Peace of Heaven

Le retour dans les terres de Jahar ne va plus tarder désormais et Nyx profite des rayons du soleil d’Oshaara. Le haut du dos calé contre un paquetage, la shaman observe en dessous de son joli chapeau traditionnel les silhouettes se dessiner un peu plus loin. Les éclats de rire la bercent, les enfants s’amusent. Les petites carcasses dansent, courent. Cerberus ondule, bondit pour attraper une balle de fortune tendue par un bambin joueur. L’image est belle. La dame rassemble ses jambes, pose son menton sur ses genoux. Le paysage est beau, la joie la prend. Elle aussi a joué avec les orphelins mais la cible est autre. Sir Llyr. Tantôt une cible ennemie, tantôt une monture. Un des gamins s’agite sur le dos de l’homme qui remonte la pente avec une facilité déconcertante. Ses deux pieds bien ancrés dans le sol, il gravit la montée sourire aux lippes. Et ça… ça, ça l’amuse encore plus. Autant l’homme est d’un sérieux indéfectible, autant avec ces petites créatures… Il était autre. Un rire secoue la carcasse de la Vestrit dont le regard caresse le spectacle qui se joue devant elle. Le vent balaie les plateaux de verdure. Nyx attend sagement qu’on lui laisse son chevalier en paix. Le temps de le détailler sous le soleil déclinant, la stature faisait de lui un homme de front, de combat, taillé pour les premières lignes. Son nez avait dû subir de multiples assauts, elle ignore si c’était au nom des Vestrit ou un autre évènement. Les traits sont à l’image des siens, travaillés par le temps, façonnés par l’histoire.

Une gouvernante de l’orphelinat ne tarde pas à rappeler à l’ordre sa troupe qui finit par détaler. Cependant, une des bambines se dirige finalement vers la brune aux cheveux argents pour lui confier un bien bel artefact. - C’pour te protéger tata Nysk La protégée n’a pas encore la diction facile, mais l’effort est là et ce n’est pas le plus important. Elle lui tend une couronne de fleur. - en voilà un bel artefact, merci petite puce. Elle sourit, lui accorde un baiser et installe son trophée sur sa chevelure. - Avec ça, rien ne peut m’arriver. Les derniers sourires sont échangés. Ils les rejoindront pour le souper, plus tard. Un soupir de satisfaction accompagne le large rictus sur le minois de la shaman qui suit des yeux les têtes blondes rentrer au bercail. - Les plus beaux cadeaux de ce monde… douces paroles avant de revenir à Llyr qui la rejoint. - Je n’ai jamais vu aussi fier destrier que toi. taquine-t-elle.

Elle tapote l’herbe à côté d’elle avant de sortir une gourde à l’intention de son comparse. - Ce sont les pires employeurs. Un sourire, elle ne doit pas être la meilleure. Mais les enfants… Une idée en tête et c’est explosif. Elle ne les quitte pas. Mais l’enfer est loin… Bien loin… Ici, cette parenthèse est salvatrice. Un paradis. Des pauvres âmes en quête de repères. Elle en fait partie Nyx, et elle imagine que son chevalier aussi. Il la suivait depuis quelques années déjà. Partait au besoin et revenait. La Vestrit n’a jamais vraiment cherché à le questionner sur son histoire profonde de peur d’être intrusive. Ils s’étaient un peu choisi, mais pas tant. Affecté à son service, Sir Llyr n’avait jamais eu vraiment le choix. Fixant l’horizon et buvant une gorgée à sa suite, elle laisse échapper quelques mots. - Dur d’imaginer que nous repartons bientôt. Le vent se lève et glisse dans sa chevelure et manque de faire voler son chapeau. Un réflexe et ses phalanges retiennent l’accessoire. - Tu te sens encore de passer une nuit dans une paillasse exiguë entouré de petits guerriers en tout genre ? Elle sourit avant de reprendre - J’y resterai encore des nuits entières si cela pouvait m’éloigner encore un peu de la maison Une seconde gorgée, elle tend la gourde au brun.