The Hellion's song

Dim 31 Mar 2024 - 13:02

The Hellion's Song

Shova :

Sa progression était beaucoup trop lente, les patrouilles et tours de garde trop nombreux. Se rajouter à cela qu’il n’avait aucun plan de la ville et donc pas la moindre idée du chemin à prendre. Isaac devait quitter les lieux au plus vite ou il finirait par se faire tomber sur le râble. Au loin, les murmures qu’il percevait, trahissaient le chaos encore bien présent sur la grande place et, avec les grilles baissées, il y avait fort à parier que bientôt d’autres, arriveraient par les rues pour trouver une échappatoire. L’urgence le chevillait au corps et il se faufila dans une ruelle étroite où se déverser un ruisseau, semblant s’enfoncer sous terre. Prudemment, il entra dans l’eau et dut grandement se baisser pour se glisser dans le boyau. Bonne ou mauvaise idée, il n’allait pas tarder à le savoir. Faisant demi-tour, il força une fenêtre et disparut à l’intérieur d’une des demeures en bord de rive. Quelques minutes plus tard, il ressortait avec une lampe à huile dont la flamme lui permettrait de percer l’obscurité qui baignait les entrailles de la terre. Sans hésitation, il replongea dans le boyau et fut bientôt avalé par les ténèbres, ayant pris soin, auparavant, de masquer l’entrée du tunnel, histoire de gagner du temps.

Sous terre :

Combien de temps il pataugea, impossible à dire, mais il finit par déboucher à un carrefour. Jusque-là, sa progression fut relativement aisée, lui imposant seulement de varier la hauteur de son corps. Les deux voies étaient plongées dans le noir et Isaac sentit une once de désespoir le gagner avant de sursauter. Le compas ! Fébrilement, il le sortit et l’ouvrit. Il devait calmer la frénésie qui le gagnait, ses mains tremblaient tellement que le compas faillit faire un plongeon par trois fois. Enfin calme, la lampe à huile oscillant légèrement, il se concentra sur le compas et attendit. L’aiguille bougeait d’abord dans tous les sens, mais bientôt, elle pointa dans une seule direction et Isaac se glissa dans le sillage indiqué, sans hésitation. L’air sembla soudain plus léger, l’espace autour de lui plus profond. Sans le savoir, il venait de mettre les pieds dans une immense grotte dont il ne percevait que les quelques mètres que voulaient bien lui accorder sa lampe. En tendant l’oreille, il pouvait percevoir la chute de gouttes d’eau dont il aurait bien été incapable d’apprécier la distance, mais son instinct lui dictait que l’endroit devait être immense. Pas le temps d’en savoir plus, il se remit en mouvement.

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Rapidement, il devint évident qu’une pause était nécessaire, la faim et surtout la soif tenaillant le pirate. Son dernier repas remontait à loin, mais ce qui le préoccupait le plus était son besoin de s’hydrater, d’étancher sa soif et pas avec du rhum cette fois-ci. S’accroupissant, son précieux compas soigneusement rangé, la lampe à huile fit scintiller le sol humide. Ses doigts brisèrent la surface de l’onde fraîche en de multiples cercles concentriques qui l’hypnotisèrent un court temps alors qu’eux poursuivaient leur route, disparaissant sous terre. Enfin, il porta quelques gouttes à sa bouche et première bonne surprise l’eau était douce. D’autres gouttes vinrent, de nouveau, humidifier sa cavité buccale afin de tester sa saveur et voir si un goût inconnu aurait pu être un avertissement. Rien, alors s’allongeant, il étancha sa soif, lentement et longuement.

Retrouvant une position assise, un autre constat le frappa, la fatigue. Levant la lampe, il tenta de percer les hauteurs mangées par les ténèbres et esquissa un léger sourire. La paroi révélait de nombreuses alcôves naturelles et il se lança dans son ascension. Il ne lui était pas nécessaire de monter trop haut et heureusement, car les parois ne lui facilitaient pas la tâche. Lisses, peu d’anfractuosités et froides, mails, il en fallait plus pour venir à bout de sa détermination. Il glissa, s’érafla légèrement puis finit par atteindre la position idéale. Avec minutie, il s’installa, calant la lampe, après l’avoir éteinte, entre son corps et la paroi, afin d’éviter toute chute intempestive. À cette hauteur, les parois étaient bien moins humides, un bon point. Tendant l’oreille, dans le noir total, Isaac sombra rapidement, un rayonnement de chaleur contre son flanc, bienvenu.

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La sensation de froid s’insinuant en lui, le réveilla lentement et groggy, il mit un moment à retrouver ses esprits. Sa main retrouva la lampe-tempête et des allumettes furent sorties. Le craquement si caractéristique du soufre s’enflammant puis la flamme grandissante dans son bocal de verre, finirent de le sortir de sa torpeur. Il devait reprendre la route, sortir de là et savoir si Sebastian et sa fille étaient sains et saufs. Avec précaution, il regagna le bord du ruisseau et ayant une foi totale en son compas, il se remit en route. Isaac luttait contre le froid qui engourdissait le bas de ses jambes, sautillant par moment, essayant en même temps d’empêcher son esprit de se perdre dans des pensées funestes. Être sous terre n’était pas vraiment sa tasse de thé... Loin de là, mais il devait se faire violence. Bientôt, oui, bientôt, il pourrait à nouveau entendre le chant de l’Océan.

Cela faisait un moment maintenant que le ruisseau lui avait faussé compagnie et il avait dû passer plusieurs boyaux où une certaine contorsion avait été nécessaire. Enfin, il aperçut une faible lueur et son cœur se gonfla d’espoir. Prudemment, il avança, seul le bruit de ses pas l’accompagnant et avisa le resserrement des parois. Qu’importe, de l’autre côté la liberté lui tendait les bras. Le compas fut rangé, la lampe éteinte afin de ne pas biaiser le rayon lumineux. S’aidant de tous ses membres, il se hissa à une vingtaine de centimètres du sol et s’engouffra dans l’ouverture étroite. Au fur et à mesure, les parois se rapprochaient et il dut bientôt abandonner son larcin, ainsi que la lampe. Une lame dans chaque main, les bras levés, le corps forçant un passage lui labourant la peau, il redoubla d’efforts, en proie à une rage de vaincre salvatrice.

Retour sur le plancher des vaches :

Puis vint la délivrance et Isaac chancela pour finir le séant à terre. Ses lames de part et d’autre, il respira longuement en de grandes bouffées, bénissant la terre remuée par ses mains. Une fois ses yeux habitués à la luminosité, il se releva et ressortit son compas. Celui-ci indiquait toujours la direction et le pirate s’enfonça dans la végétation, allant sans le savoir au-devant d’un groupe armé jusqu’aux dents.

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Les yeux rivés sur le compas, ses pas étaient néanmoins mesurés. Au vu des événements, il devait faire profil bas et quitter les lieux rapidement, rien de bon ne sortirait de cette île pour l’instant. Une odeur de feu de camp le tendit et rangeant son précieux ustensile, il s’avança prudemment vers l’endroit d’où provenaient les effluves de bois calcinés. S’aidant de la végétation, il parvint sans encombre à l’emplacement de la halte d’un groupe. Il n’y avait aucun doute et la direction qu’ils avaient prise se fondait dans celle donnée par le compas. Tant pis. Quelques minutes, seulement, il n’eut que quelques minutes de répit. Un hennissement au-devant et Isaac sortit ses lames, se courbant légèrement et passant d’arbre en arbre, l’attaque vint par-derrière.

Faisant volte-face, il se lança dans le combat sans hésitation aucune. Les lames s’entrechoquèrent à maintes reprises, taillant çà et là de légères marques sur les corps. La rage d’Isaac joua en sa faveur et il défit son premier assaillant. Reprenant sa respiration, il accusa le coup, quand il se rendit compte qu’il était encerclé. Point positif, pas de naïade, mais probablement un shaman, car le pirate s’effondra sous le coup d’une douleur intense, lui ravageant l’intérieur du corps. La souffrance disparut aussi vite qu’elle était apparue et les rires qu’il perçut le confortèrent dans son observation. À nouveau, debout, il tournait lentement sur lui-même, analysant les gestuelles et para un premier assaut. Le jeu sembla lasser ses ennemis qui attaquèrent à plusieurs et Isaac se démena comme un beau diable pour dans un premier temps, leur tenant tête puis fut sonné par un coup porté à l’arrière de son crâne. Il eut tout juste le temps de voir un oiseau coloré prendre son envol. Vaguement familière que cette silhouette.

Quand il reprit ses esprits, il était ficelé et posé comme un sac à patates sur la croupe d’un cheval, un lourd filet le collant à l’animal. Sortir d’un piège pour tomber dans un autre… Ses bras liés dans son dos, il constata avec amertume qu’on lui avait pris ses lames. Son compas par contre était toujours sur lui, son flanc gauche accusant la rencontre avec l’un de ses bords à chaque foulée de la monture. La douleur lui vrillait maintenant la tête et temporairement, il accepta son sort. Pour l’instant, il ne pouvait agir… Un coup de feu retentit, Isaac grimaça alors que le cavalier accélérait l’allure de sa monture qui brusquement se cabra, mettant Isaac dans une position plus qu’hasardeuse. Le filet tenant bon, lorsque le cavalier eut repris le contrôle de l’animal, le pirate vit les membres arrière un peu trop près de son corps. Le glissement avait été partiel, il regrettait de ne pas s’être écrasé au sol. Sa pensée fut entendue, car la rencontre arriva sans crier gare et il mordit la poussière.

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Le combat reprit avec rage et difficile pour Isaac d’y voir clair avec le filet, aussi prit-il le parti de rouler sur lui-même hors de cette zone périlleuse. Il croisa des jambes, des cadavres, sentit des balles le frôler puis sa tentative de fuite fut interrompue, volontairement. Dans un élan de désespoir, il se tortilla furieusement.

- Calme-toi, on doit juste vérifier quelque chose…

Fait surprenant, Isaac obtempéra, le timbre de la voix venait d’avoir raison de ses réticences. Le filet fut enlevé avec douceur et on l’aida à se relever. Il sentit sur son épaule, un léger poids, un frôlement de plumes.

- Iago ?
- Content !

Un bec vint rencontrer sa joue en guise de baiser de bienvenu. Iago ! Par Calypso, Iago était sur son épaule, cela ne voulait dire qu’une seule chose et Isaac, observa ses sauveurs avec ferveur. L’émotion qui le saisit manqua le terrasser et il fut bien incapable de dire comment ses jambes firent pour le maintenir debout. Ses tripes parlaient sans détour. Tout autour de lui, des visages connus et aimés, dont il avait rêvé tant de fois durant son errance. Les larmes envahirent ses yeux et se déversèrent sur ses joues, son cœur irradia d’un bonheur sans nom, lui faisant momentanément oublier la dangerosité du lieu où ils se trouvaient. Puis Isaac disparu au centre d’un joyeux amalgame d’âmes heureuses de se retrouver enfin. On s’embrassa longuement, se frappant dans le dos et leur miraculé fut étudié sous toutes les coutures. Isaac riait et pleurait à la fois, croulant sous les questions, soulevé parfois de terre, serré fort souvent. D’un revers de manche, il essuya son visage.

- Fais pas ta fillette ! T’es pas parvenu à t’améliorer là-dessus en six ans … Grandis un peu …

Cette voix, ces mots. Isaac se retourna alors pour apercevoir Finn, qui comme à son habitude était resté en retrait, les bras croisés et un air blasé sur le visage. Mais dans les yeux de cet homme qu’il considérait comme un frère, il y avait cette lueur. Le sourire qui illumina les traits d’Isaac fit grimacer Finn. Ce dernier grommela en reculant prudemment.

- N’y pense même pas !

Trop tard, Isaac venait de se jeter sur lui comme un fauve et il n’eut d’autre choix que de le réceptionner. Et pour une fois si rare et précieuse qu’elle serait consignée sur le livre de bord, Finn prit Isaac dans ses bras, sans le charrier, bien au contraire. Il murmura à son oreille pour n’être entendu que de lui.

- J’ai cru ne jamais te revoir mon frère ! Tu m’as manqué…
- On est d’accord…

Isaac s’arracha difficilement à l’étreinte, pour relâcher son partenaire de joutes, qu’elles fussent verbales ou physiques, lui donnant un coup de poing dans l’épaule et évitant de justesse, le retour de bâton, à proprement parler.

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Isaac reprenait doucement contact avec la réalité, tellement de questions lui venaient en tête, mais le moment ne s’y prêtait guère, et ce, même si elles lui brûlaient les lèvres. Aussi prit-il le parti de les taire, momentanément et il inspira longuement, comme s’il respirait de nouveau. Ses yeux allaient et venaient sur ses compagnons, il avait encore du mal à réaliser qu’il les avait retrouvés, enfin. Ils gravitaient autour de lui, scènes et musiques si familières de leurs voix. Isaac ressentait ces habitudes et cela le déstabilisait, mais le rassurait en même temps. Comme si rien ne s’était passé, juste les bribes d’un mauvais rêve, qui s’inclinait face à l’aurore.

- Je suis heureux que Calyspo vous ait guidé à moi…
- Hum, elle a plutôt missionné cet emplumé ! C’est grâce à lui que nous avons eu vent de ta présence. Pour une fois qu’il nous sert à quelque chose…

Finn leva les yeux au ciel et fila donner un coup de main. Comme beaucoup sur la vivenef, il était très attaché au volatile, mais ne le ménageait guère non plus. Toutefois, après l’exploit qu’il venait d’accomplir, son statut n’allait en devenir que plus sacralisé. Le perroquet s’était de nouveau posé sur l’épaule d’Isaac et ne comptait pas en décoller immédiatement. Le pirate le câlina longuement.

- Merci Iago.
- Content !

Les hommes se divisèrent en petits groupes. Les uns récupérèrent les chevaux, d’autres rassemblèrent tout ce qui pouvait leur être bénéfique. Hiro et son apprenti, un mousse aux yeux du pirate qui ne le connaissait pas, s’occupèrent des blessés, Isaac passant son tour, les plaies sur son corps étant bénignes. Il inspecta les environs à la recherche de ses lames. Mettant enfin la main dessus, il rejoignit les autres. Un brancard de fortune avait été construit et attelé à l’une des montures, pour transporter l’un des leurs. Quand tout fut prêt, le convoi s’ébranla, restant sous le couvert des arbres dans un premier temps. Finn à ses côtés, Isaac s’était rapproché de Hiro. Penny le salua avec son cri si particulier, gonflant un peu plus d'allégresse, le coeur du survivant.

- Dis-moi Hiro, tu fais toujours ton truc avec Penny ?

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Hiro secoua doucement la tête, un léger rire roulant entre ses lèvres. Il était touché qu’Isaac se souvienne, même après toutes ces années et il le remercia d’un sourire. Le shaman se rappelait comment Isaac les observait, essayant de comprendre ce lien indescriptible qui les unissait, lui et Penny. Fervent admirateur, il gâtait le rapace dans son dos et avait fini par se faire complètement accepter. Penny l’avait d’ailleurs de nouveau appelé avant de partir, mais elle connaissait sa place et le perroquet n’était pour l’instant pas prêt à lui en faire une, près du pirate.

- Oui, je fais toujours ce truc et on est devenu, plutôt bon à ce jeu d’ailleurs. As-tu besoin de quelque chose ?

Isaac lui révéla son dessein et bientôt, un faucon pèlerin prit son envol sans un bruit. L’objectif était clair, un homme et une femme aux cheveux blancs. Les hommes continuèrent leur progression sans qu’Hiro ne s’inquiétât vraiment du retour de Penny. Leur maison, à tous, c’était Hellion. Leur progression se fit sans encombre et une bonne heure plus tard, ils arrivèrent en vue de la plage. Immobiles à l’orée des bois, ils attendirent le signe des guetteurs, l’arrière de la colonne surveillant les ombres de la forêt.

Des sifflements emplirent l’air puis des hommes apparurent et le groupe d’Isaac bougea à son tour. Lentement, ils quittèrent le couvert et rejoignirent les hommes sur la plage. Certains d’entre eux se figèrent en repérant le nouveau, enfin, le miraculé. On leur permit de retrouver leur frère et pendant ce temps-là, on s’activa. De derrière les rochers ou du couvert des bois, des barques furent sorties, comme par magie. Le soleil déclinait à l’horizon, allongeant les ombres, rendant la visibilité plus qu’imparfaite, il fallait se hâter pour retrouver la sécurité de la Vivenef.

Ils chargèrent les barques au plus qu’ils pouvaient, ramenant de la nourriture fraîche, mais aussi des armes, prises à leurs assaillants. Les chevaux furent libérés, rien n’était prévu pour assurer leur subsistance à bord et les hommes embarquèrent. Iago, toujours sur son épaule, Isaac prit place aux côtés de Finn et alors que les rames les éloignaient de la rive, il porta un regard inquiet sur l’île qui se dressait devant ses yeux. Sombre et menaçante.

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@Isaac Mistwhale

Lorsqu'elle réussit à se sortir de la cour principale de Shova, Nyx tente de rejoindre son frère à grande allure. Le cheval s'en donne à coeur joie jusqu'à... Le souffle se coupe et la masse décolle du sol... Un hennissement strident se porte aux oreilles de la shaman. Ses yeux s'arrondissent sous la surprise. La monture chute brutalement sur le sol envoyant sa cavalière plus loin. Le corps roule sur le sol poussiéreux et la tête rencontre un bout de roche. Oh L'impact est douloureux, la dame accuse le coup. Des étoiles parsèment sa vision, les paupières papillonnent. La paume se porte contre le crâne et révèle l'hémoglobine dans sa dense chevelure désormais en pagaille. Un regard sur le liquide puis vers sa monture. Deux flèches se dressent sur le flanc. Les tirs précis, les prunelles cherchent la menace. Elle ferait mieux de se presser et de fuir avant de rencontrer la fin ou l'emprisonnement. A quatre pattes au démarrage, Nyx se met difficilement sur ses deux pieds. La tête lui tourne et la Dame se met à tanguer. Une flèche siffle, elle passe pas très loin, jusqu'à ce qu'une d'entre elle atteigne sa cuisse.

Elle n'a pas pu l'éviter pourtant mieux dissimulée. Un juron et un cri manquent de s'échapper, retenu par un poing entre les dents. Il est hors de question qu'on la découvre ici. Allure sautillante, la shaman s'éloigne davantage pour rejoindre les bois et s'y enfoncer. Elle profite d'une pause pour briser la flèche. Un sursaut, elle persifle la brune aux mèches argentées. Un râle guttural s'expulse de sa gorge, les yeux vers le ciel. Elle ne perd pas plus de temps et déchire un pan de sa cape pour l'enrouler autour de sa cuisse. Il est temps d'agir vite et de s'éloigner le plus possible des chemins et des... Un ravin la coupe dans son processus de pensée et fait rouler la Vestrit en contre bas. A l'arrivée, la douleur la lance dans son crâne et dans sa jambe, la flèche a bougé et la femme grogne. Rien ne va. Désorientée, elle se relève plus difficilement et finit par reprend son chemin direction la côte pour la longer espérant qu'un navire passe ici ou qu'elle trouve une barque pour rejoindre l'autre côté de l'île. Le pont est sans doute surveillé.

"Nyx ? voix d'un mâle. Son palpitant s'agite. Qui est ce ? Elle tourne soudainement la tête, son corps a du mal à suivre. Un rire chaud. Sebastian ? Elle plisse les yeux mais il n'en est rien. Rien. La Lady se demande si elle ne s'est pas cognée plus fort que recommandé. Ce n'est pas le mercenaire. Mais elle n'a pas d'idée de qui cela peut être. Mais ce n'est pas là. Il n'y a personne. Personne pour elle. Tu es seule. Le coeur se serre. Elle serait coincée ici, sans les siens, sans ceux qu'elle affectionne, qu'elle aime. Un regard vers le ciel. Les larmes coulent et la Vestrit s'écroule. La fatigue, le froid l'enveloppent. Elle s'endort. Les rêves l'emportent dans une torpeur saisissante. Des silhouettes brumeuses, familières mais les traits ne se montrent pas. L'inquiétude la fait se réveiller en sursaut. Nyx se relève et, entendant encore des cris au loin, elle accélère le pas. Faisant fi de la douleur. Allez, Nyx, tu as connu pire. Le jour décline s'apprêtant à laisser place à la lune, l'astre des ténèbres. Un doux bruit l'intrigue, un navire fend les eaux. La Dame se presse, fend les buissons et passe au dessus de vieux tronc flottant. Là. Des grands signes. - Ici ! se risque t'elle. Le pavillon n'est point une menace, pas maintenant, tout ce qu'elle veut c'est partir, et les Ozova n'aurait pas déployé leur flotte si rapidement. - S'il vous plait ! Son corps est douloureux et ses genoux finissent par plier et la faire choir dans la glaise. La tête s'abaisse vers le sol et Nyx murmure. - S'il vous plait... Elle est fatiguée. "Relève toi." ça râle, encore cette voix et toujours personne. Où es tu toi qui me fait sourire, qui n'est pas là et dont je ne me souviens pas ?

(c) DΛNDELION

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Lorsque les barques furent assez loin du rivage, que le silence se disputait seulement avec le bruit des rames, on entendit un chant s’élever sur l’eau. D’abord une seule voix, bientôt suivie par d’autres et malgré sa contemplation, Isaac se surprit à chanter avec eux. Le chant les unifiait à un degré qui leur échappait, mais qui les galvanisait à coup sûr. Ces hommes et femmes, unis pour le meilleur et pour le pire, par un accord tacite, une parole jamais reprise. Il sentit un poids s’envoler de sa poitrine et mit encore plus d’ardeur au chant, ses mains se crispant sur le bois alors que ses yeux s’embuaient à nouveau. Ses émotions étaient un vrai bordel, qui menaçait de le submerger comme un seconde vague traîtresse, mais il les accueillait avec une telle force.

Les enfants de l’Océan plongèrent de chaque barque et prirent la direction du large. Il leur fallait connaître la position de la Vivenef et vérifier qu’aucun danger ne surviendrait. Isaac quant à lui, prit son tour de rame. Ils avaient ralenti la cadence et tus leur voix. Le large, gorgé de pénombre, leur offrait une gueule béante, où il aurait été facile de tomber sur un écueil. Puis la première voix s’éleva de nouveau et les chœurs s’époumonèrent, les rames plongeant et brisant les flots avec plus de force pour rejoindre la sécurité de l’ombre gigantesque qui se dessinait à quelques encablures. Hellion, dans toute sa splendeur de jais, chantait pour diriger ses fils, Isaac se mit à trembler.

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Les voiles tendues, le vent soulevé par les shamans de saphir, Hellion glissait sur l’eau, guidant ses ouailles dans l’obscurité, plus heureux que jamais. Penny n’étant toujours pas revenue, il leur fallait encore patienter avant de prendre le large, aussi un tour de l’île fut-il décidé. Malgré les tragiques nouvelles portées par Isaac, on préféra choisir la joie du retour de l’enfant prodige et les rires débordaient du navire, tels un bouclier de protection contre le mauvais sort. Tous étaient à leur poste, scrutant les environs qui commençait à déteindre, pour n’adopter bientôt plus qu’une seule palette de couleur. Celle de la nuit. Puis la vigie donna l’alerte. Isaac eut un large sourire, la finesse de l’ouïe d’Ayana était toujours aussi exceptionnelle.

Se saisissant de sa longue-vue, il scruta la rive, fébrile. Il mit un peu de temps à repérer l’étrange silhouette, l’observation fut confirmée, une seule et l’ordre fut donné d’aller voir. Isaac grimaça et se précipita dans l’une des deux chaloupes qui furent mises à l’eau. Trois océanides avaient fait de même, restant autour de Hellion, écoutant les flots. On rama fort, bien que conscient du danger de se rapprocher de l’île, puis Isaac sauta à terre, suivi de près par Finn. Prudemment, ils avancèrent, car tout cela pouvait bien être un piège, les autres restants près des barques, armés de pistolets. La silhouette était fine et semblait recroquevillée, si désespérément seule. Finn dépassa la femme pour protéger leurs arrières et Isaac s’accroupit avant de se figer. Devant lui se tenait un visage connu, qui semblait transfiguré par la douleur, la peine et la peur.

- Nyx Vestrit ?

Isaac se pencha sur elle et lui tendit la main, mais elle n’eut pas le temps de la saisir. Nyx Vestrit venait de sombrer. Le pirate fit un signe en direction de sa chaloupe et Hiro le rejoignit rapidement. Les hommes s'étaient déployés comme un filet.

- Elle est blessée… Aide-là…

Le shaman opina de la tête et examina la jeune femme. Elle était salement amochée, mais heureusement rien de mortel. La flèche fichée dans sa cuisse avait raté l'artère. La soigner ici n’était pas des plus sûrs, ils allaient devoir être délicat en regagnant Hellion. Le brancard de fortune ayant servi plus tôt, trouva de nouveau son utilité et Nyx fut déposée dessus le temps de regagner les barques, puis la Vivenef.

Achab fronça les sourcils lorsqu’il reconnut la Vestrit et posa un regard interrogateur sur Isaac. Ce dernier, laissant Nyx aux bons soins de Hiro, s’entretint avec son Capitaine qui donna son accord, acceptant que l’on prenne sa cabine pour installer l’infortunée. La chose faite, les soins furent donnés, Isaac restant au chevet de la Vestrit. Peut-être possédait-elle les informations qui lui manquaient sur le devenir de Sebastian et Alya.

(code) awona (icons) ethereal // avec @Nyx A. Vestrit

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@Isaac Mistwhale

La boue imprègne ses genoux. C'est froid, c'est mou, c'est désagréable. La lourdeur de ses épaules se fait pesante. Les songes en pagaille, la vie en bordel. Les yeux divaguent, droite, gauche. Droite et gauche. La main ne s’agite plus mais on vient à elle. On vient la voir et elle croit sourire, Nyx. On vient la chercher. Dans son encéphale, Alya et Sebastian. Elle prie les dieux qu’ils soient désormais en mer, et vu l’instinct qu’ils ont, les Howard, la shaman n’en a aucun doute. Les deux âmes sont certainement sur un navire. N’importe lequel, tant qu’ils partent d’ici. L’eau parvient jusqu’à son derme, des chausses éclaboussent et projettent. Le clapotis de l’eau l’interpelle. On passe derrière, on observe. Mais une autre silhouette vient se poster devant elle. La mine déconfite, elle redresse le museau et entraperçoit l’homme. Il dit son nom. Il la connaît C’est bon signe ça… non ?

Un sourire se dresse difficilement sur son minois. Un soupir de contentement presque ivre s’expulse de ses lippes. - Monsieur Isaac ….? Un plus large sourire qui se défait soudainement lorsqu’elle tend une main vers son sauveur. C’est trop. Son corps bascule en avant et s’écrase contre la boue et les flots. ça fait mal et c’est froid. C’est vraiment nul. La Dame se sent cependant soulevée. On ne la laisse pas là. Qu’allait on penser d’elle encore ? La faiblarde, la rebelle. Elle n’a que ce qu’elle mérite. Il n’y aurait presque pas de doute là dessus. Elle s’était foutue dans un sacré pétrin. Cette expédition fut plus dangereuse qu’espérer, qu’imaginer. Elle ignore si Rune avait ne serait ce pensé aux contours des éventualités, des finalités. Peut-être après tout… Il semblait si bien entouré, si bien déterminé.

Dans son inconscience, la Dame Blanche prospecte, pense, se laisse tourmenter par son passé autant que par son présent. Les visions d’horreur, les shamans de l’Opale noire, de l’Onyx. Et puis d’un coup d’un seul… Elvard. Où est il ? Le corps se prend d’un sursaut et la femme se réveille. Le torse se dresse, le souffle se coupe, se retient même. Comme pour stopper une noyade. La sueur glisse sur son front, et l’humidité harponne sa peau. Chaire de poule, elle frissonne légèrement. Ses prunelles analysent les portes de la cabine où elle se trouve. Ses épaules se relâchent jusqu’à ce que son regard percute celui de l’homme à sa gauche. Elle manque de jurer. Honteux pour une femme de son rang. Mais elle sursaute. Sa paume se porte à sa poitrine. - Oh déesse ! soupire t’elle de frayeur. L’habitude d’être seule, l’habitude de ne pas être veillée, couvée d’un regard interrogateur. - Isaac. lui adresse t’elle en guise de salutation avec une inclinaison de la tête. - Je vous avouerai être rassurée que mes pas aient rencontrés les vôtres. Les respects, le vouvoiement. Un sourire léger, triste cependant. - Merci. Bredouille t’elle sincérement. Le regard se balade sur les drapés dont elle est couverte. On l’a débarrassée du superflus, de sa cape et du reste, trop lourd.

Sa cuisse la lance. Elle grimace et ses mains s’empressent de toucher l’endroit, mais celui-ci est dépourvu de flèche. Ce n’est qu’un picotement, peut être une douleur fantôme. Soulevant la couverture, sa cuisse dévoilée, à peine de pudeur, la pulpe de ses doigts parcourent la peau dénuée de cicatrice. Un sourire amusé. - Du beau travail. dit elle même si une cicatrice de plus n’aurait pas été dramatique. Après tout… On dit qu’elle mérite davantage depuis sa punition. Que ce n’était jamais suffisant. Elle aurait du être reniée, et peut être le fera t’elle d’elle même en rentrant. Rentrer… Elle soupire. - Vous allez bien ? s’inquiète t’elle avant de renchérir. - Avez vous trouver aussi Sebastian et Alya ? Ils… Ils sont sortis de la cour mais je n’ai pas réussi à les rattraper une fois mon frère sortis. Elle grimace - En réalité… Je n’ai réussi à rattraper personne. Elle regroupe ses jambes sous son menton et observe. - C’est vous qui m’avez retrouvé finalement. C’est triste et inquiet, mais avec cette once d’espoir que les êtres salvateurs aient pu trouver son ami et sa filleule. Espoir qui se porte vers Isaac.

(c) DΛNDELION

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Malgré les années de séparation, on avait mesuré l’importance que cette femme, en dépit de ses origines, avait pour Isaac et aussi, les avait-on laissés tranquilles, s’assurant qu’ils auraient de quoi se sustenter au besoin. Un plateau achalandé était posé sur une caisse au bord du lit. Elle avait dormi quelques heures, Isaac ne lâchant pas son chevet et lorsqu’enfin, elle sortit des limbes, il rongea son frein et lui laissa le temps de faire le point. Un sourire amusé orna ses lèvres alors qu’elle semblait surprise de le trouver là. Il opina du chef quand elle prononça son nom, il n’y avait pas vraiment besoin de réponse et fut à son tour étonné de ses remerciements. Les Vestrit, il ne les connaissait qu’au travers du Duc et de ses manigances. Mais il savait que Sebastian avait une confiance absolue en elle, cela était plus que significatif pour lui. Bien qu’ils ne s’étaient rencontrés que quelques heures auparavant, il en mesura la portée avec un réel plaisir.

- Je crois que nous avons eu de la chance, l’un comme l’autre.

Isaac se détourna alors qu’elle s’inspectait son corps et lorsqu’elle s’adressa de nouveau à lui, il eut un léger rire.

- Nous avons un excellent guérisseur, il faut avouer.

Comprenant qu’elle était de nouveau visible, il reprit place face à elle. Guère de temps de lui répondre, un long frisson glacé courut le long de son échine et son visage devint sombre. Son espoir venait de chuter dans un trou sans fond, car même elle, ne pouvait le rassurer. Ses bras se croisèrent alors qu’il prenait une longue inspiration. Lentement, il secoua la tête négativement avant d’ajouter.

- J’ai été séparé de vous et quand j’ai enfin pu gagner un endroit sûr, je vous ai vu quitter la place tous les trois et j’ai filé à mon tour. Je n’ai pas croisé leur route depuis, mais…

On frappa à la porte de la cabine et Isaac se leva.

- Accordez-moi un instant.

Entrouvrant, il aperçut Hiro et sur son épaule… Penny. Son visage s’illumina et il tendit une main vers le faucon pour caresser avec délicatesse le plumage, malgré la fébrilité qui s’était emparée de lui. Hiro lui souriait, de cet air qui voulait dire, tu vas être ravi des nouvelles que je porte. Se penchant, il murmura à son oreille et Isaac, sentit un autre poids quitter ses épaules. Sains et saufs, ils étaient sains et saufs, à bord d’une vivenef qui avait pris le large. Plus précisément le Thélème. Glissant sa main sur la nuque ébène, il accola leur front et le remercia avec force. Maintenant, ils pouvaient quitter cette île maudite. La porte se referma sur un Isaac transfiguré. Sur son visage, se lisait le soulagement alors qu’il reprenait place, un sourire radieux aux lèvres.

- Calypso nous a gratifié de son aide. Ils ont quitté Fedja, ensemble à bord du Thélème. Je ne connais pas leur destination par contre, mais je suis soulagé, infiniment.

Bien évidemment, elle ne connaîtrait pas la source de ces informations, certains secrets n’appartenaient qu’aux fils de Hellion. Il patienta, lui permettant d’accueillir la nouvelle comme il se devait. Maintenant, ils allaient pouvoir se concentrer sur elle, sur ce qu’elle voulait faire, mais il n’imposerait rien. Ils purent sentir le changement de cap et d’allure de la Vivenef dont l’objectif était de gagner la sécurité du large.

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