Les fantômes du passé [Nyx]

Les messagers n’étaient point menteurs. Alya est de retour. Nyx est désormais bercée entre excitation et nervosité. Comment les deux allaient se retrouver. Allaient elles se retrouver vraiment ? Elle se souvient encore du poupon, du bébé, de l’enfant puis de l’adolescente. Mais aujourd’hui, qui est la petite Howard ? Qu’était elle devenue ? Allait elle bien ? Qu’avait elle traversé ? Les enfers ? Les abysses ? Un aller-retour dans le monde immonde ? Les soupirs s’étranglent à mesure de la réflexion. Nyx avait comme perdue deux enfants en peu de temps d’intervalle et cela lui était insupportable. L’une des deux n’est plus perdue cependant. La Vestrit avait pris à coeur le rôle de tante d’adoption. Couvant le couple Howard puis cette petite comme une seconde famille. Ils l’avaient accueilli à bras ouverts et la shaman s’était glissée dans la brêche avec discrétion, retenue mais amour. Telle une marraine. Jamais elle n’avait exigé plus que ce qu’on lui avait offert. Une place. L’émotion lui monte aux joues, réchauffe ses pommettes pour humidifier ses prunelles. C’est beaucoup, beaucoup pour un cœur et une âme comme la sienne de le lui autoriser. Alya ne devrait plus tarder à arriver à présent. La Vestrit ne tient plus en place.

Alors lorsqu’on lui apporte son manteau, ses gants, elle ne se fait point prier pour s’habiller. Les phalanges glissent dans le cuir bordé de fourrure et elle lasse la fermeture de la grande cape. Elle sent une présence dans son dos ou peut-être une absence. Et cela la ronge depuis plusieurs mois, presque une année à présent. Elle ignore à qui ou à quoi elle doit l’attribuer. Devant la cheminée cependant, un grand chien loup gris noir se prélasse avec nonchalance devant le foyer. Un sourire se loge sur les lippes de Nyx qui le siffle pour l’interpeler. - Cerby, je crois que tu apprécieras notre invitée du jour. Nul doute là-dessus. L’animal est un bon chien de garde mais trop sociable pour faire partie de la garde officielle. Elle l'avait donc recueilli pour sa propre protection en plus de… Mh. Après la mort de sa fille, les disparitions en chaîne et son éternelle punition, elle s’est sentie plus seule que jamais. La bête était apparue à ses côtés un jour de Yule tel un présent des dieux, se logeant sous sa cape lors d’une balade nocturne. Faiblard, orphelin, il avait choisi la Vestrit sans autre forme de politesse.

Elle ne s'en plaint pas, elle en est même heureuse. Heureuse de voir ce canidé batifoler encore aujourd'hui comme un jeune chiot du haut de sa dixième année. Il toise grand l'animal c'est ce qui surprend au début et cela l’amuse. Il est intimidant suffisamment pour freiner les passions déplacées ou les malandrins trop audacieux. Il lui faut au moins cela à Nyx. Elle qui voyage seule. Seule vraiment ? cela fait un petit moment que la Dame n'a pas pris un bateau de la Guilde pour sillonner les océans. Plus d'envie, plus de rage. Le cœur lourd des trahisons, des révélations de ces derniers mois. Elle s’était réfugiée dans la douceur d’un moment avec Sebastian. S’offrant une pause dans l’adversité et ce monde qui la mettait bien souvent de côté. Ainsi soit il. Ce n’est pas maintenant que cela changera.

Les bottes frappent le sol à mesure que Nyx avance dans le palais. Les portes passées, l’air frais lui frappe le visage. Un bien fou, le réveil dont elle avait besoin. Elle s’arrête un instant, réajuste son manteau et s’engage dans la voie principale passant l’arche et le pont. Le quai n’est pas loin et c’est ici qu’on lui a indiqué le débarquement de la fille prodigue. Elle se hâte quelques gardes à ses trousses, qu’elle tente parfois de semer. La Shaman s’arrête observe et trouve. Elle la reconnaîtrait entre mille la douce. Sa main se porte à sa bouche, émue, frappée par cette retrouvaille. Elle se presse, s’agite et elles se rencontrent. C’est Alya qui initie l’embrassade. Et Nyx ne se fait pas prier. Elle enlace. - Oh ma petite guerrière. elle serre fort, dépose un baiser sur la chevelure. La paume se pose sur la tête et démêle un peu la tignasse en s’y perdant. - Et toi tu as bien trop grandi. Il va falloir que tu me racontes tout. Mais d’abord, nous allons déguster des trucs totalement douteux et originaux dans les étals de la ville. Si tu veux bien nous excuser, Sebastian. (@Sebastian Howard Coucou) Le large sourire se dresse. - Va te reposer preux mercenaire, et te fais pas de cheveux blancs je te la ramène au coucher du soleil. Ou pas. Une large salutation alors qu’elles s’éloignent d’Howard père, Nyx encadre de son bras les épaules d’Alya. - Nous allons nous poser tranquillement. Te rappelles-tu des brochettes de salamandres grillées ? Vendue sous le nom de brochette du dragon de feu, elles étaient réputées pour leur goût et leur nappage caramélisé. - J’ai l’impression que c’était hier…. Une inspiration emplie de joie s’engouffre dans ses poumons alors qu’elle pose à nouveau son regard sur la jeune Howard. Une main sur sa joue, un moment doux. - Je suis heureuse de te revoir. l’émotion gagne ses joues, ses yeux et une larme coule. - Tu m’as manquée, Alya… Beaucoup. dit elle en l’enlaçant à nouveau.

Elle se détache soudainement, - Allez ! elle essuie dignement ses larmes avant de reprendre - Tu vas dire que je suis une pleurnicharde Elle rit doucement, pose son front contre le sien avant d’y apposer un baiser. - Je te laisse me guider, grande Dame. Révérence, elle sourit largement puis ricane avant de se redresser et d’écarter un des bras pour lui montrer la voie. - Fais toi plaisir avant que ton père ne te garde.

Le mercenaire se dessine dans son champs de vision. La complicité est encore palpable et ne s’est pas effritée malgré leur moment partagé. Elle s’en rassure.- Sebastian. Voix enjouée, ravie. Ravie de le revoir sauf et avec sa fille. L’émotion et la joie s’engouffrent dans chaque fibre de son corps. - Le vent porte les nouvelles plus vite que les rafiots. Le clin d’oeil accordé par le mercenaire n’échappe pas à la Vestrit qui ne peut masquer son enthousiasme et sa fierté. Nyx pose une main sur l’avant bras de Sebastian avec une chaleur tendre. Il l’avait retrouvée. Il l’avait ramenée chez eux. Alya était rentrée à la maison. Les traits cachent un peu de fatigue. La traversée n’avait pas dû être de tout repos. La nervosité n’allait pas tarder à tomber, comme les muscles. Elle est là, bien là. semble t’elle dire à son grand ami. Elle tente de le rassurer par tous les traits d’humour possible. Il méritait un repos, de prendre le temps de se préparer à accueillir la désormais jeune femme dans son foyer. La tension reste un peu tangible. Les années n’avaient pas pansés toutes les plaies. Et pour cause, bien d’autres avaient été ouvertes. La suture ne tenait que peu, bancale, fébrile. - Oh non tu n’as effectivement pas le choix. Je te la ramène n’aies crainte. Une hésitation encore, mais il accepte de s’effacer, et laisse à Nyx la liberté d’emmener sa petite guerrière dans les rues. - Ces derniers temps j’essaie du moins… Cela permet de se changer les idées, mais dès que j’ai l’occasion je me perds dans les rues de Jahar. Et un peu partout. Elle marque une pause, le temps d’un regard sur les échoppes - Je voyage pas mal. Voyageais… Perdue… Elle ne sait plus. - Vous ! Elle intime à un garde que s’il se passait quoi que ce soit qu’il aille prévenir Sebastian et à un autre de protéger Alya quoi qu’il en coûte. Les consignes une fois émises, la shaman reprend son enthousiasme à peine quitté.

La sensation est étrange, quelque chose plane autour de la p’tite Howard. Nyx arque un sourcil, pense comprendre et sourit légèrement. Tiens donc, intéressant. Le menu proposé. “ça date” Alya était partie depuis près de six ans, une éternité pour un parent, une horreur pour l’enfant. Nyx ne posera pas la question qui fâche mais elle le fera très certainement dans la soirée. Telle une mère, elle aura besoin de savoir. Telle une marraine, elle couvra du regard. - Oh ne me flatte pas comme ça. ricanne la Vestrit, les larmes qui s’agitent au coin de l’oeil. De la poussière sur ce quai, oui trop. Elle sourit une nouvelle fois, laisse Alya dire au revoir à son paternel avant de repartir vers les petites échoppes. - Oui cela doit te faire étrange de revoir tout ça, il y a eu quelques mouvements et pas tant. Malgré son ouverture de discussion, Nyx n’insiste pas sur le sujet d’enlèvement. Elle préfère conserver un sentiment de sérénité, Alya lui donnera ce qu’elle voudra. La conversation bifurque sur les mets étranges de Jahar. - Mouna qui les faisait n’est malheureusement plus là mais son fils Sosk a pris la relève et a réussi à relouer le même emplacement près de la fontaine et des emplacements de saltimbanque. ça elle se souvient Nyx… Mais étrangement elle a un sentiment d’amusement en y pensant, pas si lointain. Des éclats de rire plus rauque. Son regard se perd autour d’elle. Qui est ce ? Elle ne voit rien, poursuit et réfléchit, mobilisant sa mémoire défaillante. - Ce bon vieux Korn est comme on dirait ici, increvable. Il est immortel. Il a évité trois accidents de charette, sa porte de taverne a été enfoncé par un boeuf enragé une fois. La porte l’a emportée au fond de son établissement. Il a survécu. Et pas plus loin que le mois dernier, il est dit qu’il a aussi failli se noyer dans la fontaine, après avoir été poussé par des ivrognes. Il a la carne dure, Korn.

Viennent les questions plus banales mais aussi personnelles. Nyx tente de ne pas se dépeindre de son sourire, mais honnêtement, elle ne se souvient pas de tout. - J’ai voyagé, ma punition se poursuit… Mais honnêtement elle sourit et se penche vers la demoiselle - Le vol d’objet est nettement plus intéressant que de gonfler une voile de bâteau. Je rejoins de temps à autres des vaisseaux pirates ou tout autre équipage contre un service d’aide navigatrice pour un trajet Un large rictus s’affiche sur le visage lumineux de Nyx. - La Samhain a été un désastre. Une horreur… Des révélations sur les Vestrit. Les messes basses continuent avec qu’elle ne reprenne plus fort pour éviter que l’on ne la chope à dire de la merde sur sa famille. - Cette soirée fut un désastre. La brume est venue nous menacer, des tremblements de terre. Une angoisse. exagère t’elle. Mais en réalité, elle est particulièrement stressée. Sebastian était venu en quérir les raisons, démêler le vrai du faux. Elle n’avait pas pu vraiment le rassurer. Le monde est horrible et ils l’avaient bien compris tous les deux. Alya doit être au fait désormais. Le corps de la Vestrit se tend à la mention du travail pour son père. - Mh… L’île des Brumes, Fedja semble s’être ouverte au monde, j’imagine que c’est pour qu’il accompagne Rune sur place… Le départ n’était plus très loin. - Pourquoi ? La question vient naturellement. - Il y a des endroits qui demandent à être découvert et redécouvert. Je songe y aller également, mais cela ne me rend pas sereine. C’est se replonger dans un passé très fort, très dur.

Nyx sourit à Sosk lorsqu’elles arrivent à l’étal des Dragons de feu. - Bonjour Sosk, nous aimerions, mon acolyte et moi prendre quatres dragons de feu, s’il vous plait ? Un sourire, elle est prête à affronter le goût caramélisé et épicé de ce plat. Échangeant des nodos contre les quatre brochettes, elle en donne deux à Alya et en garde deux pour elle. Les deux filles s’engouffrent ensuite dans l’établissement du fameux Korn. Elles poussent les portes et c’est un veillard heureux qui accueillent la petite Howard. - Mais… Alya ?! Il plisse les yeux et s’exclame alors - Tu es revenue ? c’est bien toi ? Les pommettes ridées rougissent de joie, le nez est un peu rougit par les années passées et les quelques verres descendus. Passant grossièrement un chiffon sur une table, l’homme fait place nette et les invite à s’asseoir. Sans demander son reste, il court vers son comptoir, rempli deux pintes et vient les servir immédiatement aux deux femmes dans sa boutique. - Celle-ci c’est pour la maison, t’as le droit en plus maintenant, p’tit bout d’femme. Le veillard amical sourit, accordant aux dieux que des miracles arrivent et repart servir sa clientèle. - Et toi … ? Veux tu me raconter ? Ou souhaite tu me poser d’autres questions ? elle sourit et plante ses crocs dans l’animal grillé. Un soupir de plaisir gustatif tout à fait approprié s’échappe de ses lippes. Juste un souffle. Une exagération peut être. - Oh… Miam..

"T'attends tu à ce qu'il arrive quelque chose" Le sourire ne s'éteint pas, la Dame se veut rassurante. - Non. Mais nous ne sommes jamais suffisamment préparés aux imprévus. Les citoyens de la capitale nous connaissent par coeur, mais le contexte actuel rend les gens parfois... imprévisibles... Elle préfère donc prendre toutes les précautions possibles, et ne rien négliger. Même si... en soit Nyx représente une sécurité bien suffisante. Rien n'empêche le monde d'entrer dans la folie. Rien Tant de péripéties ne devraient pas être une nouvelle fois gâchées par une quelconque tragédie.- on ne devrait pas tarder à voir les musiciens dans les rues pour fêter les beaux jours. J’ai hâte. Nyx appréciait grandement les événements annonçant la belle saison. Les danses, les chants, les musiques porteuses d’espoirs et de couleurs. Tout est froid ici, jusqu’au creux du foyer. Les déboires et aventures de Korn, contés. le trajet se poursuit, les pavés avalés, viennent les fameuses brochettes, l’étale alléchante. Un rire. - Korn en ferait pâlir plus d’un avec sa chance. Il est béni par les Dieux si tu veux mon avis. elle marque une pause et reprend - Ou par les démons pour mieux s’amuser.

Des révélations, des confessions, des moments comme avant telle une marraine et une filleule. Bien sûr, la shaman ne disait point autant de mots avant, mais les petits secrets enfantins puis plus adolescents. Douceur avérée entre les deux âmes, comme un lien dépoussiéré. Il n’y avait juste qu’à souffler dessus pour en dévoiler les dorures. - Des horreurs comme on en voit rarement et je ne pensais pas en revoir d’aussi tôt. Même si l’Archipel en cache plus ou moins en ses quatre coins. Il est un ordre qui vient de se dévoiler et je crains que ce ne soit un ordre aux moeurs plus sombres. elle tait le reste, préférant garder les détails les plus sordides. L’annonce de Fedja semble réveiller une inquiétude dans la voix et sur le visage d’Alya. Cette île est bien trop riche en tragédie, en sang. La brune déglutit, elle avait payé son dû. Mais ne regrette jamais. La peur la saisit cependant rapidement lorsque l’île des Brumes trône dans ses pensées.

Le corps se tend soudainement, l’échine s’électrise. - Il a quoi ? La grimace, les sourcils froncés. Merde Les pieds s’ancrent dans le sol. Et elle se demande à quoi le mercenaire joue. Il ne faut pas la mettre en danger, il faut la protéger des autres et d'elle-même et là… Là, il l'emmène à Fedja. Elle ne comprend pas, Nyx. La manoeuvre ? un rapprochement. - Mh… Promets moi juste de rester près de nous, même si la tentation est grande, on ignore quel danger rôde sur l’île des brumes. Elle ne remettra pas en cause le choix de son ami mais ne montrera pas son approbation non plus. Se garder en vie est une chose, veiller sur Alya fraîchement retrouvée en était une autre. Trop de probabilités… Trop d’incertitudes. - Il n’y aura pas d’autres choix que d’avancer. Si retourner est mon destin, alors ainsi soit il elle passe une main tendre dans la chevelure de la jeune femme avant d’attirer la tête vers elle pour enlacer la gamine. - si je t’ai à mes côtés, rien ne devrait m’arriver alors. Un sourire doux et les voilà reparties à leurs emplettes.

Une fois dans la taverne, les cœurs se réchauffent doucement puis s’installent sur des chaises offertes par le tenancier. C’est alors qu’Alya pose, pensive, une question. Un miracle. - Ton père aurait quémander le trône de la déesse si elle s’était faite désirer encore plus longtemps. elle sourit puis après une nouvelle bouchée, reprend. - Il aurait retourné l’Archipel si la déesse n’avait pas enfin envoyé un signe de ta présence dans ses eaux. En vérité, Sebastian a dédié la moindre exploration à sa jeune progéniture. Nyx aurait fait pareil, elle l’a fait. Pour sa propre fille, mais la chance ne fut pas la même. Morte. La douceur sur les traits cachent une légère tristesse. La conversation se poursuit et la jeune Howard lui demande le droit au secret. Ce à quoi elle acquiesce.

Les poignets se dévoilent, et le corps de Nyx se darde de frisson d’effroi et de colère. Les traits s’assombrissent. Puis le signe. Un léger sourire se pointe, mais la tristesse est présente, pressante. Une larme puis un rire. - Je te reconnais bien là. La brochette est posée sur la table pour que les mains rejoignent celles de sa filleule. - Tu es d’une force, tu es bien la fille de tes parents. Une louve agile, insoumise et battante. La Dame sèche sa larme et lève aussi sa pinte pour trinquer. Le breuvage s’écoule avidement dans sa gorge. Les picotements de la bière sur la langue lui apportent ce goût si reconnaissable. Posant sa chope et reprenant sa dernière brochette, elle écoute la prochaine question. Oh, sa première surprise shamanique. - Oh, j’ai explosé les verres en cristal de la famille, et vider ces derniers de précieux breuvages. un sourire en coin - Rien de bien dramatique en soit, par rapport à toi. J’ai été rebaptisée. Mon second nom. Asrunn. Elle marque une pause - La femme du silence. qui croyait si bien dire que lorsqu’Anevine sonna elle serait dans le groupe qui coupa le souffle à bien des océanides qui débarquaient pour venger leur souveraine. - J’utilise qu’à des fins d’urgences… elle déglutit légèrement - couper l’apport d’oxygène. Elle en a peur de cette facette, y succomber serait fatal. Elle ne faisait que cela lorsqu’il fallait réguler une respiration mais les traumatismes d’Anevine l’emportaient souvent. - Alors où as tu été après la mine ? Ne s’attardant pas sur ce passage traumatisant préférant éviter de devoir commettre un meurtre supplémentaire.

Un doux sourire naît sur les lippes de la Dame. Ces échanges lui avaient manqué. Les années passées, le temps coulé, les vies absorbées. La demoiselle n'avait presque pas changée, si tant est qu'elle était désormais une adulte accomplie. Une beauté. - Elvard serait shaman. Nyx grimace avant de poursuivre son récit - On l'ignorait jusqu'à la Samhain. C'est déroutant et particulièrement inquiétant qu'un être aussi sénile et fou soit doté de pouvoir... un murmure dédié à sa filleul. Elle sourit une nouvelle fois sur sa remarque et dit - Et toi tu es bien trop curieuse Les lippes se prolongent en un sourire mutin. Lorsqu'elle promet de rester auprès d'eux, la tête de la shaman s'incline appréciant sa considération face à sa requête. - Ce ne sera peut être pas évident et tout sera peut être tentant. Mais nous ignorons vraiment ce que nous allons retrouver là-bas. Tu sais, je te fais confiance, mais c'est en les autres, que je ne l'ai pas. La taverne comme antre, les femmes s'adonnent aux discussions, tout va bon train.

L'amour se lit pleinement dans le regard de Nyx qui observe Alya telle la marraine qu'elle est. Une douceur sans nom, sans âge et sans préjugé. Jamais. Posant un main sur celle de la jeune femme, elle sourit, se voulant réconfortante et rassurante pour la suite des évènements. - Tu es une fille, Alya. Les filles... Les papa ont peur. Ils s'effraient à l'idée qu'on puisse leur faire du mal. Qu'elles ne puissent pas se défendre. Qu'elles s'évaporent. Et parfois en pensant les aider, on fait plus de peine à nos enfants... Parfois cela ressemble à un manque de confiance. Mais comme je disais... On peut avoir confiance en la personne, c'est le reste de la société qui nous rend méfiant. Soupire t'elle avant de laisser filer d'autres paroles - Ton père comme pour moi et toi aussi désormais, nous avons vu le monde, le tréfond de son âme et les coins les plus immondes. Il n'y a pas de place à l'erreur même la plus petite. Une marge de manœuvre inconfortable qui pousse souvent à faire des choix et pas les plus reluisant, voire les plus déchirants. Nyx hausse les épaules, sourit doucement - Ton père va prendre du temps pour assimiler tout ça. Sebastian est un homme juste, et parfois maladroit, mais il est homme de parole et de protection. Il vient de retrouver l'être le plus précieux de son univers et doit se pardonner d'avoir échoué à te protéger la première fois que tu es partie. C'est un deuil qu'il est difficile de porter. Le sourire est triste pensant à son propre enfant - C’est trop dur Que ce soit sa propre fille ou bien Alya, sa douce filleule. Les échecs ont été cuisants, usants.

- Quant à mon second nom, c’est une de mes tantes qui me l’a donné avec ma mère. Je pense qu’elles nourrissaient de grands espoirs. dit elle en haussant les épaules et buvant une gorgée. - Le silence, le vent. L’interprétation est grande. Elle marque une pause et enserre sa chope entre ses phalanges. - enlever les bulles d’une bière, c’est grisant. Surtout quand la cible a été malveillante. Un sourire mutin habille ses lèvres; les blagues, les revanches douces, elle les aime, la Vestrit.

La conversation vire de bord et la petite lady raconte son récit. Organisation. La femme fronce les sourcils. Même si elle en sera toujours reconnaissante envers ces fameux guerriers. L’idée qu’Alya se frotte aux esclavagistes sans foi ni loi l’inquiète fortement. Mais les oreilles se tendent et écoutent, ne coupent, ni n’interrompt. La notion de tête qui repousse la mène sur les terres de sa propre famille, ici à Jahar. Elle soupire quelque peu gênée. - Tu sais … pour certains c’est un marché juteux ici. Les prunelles se baladent, intiment à baisser le ton. - Ta cause est tout à fait louable Alya, tu me connais très bien. Jamais je ne défendrais cela. Le problème n’est pas forcément les duchés. Car ils ne s’entendront pas sur les idéaux et feront tout pour éviter des conflits intra duchés. L’esclavagisme reste un sujet particulièrement… Glissant. Et signe de pouvoir comme de domination sur le peuple océanide, pour mater toute possibilité de reconstruction et de rébellion. Elle prend un instant pour une gorgée. - Tant qu’il y a de la demande, de l’emploi, de la main d'œuvre à moindre coût… Elle grimace. Elle a connu cette servante devenue maîtresse. Celle qu’elle avait aidé à fuir. Qu’est elle devenue ? La phalange tapote les lippes en pleine réflexion tandis qu’Alya poursuit son récit. Elle finit par s’excuser. Mais les mains de la Vestrit englobe celle de la jeune Howard pour finalement la rassurer. - Ne t’excuse pas ma douce petite… Tant que tu te trouves en bonne santé et que tu nous reviens… Peu m’importe. Mais promets moi de faire attention. Ton père m’inquiète. Mais alors toi je vais faire des malaises à chaque blessure trop grave à mes yeux. Un sourire, un rire secoue sa carcasse longiligne. Elle est heureuse de revoir Alya. Douce petite guerrière. - Laisse le temps à ton père de retrouver sa petite fille. Quand tu es partie, tu étais encore d’une innocence enfantine. Même si nous te formions à la vie.Tu as quitté le foyer, tu nous reviens et… Tu es là… Adulte. Jeune forte, indépendante. Cela effraie, cela déroute et bouscule. Le temps nous échappe. Et tu échappes à ton père. La nervosité guette un peu ses gestes, mais le sourire se veut doux et réconfortant. - Il faudra lui apprendre que cette petite fille est devenue grande, épanouie, et a pu renaître de ses cendres tel un magnifique phoenix. Une main sur la joue puis un sursaut. - Allez poursuivons, profitons de ses instants entre nous et rentrons. Nous devrons faire le point de l’expédition avant de partir La Lady lève sa chope en quémande une autre pour fêter ces retrouvailles comme il se doit.