien incapable de faire du mal à une autre créature, il eu une petite prise de conscience. Il se dit qu’il ne devait plus tolérer certaines choses comme avec Heiura. La culpabilité continuerait à le ronger encore longtemps, le marin ne se sentant toujours pas méritant de la compagnie de la jeune femme.

@Heiura Telvani

(c) DΛNDELION

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Heiura & Aedan

Des marins qui ne savaient pas nager, elle en connaissait oui, elle en avait même vu de ses propres yeux… Sombrer en se débattant lors du naufrage du Red Silk. Des souvenirs pas particulièrement gais. Elle n’avait pas cherché à les sauver ceux-là, à quoi bon ? Sauf un. Un gamin, un petit jeune, pas un mauvais bougre. Elle l’avait remonté jusqu’à un radeau de fortune. Avait-il survécu ? Elle ne le saurait probablement jamais, alors autant se dire que oui.

« Plus que tu ne l’imagines, visiblement ! » Elle sourit largement, chassant les nuages de ces souvenirs, imaginant le jeune Lloyd sur une plage ensoleillée puis recueillie par une gentille dame aussi généreuse que sa poitrine. Les humains étaient parfois désespérés, au point de travailler sur un navire tout en étant parfaitement vulnérables dans l’eau.

Son sourire disparut le temps de confessions étranges, mais il revint bien vite, plus petit, plus doux aussi, à sa réponse. Elle était heureuse qu’il soit là, dans sa vie, dans ce monde, ici sur cette plage. « Je sais, je sais que je peux toujours compter sur toi. » Malgré le léger quiproquo du départ. « Même si je n’en avais pas l’air toute à l’heure… Un... parent... m’a dit de me méfier de tout et de tout le monde, mais ce n’est plus le cas, je te le promets. » Elle se sentait parfaitement sereine avec lui désormais, que ce soit dans l’eau ou sur la plage.

De quoi rêvait-elle ? Est-ce qu’elle le savait ? C’était encore assez complexe à dire, pour l’instant elle voulait des choses soient assez simples, soit très vagues. « Et bien… Je rêve de retrouver ma place parmi les miens, de me sentir bien dans mon corps et dans mon esprit. Je rêve aussi d’un monde où les océanides pourraient évoluer sans craintes, où nous ne saurions plus traquer, chasser, tuer, ou pire. »

Elle lui tournait autour dans l’eau, bien plus grande que lui sous cette forme, tantôt s’éloignant, tantôt se rapprochant, parfaitement à l’aise et habile avec sa nageoire. Elle vit son regard se perdre sur son corps, puis dans ses pensées, elle l’arrosa un peu avec sa nageoire tout en gloussant. Comme un poisson dans l’eau, elle se sentait devenir joueuse, un brin plus euphorique chaque minute. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas baignée ainsi, juste pour le plaisir, qu’elle n’avait pas partagé l’océan avec quelqu’un, humain ou océanide. Certains humains étaient d’excellents nageurs, à ce qu’il se disait.

« Tu es bien pensif ! A quoi songes-tu ? »

Elle lui jeta un regard rieur, délicatement provocateur.

« Tu penses à comment tu comptes me battre à la nage ? »

@Aédan Feyrborn

(c) DΛNDELION

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Heiura & Aedan

Heiura rêvait légitimemant de voir son peuple être libre. Aédan ne pouvait que partager ses pensées, même si c’était un combat qu’il ne connaîtrait, ni ne comprendrait jamais vraiment. Il n’avait jamais été traqué pour ce qu’il était : maltraité, humilié, réduit en esclavage… En apesanteur dans l’océan, elle semblait flotter, se déplaçant avec une aisance incroyable… Aédan ne put s'empêcher de laisser courir son regard sur la créature qu’elle était, plus belle encore qu’il n’aurait pu l'imaginer. Le sourire dévorant ses lippes, cette mine enjouée, elle lui tournait autour, l’arrosait, s’amusait. Heiura était devant lui, ce soir, d’une perfection sans égale. Dans son élément, elle apparaissait plus resplendissante que jamais. Qui pourrait vouloir lui faire du mal ? Certainement pas lui… bien au contraire.

« Aurais-je ne serait-ce qu’une infime chance de pouvoir te battre à la nage ? » lui dit-il le sourcil relevé, le sourire agrippant ses lèvres, son envie de rire lui dévorant la bouche… Comment pourrait-il prétendre battre n’importe quel océanide à la nage ? Il faudrait être bien fou pour imaginer rivaliser avec une force de la nature telle que pouvait l’être la jeune femme. En un battement de queue elle aurait déjà parcouru une dizaine de mètres tandis qu’il mettrait à peu près toute son énergie dans une nage plus qu’hasardeuse pour grappiller quelques mètres à ses côtés. « J’ai l’impression que vous vous jouez de moi miss Heiura… » Il ne répondit pas à se question, celle de ses songes, non… Il disparu sous la surface, plongeant son âme dans l'abîme quelques instants, aussi longtemps du moins que sa capacité à retenir sa respiration ne le lui permettait, puis il remonta. Une main passant dans ses cheveux qu’il vint plaquer en arrière. Un regard taquin qui se posa avec délicatesse sur la jeune femme… « Je songe à tout… à rien... à toi… » Un instant, les pensées qui divaguaient, qui se confondaient, il ne termina pas sa phrase, ne savait même plus ce qu’il voulait dire d’ailleurs. Le moment était juste simple, doux, parfait… Trop parfait pour venir s’assombrir de ses pensées obscures sur ses ressentis, sur son myocarde qui se déchirait à l’idée de la voir souffrir à nouveau. Non il n’avait pas envie de cela… pas ici… pas maintenant.

« A comment je pourrais te rattraper si tu cherchais à me fuir au milieu de la nuit… » Le regard amusé, il réduisit la distance, l’empêchant de se jouer de lui encore plus longtemps, de lui montrer qu’il pourrait être suffisamment fou pour espérer la battre à la nage si elle le défiait.

@Heiura Telvani

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Heiura & Aedan

« Probablement… Si je te laisse gagner… Elle rit, pouffa même. Il parait que certains humains nagent assez vite, mais je ne sais pas si cela suffit. Je n’arrive même pas à comprendre comment vous faites d’ailleurs. »

Est-ce qu’elle se moquait ? Un peu, gentiment. Elle se disait que si elle se transformait dans l’eau, elle allait couler aussi sec. Alors que probablement pas, c’était même un peu idiot de croire ça car elle aurait sans doute de bons réflexes malgré tout. Mais Heiura ne savait pas nager sous sa forme humaine, ce qui semblait logique. Pourquoi s’embêter avec des jambes quand on a une nageoire ? Elle gloussa à nouveau et puis plongea à sa suite, pour le regarder sous l’eau, lui tournant autour, sans comprendre ce qu’il était en train de faire. Elle émergea après lui, en face de lui et tout doucement tandis qu’il rouvrait les yeux, souriant jusqu’aux oreilles.

« A moi ? » Son sourire s’effaça un instant pour montrer un visage plus sérieux alors qu’elle sentait ses joues rougir. Pas sûr qu’il puisse le voir dans la pénombre. En tous les cas, elle était touchée… Et curieuse. Et heureuse ? Le palpitant légèrement plus rapide. Elle avait envie qu'il pense à elle, est-ce que c'était étrange de sa part ?

« J’espère que tu ne crains pas de t’éloigner de la plage. »

Mais le jeu repris et la sirène se remit à rire avant de plonger devant lui, en faisant bien attention à lui, à la distance qu’il y avait entre eux pour ne pas lui faire mal. Sa grande nageoire frôla son torse alors qu’elle fila dans la nuit ; pas trop vite, elle ne voulait pas le semer. Elle fit une dizaine de mètres avant de se laisser rattraper une première fois, pour mieux fuir à nouveau, tout en le provocant d’un petit rire, et ainsi de suite, jusqu’à qu’il y ait assez de fond à son goût, et jusqu’à ce qu’il se décide à l’arrêter, d’une façon ou d’une autre.

Dans le temps, Heiura réfléchissait à comment lui faire découvrir les fonds marins avec elle, alors que la lune était magnifique et qu’elle avait envie de sauter comme un dauphin. Et soudain, au lieu d’avancer elle plongea à la verticale pour prendre de la vitesse et sauter hors de l’eau, effectuant un salto devant la lune, retombant en éclaboussant tout autour d’elle. Et puis elle reprit sa respiration, immobile.
Là, elle lui avait donné une vraie chance.

@Aédan Feyrborn

(c) DΛNDELION

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Heiura & Aedan

Entre Aédan et Heiura se créa un jeu, un peu enfantin, un peu innocent, profiter bêtement d'un bain de minuit sans trop se poser de question. Laissant de côté leurs états d'âme, les rires éclataient dans la nuit. Ils était seuls aux abords de cette plage, personne pour venir les surprendre, les déranger. L'eau était chaude, cristalline, et au fur et à mesure leur jeu les amenait à simplement s'éloigner. Le jeune homme était plutôt endurant. Heiura arrivait sans aucun mal à le distancer de plusieurs mètres en un simple coup de nageoire, tandis qu'Aédan se fendit tantôt d'un crawl, tantôt d'une brasse pour essayer de l'atteindre. Et s'il avait le malheur de s'approcher un peu trop près... la jeune femme disparaissait sous la surface pour se jouer un peu de lui.

« Je crains par contre d'être vidé trop vite de mon énergie... Heiura tu es simplement imbattable à la nage... » il rit son tour, marquant une pause le temps de reprendre un peu de souffle. Il était bon nageur mais ne faisait clairement pas partie de ces individus hors du commun qui pouvaient tenir des heures à une telle allure.

Sans un mot, sans prévenir non, Heiura plongea et ressorti de l'eau à pleine vitesse. Elle lui offrit une de ces magnifiques pirouettes que les dauphins pouvaient faire. La bouche d'Aédan s'était ouverte en O quasi parfait devant l'exploit de la jeune femme. Admiratif, subjugué presque il était loin de tout connaitre des sirènes et encore moins d'imaginer qu'elles puissent s'amuser à faire cela avec une aisance tout à fait incroyable. Il ne se demanda pas pourquoi un tel geste, la jeune océanide devait simplement se sentir bien dans son corps, la compagnie d'Aédan était visiblement la bienvenue pour elle, si bien qu'elle mettait en exergue ses nombreux talents marins.

« Incroyable... » se murmura-t-il à lui même, tandis qu'il replaça sa tignasse de cheveux en arrière après avoir reçu une vague d'eau sur lui. La jeune femme quant à elle, regagna doucement la surface comme si de rien n'était. Plusieurs mètres les séparaient encore...

« Ça par contre... je ne sais pas faire... » s'amusa-t-il tandis qu'il la rejoignait lentement à la nage. Se mordillant légèrement la lèvre inférieure il finit par la rattraper, cette fois-ci elle semblait ne plus vouloir s'éloigner de lui... « Alors tu capitules ? Tu me laisses gagner ? » Ce furent ses mots un peu plus tôt : il n'arriverait à la rattraper qu' à la seule condition qu'elle le laisse gagner, mais qu'avait-il gagné ? Il réduisit un peu plus la distance entre eux, sourire taquin glissé sur les lippes. Son regard azur plongea dans le sien. « Est-ce qu'il y a encore des choses que j'ignore sur tes prouesses océaniques... ? » Rien ne semblait arrêter la belle, même pas lui... Ses propres prouesses océaniques se résumaient à nager plutôt correctement et ne pas couler comme un gros caillou.

La lumière de la lune berçait tous leurs gestes, soulignait avec délicatesse les expressions de leurs visages, défiait l'aura de beauté qui émanait d'Heiura. Beauté à laquelle Aédan semblait assez sensible... « J'ai très envie de... » Il laissa planer un instant ces mots dans l'air, quelques secondes qui semblaient des heures. « ... de t'embrasser. »

@Heiura Telvani

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Heiura & Aedan

Imbattable ? Certainement, pour un humain. Le peuple de l’eau était taillé pour affronter les courants, nager en profondeurs, parcourir de longues distances là où le peuple de la terre s’était inventé de gigantesques coques en bois poussées par les vents.

Heiura se doutait qu’Aédan ne pouvait gagner, même s’il y mettait du sien et qu’elle-même ne faisait pas trop d’effort. En un simple coup de queue, elle le dépassait déjà largement. Il n’y avait aucun moyen que la compétition soit juste, et au fond, elle avait surtout envie de jouer avec lui, avec la distance qui les séparait. Inconsciemment du moins.

Ce qui était certain, c’est qu’elle se régalait, qu’elle était heureuse et sereine. La preuve en fut ce saut sorti de nulle part, un véritable saut de joie, presque enfantin. Ce qui était pour lui une prouesse n’était pour elle qu’un jeu dans l’eau, un exercice que tous les océanides s’amusaient à faire un jour ou l’autre, afin de tester leurs capacités et leur habilité.

Lorsqu’elle revint à une position plus normale, elle s’arrêta enfin, elle avait besoin de souffler aussi, après une telle figure.

« Peut-être… » En tous les cas, elle le laissa s’approcher cette fois. Elle n’avait jamais eu une autre intention que de le laisser gagner, à un moment ou à un autre. Même si elle attendait un peu plus que ça.

« C’est possible… J’ignore ce que tu ignores… »

Elle barbotait doucement tandis qu’il se rapprochait encore. Un petit sourire aux lèvres et un regard plus taquin qu’il n’aurait dû, son cœur battait à tout rompre et elle essayait certainement de se distraire, de refuser de voir ce qui s’opérait. Son air joueur était dû à la blague qu’elle lui préparait. Il voulait voir ce qu’elle savait faire ? Il allait être servi ! Elle était en train de former une bulle d’eau derrière lui, qui s'élèverait bientôt au-dessus de sa tête.

Elle resta suspendue dans les airs, au même titre que sa phrase. Très envie de quoi ? Le regard d’Heiura plongea dans le sien et le temps s’arrêta, son myocarde aussi.

De m’embrasser…

La bulle d’eau tomba sur la tête du beau brun, et Heiura, rouge comme pivoine plongea dans l’eau en profitant de la diversion qu’elle aurait voulu arrêter avant, finalement… Elle avait été prise par surprise, elle avait lâché son sort, estomaquée. Dans les profondeurs sombres, la sirène se cachait, tournant autour d’Aédan quelques mètres en dessous de lui. Elle finit par remonter après quelques longues secondes, se plaçant juste devant lui, frôlant son corps. Son front émergea timidement, puis ses yeux, ses pommettes roses, son long nez, ses lèvres humides, son joli menton et enfin son amulette, brillante, même dans la nuit.

Elle ressentait bien des choses en cet instant : de l’appréhension, du désir, de la gêne, de l’envie, mais surtout elle était persuadée d’être là où elle devait être. Calypso ne pouvait pas l’avoir mis sur son chemin à cet instant précis pour une autre raison. Elle aimait la façon dont il la regardait, elle avait toujours aimé la façon dont ses yeux la caressaient, elle avait toujours apprécié sa présence, sa compagnie, dans leurs échanges ou dans leurs silences.

Mais elle avait si peur d’initier ce baiser…

Pourquoi ? Parce que des hommes qu’elle n’aimait pas l’avaient embrassée, touchée ? Combien de temps allait-elle les laisser dicter sa vie, son bonheur ? Les paroles de Rhyse lui revinrent alors et lui donnèrent le courage qui lui manquait. Aidée de sa nageoire, elle sortit encore un peu de l’eau et vint trouver ses lèvres. Un baiser humide, salé, chaste et un peu trop fugace, mais elle avait fait ce pas et elle se sentait heureuse et fière.

Et puis elle replongea.
Pour ressortir à peine plus loin, timide comme une adolescente qui venait d'oser donner son tout premier baiser.

@Aédan Feyrborn

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Heiura & Aedan

« ... de t'embrasser. » Ces quelques mots ainsi dévoilés, Aédan avait parlé sans réfléchir. Il avait toujours pris l’habitude d’être entier et vrai et exprimer ses sentiments, ses envies en faisait partie. Il était très spontané, se laissait toujours porter par l’instant. Incapable de faire des plans, de prévoir l’avenir il ne vivait que le moment présent. Alors la seconde qui suivit ses mots doux, il reçut sur la tête comme un énorme seau d’eau. Le flot s'abattit sur lui, venant sans équivoque calmer toutes ses ardeurs. Visiblement Heiura n’appréciait peut-être pas vraiment la proposition ? Il savait que les sirènes avaient de nombreux talents et qu’il n’était pas impossible qu’elle commande aux eaux de lui offrir cette belle douche froide…Rouvrant les yeux, crachant de l’eau et plaquant ses cheveux en arrière il se découvrit seul au milieu de la baie. L’homme serra les dents et se sentit absolument très con. Il avait probablement dépassé les bornes. Heiura et Aédan ne s’étaient jamais intéressés à l’autre de cette manière non… Ils ne s’étaient jamais explorés l’un l’autre d’une autre manière que par de longues discussions.

Elle avait ce regard, cette allure un peu juvénile, frêle et fragile. Pas qu’il s’imagine qu’elle ne soit pas une femme forte avec un immense potentiel au contraire. Mais son apparence, ses gestes, son sourire contrastait totalement avec le métier qu’elle fut longtemps forcée de faire. et c’est d’ailleurs à cause de cela qu’Aédan n’avait simplement jamais envisagé autre chose que d’être un simple ami, une oreille attentive. Mais ce soir-là, porté par une ambiance presque romantique, il s'était sentit poussé des ailes… à défaut d’une nageoire. Il n’était qu’un homme après tout.

Soudain du mouvement se fit sentir, il regarda vers l’onde et devina les reflets des écailles de la jeune femme. Lentement, frôlant son corps masculin, elle remonta devant lui à la surface. Bercé par le bruit des vagues, Aédan l’étreignit d’un regard doux mais envieux. Le temps suspendu, il n’osa bouger. Il lui avait fait part de ce qu’il avait envie là tout de suite sans réfléchir. Mais il n’aurait osé la contraindre, se jeter sur elle comme un sauvage, non ça jamais… Alors, voulant briser le silence il entrouvrit la bouche. Mais il n’eut guère le temps de laisser s’échapper une syllabe que l’océanide vint le faire taire avec un baiser. Doux, presque chaste, il sentait ses joues rosir de plaisir.

Mais l’instant fut court, et très vite elle remit entre eux un peu de distance. Il aurait pu porter ses mains sur elle, explorer ses formes, sa peau, ses écailles… Mais il n’osa le moindre geste face à tant de timidité et n’insista aucunement.

« Tes talents me manquent pour ne pas m’épuiser dans l’eau… » s’amusa-t-il. Il est vrai qu’il faisait pas mal d’efforts pour se maintenir à la surface, et commençait à fatiguer un peu. « Ça te dérange si on retourne vers la plage ? » Heiura était tout à fait dans son élément ici, lui non. Il ne voulait simplement rien lui imposer, elle semblait se sentir si bien dans l’eau. Profiter de son sourire, de ses pirouettes, de ses timides oeillades, il pourrait faire cela toute la soirée encore. Mais sa faiblesse humaine se rappelait à lui, et il était parfaitement incapable de la suivre à la nage pendant des heures.

Il attarda un œil sur l’amulette qu’elle arborait contre sa poitrine. « Tu crois que ce genre de magie peut permettre à un simple humain de pouvoir respirer sous l’eau ? » Ce serait tellement incroyable de pouvoir plonger, explorer les fonds marins, se mouvoir sans s’inquiéter de boire la tasse ou pire de se noyer… Aédan ne s’était jamais vraiment posé la question, il ne connaissait que peu d’océanides. Il ne s’était jamais senti aussi proche de l’un d’entre eux qu’à ce moment précis. Et il était tout à fait fasciné… Il pouvait bien rêver encore un peu…

@Heiura Telvani

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Heiura & Aedan

Baiser tendre et fugace. Baiser qu’elle ne regretta point, alors qu’elle s’éloigna… Pour… Pourquoi ? Une pudeur exacerbée par des années à la faire taire.
Pourtant, avec lui, elle n’avait jamais été pudique sur ses pensées et ses sentiments. Mais point de retour dans le passé, elle ne regarderait pas en arrière, elle allait avancer. Si elle venait de créer un léger malaise, alors elle le dissiperait.

La tête hors de l’eau, elle lui sourit, s’attarda un peu sur ses lèvres. Elle et lui dans sa prison, et elle et lui, libres, deux histoires très différentes. Une barrière était tombée, alors qu’il ne l’avait jamais payée pour qu’elle lui donne quelque chose dont elle n’avait pas envie. Ici, ils avaient le droit d’avoir envie.

« Je ne t’aurais jamais attiré si loin du rivage pour t’abandonner en pleine mer. » La sirène replongea, faisant un huit sous l’eau pour remonter un peu plus près de lui. « As-tu besoin de mon aide ? » Elle pouvait le tenir contre elle et nager pour deux jusqu’à ce qu’ils aient pied. Elle avait envie de le faire. Nageant doucement la tête hors de l’eau, elle se rapprocha encore un peu de lui, sourit tendrement à sa question.

« Je dois avouer que j’y songeais, je me demandais si j’étais capable de faire quelque chose comme ça…. Ce genre de magie précisément, je ne sais pas, mais je suis certaine que cela existe. J’adorerais t’emmener découvrir les profondeurs marines. C’est si beau… Nous trouverons bien un moyen ! »

Elle était tout près de lui maintenant, pas autant que lorsqu’elle avait déposé ce premier baiser sur ses lèvres, frôlant alors son corps mais à portée de bras, attendant de savoir s’il avait encore la force de nager. Mais elle devait savoir une chose avant.

« Aédan, tu as toujours envie de m’embrasser ? »

Peut-être que ce baiser l'avait déçu, après tout.

@Aédan Feyrborn

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Heiura & Aedan

La tension entre n’était pas totalement retombée. Tout du moins pas du côté d’Aédan. Mais la jeune femme mit très vite de la distance entre eux. Un baiser rapide et fugace laissa place à une distance, une espèce de froid qui enveloppait à nouveau son corps tandis que la chaleur qui émanait d’Heiura s’éloignait de lui. L’eau dans laquelle il était plongée se rappelait à lui, les pieds battants le mouvement pour ne pas sombrer. Tandis qu’il suggéra de retourner vers la plage la jeune femme s’inquiéta qu’il n’est plus l’énergie de le faire. Il sourit en la voyant réapparaître un peu plus proche de lui, la mine effarouchée. « T’en fais pas je peux regagner le rivage… » Il pouvait tout à fait nager pour retourner à la plage qui gardait encore précieusement leurs vêtements.

Sous le reflet de la lune, son amulette brillait et Aédan la questionna sur cette magie pleine de mystères. Elle n’en savait guère plus que lui à ce propos, mais rêvait de pouvoir l’emmener explorer en sa douce compagnie les fonds marins. Elle paraissait plutôt optimiste sur le projet ce qui arracha de nouveau un rictus à l’homme qui barbotait en face d’elle. Leurs corps en apesanteur à proximité l’un de l’autre, se toisaient, se frôlaient parfois tout en maintenant une certaine distance. « Ce serait fabuleux… » Aédan était prêt à remettre encore de la distance entre eux, de nager comme un fou jusqu’au rivage, de calmer ce corps qui le dévorait, de ses entrailles qui brûlaient, s’embrasaient. Peut-être eut-il fallut qu’elle lui balance un nouveau seau sur la tête, qu’il plonge et fasse taire son désir…

Mais elle ne le laissa pas s’échapper, pas de suite, pas maintenant… Elle plongea à nouveau son regard clair dans le sien et lui demanda s’il avait toujours envie de l’embrasser… Techniquement c’était elle qui l’avait embrassé lui n’avait fait montre d’aucun élan. L’océanide s’était éloignée et il avait respecté sa pudeur. Mais visiblement… elle en voulait plus ? C’est ce que sa question suggéra, c’est ce qu’Aédan devina derrière ses mots. Son regard masculin, félin s’attarda sur toutes les lignes de son visage, la naissance de son cou, de ses clavicules saillantes…

Alors d’une courte brasse, il diminua dangereusement la distance entre eux. Son corps vint rencontrer le sien, ses mains explorèrent sa peau, ses écailles, remontèrent de ses hanches à sa taille. Tout doucement il approcha son visage du sien, il sentit leurs souffles se mélanger. Pas de seau d’eau, pas de claque, ni de vague, ou de crocs… « Oui toujours… » Son front contre le sien, il vient doucement approcher ses lèvres des siennes, les saisir dans un court baiser. L’envie de recommencer le dévorait déjà. Alors une seconde fois il fondit sur ses lèvres et l’embrassa un peu plus intensément. Il relâcha pourtant sa prise pour ne pas se laisser happer par les flots, un sourire timide sur les traits bruts. « Je suis ridicule… » il avoua sa faiblesse, étouffant un rire bête. L’eau était un élément qu’il apprivoisait, mais qu’il était loin de contrer. Il espérait qu’elle ne soit pas trop gênée de sa bêtise, de son écart. Il se laissa couler avant de ressortir la tête de l’eau aussitôt. Un bain pour faire diminuer la température…

@Heiura Telvani

(c) DΛNDELION