Lost on you

Lost on You

Eliza ξ Eiran

Plusieurs jours avaient passé depuis le drame. Plusieurs choses pendant lesquels Eliza n'avait pas fait grand chose. Après l'annonce, elle était à nouveau tombée dans les bras d'Eiran, comme sur cette plage temérienne, des années auparavant. Mais leurs différences, auxquelles elle s'accrochait vivement malgré ce qu'elle aurait dit à tous ceux qui voudraient bien l'entendre, avaient causé encore des sourcils froncés, des tons haussés et un désaccord. Criant, et toujours à vif malgré les années qui passaient, les secondes qui filaient, irrémédiablement. Pourraient-ils un jour dépasser tout cela ?

Après, elle avait revu sa soeur qui lui avait posé un ultimatum : la mort, ou la vie. La justice, ou la famille. La souffrance ou l'amour. Un choix auquel Eliza n'avait pas véritablement accordé une réponse, pour le moment, refusant tout bonnement de croire que c'était aussi simple que cela. Tant d'années de luttes, de doutes, de secrets... pour que ça finisse en un simple choix porté par elle ? Non, elle refusait d'y croire. Et pourtant...

Depuis leur dispute quelques jours avant, Eiran et Eliza n'avaient pas vraiment reparlé. Ils veillaient l'un sur l'autre discrètement, du moins, c'était ce qu'elle pensait en sentant son regard parfois s'appesantir sur elle quand elle ne regardait pas. Elle faisait de même, quand il avait le dos tourné. Une façon distante pour son égo de lui demander pardon, là où les mots étaient encore bien trop fiers pour le faire. Un matin, elle profita qu'il s'absente pour enfin mettre son plan à exécution. Elle avait tout préparé, depuis quelques jours. Quelques mots à des commerçants, motivés par un sourire de sa part ou par l'appât du gain financier qu'elle pouvait parfois leur proposer. Elle n'avait rien, mais elle proposait des services : couture, tannage, dressage, vente... Finalement, il y en avait des choses qu'elle savait faire du à son passé de roturière.

Une fois tout mis en place, elle arriva près de deux chevaux équipés pour une petite promenade, à l'arrière de l'hôtel dans lequel ils résidaient : sellés, avec des sacoches contenant gourdes de vin et d'eau, mets divers et variés. Elle se posa juste à côté, cachée dans l'ombre d'un arbre. La piste devait être facile à suivre : Eiran rentrerait et trouverait la chambre vide, avec un petit mot posé sur la table : "Regarde sous ton oreiller" puis un deuxième "..ou derrière la baignoire" et une succession de petits messages qu'elle espérait qu'il trouve, l'amenant petit à petit à quitter la chambre, descendre et passer par la porte de derrière pour la rejoindre. Là, il y verrait les deux chevaux, l'un avec une selle qu'il reconnaîtra comme étant la sienne sur son cheval offert par Avitus et qu'Eliza aurait orné d'un foulard de couleur bleue et un petit mot dépassant coincé entre la selle et le tapis.

"Je suis désolée"

Lost on you

Eliza & Eiran

Un silence pesant s’était installé entre la jolie éleveuse et le Maeda. Des points de discordes, des sujets de conversations litigieux, toujours les mêmes. Avaient-ils les épaules assez solides pour passer au-dessus de ces obstacles, ou devaient-ils rendre les armes une fois pour toute. L’absence d’Eliza dans sa vie avait été une véritable épreuve et l’homme n’était jamais vraiment parvenu à combler le trou dans sa poitrine, malgré de nombreuses occupations pour s’efforcer de ne pas penser à elle. Et maintenant ? Il voulait la protéger, s’emparer de sa souffrance pour entendre à nouveau la douce mélodie de son rire, pour se forcer à nouveau à rigoler de ses blagues douteuses.. Une roturière et le fils cadet d’une famille ducale, quelle idée folle.

Tout s’était enchaîné très vite. Eliza aux côtés d’Avitus, le retour surprise d’Amelia, la révélation, beaucoup d’informations à digérer, pour elle, mais également pour lui. Après un long et morose silence, tous deux campés sur des avis divergents, sans parvenir à renouer le dialogue, quelques regards complices commencaient à se manifester, enfin ! Trop fier, trop orgueilleux, presque autant que la jolie brune, Eiran n’était pas décidé à faire le premier pas vers la réconciliation.

Après une longue matinée passée sur l’Obra Dinn en vue du périlleux voyage qui les conduiraient jusqu’à Fedja, l’île des brumes de nouveau accessible, le Maeda retourna à l’auberge avec la ferme intention d’une discussion. Briser le silence devenait impératif avant de prendre la mer et l’inquiétude le rongeait à petit feu. Comment allait-elle ? Comment se sentait-elle ? Où en étaient-ils dans leur relation malmenée par des problèmes aux solutions complexes…

A son arrivée, il trouva une chambre vide, fenêtres closes. Son sang ne fit qu’un tour avant qu’une profonde angoisse s’empare de son coeur, son ventre. Pas encore. L’éleveuse avait déjà pris la fuite une première fois, il ne la laisserait pas faire à nouveau… La terreur d’une nouvelle évasion secrète se dissipa lorsqu’il s’empara d’un bout de papier, puis d’un autre. Un jeu de piste ? Cette femme était folle, définitivement. Les morceaux de papiers s’amassaient au creux de sa paume et le trentenaire suivi chacune des indications à la lettre jusqu’à se retrouver face à deux chevaux préparés à l’arrière du bâtiment. Avitus devait être fou de lui avoir offert une si belle monture après les dernières révélations, mais ce petit détail ne l’empêcha pas de sourire en coin. Le Maeda approcha l’animal, flatta son encolure et s’empara du dernier indice qui n’en était pas un.

Des excuses, écrites par une jolie brune qui ne devait pas être bien loin.

« Les gens normaux disent simplement “pardon”. » dit-il à haute voix, tout en continuant d’apprivoiser sa nouvelle monture.

« Vas-tu te planquer derrière cet arbre encore longtemps ? » Il étouffa un rire. Comment lutter ? Le Maeda avait rejoint leur chambre avec l’espoir d’enterrer la hache de guerre, elle lui simplifiait la tâche. Malgré ce qu’elle pensait, il n’était pas son ennemi, pas même un homme trop snobe incappable de comprendre les tourments d’une roturière. A ses yeux, elle était tellement plus que cela..

A petit pas, délaissant les chevaux encore attachés, il s’approcha de l’arbre en question et s’accrocha à son regard avec beaucoup de détermination. Le jeu du silence devait cesser, il n’avait ni la force, ni l’envie de l’ignorer plus longtemps.

« Je suis désolé Eliza, pour tout.» Son comportement des derniers jours, cette révolte intérieur qu’il avait parfois du mal à canaliser lorsqu’il la voyait souffrir des choix qu’il avait fait, de lui avoir ôté le droit de laver une partie de sa culpabilité, tout, beaucoup trop de chose. Immobile, il pouvait entendre les battements de son cœur s’affoler, un phénomène récurrent dès qu’il se trouvait près d’elle.

@Eliza Kenway

(c) DΛNDELION

Lost on You

Eliza ξ Eiran

Lorsqu'elle le vit arriver, elle ne put retenir un sourire coquin sur ses lèvres. Il avait dans sa main les petits mots qu'elle lui avait laissé et rien que cette constatation lui réchauffait le cœur. Cela signifiait il qu'il ne lui en voulait plus ? Elle entendit sa voix lorsqu'il s'adressa à elle sans vraiment l'avoir localisée. Il s'approcha de l'arbre en lui envoyant une légère remontrance sur le ton de la taquinerie. Elle ne se déroba pas, elle n'était pas venue jusqu'ici pour cela. Elle devait faire face, comme elle l'avait fait si peu souvent dans sa vie. Son cœur rata un battement lorsqu'il apparut nettement dans son champ de vision et ses excuses lui donnèrent l'aura d'un homme prêt à tout pour la retrouver. Elle adorait ce sentiment qui la faisait se sentir désirée, et le détestait en même temps car il lui rappelait ses propres fautes à elle.

Eliza lui sourit en retour, s'approchant de quelques pas, posant ses mains à plat sur son torse, faisant mine de triturer quelques ficelles et lanières de cuir qui retenaient son veston.

« Nous ne sommes pas des gens normaux. »

Elle le pensait. Ils n'avaient rien de normal, ni lui, ni elle. Elle était jeune, naïve, têtue, inconséquente, indomptable. Il était grand, magnanime, courageux... têtu aussi. Eliza eut envie de l'embrasser et elle se souvint qu'elle le pouvait. Leur relation avait changée, même si aucun des deux ne s'était embarrassé à mettre des mots dessus. Elle le fit, passant ses mains dans son cou, puis reprit, soufflant contre ses lèvres :

« Ne dis rien, Eiran. Suis-moi, juste. »

Elle lui prit la main et le tira vers les deux chevaux.

« J'ai préparé une surprise pour toi. Si t'arrives à suivre le rythme en tout cas. » le défia-t-elle, une lueur de complicité brillant au fond des yeux.

En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, elle avait sauté sur son canasson à elle et avait pris la direction de la surprise au galop. Après quelques mètres, elle se retourna pour vérifier qu'il suivait. Elle redoubla d'ardeur pour gagner la course, ce qui était facile quand on avait l'initiative de la surprise. Ils s'éloignèrent de la ville, traversant quelques dunes, puis paysages plus proches de la forêt ou en tout cas de la clairière. Eliza savait pertinemment où elle voulait l'emmener. Un endroit qu'elle connaissait par cœur.

Lorsque le terrain se dégagea après quelques minutes en montée, la vue qui s'offrait à eux lui coupa le souffle. Au bord de l'eau, en hauteur, sous eux une falaise et des rochers en contrebas. Ils n'étaient pas si hauts, mais cela suffisait à leur donner à voir l'horizon tout entier. Et cela lui donnait des ailes, à Eliza. Elle démonta habilement, puis entreprit d'installer les vivres et boissons sur la petite nappe qu'elle avait mis là préalablement, coincée aux quatre coins par des cailloux pour empêcher le vent de s'y engouffrer.

« Amélia et moi venions parfois ici quand nous étions enfants. J'ai toujours trouvé l'endroit apaisant. C'est étonnant quand on réalise qu'une mauvaise chute peut nous tuer. »

Ici, la nature était prégnante, calme, revigorante. Eliza inspira à pleins poumons les embruns de la mer et l'odeur du vent. Elle se tourna vers Eiran, prenant la mesure du moment avant qu'elle lui dise tout ce qu'elle voulait lui dire :

« Je voulais te le montrer. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de le faire, avant. Tu l'aimes ? »

Lost on you

Eliza & Eiran

Un point pour l’éleveuse. Ils n’avaient rien d'ordinaire. Un Maeda trop proche du peuple et une jeune femme qui vivait sous le poids du mensonge depuis plusieurs années déjà. Leur relation était à l’image de tout le reste ; dangereuse, interdite, passionnée. Les règles existaient pour être défiées et Eiran avait de nombreuses questions pour la demoiselle, mais il n’eut pas le temps de parler qu’elle l’embrassa avec délicatesse, nouant ses doigts derrière sa nuque pour se donner de la grandeur. Le contact de sa bouche contre la sienne le fit frissonner. Ils ne s’étaient plus embrassés depuis leurs échanges houleux et l’homme en était venu à se demander si elle le ferait de nouveau un jour.

Sans un mot de plus, il s’empressa de se hisser à cheval avec un temps de retard. Elle l’avait devancé et malgré son goût pour le challenge et les défis en tout genre, il ne pourrait pas la rattraper pour gagner cette course. Sa monture en avait les moyens, le cheval offert par Avitus était fougueux et rapide, mais il devait d’abord s’assurer de rester en selle sur un si bel animal avant de pouvoir se permettre de tester ses capacités. La chute réçcente d’Amelia était encore dans toutes les têtes, il ne comptait pas renouveler l’expérience sur le chemin de la réconciliation.

A bon rythme tout de même, dans un galop maîtrisé, il rejoignit Eliza quelques centaines de mètres plus loin et se contenta de profiter du moment en silence. Les allures de son cheval étaient particulièrement confortable, ni Avitus Carrery, ni Eliza n’avaient mentis sur ses aptitudes. Avec un peu d'entraînement et de cohésion, ce cheval deviendrait sa monture principale.

Temerys offrait de magnifiques paysages, tous très différents d’Oshaara où la verdure était très présente tout comme l’humidité ambiante. Ici, le vent était chaud et sec et les terres plus arides. Des dunes, des sentiers escarpés, les deux cavaliers se retrouvèrent rapidement à bonne hauteur pour profiter d’un point de vue tout à fait splendide. Laissant ses yeux se poser sur le décor, il restait vigilant sur sa trajectoire pour ne pas finir plusieurs mètres plus bas à cause d’un faux pas.

Une petite nappe retenue par des cailloux attira son attention et le fit sourire bêtement. Elle avait tout prévu ! Une manipulation de haute voltige, car évidemment, il ne pouvait dissimuler son enthousiasme de partager un tête à tête à ses côtés. Aucune dispute ne pourrait chasser le bonheur d’être près d’elle, seul avec elle, loin des tracas du quotidien. Le fils Maeda mit pied à terre et noua les rênes de l’animal pour qu’il ne s’enfuit pas avant de rejoindre Eliza qui préparait un endroit où se poser.

Lorsqu’elle reprit la parole, s’approcha près d’elle et entoura sa hanche pour la coller contre lui face au décor merveilleux qui s’étalait sous leurs yeux. « La fin de cette phrase n’était pas obligatoire, Eliza.» dit-il en se frottant le visage, le rire aux lèvres. Voir le noir à la place du blanc, une chute mortelle à la place d’une falaise incroyable.

« C’est un endroit magnifique, je suis ravi que tu ais eu envie de me le montrer» Par cette attention, elle faisait un pas vers lui en l’amenant sur les traces de ses souvenirs avec son aînée. « On s’installe ? Vous êtes malicieuse Mademoiselle Kenway…» Une balade à cheval pour leur rappeler leurs nombreuses promenades sur l’île du lotus, de la nourriture, des boissons, un décors magnifique et une femme plus belle encore. De quoi dissiper l'amertume des derniers jours en très peu de temps.

Eiran prit place en premier, lui offrant ainsi le loisir de se blottir près de lui ou de maintenir de la distance. Il marchait sur des œufs et ne savait plus vraiment quelle attitude adopter avec la jolie brune..

« Je ne t’oblige pas à parler, nous pouvons profiter du cadre et du vin, mais si tu as des questions, je te répondrai si tu me promets que cette fois, nous nous écouterons sans animosité. » A propos de leurs échanges, de sa discussion avec l’héritier ou plus dur encore… d’eux, de leur avenir.

@Eliza Kenway

(c) DΛNDELION

Lost on You

Eliza ξ Eiran

A ses côtés, elle se sentait plus apaisée. Et en même temps ses sens étaient exacerbés. Elle se sentait comme prête à bondir. Sa mélodie n'était complète que lorsqu'il était avec elle, elle s'en rendait compte en plongeant dans ses yeux sombres et légèrement plissés, prouvant son humeur taquine et rieuse. Cette légèreté la gagnait presque malgré elle, qui avait pris l'habitude de voir souvent le monde en nuances de gris, pour ne pas être déçue lorsque son destin prenait une tournure funeste. Et cette fois, elle décida de la laisser gagner, de se laisser envahir, de se laisser ressentir le positif et chasser le négatif. Eiran était là. Et les battements de son cœur aussi. Ses mains sur ses hanches également. Sa vie, la sienne, entremêlées. A jamais.

Si elle continuait dans sa quête, elle se perdrait. Et elle le brûlerait, lui aussi.

Eliza s'installa avec lui à côté de la petite nappe au sol, malmenée par les vents contraires. Elle resta près de lui, mais ne se blottit pas. Ce n'était pas l'envie qui manquait, simplement, elle sentait qu'elle avait des choses à lui dire, et si elle s'approchait trop, elle serait bien incapable de le faire.

« Je suis contente qu'il te plaise. » lui répondit-elle simplement, l'air distrait.

Elle lui sourit, énigmatique, lorsqu'il la qualifia de malicieuse. L'était-elle vraiment ? Elle s'assit, fesses sur les talons, laissant ses cheveux virevolter au vent. Plongeant son regard dans celui de l'homme Maeda à ses côtés. Grave, sérieux. Mais transporté, tendre. Amoureux. Elle lui prit la main, laissant son regard rejoindre ses doigts avant de remonter à ses prunelles.

« Je sais. Mais tais-toi, je dois rassembler mes pensées. » lâcha-t-elle, un peu plus sèchement mais avec un sourire néanmoins pour lui montrer qu'elle était sérieuse... mais pas trop.

Le silence s'installa.

Et le brouhaha dans son esprit se fit plus fort encore. Elle n'avait pas prévu ce moment. A part l'installation du repas et la surprise, elle se surprit à se rendre compte qu'elle n'avait pas réfléchi à ce qu'elle voulait réellement lui dire.

Alors elle prit son courage à deux mains et caressa ses doigts des siens. Puis elle reprit, plantant son regard à nouveau dans ses yeux.

« J'ai merdé, Eiran. A de nombreuses reprises. Je ne cherche pas à le nier. Je repousse tous ceux qui sont à mes côtés depuis l'accident. Je ne cherche pas d'attache, pas de relation, pas de complicité. Je n'ai pas d'ami, je n'ai plus de famille. »

Terrible constat d'impuissance, mais impulsion de renaissance.

« Je suis loin d'être parfaite, je suis même à l'opposé. Je fais de mon mieux, mais j'ai un sale caractère et plus de défauts que le nombre de grains de sable du désert de l'Aurore. »

Métaphore douteuse, mais vérité criante. A ses yeux, du moins.

Elle s'agaça néanmoins, sentant qu'elle tergiversait sur ce qu'elle voulait dire.

« Tu avais raison, dans la chambre. J'ai préféré jusque là ignorer mes pouvoirs en espérant qu'ils disparaitraient. J'ai préféré prétendre qu'ils n'existaient pas parce qu'ainsi, le mal qu'ils ont causé pourrait partir, lui aussi. Mais c'est stupide, et vain. »

Elle inspira, sentant l'émotion la gagner. Et baissa les yeux avant de reprendre, voix vibrante.

« Un lien avec quelqu'un me terrifie, parce qu'il devient concret, réel. Et les choses réelles, je peux les blesser. Je peux les tuer. »

Puis releva les yeux vers lui.

« Je pourrais te tuer. »

Et cela, elle ne se le pardonnerait pas.

« Tu m'as donné une deuxième chance, et une troisième. Amélia est de retour. Le choix est mien de changer de direction et d'essayer pour une fois de faire le bon choix. »

Le frisson remonta le long de son échine et elle réussit à s'en délecter. Elle vivait, elle le sentait. Se sacrifier n'était pas la chose à faire. Même si c'était ce dont elle avait besoin.

« Je te choisis toi, Eiran. Toi, Amélia, Avitus. Je ne peux pas vous promettre de réussir, mais je peux essayer. Je veux essayer. Je ne veux plus vous mettre en danger, je ne veux plus cacher qui je suis. Je dois l'accepter, et je ne peux pas attendre qu'on le fasse pour moi. »

Eliza glissa jusqu'à lui et se pencha pour l'embrasser délicatement, puis elle colla leurs fronts et souffla sur ses lèvres, yeux fermés :

« Je risque de t'énerver, encore, de te faire lever les yeux au ciel. De hausser la voix, de te rendre fou. De manipuler de l'eau pour te dire que je suis en colère, ou de ne pas réussir à te le dire et de te forcer à m'extirper les mots de la bouche. De te faire hurler de rage ou de frustration. Mais si tu me veux toujours, je suis toute à toi, maintenant. Ce chemin, je veux le faire avec toi. Je veux qu'on le fasse ensemble. »

@Eiran Maeda

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Eliza & Eiran

Se taire ? Eiran du se mordre l’intérieur des joues pour ne pas répliquer. Personne n’osait s’adresser à lui de la sorte, lui imposer le silence alors qu’il avait son mot à dire.. personne.. sauf Eliza Kenway, bien entendu. Les bonnes manières avaient tendance à lui sauter des mains dès lors que ses sentiments prennaient le dessus, il commençait à la connaître et préféra garder le silence pour la laisser “rassembler ses pensées.” Ses yeux rivés dans les siens, leurs mains de nouveau liées, il espérait de tout cœur que la conversation à venir n’allait pas raviver un feu sur le point de s’éteindre.

Ce ne fut pas le cas.

Sa voix était attendrissante, toujours empreinte de cette culpabilité qu’il ne parvenait pas à chasser et de cette fâcheuse manie de sans cesse se dévaloriser, mais elle cherchait la paix et non la guerre. Il écouta la suite sans broncher. Une légère brise parvenait à rafraîchir la température de l’île, sans qu’Eliza n’y soit pour quelque chose cette fois. Qu’avait-elle encore à dire ? A confier ? Elle semblait sur le point d’exploser. Après de longues secondes d’hésitation, après avoir contourner le sujet de toutes les manières possibles, elle se lança enfin sous le regard attentif du fils Maeda.

Son pouvoir était à l’ordre du jour. Un sujet qu’elle fuyait sans cesse.
Ils étaient à l’ordre du jour, eux deux. Eiran Maeda et Eliza Kenway, malgré les nombreuses interdictions de Jihane Maeda, malgré la promesse d’un mariage avec Safa Carrery…

Si tu veux de moi, je suis tout à toi..

Il serra sa main dans la sienne sans savoir ce qui était passé dans la tête de cette femme durant ces longues journées de silence. Avait-elle imaginé qu’il ne voulait plus d’elle ? Qu’il envisageait sérieusement de la laisser partir sans lui ? Il n’était plus question d’une simple promesse de protection, d’un homme de parole qui se contentait d’honorer l’engagement qu’il avait prononcé lors de leur rencontre, celui dans lequel il lui affirmait qu’il serait toujours là. Même les plus belles paroles pouvaient être bafouées, c’était même monnaie courante au sein des familles nobles qui retournaient sans cesse leurs vestes.

Il aimait cette femme. De tout son être, de tout son coeur. Plus encore depuis cette nuit. Toujours , malgré son caractère insupportable. Il aimait son rire, ses yeux malicieux, sa maladresse et son ton autoritaire qui lui imposait de fermer sa bouche en dépit des rangs. Il aimait le goût de ses lèvres, le parfum de son cou, la texture de sa peau, ses doigts caressant les cicatrices d’un passé douloureux.. putain, il était fou amoureux d’elle et elle parvenait encore à ne pas s'en rendre compte !

Avant de répondre, il ne put s’empêcher de lui sourire pour qu’elle reprenne son calme et s’approcha plus près. Ses mains glissèrent autour de sa nuque, ses doigts s’enfonçant dans ses cheveux bruns jusqu’à ce que ses lèvres rejoignent les siennes pour un baiser d’une tendresse infinie. Calmer ses émotions, adoucir le rythme de ses paroles, contenir le flot de question ou d’affirmation qu’elle gardait encore au fond d’elle. Lorsqu’il détacha le contact de leurs bouches, le front collé au sien, il soupira de bonheur de la sentir à nouveau prête à se battre sans prendre la fuite.

«Tu vas réussir. Nous allons réussir.
J’ai eu si peur que tu partes à nouveau.. »

Il n’aurait pas supporté une nouvelle évasion discrète et jurerait connaître le bruit que pouvait faire un coeur qui se brise en ouvrant une chambre vide.

« Eliza, comment pourrais-je ne pas vouloir de toi ? Je n’ai jamais envisagé cette option, pas un instant, même lorsque tu parviens à me faire sortir de mes gonds. »

Un instant de paix, une belle journée loin des conflits ? Il ne demandait que ça. Il rêvait de ça.

« Si tu décides enfin de te battre contre tes propres démons, je serai là. Je n'ai pas peur de toi ni de ta magie. Je pense même préférer celle-ci à ta colère ! Tu es effrayante lorsque tu es agacée.» Une touche d'humour légère pour dédramatiser une crainte qu'il n'avait jamais déceler en elle. La peur de le blesser ou de le tuer. Quelle idée...

@Eliza Kenway

(c) DΛNDELION

Lost on You

Eliza ξ Eiran

Eliza s'était jetée à l'eau, sans filet de sûreté, sans attache de sécurité. Elle s'était ouverte, comme elle ne l'avait jamais fait auparavant envers cet homme qui était devenu si cher à ses yeux qu'elle en avait même du mal à y croire. Comment avait-elle pu prendre tant de temps pour s'en rendre compte ? Comment avait-elle pu faire pour ne pas le garder à ses côtés ? De tous, il avait été le seul qui ne lui avait jamais tourné le dos. A l'avoir soutenue, envers et contre tout, et si la naissance de ses sentiments envers lui l'avait éloignée, c'était l'exact opposé que cela aurait du avoir comme résultat. Elle s'en voulait. Mais le passé était le passé. Elle n'aurait plus qu'à ajouter cela à la longue liste de ses manquements.

Il lui rendit son baiser, avec plus d'ardeur qu'elle ne l'aurait imaginé. Au creux de son ventre, des centaines de papillons remuèrent brusquement, lui donnant vertiges et chatouilles, tandis que ses yeux se perdaient ensuite dans les siens et que son souffle nageait parmi celui du Maeda. Elle plaça ses mains sur les siennes, dans son cou pour maintenir leurs fronts collés, et elle ferma les yeux. Puis secoua la tête à ses paroles :

« Je sais, Eiran. Pardon. »

La vérité, c'était qu'elle ne voulait plus partir. Plus jamais. Elle voulait rester avec lui, parcourir le monde. Grapiller la vie qu'elle avait gâchée en souffrance et remords, en éloignement et en solitude. Mais comment faire ? Comment faire alors qu'elle se sentait encore fragile, prête à tout aller raconter au premier venu ?

« Ce n'est pas que tu ne voudrais pas.. Je ne veux pas être le caillou dans a ta chaussure ou le boulet que tu dois trainer. Je dois me grandir pour être à ta hauteur, faire de grands pas pour marcher à ton rythme. Je ne veux plus cela. Je veux que l'on avance en même temps, qu'on se construise... »

Au-delà de la promesse évidente de loyauté et de fidélité, c'était une véritable renaissance dont elle parlait.

« Mais je suis consciente de mes défauts et je n'ai aucune idée de comment faire ça. Je sais juste que je le veux. Je le veux plus que tout le reste. Je le veux plus que la justice que je cherchais jusque là. »

L'idéal avec lui était bien plus fort que n'importe quelle autre validation de son crime, justice ou punition. Elle l'embrassa de nouveau, souriant distraitement lorsqu'il mentionna qu'elle était effrayante lorsqu'elle était agacée. Elle lui donna un léger coup de coude dans les côtes.

« Ne plaisante pas avec ça ! C'est une réalité, Eiran. Je ne suis pas en maîtrise et je pourrais te faire du mal. Promets-moi qu'on en arrivera pas là. Promets-moi que si tu ne te sens plus en sécurité, alors tu partiras. »

Elle avait conscience de lui en demander beaucoup. Elle ne savait pas même si elle faisait bien de lui demander autant. Maintenant, elle avait les sentiments de son côté pour savoir qu'elle faisait ce qu'elle imaginait être la meilleure chose à l'instant t. Qu'en serait-il du lendemain, et de tous les jours après ? Pourrait-elle réellement aller de l'avant, quand les dernières années de sa vie étaient concentrées sur le passé ?

« J'ai.. j'ai besoin d'aide, pour mes pouvoirs. Est-ce que tu connais quelqu'un qui pourrait m'apprendre ? »

@Eiran Maeda

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Eliza & Eiran

Eiran avait employé ces longues journées de silence à réfléchir à la situation, leur situation. Un équilibre fragile, une stabilité précaire, mais des sentiments l’un envers l’autre. N’était-ce pas ça le plus important ? Il l’espérait ! Il s’était donc remis en question plus d’une fois et avait enfin décidé de lâcher un peu de leste et de cesser d’encré son opinion et ses pensées dans la tête de la jolie Kenway qui souffrait évidemment plus que lui.

Au lieu d’une énième blague mentionnant la beauté du cailloux dans sa chaussure, ou d’un pic acerbe lancé pour lui rappeler qu’il était un grand garçon capable de réfléchir par lui-même à ses fréquentations, sa voix se fit douce, sans la moindre amertume.

« Si tu veux avancer, tu vas y arriver. Nous allons y arriver. Je te promets que je ne t’imposerai plus mes idées et que je partirai si j’estime être en danger. Tu as ma parole. »

Elle faisait des progrès, cherchait à reprendre confiance en elle. De son côté, il savait qu’elle n’était pas dangereuse et qu’elle avait déjà parcouru du chemin depuis le drame, mais n’en fit pas mention. C’était inutile de la contrarier une fois de plus. Il préférait de loin sentir ses doigts entre les siens et apercevoir une sortie, la lumière à la fin d’un tunnel rempli de disputes et d’incompréhension.

La jeune femme se pencha pour l’embrasser et le doux contact de ses lèvres contre les siennes le rendait fou. Elle lui avait manqué. La retrouver lui faisait beaucoup de bien et rendait cette journée parfaite. Une grimace déchira son visage sous l’impact de son coude dans ses côtes et il ne put s’empêcher de rire de bon coeur. « Effrayante ET violente! Décidément, cette liste de qualité ne cesse de s’agrandir Mlle Kenway. »

La suite fut plus surprenante encore. Il avait du mal à le croire ! Eliza avait toujours ronchonné avant de venir s’entrainer à ses côtés pour utiliser la magie, à présent, elle voulait de l’aide. Les belles nouvelles ne s’arrêtaient plus ! Devait-il lui dire qu’elle avait contrarié LA personne qui pouvait lui venir en aide ? Non, ce n’était pas le bon moment, même si Avitus était un homme très bien entouré. Les meilleurs shaman du coin travaillaient pour lui, mais en l’état, impossible de frapper à sa porte pour un coup de main.

Eiran soupira, chercha des connaissances qui ne seraient pas liées à Jihane Maeda, ce qui limitait grandement les options.

« Ma mère doit rester en dehors de tout ça. Les shaman du palais Maeda sont très doués, mais nous en trouverons d'autres. Il y en a bien une parmi la famille Vestrit qui devrait savoir tenir sa langue et pouvoir t’accompagner. Nous trouverons un moyen de la rencontrer après Fedja »

L’île des brumes..
La maudite.

« As-tu réfléchi à la suite, Eliza ? Souhaites-tu rester à Temerys pour ta sœur, rejoindre Oshaara et..ce que ça implique. » De nouvelles rumeurs, des moqueries. Les choses n'avaient pas changé.. Personne n’avait été présent pour faire évoluer les mentalités. Lui avait été occupé à l’oublier, elle, avait passé des longs mois sur Thélème. Fedja leur offrait du temps à deux pour réfléchir, mais Eiran ne pourrait pas se terrer indéfiniment loin de chez lui.

@Eliza Kenway

(c) DΛNDELION

Lost on You

Eliza ξ Eiran

C'était étrange pour la jeune éleveuse d'avouer ce genre de choses. Elle avait trouvé la force en cette journée de le faire, mais elle ignorait ce qui l'avait réellement motivée à le faire. La sensation que peut-être, c'était le bon moment ? Ou alors le mal qu'elle avait fait autour d'elle en laissant exploser sa révélation ? Deux émotions principales se dégageaient en ce moment : la confiance et la gêne. Cocktail détonnant qui la faisait hésiter sur le comportement à adopter. Elle avait confiance en Eiran. Mais s'ouvrir de cette façon la laissait sur le qui-vive, comme si elle prenait un risque, ouvrait une porte interdite.

Comme si c'était une étape et qu'il n'y avait pas de retour en arrière possible. C'était peut être un peu égoïste, aussi, de faire amende honorable au moment où tout le monde lui tournait le dos. Qu'à cela ne tienne, Eliza n'avait plus vraiment d'autres options. La voix douce de son amoureux l'enveloppa et elle lui sourit avec sincérité, tandis qu'il renouvelait des mots qu'elle avait tant eu envie d'entendre.

Mais c'était bien le vent du changement qu'elle sentait sur son visage et elle voulait essayer de l'écouter, pour une fois. Le chemin serait sans doute plus ardu que ce qu'elle voulait bien le penser. Mais elle savait que le Maeda ne l'abandonnerait pas. Pourtant, malgré cette certitude, à cet instant, l'image de la promesse de mariage ducal dont il lui avait parlé jeta un voile terne sur leur discussion.

Eliza détourna les yeux, le sourire s'effaçant après sa petite blague et ses promesses, tandis qu'il lui posait la question de la suite. Vaste sujet... Elle ramena ses jambes contre sa poitrine, enlaçant ses mollets et posa la tête sur le haut de ses genoux.

« Je ne sais pas. »

Simple.

La jeune fille laissa passer quelques secondes, donnant quelques explications supplémentaires. Là encore, elle laissait son cœur parler. Mais elle n'était pas affolée. Simplement d'une tristesse infinie.

« J'ai fait beaucoup de mal autour de moi. Si je reviens vers Amélia, cela doit être pour de bon cette fois. Je dois lui montrer que j'ai changé. Elle ne me croirait pas, sinon. »

Des réminiscences de leur discussion précédente apparurent de nouveau dans son esprit. Elle voyait la douleur, le doute, la peur dans les prunelles de son aînée.

« Je préférerais rester à tes côtés, si tu veux bien. » lui dit-elle en tournant la tête vers lui, avec un sourire. « Nos aventures étaient les plus beaux moments de ma vie, tu sais. » compléta-t-elle en détournant les yeux à nouveau, presque intimidée de revivre ces instants sous ce jour amoureux plutôt qu'amical. Elle se pencha pour récupérer un bout de pain et du fromage et elle en tendit un morceau à Eiran.

« J'ai conscience de nos différences, et de ce que diront les gens. Je ne fuirais pas, Eiran. Pas cette fois. »

La fuite était terminée. Maintenant il fallait affronter les conséquences. Elle glissa sa main dans la sienne, chaude, agréable, entrelaçant leurs doigts avec tendresse.

« J'imagine que nous devrons être prudents cependant. Personne ne doit savoir, pour toi et moi. A moins que tu ne décides d'ignorer les gens. Mais ce sera difficile de prétendre que nous ne sommes rien l'un pour l'autre. »

Une solution sera plus simple à gérer que l'autre. Mais Eiran était un représentant ducal. Il ne pouvait pas faire comme il le voulait. Eliza le comprenait, et le déplorait. Tout autant que ce constat lui donnait envie de le pousser à enfreindre les règles. Elle se mordit la lèvre, repoussant cette idée qui n'amènerait rien de bon. Il fallait laisser le Maeda décider. Lui, il avait la tête sur les épaules.

@Eiran Maeda

Lost on you

Eliza & Eiran

Véritable girouette, la jeune femme était extrêmement attendrissante aux yeux du Maeda. Elle s’armait de sourires et de courage pour fondre l’instant d’après, revenir et repartir. Le cadet de la famille ducale s’approcha d’elle, tendit le bras et glissa sa main dans l’angle de sa mâchoire pour caresser sa joue avec son pouce. Ce qu’il voyait au-delà des excuses et des promesses, c’était une demoiselle égarée, ballotée par le flot de ses propres sentiments et émotions et tenter de faire avec en faisant attention de ne plus blesser personne.

Elle oubliait des choses importantes, elle se raccrochait à l’espoir d’une vie plus heureuse alors qu’en vérité elle s’interdisait le bonheur. Autour d’elle, un décor somptueux, un homme protecteur, des chevaux, un navire de la Guilde à quais.. Tout était à portée de main, il suffisait de la tendre suffisamment. Eiran plongea dans ses yeux avec beaucoup de sérieux cette fois. Ce n’était plus le moment de blaguer, mais de trouver un moyen d’accompagner cette petite chose rebelle et indomptable vers plus de quiétude.. Le pourrait-il ? Les prochains mois étaient les leurs et il ne la quittera pas un instant, ensuite, la délégation Maeda viendrait le rejoindre et tout était plus flou. Une réflexion qu’il remettait volontier à plus tard..

« Nous allons reprendre nos aventures Eliza. Je ne te quitte pas. »

Sa voix n’était ni drôle, ni amusante, elle était simplement confiante. Bien sûr, des blagues et des bizutages en tout genre viendraient rythmer ces fameuses aventures, car c’était ainsi qu’ils s’étaient construit et car le son de ses rires était de loin la plus belle mélodie qu’il connaisse. « Fedja est notre prochaine destination. Si nous rentrons indemnes, nous irons où tu le souhaites. » L’homme pencha la tête et se pinça les lèvres l’air de dire ; je n’ai aucune idée de ce qui nous attend là-bas, mais oui, nous partons ensemble.

Se jeter dans la gueule du grand méchant loup à deux, voilà un joli programme parfaitement taillé pour deux aventuriers amoureux de la vie malgré la douleur d’un drame, deux amoureux tout court. Il s’empara du pain et du fromage tendu par l’éleveuse et n’en fit qu’une bouchée. Leurs mains finirent par se trouver, s’enlacer et s’effleurer pour s’apporter un réconfort mutuel. La plus affectée par toute cette histoire, c’était elle. Eiran avait avoué, la vérité avait éclaté et ses épaules étaient de facto déchargées du poids de ce mensonge quand Eliza devait repartir à 0.

« Je ne vais pas me tenir loin de toi, mais je ne peux pas me permettre de prendre le risque d’ébruiter trop de choses aux oreilles de ma mère. Je ne prétendrais pas que tu n’es rien, c’est impensable, mais je prendrai des pincettes dans le choix de mes mots et tu ne dois pas t’en offusquer. Nous avons besoin de temps et de calme. Ma cabine sera la tienne pour rejoindre Fedja, cela va de soi. J’ai totalement confiance en mon équipage, ils se moquent de nos histoires et de Jihane Maeda.. tu t’y sentiras bien, j’espère. »

Eiran voulait partir le plus vite possible, s’isoler des tracas de cette vie sur terre pour reprendre la mer et poursuivre la formation de navigatrice de la demoiselle. Avitus avait du talent, plus d’expérience en tant que Capitaine, mais Eiran voguait depuis son plus jeune âge et pouvait également lui offrir ses conseils. Il ne remplacerait pas Thélème, n’effacerait pas ses souvenirs.. mais il ferait de son mieux.

Enfin, chassant toutes les pensées obscures de ce mariage arrangé, il l’embrassa avec une infinie tendresse. « Tu as le droit de flancher à mes côtés, de pleurer, de t’énerver.. promet moi que si tu te sens mal pendant le voyage, tu ne feras pas semblant du contraire pour ne pas m’offenser... »

@Eliza Kenway

(c) DΛNDELION

Lost on You

Eliza ξ Eiran

Les preuves devraient être faites. Les promesses matérialisées. Eliza en avait conscience mais cela ne l'effrayait nullement. Tout du moins, cela lui donnait l'impulsion nécessaire pour continuer et se reconstruire. Le chemin était fragile et la direction incertaine. Mais elle savait qu'elle n'avait finalement pas vraiment d'autre choix. Le contact d'Eiran l'électrisait dans une douce sensation légèrement douloureuse. Son cœur battait la chamade, de plus en plus fort à mesure que son odeur venait lui chatouiller les narines. Des souvenirs de leur nuit à deux la firent frissonner et elle tenta de chasser l'idée de son esprit, au moins le temps de l'écouter et de mettre à plat tout ce qu'elle avait sur le coeur.

Ce dernier fut sur le point d'exploser lorsqu'il lui confirma qu'il ne la laisserait pas. Elle lui sourit, émue de trouver en lui ce soutien infaillible, soutien du premier jour et qu'elle doutait toujours de mériter. La promesse de découverte du monde finit de placer des étincelles au fond de ses prunelles. Un détail la fit tiquer, toutefois.

« Comment ça "si nous rentrons indemnes" ? Evidemment qu'on rentrera indemnes ! »

Il vint apporter quelques nuances sur leur relation et la façon de la présenter au monde. La menace de sa mère planait sur eux et leur relation, comme elle l'avait déjà fait par le passé. Avec un nouveau sourire, cette fois taquin, elle lui répondit, levant le bras solennellement :

« Je te promets d'essayer de ne pas m'en offusquer. »

Ce qui pour Eliza Kenway était déjà beaucoup.

Il se pencha vers elle pour l'embrasser et elle profita de l'instant, l'esprit soudain plus léger. Le pacte était passé, le contrat signé. Ils profiteraient de ce que le monde avait à offrir, tant qu'ils le pouvaient. Ni l'un, ni l'autre ne voulait évoquer la fin de ce qu'ils peinaient à construire. Pourtant, Eliza aurait pu mettre sa main à couper qu'il gardait ce fichu mariage en tête. Tout comme elle.

« Je sais que je peux me montrer vulnérable avec toi. Je sais que je ne serais pas jugée. Je dois apprendre à baisser mes barrières, pour de bon. »

Sans plus hésiter, elle grimpa à califourchon sur lui, laissant ses mains parcourir son vêtement, se délectant de chaque relief qu'elle sentait et des pulsations de son coeur qu'elle confondait presque avec le sien. Elle se pencha pour l'embrasser et se fit plus langoureuse, plus amoureuse. Lorsqu'elle se détacha, elle lui souffla, haletante :

« Explorons le monde. Allons voir par-delà l'horizon. Libérons-nous de l'emprise terrestre. Prétendons qu'il n'y a plus que nous deux sur cette terre... »

L'espace d'un instant. Puis que c'était tout ce qu'ils avaient.

« J'avais préparé de quoi manger mais... je crois que j'ai perdu l'appétit. » lui confia-t-elle en étouffant un rire et en tirant sur les pans de ses propres vêtements pour dénuder une épaule, puis une autre.

Profiter de l'instant présent. Avant qu'il ne soit dérobé par l'avenir.

@Eiran Maeda

Lost on you

Eliza & Eiran

Eliza semblait pleine de bonnes résolutions et il ne pouvait que s’en réjouir. Arriverait-elle à garder la tête en dehors de l’eau malgré sa nouvelle détermination ? Il était déterminé à l’accompagner dans cette tâche en se montrant plus discret qu’à l’ordinaire pour ne pas l'étouffer une fois de plus. Fedja était un voyage effrayant en bien des points, mais la simple idée de quitter la terre ferme et de troquer son rôle de fils cadet de la famille ducale pour celui de Capitaine le réjouissait. En mer, ses responsabilités étaient toutes autres et bien moins pesantes.

« N’y a t-il pas que nous sur terre ? » dit-il en regardant autour de lui comme si lui aussi rêvait que cette aparté à l’abri des regards devienne leur quotidien, doux et sans pression. La demoiselle venait de se hisser sur lui, lui offrant une vue plus splendide encore que le paysage environnant. Ses yeux ne pouvaient plus se détacher d’elle, ni ses mains de ses hanches. Cette femme était divine et malgré les embuches, il était heureux de l’avoir retrouvé, de ne plus avoir à lutter contre des sentiments innavoués et refoulés durant de si longs mois.

« Mon repas est tout trouvé. » dit-il en dévorant du regard l’épaule qui se découvrait lentement. Quoi de mieux qu’un moment de complicité et d’intimité pour sceller une réconciliation et donner le top départ de longues semaines en mer en tête à tête. Si Eliza disait vrai et s’ils revenaient indemnes de ce voyage vers l’île des brumes, ils auraient encore de longues semaines pour profiter à deux, sans qu’il n’ait à penser aux réprimandes de sa mère.

« Ma chemise me gêne énormément, tu sais ? » Le jeu qui débutait était le plus beau de tous et après de longues journées de silence et de regards maladroits et faussement discrets, l’homme rêvait de partir à la conquête de ce corps diaboliquement irrésistible. Ses mains glissaient sous le tissu de la tunique de la jolie Kenway et vinrent trouver la chaleur de sa peau comme un refuge délicat. Ce simple contact de ses doigts contre sa chair parvenait à chasser les zones d’ombres de son esprit. Lentement, il l’embrassa. Un baiser langoureux et rempli de tendresse, à l’image de ceux qu’ils avaient partagé lors de leur première nuit d’amour à deux.

La température était douce, mais des frissons jalonnaient son corps. Le désir qu’elle réveillait en lui lorsqu’il entendait sa respiration saccadée était sans limite.

« Eliza, tout ira bien. Je t’ai retrouvé, tout ne peut qu’aller bien. » Il caressa ses joues avec beaucoup de douceur avant de déposer une multitude de baisers dans le creu de son cou, sur l’angle de sa clavicule et sans détourner ses yeux des siens, il l’aida à ôter son haut pour profiter du paysage… Temerys offrait bien des merveilles.. en effet…

@Eliza Kenway

(c) DΛNDELION