Oh dear, we are in trouble

Mar 26 Mar 2024 - 22:32

Laisser l'équipage derrière n'avait pas été de tout repos. Il avait des choses à faire, et il fallait bien admettre qu'il préférait ne pas vraiment compter sur ses fidèles acolytes cette fois. Il faut dire que Malka et Ely jureraient un peu dans ce genre d'ambiance et dans une situation qui nécessitait certaines... expertises que Gavril se disait être le seul à posséder. C'est qu'il connaissait bien le monde des petits nobliaux, marchands et autres pleins aux as de Temerys, lui, pour les avoir fréquentés et avoir vécu une grande partie de son adolescence dans l'ombre d'une de ces familles. Les codes des soirées mondaines, il les avait. Et le reste, c'est son naturel et son sens du phrasé si particulièrement qui le ferait.
Non, vraiment, Ely risquait de finir par menacer de mort la moitié des gens d'ici. Et Malka aurait probablement la fâcheuse tendance à mettre la menace à exécution à l'encontre de l'autre moitié des convives. Certes, Gavril ne venait pas ici avec de nobles ambitions, mais trucider du riche n'était pas foncièrement l'idée première de sa virée de ce soir.

Pour l'occasion, donc, il avait troqué son équipement pour une tenue plus... adaptée. De quoi renfiler sa fameuse redingote maintes fois abîmée, mais qu'il avait toujours trouvé le moyen de faire réparer pour qu'elle semble comme neuve.
Botte militaire parfaitement cirée, ceinturon en accord, un fourreau magnifique pour son sabre, une jolie chemise carmin sur un gilet noir. Une élégance austère pour le Capitaine qui ponctuait le tout d'un chapeau paré de trois plumes d'aigrette du plus bel effet.

Il ajoutait ici et là quelques bandeaux et médailles suspendus à son poitrail. Des titres et des récompenses qu'il n'avait pas officiellement obtenus, mais qu'il avait arrachés aux corps morts de certains Guildeux malchanceux ayant croisé la route des forbans du New-Calypso. Certes l'équipage n'était pas dénué de sens de l'humour et brillait essentiellement au travers de ses frasques, mais ils restaient des pirates, redoutables qui plus est, et pour nombres de marins malchanceux la rencontre fut particulièrement funeste.

Bref, paré comme un paon, un sourire pétri d'assurance sur les lèvres, il s'était présenté au portail ou quelques sentinelles contrôlaient les identités et essayaient tant bien que mal de trier les invités et les resquilleurs. Un petit esclandre, un chahut et une pelletée d'odieux mensonges plus tard, le Capitaine Oakley avait réussi à entrer, fin prêt à parader comme il savait si bien le faire dans l'attente de tomber sur la sale trogne d'une des personnes qu'il était venu trouver cette maudite soirée.

Cette soirée, parlons-en. Loin des réceptions ordinaires, celle-ci invitait, certes, le gratin des alentours, mais sans qu'il n'y ait cette fois le cadre des obligations officielles pour contraindre les convives à se comporter comme de véritables moines pour essayer de se faire passer pour des cadors de la vertu. Non, ici, les gens pouvaient rire sans retenue, boire jusqu'à plus soif, danser à s'en briser les chevilles, faire la cour en frôlant l'outrage et même se permettre de converser avec des gens moins fréquentables. Même la bourgeoisie aime s'encanailler, après tout.

Gavril n'aimait pas vraiment ce luxe affiché. Mais il fallait bien avouer que les verres qu'on servait valaient le détour. Un fond de spiritueux dans un gobelet d'argent, il écoutait à présent en feignant parfaitement l'intérêt, les récits d'une dame potelée et trop maquillée qui théorisait sur la piraterie dans l'archipel. Ben voyons. Elle se disait experte en la matière et jurait d'être capable de reconnaître un pirate d'un simple regard. À l'évidence, elle devait être particulièrement myope alors.
Dix minutes plus tard, toujours pas de trace de ses cibles. Gavril avait jeté son dévolu sur quelques mets proposés ici et là, son regard furetant d'invité en invité. Dans ce grand domaine de province, il faut dire que ses proies pouvaient se trouver à peu près n'importe où.
Baren Jung, Avrel Heel, Byron Locknet et Zuzanna Madvev se trouvaient ici, il le savait. Et il comptait bien leur secouer les puces histoire d'avoir ses informations sur ce sale petit traître d'Eren.

C'est le second de la liste qu'il finit par repérer. Avrel. Le trésorier de la bande. Une petite vipère mesquine, particulièrement perverse aussi. Le genre de petit reptile qui aime se prendre pour un dragon. La seule chose qu'il partageait avec les sauriens géants était sa soif d'or et son besoin de couver ses richesses. Aujourd'hui, les seuls trésors pour lesquels il flambait ses montagnes de pièce étaient les femmes. Et justement, il était entouré de pas moins de deux jolis brins de filles. Une rousse incendiaire et une blonde très tape-à-l’œil.

« Comment je vais pouvoir isoler ce sale rat sans faire couiner les deux mouettes qui lui volent autour...»
« Vous dites ? » La professionnelle des pirates était toujours là. Il l'avait presque oublié.
« Je disais que... il y a longtemps que je ne suis pas venu dans la région de Khesa et que c'est chouette de pouvoir y faire un tour... »

Soutenir le regard. Ne pas rire. Mission accomplie. Il prétexta avoir besoin d'un autre verre pour s'éclipser vite et loin, en jetant des regards vers Heel à la recherche d'une opportunité qui... se présenta à lui dans des circonstances inattendues. Concentré qu'il était à regarder le cadavre en devenir – ne nous mentons pas, Gavril ne comptait certainement pas laisser les quatre veinards de la soirée en vie – il en oublia de fixer devant lui et ce qui devait arriver arriva. Il manqua de planter son museau dans le minois d'une brunette qui passait par là.

« Oh ! Navré » Il l'était sincèrement. Son regard océan abandonna sa cible s'attarda sur la malchanceuse qu'il venait de percuter et... tiens ! Un joli minois. Brune. Elle était parfaitement parfaite ! Le genre à attirer la convoitise d'un cradingue comme Heel, à n'en pas douter. Une brune à rajouter à sa panoplie de femmes-objets. Une parure de plus. Un trésor que le prétendu dragon voudrait s'approprier.

Un appât, aussi, un peu.

« Vous n'avez rien ? Vraiment, j'avais l'esprit ailleurs et le nez dirigé au pire endroit. » Un sourire, aimable, c'est le moins qu'il pouvait lui offrir. L'idée était simple : tenir compagnie à cet oiseau rare, attendre que Heel la remarque et... jouer les opportunistes comme il en avait parfaitement l'habitude. Restait à tenter le petit numéro de charme. Sa vengeance méritait bien qu'il se ridiculise un peu à s'essayer à jouer les grands charmeurs.

« Si j'avais su que j'y croiserais de pareils yeux, j'aurais regardé devant moi plus attentivement. »

Et ce genre de phrase était une raison supplémentaire de ne surtout pas inviter Malka ou Ely à cette soirée. Quelle horreur, s'ils l'avaient entendu...

(c) DΛNDELION

Oh dear, we are in trouble

J’avais quitté Temerys sur une impulsion et j’avais tout laissé derrière moi. Comme je l’avais dit à Eliza, il n’était pas question pour moi d’assister à sa chute… Le retour de ma mémoire avait entraîné un tas de problèmes en cascade, parmi lesquels ma petite soeur qui avait tué toute notre famille en perdant la maîtrise de ses pouvoirs et qui hésitait à se rendre à la justice après sept ans de délit de fuite… Pas question pour moi de témoigner, j’étais déjà suffisamment au fond du gouffre depuis le retour des mes souvenirs traumatiques, alors j’avais pris la poudre d’escampette pendant quelques semaines. Je m’étais embarqué sur le bateau d’une connaissance et j’avais tenté de mettre de la distance entre cet environnement toxique et moi, de mettre de côté tout ce que je trainais de boulet qui me déchiraient les tripes et de surmonter cette horreur…

Et quand je m’étais sentie prête, j’avais reposé le pied à Temerys… La fuite ne pouvait pas être éternelle, j’avais à faire à Khesa… A commencer par régler la paperasse pour récupérer l’héritage qui me revenait de droit depuis que j’avais ressuscité administrativement en tant qu’Amélia Kenway.

Et puis il y avait le Crépuscule… Valetta à qui j’avais tourné le dos un peu précipitamment, sous le besoin pressant de fuir et de sauver mon esprit qui était en train de disjoncter… Retourner la voir pour avoir une longue discussion avec elle avait été l’un de mes premiers choix en revenant de mes longues vacances. J’avais construit une relation de confiance avec elle, Valetta m’avait recueilli lorsque j’étais amnésique et désespérée, elle m’avait bien traité, appris nombre de choses… Je lui devais beaucoup. Mais j’avais aussi oublié qu’elle était une redoutable femme d’affaires et que j’avais quitté la maison close de luxe à une période où ma côte était en pleine ascension grâce (ou à cause) d’Avitus Carrery et d’Eiran Maeda… Ce qui devait être une simple visite de courtoisie s’était transformée en une offre d’emploi. “Une seule soirée”, m’avait dit Valetta, “tu es demandée, très demandée. Ce qui est rare est cher et tu es devenu un produit de luxe, ma belle !!”. J’avais soupiré, peu désireuse de raccrocher avec mon ancien emploi… Et puis elle avait noté un nombre sur un papier et je m’étais figée, les yeux fixés dessus.

-C’est la solde que tu me propose, ça ?

Ça faisait beaucoup d’argent.
Tout compte fait, une soirée de travail de plus ou de moins…

C’est ainsi que je m’étais retrouvée à participer à cette soirée qui réunissait le gratin de Khesa. Sur demande de l’organisateur de l’évenement, le Crépuscule avait sélectionné quelques employés expérimentés, hommes et femmes, pour séduire et divertir les convives. Musique, sourire, conversation ou danse plus intime, nous étions là pour nous ajuster et répondre aux besoins… A tous les besoins. Rien d’inhabituel sous le soleil. J’avais enfilé une robe élégante mais audacieuse, faite pour attirer l’oeil et aguicher avec un beau décolleté et un dos nue, et je portais une longue chaîne qui se terminait en un pendentif qui venait se nicher au creux de mes seins. Chaque détail avait été réfléchi pour titiller la curiosité et provoquer sans tomber dans le vulgaire qui n’avait pas sa place en pareil événement.

Quelque chose me percuta de plein fouet et je reculai, le souffle coupé.

-Non, non… C’est moi, dis-je en levant les yeux pour identifier la personne qui venait de me bousculer.

Je venais de donner quelques consignes à mes collègues dont j’avais la supervision ce soir, et j’avais manqué de vigilance. Une jolie bouille, cet homme. Inconnu au bataillon, me semblait-il, pourtant je voyais passer du monde au Crépuscule. Je me serai souvenue de lui s’il avait compté parmi mes clients, il avait un visage qui ne s’oubliait pas. Qui était-il ? Temeryens ? Dignitaire étranger ?

Un charmeur, de toute évidence. Je ris intérieurement tout en reconstruisant rapidement le personnage que je devais incarner ce soir. Charmante, abordable, séduite…

-Mais vous regardez devant vous, maintenant, soufflai-je en le gratifiant d’un sourire chaleureux. Que voyez-vous donc, monsieur ?

Je plissai les yeux, l’air joueuse. Quel genre de compliment bateau allait-il donc m’offrir pour tenter de me séduire ? J’étais curieuse.

-Je crois que nous n’avons pas encore été présentés. Je suis Amélia, ajoutai-je.

@Gavril Oakley

Codage par Libella sur Graphiorum

Oh dear, we are in trouble

@Amélia Kenway & @Gavril Oakley

Pas d'air offusqué. Pas de gifle en charge dans l'avant-bras, prête à venir lui rougir la trogne d'un revers cinglant. Pas non plus de remarques mesquines sur son incapacité à regarder droit devant lui, ou le côté excessivement fleur bleue et cliché de son compliment visant à attaquer les hostilités de ce soir. Gavril n'est plus vraiment du genre à traîner dans les coins aussi guindés, mais il est sûr d'une chose : celle qui lui fait face a beau être merveilleusement parée dans une robe parfaite, elle n'est pas plus du monde de la noblesse que lui.

Se faisant, son petit sourire se fend plus encore et dévoile à peine une jolie rangée de quenottes en un rictus franc. La réponse de l'inconnue est autant une invitation à continuer sur cette lancée qu'une petite réussite annoncée dans ses projets de ce soir. Il est dans un bon jour, Gavril, aussi se promit-il même de tout faire pour que la brunette n'ait pas à se retrouver dans une situation fâcheuse en assistant, au hasard, à l'interrogatoire musclé qu'il envisageait faire subir à ce sale petit cloporte pervers de Heel.

Ceci dit, les promesses, il en savait quelque chose, étaient souvent faites pour être brisées.

« Je ne suis pas sûr que regarder devant moi maintenant m'amène à être moins maladroit. »

Qu'il avait répondu en retour de sa tirade, s'assurant de reprendre cette voix un peu – trop – maniérée. Il savait faire semblant d'être un petit nobliau à la sauvette, mais une oreille attentive et un œil aiguisé remarquerait sans mal que ça n'était pas vraiment le cas. Gavril n'avait pas reçu les cours sur l'étiquette. Il ne marchait pas comme un paon avec le dos droit, balançait un peu trop ses épaules, et de toute manière, la cicatrice sur sa joue et ses mains calleuses suffisaient à comprendre qu'il était d'une très basse extraction. Son interlocutrice le remarquerait-elle ? Ça, il espérait que nous. À moins qu'elle s'en fiche royalement, ce qui était ici tout aussi intéressant.

« Ce que je vois ? »

Tendait-elle des perches pour le forcer à aller beaucoup trop loin ? Le Capitaine s'avançant un petit pas, et se penchant très légèrement pour glisser, sur le ton du secret, une réponse qui suivait l'ordre des choses qu'il avait lui-même initié.

« Je ne vois rien d'autre que vous, à présent. Et ça devrait être un crime d'autant éblouir. Aussi, si d'aventure vous veniez à vous éloigner et que je percutais à nouveau quelqu'un vous seriez la seule responsable de mes maladresses à venir et de ma cécité certaine.»

Une chance qu'il était pourvu d'un certain sens de la retenue et d'un contrôle de soi difficile à égale, sans quoi il aurait probablement ri. Restait qu'un sourire un peu plus large – il mettrait ça sur le compte de la béatitude engendrée par la rencontre – étirait encore davantage la commissure de ses lèvres. Quant à elle, il se demandait si elle était habituée à ce genre de sérénade un peu cliché. Jolie, elle l'était assurément. Et les prétendants ne devaient théoriquement pas manquer. D'ailleurs, une question lui brûla les lèvres et son regard tomba vers ses mains, à la recherche d'une bague. De fiançailles au moins. De mariage peut-être ? Ça ne serait que justice.

« Amelia. » Il répète, en inclinant prestement la tête par politesse, et refuse de pousser la ringardise à trouver un nouveau moyen de la complimenter par une tournure alambiquée. Même lui avait parfois des limites. « Gavril. C'est un plaisir que de croiser votre route ici. En espérant que nos chemins ne se sépareront pas de sitôt. »

Il la gratifia d'une petite œillade un peu joueuse, et pivotant d'un quart, écarta la bras gauche pour l'inviter à s'en saisir afin de faire quelques pas ensemble. Il fallait qu'ils se retrouvent dans le giron de la première ordure de la soirée qu'il comptait amocher. Que ce sale petit ver de terre les voit. Enfin non. Il fallait qu'il voie Amelia, surtout. C'était elle, dans le fond, l'appât parfait.

« Est-ce que vous êtes de la région ? Je suis plus ou moins connaisseur des trésors locaux et c'est la première fois que je vous vois... »

Allez, ils n'étaient pas une remarque convenue prés...

(c) DΛNDELION

Oh dear, we are in trouble

-Non ?

Je mordis la lèvre, me forçant à garder mon sérieux. L’un de mes amis barde avait ce genre d’allocution… Les jeunes femmes tombaient parfois en pâmoison devant sa verbe flatteuse et sa jolie gueule et il se flattait d’avoir toujours quelqu’un au bras. Du reste, c’était un coeur d’artichaud qui s’entichait très facilement… Et puis il passait à la suivante. Cet homme là aussi maniait les mots avec habileté et sa confiance en lui le rendait tout à fait charmant. Charmant, et ridiculeusement amusant, en l'occurrence. Je n’étais pas une midinette qui s’amourachait du premier beau garçon qu’elle croisait. Sept ans de métier vous rendait quelque peu hermétique aux beaux parleurs. Non pas que je sois fermée aux jeux sensuels, j’aimais la bonne compagnie en dehors de mon travail… Mais je travaillais, précisément. Ce qui signifiait que la démarche était à sens unique, j’étais payée pour offrir et non pour prendre. Cet homme n’aurait pas d’effort à fournir pour gagner mon intérêt, mais son petit jeu de séduction lui donnerait l’impression d’avoir triomphé et flatterait très probablement son égo.

-Devrais-je rester à votre bras alors ? Je m’en voudrais que vous vous fassiez du mal…

Gavril…
Pas de nom de famille. Voilà qui était curieux, les nobles et fortunés étaient d’ordinaire si fiers de leur patronyme qu’ils l’exhibaient à tout va comme une carte de visite. Moi je n’étais “qu’Amélia” ce soir, l’employée du Crépuscule, mais lui… Qui était-il ?

J'attrapai délicatement son bras et me laissai entraîner là où il souhaitait aller sans résister.

-Haa… Et bien vous n’avez pas dû chercher suffisamment alors car je vis bien à Khesa depuis de nombreuses années. Et vous monsieur ? Je ne crois pas avoir saisi votre nom de famille…

Je connaissais des nobles très modestes, Aédan Feyrborn, par exemple, et d’autres comme Avitus Carrery qui changeaient parfois de nom pour ne pas être ennuyés… Mais ce genre d’individus ne participaient pas à de telles soirées ou ils le faisaient en assumant pleinement leur identité. Ceux qui fréquentaient ce genre d’événements venaient pour développer leur réseau, renforcer leurs connexions et communiquer… Ils voulaient être reconnus. Je ne doutais pas que cet homme, qu’il soit noble ou nouveau riche, ne tarderait pas à me déballer son parcours et chercherait à me faire briller les yeux.

-D’où venez-vous ? Il ne me semble pas vous avoir jamais vu jusqu’à aujourd'hui.

@Gavril Oakley

Codage par Libella sur Graphiorum

Oh dear, we are in trouble

@Amélia Kenway & @Gavril Oakley

Les lèvres du Capitaine se fendent d'un nouveau sourire, beaucoup plus franc cette fois, et d'une infime expression de surprise en sentant son personnage manquer de lui échapper. Du reste, c'est un miracle, mais il parvient à ne pas juste rire lorsque la jolie brune lui rend la réplique avec beaucoup, beaucoup trop de justesse pour que ce soit simplement sincère. À moins qu'elle ne soit une pauvre âme effroyablement niaise à l'image du rôle que lui-même faisait semblant de jouer à cet instant. Ce dont il doutait. Parce qu'il y avait beaucoup de connaissances derrière ces grands yeux-là. Et un petit quelque chose qui laissait deviner que la vie avait été juste assez mesquine avec elle pour ne pas lui laisser le loisir de se perdre à autant de candeur et à sincèrement se laisser happer par les belles paroles de ce genre.
À moins qu'il ne se plante lamentablement ? Ça ne serait certainement pas la première fois. Gavril aimait dire qu'il comprenait bien les gens. Mais entre ce qu'il dit et la vérité...

« Oh, avec vous à mon bras, c'est certain que je ne souffrirais plus de rien. Votre présence, j'en suis sûr, suffirait à faire disparaître n'importe quels maux. »

Est-ce qu'il allait trop loin une fois encore ? Évidemment que oui. Mais c'était encore ce qu'il y avait de plus amusant dans tout ça.
Il n'avait pas simplement envie de partager son bras pour attirer sa cible. Il avait à présent aussi envie de savoir jusqu'où ce jeu affligeant de cliché pouvait mener.

« Mes passages à Khesa ont donc tous été affreusement malchanceux alors ? »

Un sourire en coin, un regard presque chahuteur, il reprit, en s'efforçant de rester dans son rôle.

« Ceci étant dit, peut-être est-ce une bonne chose. Le hasard a fait que nous ne nous sommes pas croisés plus tôt, mais nous voilà maintenant à parler et votre rencontre tombe merveilleusement bien. »

Oh ça oui. Pour une fois qu'il avait un joyau sous les yeux précisément quand il avait besoin d'en avoir un. C'était tout à fait accommodant.

« Oakley madame. Capitaine Gavril Oakley » assure-t-il en se redressant sur les talons comme tous les paons de ce genre de soirée faisant valoir leur rang et leur nom. Le titre ici, était évidemment plus important que le nom qui ne signifiait strictement rien. Sa gloire résidait dans le fait d'avoir été érigé au rang de capitaine.

Et si d'aventure, le hasard la menait à murmurer ce nom là ailleurs, alors pourrait-elle découvrir plus en détail encore le pot aux roses et trouver quelques avis de recherche à son nom, et le pactole qu'elle aurait pu rafler en le dénonçant.

« Et vous ? Vous serez de ces merveilles à qui l'on ne donne qu'un délicieux prénom ? »

Ne pas rire de sa propre niaiserie, et espérer réussir en retour, à amuser plus encore la dénommée Amélia.
Elle est curieuse d'ailleurs. Elle pourrait faire une redoutable espionne. Gavril se fichait bien de livrer des informations ici, il doutait de risquer plus que ce qu'il risquait déjà à ne serait-ce qu'oser se faufiler ici, il faut dire. Ceci dit, il était maintenant à peu prés certain que les jolis mirettes de la jeune femme et un simple sourire devaient suffire à dénouer bien des langues.

« Je viens d'ici, d'autant que je m'en souvienne. Et de l'océan, si la question vise une provenance plus récente. Je voyage beaucoup voyez-vous. J'écume les mers de l'archipel. » Une seconde de pause. Deux secondes de pause. Une oeillade rieuse qui vint presque trahir à nouveau son personnage. Et quelques mots de plus « Quelle ironie de cisailler les flots à la recherche de richesses quand il suffit de participer à une soirée de ce genre pour y trouver un trésor. »

L'exercice devenait périlleux. Il en avait presque oublié son but initial, à trop jouer au pseudo-poète.

(c) DΛNDELION

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Oh dear, we are in trouble

J’avais le sentiment que l’homme s’amusait beaucoup de la conversation, son sourire franc me donnait l’impression qu’il riait à une blague connue de lui seul. Il continuait sur sa lancée, cependant, tant et si bien que je me demandais s’il aimait réellement s’entendre parler ou s’il s’était simplement engagé sur un jeu de séduction comme il aurait pu le faire dans un sport de balle. Une sorte de ping pong verbal. S’il voulait voir combien de temps je me nourrirai de ses répliques, il allait être ravi… La flatterie était un art que je maitrisais fort bien.

-J’aurais donc quelques pouvoirs magiques ? m’amusai-je. J’en suis fort aise !

Je levai les yeux vers lui pour le regarder de biais, sourire taquin aux lèvres.

-Et vous monsieur, quel est votre talent ?

Une invitation. C’était un homme et en plein jeu de séduction de surcroît, il n’allait pas manquer pareille occasion de se vanter de ses performances physiques ou de sa fortune.

-De toute évidence.

Je le voyais, cet éclat de jeu dans ses jolies prunelles couleur du ciel. Discret, mais bien présent. Oui… Il s’amusait avec moi.

-Elle tombe bien, vraiment ?

Pour le sauver de l’ennui, peut-être ?

Capitaine Gavril Oakley…
Le nom ne m’était pas familier, je ne l’avais jamais entendu. Était-il étranger ? Un membre de la guilde probablement. Sa présence ici faisait de lui un fortuné et son titre le positionnait par défaut sur un bateau. Un capitaine de vivenef peut-être - probablement. Pas que cela change grand chose en fin de compte, je n’étais là que pour distraire les convives… Mais j’aimais savoir à qui j’avais affaire. J’avais beaucoup appris sur le paysage mondain au Crépuscule, je savais des choses… Des informations qu’Avitus espérait bien récupérer. C’était bien là la raison pour laquelle il m’avait proposé de devenir son espionne après tout. Nous n’en avions pas reparlé depuis que j’avais retrouvé la mémoire… J’ignorais encore dans quel sens le vent allait me porter…

Il voulait connaître mon nom… Il n’avait donc pas encore compris ce que j’étais. Naïf.
Je ralentis le pas et approchai ma bouche de son visage pour souffler au creux de son oreille:

-Allons monsieur… Vous vous ennuierez bien vite de moi si je vous racontais déjà tous mes secrets.

Je lui souris, m’accordais quelques secondes avant d’ajouter :

-Inutile de parcourir les flots pour explorer de nouvelles contrées… capitaine.

Il y avait en ces lieux des aménagements privés pour recevoir quelques galantes compagnies. Je ne pouvais être plus explicite sur ce que j’avais à lui offrir, restait à voir si cet homme était plus intéressé par la discussion ou par les jeux charnels. C’était un bel homme, j’avais connu bien pire comme client. Largement.

@Gavril Oakley

Codage par Libella sur Graphiorum

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@Amélia Kenway & @Gavril Oakley

La voilà qui parle de magie, tend des perches que le Capitaine aurait hésité à saisir s'il n'avait pas été un peut trop joueur et que ce rôle de l'idiot à la verve beaucoup vive et affutée lorsqu'il s'agit de trouver tous les moyens de jouer avec les mots et d'épingler compliments et petits traits d'esprit lui plaisait un tantinet trop. Alors il fonce, tête de baissée, courbant un peu l'échine pour s'approcher un peu et glisser ses paroles un ou deux tons plus bas.

« Vous n'avez pas besoin de pouvoirs magiques pour m'ensorceler, vous savez. »

Quant à ses talents, ceux qu'elle semblait vouloir qu'il liste, il manqua de rire à nouveau. C'était une nouvelle perche qu'elle lui tendait là. À croire qu'elle souhaitait tout autant que lui, le pousser à sortir de son personnage.
Ou à s'enfoncer dans quelque chose de plus risible encore.

Il aurait pu s'étaler sur une vantardise d'une abyssale bassesse. S'octroyer une force stupéfiante. Une richesse sans commune mesure. Se vendre comme un parti parfait. Mais... il n'était ni Duc, ni Comte, pas même Marquis et simplement Capitaine. Le mensonge n'aurait pas été crédible.

« Croyez-le ou non, mais ma qualité principale reste mon sens très aigu d'improvisation. »

Et ses palabres le prouvaient assez bien. Ceci dit, il se permit d'aller plus loin, et de rajouter quelques mots, toujours pour retourner les mots et reprendre ses élans de charmeur galant.

« Et j'ai aussi et surtout une chance insolente qui me conduit toujours à tomber sur ce que je désire. »

Regard de braise, sourire en coin. Il retient de justesse un clin d'oeil, qui aurait cassé l'apparence propre, sage et tout en velours de cette version de lui qu'il feignait d'être depuis qu'il l'avait abordé.
Non, définitivement le clin d'oeil lui aurait donné un air de canaille. Loin du pompeux capitaine qu'il prétendait être.

« Oh je vous assure que vous n'auriez pas pu apparaître dans ma vie à un moment plus propice. C'était forcément écrit. »

Et celle-là si rêveuse soit-elle, il y croyait presque sincèrement. Parce que la brune se trouvait effectivement être la personne parfaite pour lui permettre d'accéder à ce qu'il était venu chercher initialement, à savoir : des informations ainsi que des problèmes, et accessoirement quelques opportunités de faire couler le sang de sales petites vipères qui avaient eu la désagréable volonté de lui nuire et qu'il considérait comme étant partiellement responsable de la partie la plus sombre de son existence. Or, s'il ne regrettait en rien la voie sur laquelle il s'était engagé, Gavril avait quand même la rancune tenace. Et l'inconnue avait toutes les qualités requises pour venir piéger l'une de ces vipères, laquelle venait de rejoindre l'un des salons privés à l'étage, vers lesquels Gavril crut bon d'essayer d'entraîner sagement son interlocutrice du moment.

Alors que le petit jeu dure et qu'elle l'invite presque à en faire toujours plus, l'inconnue décide de rester totalement une inconnue, justement, en choisissant de garder son nom pour elle. Gavril arqua un sourcil, d'abord. Mais son sourire revint pour chasser sa légère surprise et balayer l'incompréhension.

« Vous n'avez pas besoin d'avoir de secrets pour garder mon intérêt. Mais soit, ne suis pas là pour vous prendre quoi que ce soit par la force. Pas même votre nom.»

Il plissa les yeux, se pencha un peu plus, pour venir glisser des doigts sous son menton, lui relever le visage et contempler plus en détail ses yeux. C'est eux qu'il avait complimentés en premier. Cible facile, puisque le compliment convenait parfaitement bien. Les plus belles fraudes sont toujours basées sur du vrai, après tout. C'est sans doute pour cette raison qu'il était plutôt aisé de la complimenter.

« Vous serez mon Onyx, jusqu'à ce que vous acceptiez de me donner votre nom. »

Puisqu'il l'avait aussi qualifié de trésor, une pierre précieuse aussi sombre que ses mirettes ferait un bon pseudonyme pour commencer.
Ce à quoi il ne s'attendait absolument pas en revanche, fut d'entendre les lèvres de la jeune femme formuler une invitation à peine voilée dans un double sens qui ne tromperait personne. C'était bien trop facile. Et probablement trop tentant.

« Alors peut-être que je resterais à terre, maintenant que je vois les merveilles de ces contrées et qu'il est tentant de se perdre à les détailler dans tous les sens. »

Et dire qu'il était venu ici pour commettre d'odieux forfaits...

(c) DΛNDELION

Oh dear, we are in trouble

« Croyez-le ou non, mais ma qualité principale reste mon sens très aigu d'improvisation. »

Un rire m’échappa que je réfrénai aussitôt en dissimulant mes lèvres derrière ma main, pour mimer grimace d’excuse. L’improvisation, vraiment ? C’était tout un art de déblatérer autant de flatteries à la minute, cet homme était un vrai baratineur. Oh, je ne doutais pas un instant qu’il sache improviser. Oui, il faisait superbement étalage de son art en ce moment même.

-Et vous savez faire sourire les femmes… ajoutai-je pour justifier mon soudain élan d’enthousiasme. Ohh, vraiment, c’était écrit ? demandai-je amusée.

Combien de temps pouvait-il tenir ainsi ? S’il n’avait vraisemblablement pas compris que j’étais une prostituée, qu’espérait-il avec son numéro de charmeur ? Un rencard ? Un moment de flirt à l’abri des regards ? Oh, je pouvais lui offrir bien plus. C’était la raison pour laquelle le Crépuscule avait été employé après tout : danser, jouer, charmer, divertir les convives de toutes les manières possibles… J’allais faire en sorte que cet invité là reparte avec un souvenir exceptionnel de sa soirée. Un futur client, peut-être ? Ou un partenaire d'affaires ? La prostitution n’était plus qu’un à côté désormais, entre mes économies et l’héritage que j’avais perçu, j’avais bien assez pour m’engager sur une autre voie et tenter de m’élever socialement. Autrefois, mes parents étaient des éleveurs de chevaux reconnus dans tout le duché… Mes souvenirs m’étaient revenus récemment et avec eux le rappel de tous les traumatismes dont mon cerveau avait cherché à me préserver avec l’amnésie… J’essayais de me reconstruire, de faire le point avec la vie que j’avais mené ces sept dernières années et d’aller de l’avant. Ce voyage loin de Temerys m’avait fait du bien et empêché de sombrer complètement… Mais j’étais de retour et je devais affronter mon passé, m’ancrer dans le présent et bâtir mon futur.

Je vis la surprise dans son regard lorsque je refusai de lui donner mon nom…
Il n’avait toujours pas compris. Oh grands dieux ! Comment pouvait-on être à la fois aussi baratineur et séducteur tout en étant aussi naïf ? C’en était presque mignon !

Je tiquai. Onyx ? N’étais-ce pas là le nom que se donnaient les extrémistes manipulateurs de la psyché qui servaient le duc Ozova ?

-Un mot bien connoté en ces temps troublés, m’étonnai-je du choix maladroit du surnom.

Pas que je sois contre un peu de poésie, c’était plutôt charmant, mais peut-être pas une qui m’associait à un groupuscule de dangereux shamans qui alimentait tout un tas de rumeurs dont j’étais bien incapables de mesurer le fondement ou non.

Mon souffle vint chatouiller son oreille, lui faire une proposition. Sa réponse m’arracha un sourire… Il ne me serait pas venu à l’esprit qu’il puisse me formuler une autre réponse, mais je devais louer son talent certain pour la poésie et les métaphores, c’était un langage tout à fait agréable. Mes lèvres se posèrent sur sa mâchoire, sous son oreille et j’y déposai un baiser.

-Le voyage promet d’être épique.

Ma main se glissa dans la sienne et je l’attirai alors en douceur vers l’étage. Je savais où aller, on m’avait fait visiter avant le début de la réception et j’y avais pris mes marques. Je ne tardais pas à trouver un lieu plus intime et à y entraîner mon compagnon de passage pour nous isoler. Je l’attirai alors vers moi pour observer son visage avec un sourire malicieux. C’était un bel homme, bien que nettement plus âgé que moi, je ne pouvais nier la finesse de ses traits et la beauté de son regard. Peut-être prendrai-je plaisir à ces caresses. Je n’étais pas payée pour m’amuser et mon travail consistait à me donner toute entière sans attendre de réciprocité, mais c’était un plus sur lequel je ne crachais pas. Certains hommes étaient plus brutaux que d’autres…

L’une de mes mains se posa sur sa taille, l’autre contre sa joue et je me lovai un peu plus près de lui.

-Capitaine Oakley… murmurai-je dans un souffle.

Mes lèvres effleurèrent les siennes, nos souffles se mêlèrent pendant quelques instants. Je guettais, attentive à chacune de ses réactions. S’il s’avérait réceptif, je m’enhardirai à un baiser plus langoureux et m'emploierait à user de mes charmes pour lui faire perdre la tête... Le voyage vaudrait-il le détour ?

@Gavril Oakley

Codage par Libella sur Graphiorum

Oh dear, we are in trouble

@Amélia Kenway & @Gavril Oakley

Ah, un rire. Un vrai cette fois, arraché à la force de ses excès et de ses tournures. Et il est à ça d'être contagieux, le fameux rire. Une chance que Gavril ait aussi un certain talent pour le théâtre – dont personne ne pouvait douter présentement – et pour la maîtrise de soi – talent moins passif qu'il ne maîtrisait que lors de certaines fulgurances et quand la situation l'arrangeait et sous peu d'ailleurs, ils en atteindraient les limites.

« C'est vrai que je sais aussi faire ça. Et voilà que j'ai la preuve vivante sous les yeux qu'il n'y pas de plus belles parures qu'un franc sourire chez une femme. »

Oui, il ne s'arrêtait jamais lorsqu'il était lancé. Et le jeu continue, encore et encore et un peu de mystère de la part de la jeune femme entraîne un petit écart qui rappelle à Gavril les récents événements sur cette île maudite. Cependant, là aussi, il trouva à y redire. Un haussement d'épaules, désinvolte au possible. Le genre à donner l'impression que le risque évoqué derrière le mot ne l'atteignait pas vraiment.

« Je refuse de laisser des illuminés s'approprier un mot pour en travestir le sens. Encore plus quand il permet de nommer de jolies choses. »

Là encore, il se fait violence pour ne pas ajouter un clin d’œil. Son sourire pourtant, est bien celui d'une canaille et semble marquer une pointe d'arrogance qu'il savait retenir jusqu'ici. À l'évidence, il était plutôt fier de lui et de sa manière de rattraper les choses. Il avait même réussi à semer là un nouveau compliment. Pour quelqu'un qui n'avait pas mis les pieds dans une école de toute sa vie, c'était une éloquence qui méritait d'être salué, d'après lui.

« Et puis, c'est de votre faute. Vous n'aviez qu'à me donner un nom. »

Ou l'art d'essayer d'obtenir ce qu'il n'avait pas eut avec un peu de subtilité, un regard joueur et le sourire qui allait avec.

Les choses, cependant, ont tendance à déraper un peu vite. Un rapprochement, et voilà que les lèvres charnues de la brune s'écrasaient quelque part sur sa mâchoire, après avant de semer quelques mots qui sonnaient comme une promesse bien loin de ses projets de base. Était-il encore réellement question de vengeance, quand elle attrapa sa main et le guida vers l'escalier. Gavril en était vaguement encore convaincu. Ce sale petit ver qu'il traquait était monté aussi avec ses deux compagnes du moment, après tout.

Alors il suit, sagement quand l'invitation derrière le tout, elle, n'est pas sage. Pas plus que ne l'étaient ses idées vengeresses initiales, ceci dit.
En quelques pas, les voilà devant la porte d'un salon, petit, intime, le genre à accueillir des gens qui veulent conspirer en petit comité, ou profiter d'un moment moins meurtrier, mais tout aussi intense. Pas de proie à l'horizon, ils sont définitivement seuls dans cette pièce et le jeu se prolonge toujours. Les voilà trop proches pour qu'il soit encore possible de feindre qu'ils jouaient simplement. Gavril se permet même un instant d'imaginer qu'il a encore le contrôle des événements. L'innocent. Il était fait comme un rat au moment où le mensonge était devenu un jeu.

Sa main à lui revient sous son menton en réponse à ses gestes. Il scrute son minois d'abord, se perd un peu dans ses yeux. Un murmure et ses épaules semblent presque s'affaisser sous le poids de sa propre faiblesse. C'est si charmant d'entendre son titre et son nom dans une phrase murmurée ainsi, aussi. D'autant que même à bord, il n'avait que rarement droit à tant d'égard. Capitaine, On-a-un-problème était presque devenu son nom.

Et voilà que les charmantes lippes qui venaient de souffler ces simples morts provoquaient ses lèvres. Elles avaient le goût de l'abandon, de la volupté, et des vengeances qu'on reporte pour les beaux yeux d'une brune. Sa légendaire capacité à résister et à tenir le cap, aux abandonnés absents, l'empêcha donc de rester sur son idée première. Repousser l'inconnue, défoncer la porte voisine, étriper le petite vermisseau à côté. C'était si simple. Et pourtant Gavril ne fit rien de ça. Il se contenta de rouler les yeux vers le ciel, las de son propre manque de discipline, avant de plonger à son tour vers les lèvres offertes pour une baiser des plus enflammé, ou une main libre un peu entreprenante s'était octroyé le droit de quelques égarements un peu plus bas que la chute de ses reins.

Le sale petit cloporte ? Oublié. Après les Océanides, après les négociations musclées contre les proxénètes, après cette affreuse île des brumes et les événements qui ont pu suivre, Gavril pouvait bien faire une courte halte dans sa vie de tumultes et de violences. Une vengeance, c'est petit à côté d'une pareille aventure. Et tant pis si une fois encore sa redingote finissait déchirer. Au moins cette fois, la raison derrière l'affront saurait être appréciée.

Les dés qui veulent pas que le ver de terre se fasse fumer :
https://beyondthewaves.forumactif.com/t481p135-lancer-de-des#7610

(c) DΛNDELION

Oh dear, we are in trouble

-Amélia ne suffit donc pas ?

Je fis mine de lever les yeux au ciel.

-Fort bien. Kenway. Amélia Kenway.

Une famille jadis très réputée à Temerys pour son élevage de chevaux des sables. Elle avait brusquement cessé tout commerce sept ans plus tôt pour de mystérieuses raisons. D’aucuns -les plus renseignés- diraient que la ferme avait été détruite par une tempête et que cette dernière avait emporté avec elle toute la lignée ou presque. Le nom ne raisonnait plus aujourd’hui mais j’espérais un jour trouver le moyen de lui redonner son éclat et plus encore. Mes parents avaient jadis la volonté de grandir et j’avais la ferme intention d’en finir tôt ou tard avec la prostitution pour me lancer sur quelque buisness qui saurait m’offrir une meilleure considération sociale. La difficulté était de me garantir des revenus suffisants. Je gagnais convenablement ma vie au Crépuscule, j’avais un train de vie satisfaisant sur lequel je ne souhaitais pas rogner.

Mais ce soir, je travaillais. Cet homme était venu à moi en ignorant, de toute évidence, que j’avais été employée par son hôte pour me plier aux désirs des invités. La situation ne manquait pas d’ironie, elle m’amusait assez je devais le reconnaître. Son pauvre égo risquait d’être piqué s’il réalisait que ce n’étaient pas ses beaux yeux et ses flatteries interminables qui m’avaient attirées à lui. Il était divertissant, cela dit. Le ping pong qui s’était instauré entre nous me donnait l’impression qu’il jouait autant que moi… Pourtant, il demeura fort réceptif lorsque je fis un pas en avant pour lui sous-entendre quelques propositions opportunes.

Le jeu n’en était plus vraiment un lorsque nous nous glissâmes dans ce petit salon et que nos lèvres se rencontrèrent. A aucun moment je n’imaginai le fait que cet homme n’avait rien d’un invité et les sombres projets qu’il préméditait… Les choses se seraient passées bien différemment alors.

Je le sentis hésitant pendant un court instant… Et puis il céda. Ses lèvres rencontrèrent à nouveau les miennes pour un baiser des plus enflammés pendant que ses mains partaient à l’exploration de mon corps. Je me serrai un peu plus contre lui, ondulant tel un serpent et le poussai peu à peu contre le mur. Une main balayant ses cheveux, l’autre enserrant sa taille. Je touchai son corps, curieuse de découvrir ce qui se cachait sous ces couches de vêtements…

Je profitai d’un répit entre deux baisers langoureux pour souffler :

-Permettez, monsieur… ?

Une question rhétorique, car déjà mes mains s’aventuraient à défaire les boutons de sa veste pour la lui retirer avec plus ou moins d’impatience. Mes yeux croisèrent les siens et s’y perdirent quelques instants.

-C’est criminel d’avoir des yeux comme les vôtres…

Je n’avais pas à jouer la comédie, je les trouvais véritablement remarquables.

-Un ciel d’été sans nuage… murmurai-je avant que ma bouche ne parte à l’exploration de son cou pour y déposer quelques baisers suaves.

Je suivi la ligne et remontai avec une lenteur calculée jusqu’à son oreille que je mordillai délicatement, cherchant les signes qui le faisaient réagir agréablement et ceux, au contraire, qui semblaient le rebuter. J’apprenais et je m’adaptais à tout instant.

Et mes mains, pendant ce temps, se faufilaient sous sa chemise pour chasser les bouts de tissus et devétir son torse. Mes yeux se posèrent alors sur son abdomen et se fixèrent sur ses cicatrices. Je levai les yeux vers lui, loin d’être rebutée, et demandai avec une curiosité très naïve :

-Une vie pleine de rebondissements ?

Je l’imaginais avoir appartenu à la marine d’un duché, peut-être d’avoir combattu quelques pirates ou mené de trépidantes aventures en mer… A aucun moment ne me vint l’idée que c’était précisément à l’un de ces pirates que je m’adressais.

@Gavril Oakley

Codage par Libella sur Graphiorum