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Amelia & Eiran

Par la force des choses, l’Obra Dinn était amarré à Temerys depuis plus de temps que prévu. Les négociations terminées avec les Carrery parvenaient à le rassurer un peu le Maeda, tout ne s’était pas si mal déroulé et les représentants présents étaient tous parvenus à trouver un terrain d’entente sans que les discordes personnelles n'entre en jeu. Pourtant, malgré une certaine aptitude à parlementer et à défendre ses intérêts en public, Eliza Kenway donnait du fil à retordre au fils Maeda. Avec elle, les discussions les plus simples pouvaient rapidement se transformer en conflits. Vendre du Lotus dans l’Archipel était une tâche bien trop facile en comparaison.

Accoudé au bastingage de sa Vivenef, Eiran tentait d’occuper son esprit pour ne pas se laisser dévorer par son impatience de rejoindre Fedja. Depuis toujours il se passionnait pour l’aventure et fuyait autant que possible le Palais de son enfance, trop calme et ennuyant à son goût.

« Vous avez de la visite.» l’informa l’un de ses matelots.

L’homme pivota sur lui-même et dut se retenir d’afficher un visage surpris. Des traits ô combien familiers se logeaient dans son champ de vision : Amelia Kenway. Des réprimandes en vue ? Que lui voulait-elle ? Le jeune homme tentait de se faire relativement discret pour ne pas retomber dans les flammes tout juste éteintes. Il s’avança et s’inclina légèrement pour saluer la demoiselle.

« Mademoiselle Kenway. Je ne m’attendais pas à votre visite. Je vous en prie, approchez. » lui dit-il pour ne pas paraître impoli malgré une légère appréhension qui chatouillait son estomac. Dompter la fougue de la cadette était une mission complexe, pitié, pas deux. Il lui adressa un sourire cordial, restant tout de même sur ses gardes.

« Comment puis-je vous aider ? » Tendre le bâton pour se faire battre était une première option.

« Votre santé ? Est-ce que tout va bien ? » Avitus lui avait certifié que c’était le cas et il ne remettait pas sa parole en doute, mais là encore, la politesse était de rigueur après une chute impressionnante.

@Amélia Kenway

(c) DΛNDELION

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Réussir à quitter mon logement après ces quelques jours m’avait demandé une volonté folle. J’avais subi le contrecoup à tous les niveaux. Du mental qui ressassait les souvenirs les uns après les autres en accordant un soin tout particulier à faire remonter fréquemment les pires et à empêcher le sommeil de me gagner, au physique qui était en train de s’effondrer. La nourriture avait un goût de cendre dans ma bouche et me repoussait, j’avais perdu toute énergie. Pitoyable loque qui survivait à peine. Ma porte, d’habitude toujours ouverte pour recevoir voisins et amis qui défilaient, était restée close. Je n’avais répondu à aucune sollicitation, m’enfermant dans une bulle de souffrance. Je ne pouvais en parler à personne sans risquer la vie de ma soeur, alors je me taisais et je gardais tout pour moi.

Et puis un jour, j’avais fini par trouver un peu de force pour me lever et me traîner dehors. Le sens des responsabilités, peut-être, ou la volonté de vivre malgré ce cauchemar. J’étais allée rendre visite à ma mère, et pour la première fois depuis le retour de ma mémoire, j’avais livrée un peu du fardeau qui me pesait. Parler aux morts n’apportait guère de réconfort, mais permettait de décharger un peu sa peine… J’avais fleuri la tombe et gravé un nom sur la pierre. Aujourd’hui je savais enfin à qui appartenait le corps qui se trouvait là-dessous.

L’étape suivante avait été de trouver Eliza. Je n’aurais su dire comment, mais je savais où la trouver. Portée par l’instinct, aucune hésitation… Un face à face.

Douloureuse discussion qui m’avait amené à prendre conscience de mes propres besoins. J’avais pris sur moi tout ce temps, je l’avais fait encore avec ma soeur, trop consciente que le moindre dérapage de ma part la conduirait à se foutre en l’air sur le champ. Elle ne cherchait qu’un prétexte pour courir se dénoncer. Un seul mot de ma part…
J’avais dû faire appel à tout mon sang froid pour enterrer mes propres sentiments et tenter de la faire bifurquer de cette voie. J’ignorais si j’avais réussi à la convaincre. Rien n’était moins sûr… Je n’avais pas confiance.

J’étais sortie de là vidée de mon énergie, siphonnée. Je m’étais arrêtée au marché, contrainte à acheter quelques fruits sucrés et à avaler quelque chose que j’avais eu grande peine à garder dans mon estomac…

J’avais fait ce que je pouvais pour Eliza. Je ne pouvais lui donner plus, c’était ce qu’elle attendait de moi mais je n’avais pas les épaules pour nous porter toutes les deux. Je n’avais pas la force de lui offrir la rédemption qu’elle réclamait, c’était hors de ma portée. Mes mots ne seraient pas sincères… Ne pas vouloir sa chute ne signifiait pas que je pardonnais. Je pouvais seulement essayer… Cela prendrait du temps.

Après Avitus et Eliza, j’avais une dernière carte à jouer. Un point de vue à entendre, une confrontation à mener. Je devais connaître la posture d’Eiran Maeda sur une situation qu’il avait contribué à créer. Ses beaux sourires et ses mots mielleux cachaient-il un homme responsable ?

Je me pliai dans un buisson et régurgitai la nourriture que j’avais avalé et plus encore. Autant pour les fruits… je me contenterai d’un peu d’eau fraîche de la fontaine. Les jeûnes n’avaient jamais fait de mal à personne.

L’Obra Dinn n’était pas très loin. Un détour sur ma route, mais autant en finir aujourd’hui avec tout ça… Ensuite, je pourrai penser un peu à moi.

Je me rafraichis un peu à la fontaine et pris la route du navire d’Eiran. Il ne s’y trouverait peut-être pas, mais je ne perdais pas grand chose à aller voir. Je m’y présentai dans une tunique d’un blanc immaculé, protégée des rayons de l’astre par un voile de même couleur. Le deuil avait bien des façons d’être exprimé à Temerys, le pays était vaste et la culture riche. A Nevesk, le blanc était la couleur des morts. Les naissances étaient pures et la mort emportait les péchés avec elle… Je rendais hommages aux défunts sept ans trop tard.

Il était là l’héritier. Quelle drôle d’idée avait eu Eliza de se lier à un tel homme… Nos mondes ne se mélangeaient pas, la vie n’était pas un conte de fées. Mais il était aujourd’hui mon seul espoir. S’il tenait au moins un peu à ma soeur et j’en étais convaincu, je pourrai peut-être utiliser l’affection que lui portait Lize pour la manoeuvrer. Peut-être.

-Monsieur Maeda.

Je lui rendit son salut, courtoise. Ni plus ni moins, je n’étais pas en état ni d’humeur à faire des ronds de jambe ou à séduire quiconque. Je constatais qu’il avait prolongé son séjour… Eliza en était-elle la raison ?

-J’aimerais vous parler en privé si vous avez quelques minutes à m’accorder.

S’il ne les avait pas, je reviendrai. Nous devions avoir cette discussion. Seul à seul, sans ses gardes du corps… A moins que ces derniers ne soient déjà dans la confidence. Je soupirai intérieurement. Cette histoire m’échappait complètement…

-Je vais bien.

Je n’allais pas bien, mais le maquillage aidait à le cacher. Un peu.

Je le suivis où bon lui semblait et attendit que nous soyions dans l’intimité pour attaquer le vif du sujet.

-Je vous sais dans la confidence alors je vais aller droit au but. Si vous tenez un tant soit peu à Lize, trouvez un prétexte et embarquez la sur votre bateau, loin de Temerys. Elle n’est pas en sécurité ici. Son impulsivité finira par la conduire aux devants de gros problèmes, elle les cherche… Elle va les provoquer.

Codage par Libella sur Graphiorum

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Amelia & Eiran

Le ton employé sur ces premiers échanges se révéla plutôt formel et poli, loin des affinités de la première soirée de rencontre, loin de la légèreté d’une danse locale et de quelques punchlines amusées. L’heure n’était pas à la rigolade et la tension était palpable. D’un geste de mains, Eiran envoya son matelot ainsi que le garde qui venait de s’approcher comme un loup protégeant son petit, silencieux et le regard sombre braqué sur la jolie Kenway. Il s’écarta à l’avant de l’Obra Dinn pour entendre ce qu’elle avait à lui dire.

Le Maeda avait donné la priorité des échanges à Avitus Carrery, pour ne pas ternir une alliance de longue date entre leurs deux familles pour des histoires personnelles, leurs rangs ne leur permettaient pas ce genre de frivolités. Pour ce qui était d’Amelia Kenway, il n’avait aucun compte à lui rendre, mais était disposé à l’écouter.

« Vous m’en voyez ravi » répondit-il machinalement sans plus d’émotions que cela. Une réponse toute prête, comme il en avait appris des dizaines durant les interminables leçons de bonne conduite au Palais Maeda. Évidemment, il était ravi qu’elle se porte mieux, mais les traits tirés de son visage indiquaient clairement qu’elle n’était tout de même pas au meilleur de sa forme. Comment l’être…

Il fixa la demoiselle en face de lui, ne pouvant nier la flagrante ressemblance entre les deux soeurs, une chose assez troublante pour cet homme qui était fou amoureux de la plus jeune. Calme et dénué d’animosité malgré une légère tension dans la nuque, il ne put retenir son désarroi. Pourquoi diable le pensait-on capable de contenir la fougue d’Eliza ? Personne ne le pourrait jamais ! Pas même lui ! Encore moin lui…

« C’est bien de votre sœur que nous parlons ? » Sa main au repos sur le manche de son épée, pour simple appuis afin de ne pas gesticuler, il soupira lascivement.

« Ne vous méprenez pas Amelia, l’Obra Dinn aurait dû quitter ce quai depuis plusieurs jours déjà. Je ne sais faire de miracles, surtout lorsqu’il est question d’Eliza qui n’écoute que son propre instinct. »

Leur relation avait pourtant pris une tournure différente sur ce navire, après une première nuit d’amour qu’il ne pourrait jamais oublier, mais l’amour n’était pas suffisant dans ce cas de figure. Il contenait les excès, dans une moindre mesure…

« J’ai imposé des choix à votre soeur qui l’ont rendue plus malheureuse que je ne le pensais. Je suis en partie responsable de sa colère, mais même si nous nous connaissons depuis plusieurs années, cela ne l’empêche pas de me défier inlassablement. »

Ce qui ressemblait à une plainte n’en n’était pas vraiment une. Son tempérament explosif faisait partie intégrante de son charme, de ce qu’il aimait chez elle.. Toutefois, elle avait le don de dépasser les bornes et de le pousser dans ses retranchements, de l’obliger sans cesse à se canaliser, lui.

« Si vous voulez mon avis » Elle ne l’avait pas demandé, mais se tenait malgré tout devant lui. « De nous deux, la seule personne capable de la raisonner, c’est vous. » Elles avaient un passé commun, une enfance, des liens de sang qu’elles pouvaient choisir de rejeter dans de telles circonstances, quant à eux.. Eliza et Eiran avaient encore tout à construire, à découvrir de l’autre.

« Je ferai évidemment tout mon possible pour la protéger. Je ne joue pas, Amelia. » L’homme avait la réputation d’être un charmeur et d’avoir eu plusieurs amantes, ce n’était un secret pour personne, mais avec Eliza, tout était différent et cela depuis les premières secondes.

@Amélia Kenway

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C’était bien pour elle qu’il était resté alors. Incroyable pouvoir que détenait Eliza… Imposer à toute une délégation ducale de rester à quai pour ses beaux yeux. “Bien joué, ma soeur”, aurais-je probablement pensé si le contexte n’avait pas été aussi dramatique.

« Mais même si nous nous connaissons depuis plusieurs années, cela ne l’empêche pas de me défier inlassablement. »

Je soupirai et m’accoudai au bastingage. On disait que l’amour rendait aveugle… De toute évidence, il ne calmait pas les tempéraments de feu.

-C’est un trait de famille, le caractère. Les Kenway n’en ont jamais manqué…

Eiran ignorait probablement que je me souvenais de mon passé, Eliza ne le savait pas jusqu’à ce que je lui en parle tout à l’heure… Qu’importe, ce n’était pas un secret. Ma soeur avait fait remonter les choses avec la douceur et la délicatesse d’un charretier et l’essentiel m’était revenu. Je butais encore sur certains détails, mais je me rappelais globalement de mon histoire…

-Mais Eliza a reçu triple rations et avec une dose supplémentaire d’allergie à l’autorité, maugréai-je sans cacher mon agacement.

Et j’imaginais fort bien ce qu’Eiran Maeda devait prendre, lui la figure de pouvoir. Une élite qui avait l’habitude de commander et une fille du peuple qui ne supportait pas les ordres. Une association détonnante.

« De nous deux, la seule personne capable de la raisonner, c’est vous. »

-J’en doute, monsieur…

Je secouai doucement la tête. Avais-je su la raisonner ? Je n’étais pas bien sûre de ce qu’avait donné notre conversation. Les mots avaient été durs… Douloureusement durs.

-J’ai fais ce que j’ai pu… C’est à elle de faire ses choix maintenant. Je n’insisterai pas davantage, elle se braquerait.

Elle s’était déjà braquée. Quant à moi, je n’avais tout simplement pas le courage ni la force de lui offrir ce qu’elle voulait. Le pardon, la “rédemption” pour reprendre ses mots… L’absoudre de ses péchés, car c’était bien là ce qu’elle cherchait au fond. Elle ne réalisait pas que personne ne pourrait lui offrir cela. Je le lui avais dit… “La seule personne dont tu as réellement besoin d’obtenir le pardon, c’est toi-même”.

-Elle s’est enfermée dans sa bulle de souffrance et d’auto apitoiement et mord quiconque cherche à l’en sortir.

Une gamine immature et égoïste, voilà la façon dont je percevais son comportement en ce moment. Elle n’était pas la seule à souffrir ni à être en colère, pas la seule à ressentir de la culpabilité…

« Je ferai évidemment tout mon possible pour la protéger. Je ne joue pas, Amelia. »

-A l’évidence…

Je doutais que cet homme ait un avenir heureux à offrir à Eliza… Il lui ferait du mal tôt ou tard… Mais dans un futur proche, je ne pouvais compter que sur lui.

-Et vous le ferez mieux que moi, sans nulle doute. Je n’ai pas les épaules pour la porter ou je vais couler avec elle.

C’est à peine si je survivais depuis Nevesk. Mon corps me trahissait, mon esprit me harcelait… Je n’étais pas capable de m’ajouter ce poids, pas sans m’écrouler pour de bon.

-Quels sont vos projets ? Vous retournerez à Oshaara ? Avec elle ?

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Amelia & Eiran

Eiran roula les yeux au ciel, bien trop conscient de cette réalité ! Les Kenway étaient dotées d’un caractère bien trempé qui contrastait avec la réalité de leur existence. Des erreurs, des drames, des doutes et une situation bien compliquée à gérer.

« Un caractère qui me pose bien des problèmes, je dois l’admettre.»

Face à sa mère, face à Avitus, face à lui-même. Impossible de la faire changer d’avis, pire encore de tenter de la faire taire sans la vexer pour de bon. Mais ce tempérament de feu, il l’aimait et le chérissait de tout son être. Eliza ne le ménageait pas et ne le traitait pas comme un petit noble adepte des courbettes et des grandes phrases, elle se comportait avec lui comme s’il n’avait aucun rang.

« Peut-on la blâmer ? J’imagine que toutes ces révélations sont particulièrement brutales pour vous, Amélia, mais je connais votre sœur depuis plusieurs années malgré une trêve de sa propre initiative et je sais qu’elle s’en veut à mourir. La pardonnerez-vous un jour ? Je ne vous jugerais pas si vous me répondez non, je n’ai moi-même aucune idée de ce que je ferais si j’étais à votre place. La magie est sournoise à ses débuts, ça n’explique pas tout… mais une partie.. »

Lui aussi avait causé des dégâts au sein du Palais, mais il avait eu la chance d’être immédiatement pris en charge par des professeurs grassement payés. Il avait également plus de sang froid que la brunette, il fallait l’avouer. Les émotions fortes étaient la hantise de tous les jeunes Shaman.

« Aussi longtemps qu’elle me laissera veiller sur elle, je serai là. Inutile de préciser que tout ne sera pas un long fleuve tranquille entre elle et moi. Nos caractères, nos rangs… mais ma loyauté est sans faille pour cette femme. Je traverserais toutes les mers pour lui venir en aide, vous pouvez être sûre de cela.»

Il aimerait en promettre plus. Une vie paisible, un amour fluide et sans obstacle, mais ça ferait de lui un parfait menteur ou un idiot capable de se voiler la face. Ils n’étaient de toute manière pas faits pour vivre une existence calme et platonique…

« Je.. je ne m’attendais pas à son retour sur l’Obra Dinn, je reprends à peine le commandement de ce navire, mais j’ose espérer qu’elle va accepter de me suivre au moins un temps. »

La discussion n’avait encore pas eu lieu entre les deux amoureux ballotés par leurs sentiments et leurs disputes régulières.

« Je vais prendre le large pour Fedja. Je la ramenerais sans doute à Temerys par la suite. Si Eliza souhaite revenir sur Oshaara, je ferais en sorte qu’elle puisse le faire à mes côtés, mais son départ il y a quelques années a laissé un peu d’amertume dans son sillage et je ne suis pas certain qu’elle soit suffisamment solide ces derniers temps pour endurer ça. »

Les regards et les jugements d’un peuple et des membres d’une famille ducale très attachés aux traditions.

« Je suis impliqué dans le drame qui vous déchire aujourd’hui et je vous adresse mes excuses pour cela. Je l’ai obligé à taire la vérité et elle m’a fait confiance. Sa culpabilité s’est renforcée par le silence, mais quoi que vous pensez de mes choix… Je n’ai jamais pu tolérer l’idée qu’on fasse du mal à votre sœur, c’était impensable à l’époque, pire encore aujourd’hui… Même si je lui en ai fait sans véritablement m’en rendre compte. Je ne vous demande pas de me pardonner, bien entendu, mais je tenais à vous le dire de vive voix. »

Avitus ne cautionnait pas, mais Amelia n'avait pas le même rang, ni le même lien avec Eliza. Malgré la peine lisible dans ses jolis yeux, elle aimait sa sœur.

@Amélia Kenway

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-Comment pourrai-je vous répondre ?

Comment pouvais-je planifier ce que je ressentirai dans un mois, un an ? Ils en avaient des bonnes avec leurs espoirs et leurs interrogations ! J’avais déjà du mal à savoir ce que je ressentais à cet instant.

-Je digère, monsieur Maeda. Le retour de vingt ans de souvenirs couplé à la crise existentielle d'Eliza, ça ne passe pas bien.

Je trouvais la métaphore tout à fait parlante en sachant à quel point j’avais du mal à conserver la nourriture que j’avalais en ce moment. Une belle intoxication.

-Ma mère s’est vidée de son sang dans mes bras. C’est cette image que j’ai en tête quand je regarde Lize et la rédemption qu’elle me supplie de lui accorder… Les semaines que j’ai passé dans un lit d'hôpital à attendre que mes os se ressoudent en me demandant qui j’étais et si des gens me cherchaient quelque part pendant que ma soeur foutait le camp à Oshaara…

Je serrai la mâchoire, le regard fixé sur l’océan. Je réalisai en parlant à quel point j’avais contenu ma colère ces derniers jours pour gérer le flot d’événements. Elle était là, tapie, elle montrait le bout de son nez à la première occasion. La conversation qui avait précédé avec Eliza ne m’aidait pas à garder mon calme. Sa propension à ne regarder que son propre nombril comme s’il détenait la clé de l’univers… Pire, à me dire qu’elle avait été la seule à porter ce fardeau ces sept dernières années… Comme si je n’avais pas souffert de ce fléau et de ses conséquences, toute amnésique que j’étais. Une gamine immature et égoïste, voilà la façon dont je la percevais en ce moment. Et cette connexion qui me liait à elle était pire que tout, elle me rendait folle. Je n’arrivais pas à détourner mes pensées d’elle, mon esprit me ramenait vers Eliza à tout instant.

-Mais je ne souhaite pas sa mort pour autant. La justice temeryenne ne la loupera pas après un triple homicide et un délit de fuite… Ce n’est pas la voie que je veux la voir emprunter.

C’était une belle déclaration d’amour que faisait Eiran… Il lui était resté follement loyal malgré des années de séparation. Une part de moi enviait un peu ce lien extraordinaire. Les années m’avaient rendu bien trop méfiante envers les hommes pour pouvoir développer de tels sentiments envers quiconque. J’incarnais un objet de désir aux yeux des hommes, un fantasme qu’ils consommaient avant de s’en détourner. Mes premiers pas au Crépuscule avaient été les pires de ma vie mais je m’étais forgée au fil des années. Aujourd’hui, je savais tirer parti de cette triste réalité et m’en accommodais fort bien. Pas si étonnant qu’Avitus m’ait demandé d’entrer à son service comme espionne…

-Je sais qu'elle tient à vous…

Est-ce que cela suffirait pour la convaincre ? Je ne pouvais que l’espérer.

-Fedja ? L'île de la brume ? Je la croyais condamnée et inaccessible.

Je jetai un regard intrigué à Eiran.

-Que s’est-il passé à Oshaara qui ait justifié le départ précipité de ma soeur ?

Et une inquiétude quant à son retour…

J’arquai un sourcil, surprise. Je n'étais pas venu ici en m’attendant à des excuses de la part du Maeda. Les familles ducales s’étaient donné le mot pour me surprendre ces derniers jours…

-Et bien… soufflai-je pensive.

C’était inattendu. Je ne savais pas quoi répondre à ça…
Il me fallut quelques instants pour trouver les mots.

-Vous avez probablement semé plus de problèmes que vous n’en avez résolu… Mais les choses sont ce qu’elles sont, maintenant il faut composer avec les conséquences et chercher des solutions. Ça me rassure de voir que vous répondez présent.

Il se montrait responsable, c'était une qualité que j'appréciais.

-Quand partez vous pour Fedja ?

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Amelia & Eiran

Le récit est tragique et Eiran sent le poids de sa culpabilité se renforcer. Retrouver la mémoire après tant d’années devrait être une formidable nouvelle, une délivrance, non ? Dans ce cas précis, Amelia payait le prix fort du retour de ses souvenirs et l’amnésie n’était pas une si mauvaise chose. Ne pas savoir revenait à ne pas pouvoir souffrir, regretter, se morfondre, un genre de paix intérieure malgré des questions sans doute nombreuses.

« Elle ne serait jamais partie si elle avait su que vous étiez encore vivante. »

Non, elle n’avait pas fui en laissant derrière elle ses proches en vie, ils avaient fouillés tous les deux, lui plus qu’elle qui était totalement anéantie. Eiran avait utilisé sa magie pour soulever les épaisses poutres de bois jusqu’à découvrir le corps inerte d’un père ensevelit. Évidemment, cette image d’horreur, il ne l’avait pas partagé avec la demoiselle en détresse et avait fait mine de rien, mais le temps leur avait manqué pour approfondir les recherches des autres victimes. Survivre à une telle tempête était un miracle.

« Je suis soulagé de vous l’entendre dire. Avitus Carrery ne cherchera pas à la punir et même si elle espère se sentir mieux avec une véritable sentence, elle fait fausse route. Ce qui attend une femme telle que votre soeur si sa responsabilité est dévoilée, c’est impensable. »

Elle est beaucoup trop belle. Amelia offre son corps et son expérience à des hommes qui payent sa compagnie, mais elle garde son libre arbitre, sa dignité. Un choix plus qu’une obligation, surtout dans un établissement prestigieux qui n’a rien à voir avec les bordels clandestins. Eliza aurait.. son corps aurait servi des intérêts bien plus sales et les gardes des cellules savaient se soutenir entre eux pour ne jamais se faire attraper. Hors de question, cette vision était la plus abominable qui soit pour le fils cadet qui s’était vu offrir l’honneur d’une première fois tout à fait délicieuse et respectueuse.

« L’île des brumes, en effet.. La barrière des vents est tombée et les plus gros navires vont rejoindre ces terres oubliées. Les rafiots ne peuvent pas résister à la dangerosité de ces eaux et des vents qui l’entourent. Ma curiosité, elle, ne peut se satisfaire de commérages racontés par d’autres. »

Un homme d’action et d’aventures, parfaitement assorti à la cadette Kenway qui adorait se lancer dans des expéditions douteuses. Même leurs randonnées à cheval n’étaient pas de tout repos, elle avait le chic pour trouver les chemins les plus escarpés en bordure de précipices et d’en rire. Totalement folle, cette demoiselle.

« Le jugement des autres. Nous passions notre temps ensemble, mais cette proximité à commencer à faire jaser et Eliza a subi les regards, les moqueries et des attaques de plus en plus nombreuses. »

Il se pinça les lèvres, les poings serrés sur eux-même pour canaliser sa colère.

« J’ai mis trop de temps à m’en rendre compte et ses manières n’étaient pas tolérables pour.. un fils Maeda… On attend de moi un traitement uniforme, je ne pouvais la laisser se comporter comme elle le faisait sans réprimander son comportement, même si elle avait toutes les raisons du monde d’être en colère… on ne tape pas un garde d’une famille ducale devant tout le monde, ni jamais en vérité… » La dureté de ses paroles se dissipait sous un trait d’humour lors de cette dernière information. Eliza avait pourri Hawke Svend, verbalement et physiquement devant tout un tas d’yeux curieux..

« Nous partons dans trois jours, le temps pour nous de ravitailler l’Obra Dinn. Une nouvelle délégation Maeda rejoindra Temerys à notre retour, profitez de ce temps pour mettre de l’ordre dans vos pensées car je commence à connaître votre soeur, elle ne vas pas vous lâcher si facilement, Amélia.. »

Et même lui ne saurait réfréner son envie de retrouver son aînée et de chercher cette foutue rédemption. Il avait déjà essayé, sans succès et savait désormais qu’il ne pourrait que la suivre et tenter de la protéger, sans pouvoir l’empêcher de mener sa vie..

@Amélia Kenway

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Foutaises ! Eus-je envie de crier.

-Et combien de temps m'a-t-elle cherché ? Des heures ? Quelques jours ? Il manquait deux corps dans les décombres, aucun avis de recherche n’a été lancé. J’en sais quelque chose, j’ai guetté un signe !

Et c’était Avitus qui m’avait finalement trouvé quelque sept ans plus tard, sans me chercher… Pas ma soeur, non… Un ancien petit ami que j’avais perdu de vue des années avant le drame… Alors qu’ils arrêtent l’un et l’autre avec leurs jolis discours. Eliza aurait probablement pu me retrouver si elle s’en était donné les moyens.

-Avez-vous au moins donné une sépulture à notre père et notre grand-mère ? Où sont-ils enterrés ?

J’avais rendu visite à maman ce matin même, mais j’aurais voulu aussi fleurir la tombe du reste de ma famille… Un lieu de recueillement pour leur dire enfin convenablement adieu. J’en avais besoin.

-Oui… Je connais la parti pris d’Avitus… Sa magnanimité à ses limites, il ne pourra pas protéger Eliza si elle se dénonce.

La décision de foutre sa vie en l’air ou non lui incombait, personne dans son entourage ne ferait ce choix pour elle. Elle avait une chance considérable dans son malheur que l’héritier du duché ait pris, à sa manière, le parti de la protéger.

Fedja alors… Difficile de ressentir de l’excitation à l’idée qu’Eliza participe à un pillage et risque de se confronter à un tas d’autres navires débarquant… Avec dans le lot, probablement nombre de pirates sans foi ni loi. Mais Fedja me semblait être un moindre mal comparé à Temerys, alors soit… C’était à l’autre bout de la carte, le trajet serait long et laisserait à Lize le temps de réfléchir… Cela me convenait parfaitement.

J’écoutais le récit d’Eiran qui me comptait la vie d’Eliza à Oshaara. Elle avait été harcelée et avait répondu physiquement…
Qui était donc le garde qui avait fait du mal à ma soeur ? Etait-il présent sur ce bateau ? me demandai-je suspicieuse. Je compris alors.

-... Hawke.

Bien sûr, ça expliquerait tout. La colère d’Eliza l’autre soir, les regards…

Je jetai un coup d’oeil vers la garde rapprochée d’Eiran qui nous scrutait de loin. Sérieusement, j’avais l’air d’être en état de faire du mal au Maeda ?! c’est à peine si je trouvais la force de mettre un pied devant l’autre depuis ce matin. Encore que si l’un d’eux admettait frontalement avoir cherché à faire du mal à Eliza, je pourrai trouver l’énergie pour lui exprimer le fond de ma pensée… J’avais grand besoin de passer mes nerfs sur quelque chose… Ou sur quelqu’un. A commencer peut-être par cette jolie gueule à qui j’avais fait cordialement la conversation sur le banc devant la taverne, l’autre jour. Il n’y avait qu’une personne qui avait le droit d’emmerder Eliza ici et c’était moi.

-Qu’allez-vous faire alors pour empêcher cette situation de se reproduire ? lui demandai-je en reportant mon attention sur Eiran.

Impossible de fuir sur un bateau. Si un nouveau conflit venait à éclater…

Trois jours. C’était un délai bref, tant mieux.

Je poussai un profond soupir. Pour le meilleur et pour le pire, oui, j’avais dans l’idée que tourner le dos à ma petite soeur serait impossible quand bien même je pourrai être tentée de le vouloir. Ce lien qui nous attachait l’une à l’autre empêcherait toute séparation durable… Et cette idée ne m’enchantait pas. Je détestais la perspective de ne pas contrôler mes pensées et mes émotions, je ne comprenais pas à quoi ce phénomène était imputé. Cela relevait peut-être -probablement- de la magie, il me faudrait trouver un mage, quelqu’un qui ne serait pas directement lié à Eliza ou moi et qui saurait garder secrète notre conversation… Je ne voulais prendre aucun risque.

-Je pars, moi aussi. Je ne sais combien de temps et je ne suis pas certaine de la destination…

J’irai là où mes pas me porteraient sans me brider. Tout ce que je m’étais interdit ces sept dernières années… J’avais grand besoin de prendre le large.

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Amelia & Eiran

Le venin grimpait lentement dans la voix de l’ainée Kenway, mais Eiran ne pouvait pas se permettre de s’emporter alors qu’il avait beaucoup de torts dans cette affaire.

« Je ne sais pas vous répondre, Amelia. Quelqu’un a gérer la suite pour moi, je ne pouvais pas prendre le risque de revenir. Hawk Svend saura vous répondre au sujet de la sépulture, c’est bien plus qu’un garde à mes côtés. Ne le frappez pas, il ne fait qu’écouter des ordres et.. il vous apprécie.» Un meilleur ami, capable de cacher bien des secrets et de sortir du cadre de sa mission de protecteur pour lui venir en aide. Une dévotion mutuelle sans faille.

« Il n’a pas quitté Temerys en même temps que nous.» Il était resté s’assurer que le nom Maeda ne sorte jamais, qu’Eliza ne soit pas nommée non plus et pour financer sous le statut d’une donation anonyme les recherches et enterrement. En effet, certains corps manquaient à l’appel, mais avec la violence des vents, ils n’avaient jamais imaginé qu’il puisse y avoir des rescapés.

« C’est pour cette raison qu’Hawke n’a jamais apprécié la présence d’Eliza à Oshaara. Il n’est pas un homme méchant, juste un homme lucide. Il a vite compris que garantir ma sécurité avec votre sœur à mes côtés était une chose impossible.. que je serai près à tous les dangers pour elle et son animosité était palpable. J’aurais dû me méfier davantage… L’ami autant que le garde ne pouvait cautionner les risques.» Et le point de rupture avait fini par arriver, ce moment fatidique ou Eliza s’était sentie jugée et rejetée, dénigrée, même.

« Je ne pourrais pas l’empêcher. Avitus espère changer les codes et je n’ai pas de doutes sur sa réussite, mais Shahana Carrery et Jihane Maeda sont différents. L’ouverture d’esprit ne fait pas partie des valeurs Maeda. Oshaara et Temerys aussi sont différentes, chez nous, l'hostilité est plus grande et la délinquance aussi. Le peuple n’est pas aussi diplomate. Elle va devoir apprendre à supporter la médisance et à s’en laver les mains…» Ce qui était de loin le plus gros challenge. Demander à Eliza Kenway de faire le dos rond ne serait pas de tout repos.

« Vous avez raison, accordez-vous du temps.» Il n’y avait que ça à faire de toute façon, espérer que le temps parviendra à apaiser les blessures de tout le monde.

« Je suis content que vous soyez venu me trouver pour avoir cet échange. Je ne peux imaginer ce que vous ressentez, mais si votre compagnie m’était agréable lorsque votre identité m’était encore inconnue, elle l’est toujours à présent. Si je peux vous aider, n’hésitez pas. Hawke sera ravi de prendre en charge vos doléances..» Un peu d’humour ne faisait pas de mal, le mercenaire posté plus loin ne la quittait pas des yeux.

@Amélia Kenway

(c) DΛNDELION

I plead guilty

Mon regard avait dû me trahir. “Ne le frappez pas”. Je soupirai intérieurement. Ce n’était pas l’envie qui manquait de passer mes nerfs sur quelqu’un, de balancer mon venin sans aucun filtre dans l’espoir d’évacuer le mal qui me rongeait de l’intérieur. Mais je ne le ferai pas. J’avais pris sur moi avec Eliza, je m’efforçai d’éviter les débordements avec Eiran Maeda… Cela n’apporterait rien à part plus de conflits et de problèmes, avec Lize autant qu’avec le noble ou son entourage. Je devais faire attention à ce que je disais… Et cela incluait aussi mes expressions faciales, à l’évidence, qui trahissaient mes pensées. J’étais douée pour me dissimuler en temps normal… Cette histoire me touchait trop personnellement, je perdais mes moyens.

-Je ne vais frapper personne, répondis-je à mi-voix. Ca n’apporterait rien de constructif de passer mes nerfs sur quelqu’un.

Hawke m’appréciait ? Hawke était comme les autres hommes qui faisaient ma connaissance au Crépuscule. Ce n’était pas moi qu’il avait en sympathie mais l’image qu’il s’était fait de moi. Une compagnie séduisante, un sourire… et l'espoir de plus si affinité. Je ne lui jetais pas la pierre, c’était mon rôle de faire rêver et d’offrir des fantasmes. Encore que je n’avais rien fait pour le séduire lui en particulier… Mais il avait côtoyé une actrice plus qu’une personne réelle. Je notais cependant le dévouement d’Eiran envers son garde du corps qui était, de toute évidence, bien plus que cela à ses yeux. J’avais déjà observé leur complicité, je réalisais maintenant à quel point Eiran lui faisait confiance… Hawke savait tout alors…

Je pouvais effectivement comprendre que le garde ait regardé Eliza d’un mauvais œil s’il avait suivi le cours des événements… L’histoire se reconstituait doucement dans ma tête, les pièces du puzzle s’emboitaient.

-Enseigner à Lize la tempérance… Je grimaçai. Ambitieux projet.

Je hochai la tête. Eiran savait manipuler les mots et s’en servait pour arrondir les angles. Son empathie, qu’elle soit sincère ou non, me faisait du bien. Le secret pesait bien lourd et si j’avais de nombreuses connaissances à Khesa, aucune ne pouvait être mise dans la confidence sans risquer de compromettre ma soeur. Avitus était tenu occupé par ses obligations depuis que j’avais quitté le château, je me sentais bien seule… L’isolement pour traverser cette épreuve était peut-être encore plus dur à gérer que le poids des souvenirs.

-Je vous remercie d’avoir pris le temps de me parler… Je ne nourris pas de rancœur contre vous, Eiran. Ça fait juste… Beaucoup. Le sourire reviendra. Un jour… soufflai-je en cherchant mes mots. Je ressentais violemment le contrecoup de la fatigue et du jeûne, le soleil cognait fort aujourd’hui. Veillez sur elle pour moi, c’est ma seule doléance…

Aussi longtemps que je serai incapable de le faire moi-même… Difficile de savoir si nous arriverions un jour à nous entendre à nouveau, Eliza et moi, à pardonner et à aller de l’avant… Seul le temps nous le dirait.

Je m’inclinai pour marquer une salutation formelle avant de tourner les talons pour rejoindre le garde du corps. Si c’était à lui que je devais m’adresser pour avoir les informations que je voulais…

“Un pied devant l’autre, Amé… C’est bientôt terminé.”

Foutus vertiges, j’avais trop tiré sur la corde aujourd’hui. Je me languissais de rejoindre ma chambre à coucher où je pourrai m’affaler sans avoir besoin de donner le change à qui que ce soit.

-Hawke… l’interpellai-je. Pouvons nous échanger un mot en privé, s’il vous plaît ?

Ou deux… Ou trois…
Je m’enquis de ce qu’il était advenu du corps de mes défunts parents, évitant de m’éparpiller dans les détails. Un jour, je lui demanderai sa version de l’histoire, sa vision des événements et sa perception d’Eliza… Pas aujourd’hui. Je n’étais plus en état de recevoir, j’avais besoin de me couper du monde et de me réfugier dans mon cocon.

Je n’aurais su dire si je me sentais plus légère ou dans un état pire qu’au matin en quittant le navire… Rien n’avait vraiment changé au fond, ni avec Eliza, ni avec qui que ce soit… J’avais fais au mieux, maintenant il était temps de penser à moi.

Codage par Libella sur Graphiorum