I'd rather take coffee than compliments just now. ✦ Leonara

Boussole Les étoiles la traverse comme une passion lumineuse

Dors, les étoiles veilleront à jamais sur toi Naya Diaziora à sa fille, Thetys

Elle était dehors à observer les étoiles tandis que, dans la maisonnée, le brouhaha incessant ne semblait vouloir s’arrêter, il ne s’était jamais arrêté. Les soeurs Diaziora étaient à l’origine cinq de la première à la dernière née cela donnait cet ordre : Isabella, Norella, Thetys et enfin Leonara. Des quadruplés particulières avec cette particularité de pouvoir parler toute en même temps et à se comprendre quoi que puisse être le ou les sujets de conversations. C’était particulier mais chacune se plaisait dans ce vacarme et ce désordre verbal. Les choses semblaient s’être apaisées alors que Thetys était depuis quelques années hors de danger. La malade de la famille, elle avait couvé un grand mal, Leonara se souvenait de parfaitement de cette période.

Leonara n’avait jamais entendu parler de sa famille. Sa mère ne disait rien à personne que ce soit sur le père biologique des quadruplés comme de sa famille à elle. Les quatre soeurs Diaziora avaient toujours pensé que c’était parce que cette famille était morte, tragiquement sans doute pour que leur mère ne veuille en dire un seul mot. L’année de leur treize ans s’était approché plus rapidement que quiconque aurait pu croire. Une famille particulière entre une mère célibataire muette sur son passé avec n’importe qui, un père adoptif médecin, cinq soeurs complètement hors norme, ne connaissant pas particulièrement la pauvreté ni la richesse, se retrouvant dans un entre deux. Puis Thetys était tombée malade, une atroce douleur avait traversé la famille. Thetys étaient sans doute l’âme la plus pure de cette famille. Elle oeuvrait pour les plus démunis, elle protégeait la faune et la flore de quiconque oserait vouloir l’abimer et elle ne souhaitait rien de plus que de savoir sa famille heureuse et en bonne santé. Un sentiment de colère avait traversé Norella puis Leonara. Pourquoi Thetys ? Et alors que toute la famille souffrait de voir la pauvre Thetys dans un tel état, une femme était arrivée. Leur grand-mère, la mère de leur mère. Il avait fallut que Thetys soit au bord du gouffre pour que leur mère décide de faire une trêve avec sa famille. Leonara en avait été bouleversée, tout comme le reste de la famille.

Grâce à cette femme, Thetys avait survécu et elle continuait de survivre. Personne n’avait jamais su quel mal l’avait guetté, tout ce que la famille avait su c’est que jamais Vittoria Diaziora n’avait abandonné sa petite fille, ni aucune autre bien qu’elle avait une préférence pour deux d’entre elles, Thehys bien entendu dont l’état l’avait émue, et Leonara, chez qui elle voyait un énorme potentiel, le même qu’elle avait vu chez sa mère des années auparavant, avant qu’elle ne la fuit, qu’elle ne fuit les plans qu’elle avait pour elle, notamment un magnifique mariage de convenance. Et elle aurait voulu épargner cela à sa fille qui devrait, bien des années plus tard, le faire pour le bien de sa famille.

Un océan de culpabilité qui ne semble se réduire

Quand on aime on a toujours peur. Nous avons tous eu peur un jour, aimé et perdu quelque chose un autre. Vittoria à sa petite fille, Leonara.

Elle avait quatorze ans quand elle a pris la mer la première fois et un sentiment particulier l’avait traversé. Déjà elle s’était sentie mal, très mal. Sa grand-mère l’avait fait venir avec elle jusqu’à Temerys. Elle s’était disputée avec Norella, que tout le monde appelait Nora à sa demande, une chose qui n’avait pas changé malgré les multiples querelles avec Vittoria à ce sujet. Nora était persuadée qu’elle serait celle qui partirait en première de cette île, qu’elle partirait avec leur grand-mère mais elle n’avait pas pensé qu’elle serait pénalisé par son comportement. Elle s’était alors vengée sur Leo, elle qui n’avait jamais voulu rien d’autre que le bien être de sa famille. Les deux soeurs avaient toujours été similaires, avec des buts similaires mais avec une manière bien différentes de les exécuter. Et voici que cela se retournait contre elles, encore.

Partie seule, s’éloignant de Thetys, cette coupure lui faisait mal, l’inquiétait mais elle se savait entre de bonnes mains. Cette soeur l’avait forcée d’y aller, elle l’avait supplié, la suppliant de lui écrire, de lui dessiner les paysages, des visages, lui décrivant tut ce que ce voyage lui apporterait. Leo lui fit alors la promesse que cela arriverait, qu’elle lui écrirait sans doute tous les jours, sans nul doute (et c’est ce qu’elle a fini par faire bien que Vittoria trouvait que cela restait un gâchis de papier pour certaines d’entre elles). C’est à Temerys qu’elle a commencé à grandir, c’est là-bas qu’elle a commencé à s’intéresser à de nouvelles choses, à trouver un certain intéressement à l’ancienne vie de sa mère. Elle dormait dans son ancienne chambre, rencontrait des cousins et cousines dont elle avait toujours ignoré l’existence mais surtout sa grand-mère ne lâchait pas son éducation.

Vittoria avait beaucoup de travail, beaucoup trop à son goût mais elle savait que si il y avait bien une de ses petite fille qui serait la plus apte à s’adapter sans rechigner, c’était bien Leonara. La jeune femme devait apprendre à parler comme sa grand-mère le souhaitait, elle devait apprendre à se tenir, à faire la conversation (et à avoir de la conversation), comprendre la manière de vivre au sein de ce milieu social totalement différent tout comme la vision de Vittoria, totalement différente de celle de sa fille, Naya. Pourtant si elle a beaucoup appris et qu’elle a adoré ce séjour chez sa grand-mère, Leonara n’a pu enlever ce sentiment de culpabilité qui la traversait, ne se sentant pas assez. Qu’avait-elle de plus que ses soeurs ? Simplement la capacité de s’adapter aux exigences de sa grand-mère sans doute, la seule à être capable de s’éloigner de sa soeur malade.


L’arc-en-ciel balayé par la tempête

Quand, sous le manteau de la Nuit, le Vent maria l’Eau, mais enfanta le Feu dans le lit de la Terre.  extrait du carnet de Naya Diaziora.

Il était évident que tout ne pouvait pas merveilleusement bien se passer indéfiniment. La famille Diaziora se portait bien. Quand Leonara était revenue de son séjour, après une longue année, tout avait changé. La jeune fille avait elle-même changé, elle avait grandi, beaucoup plus vite que si elle était restée sur l’île de Feyr. Sa famille, ses quatre soeurs, avaient grandi. Thetys allait mieux, elle était guéri, elle avait combattu la maladie, elle l’avait admirablement combattu et elle était admirable. Elle rayonnait, beaucoup plus qu’avant d’ailleurs, bien plus que la flamme d’une bougie. Lenoara en avait été ravie, soulagée et totalement euphorique à cette idée.

Cela dit les relations entre les soeurs ‘avaient pas changé. Nora et Leo se disputaient sans cesse. Le soucis ? Toujours leur similarité mas avec une manière de faire différente, trop différente. Pendant toutes ces années Nora écrivait et elle avait un talent indéniable mais cela ne payait rien, absolument rien, elle n’aidait en rien la famille en dehors de quelques petits vols ici et là. Cela avait mis les deux soeurs dans un affreux tourbillon de catastrophes même si Nora était celle qui était le plus plongé là-dedans tandis qu’elle allait se débaucher ici et là. Elles se disputaient souvent, à ce propos et à propos d’autres choses. Ces disputes finissaient souvent violemment, les deux soeurs avaient du mal à communiquer, notamment quand Isabella a annoncé qu’elle allait se marier. Elle allait se marier à un pêcheur, un charmant pêcheur. Il était gentil, n’avait que très peu de moyen mais il aimait Isabella et il était devenu le rêve de la jeune femme. Mariée à dix-sept ans, elle avait toujours dit qu’elle ne voulait pas se marier, tout comme Nora qui s’était sentie incomprise, trahie. Avant qu’elle ne comprenne.

Puis il y a eut la rechute.

Thetys était une belle âme, tout le monde l’aimait et à raison. Si Leonara passait des journées et des journées à travailler aux côtés de son père adoptif, cette autre soeur passait ses journées à aider les autres, à vouloir le bien pour tout le monde. Et pourtant c’est comme si l’univers estimait que ce n’était pas assez, que ce ne serait pas assez. Il y a trois mois, elle a rechuté, elle se sentait faible puis les vomissements ont repris, elle se sentait faible et incapable de tenir debout plusieurs heures. Et si autrefois leur grand-mère avait agit, cette fois-ci elle déposait une condition. Un mariage convenable. Nora était furieuse, folle de rage, tout comme Naya, que cette femme ose demander une chose pareille. Pourtant il fallait se rendre à l’évidence elle avait raison. Même si leur père adoptif était médecin, il leur faudrait plus d’argent, beaucoup plus d’argent et la famille ne pouvait plus se permettre de mettre cet aspect de côté.

De son côté, Leonara y a pensé encore et encore, sans s’arrêter. Elle sait que Thetys ne demanderait jamais cela à qui que ce soit et qu’elle serait la première à empêcher quiconque de prendre une telle décision. Cela dit son état empirait de semaines en semaines. Et cela fut insupportable pour la jeune femme, elle ne comptait pas laisser sa soeur partir, souffrir et mourir parce que personne ne voulait voir l’évidence. Elle a envoyé une lettre à sa grand-mère il y a trois semaines, elle lui a promis de se marier, qu’elle arriverait bientôt, lui donnant sa date de départ.

Elle avait prévenu sa famille et une violente dispute a éclaté entre Nora et Leo, leur petite demi soeur a rejoint le parti de Nora d’ailleurs comme à son habitude. La brune connaissait les raisons de cette dispute. Nora ne la prenait pas pour une égoïste comme elle le lui avait dit, non. Elle était juste affreusement détruite de voir qu’une autre de ses soeur viendrait souffrir, se sacrifier pour toutes les autres. Pourtant elle ne lui a pas dit, elle en avait assez de son comportement. Elle la trouvait immature et égoïste de croire que tout allait s’arranger comme d’habitude. Elle ne gérait rien et n’en avait pas envie parce qu’elle ignorait comment faire. Cela dit elle ne pensait pas que sa soeur irait jusque là.

Au fond Nora pensait bien faire, elle ne pouvait pas laisser sa soeur agir ainsi, elle avait fait assez pour cette famille et elle haïssait Vittoria. Elle voulait se venger et l’humilier comme elle voulait humilier cette famille, ou du moins elle pensait que c’était cela. À force de traîner ici et là, notamment au niveau du port, elle avait rencontré Roanoke, le capitaine du Sin Slayer. Elle s’était liée d’amitié avec lui, ils s’appréciaient et pourtant elle lui a menti. Elle lui a supplié d’emmener Leonara avec lui, prétextant qu’elle était en danger, qu’elle avait besoin d’aller autre part, lui faisant promettre de ne pas l’emmener à Temerys. La veille de son départ à bord d’un autre bateau, la brune avait eu envie de regarder, sans doute pour la dernière fois avant très longtemps, le ciel étoilé depuis son endroit préféré. Elle venait de voir Thetys, son état empirait. Nora recommençait à lui parler chaleureusement. Léo trouva cela étrange mais elle accepta de lui renvoyer ce ton par politesse et parce qu’elle lui manquerait affreusement.

Puis elle comptait revenir, revenir dormir dans son lit une dernière fois mais cela ne lui a pas été laissé. Elle ne savait pas ce qu’il lui était arrivé. Elle ne saurait que plus tard que quelqu’un l’avait endormie avec un mouchoir et un produit, sans doute que Nora l’avait subtilisé à leur père, ce ne serait pas la pire chose qu’elle aurait fait dans sa vie. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée dans cet immense navire, un navire de pirate dans lequel elle n’aurait pas dû atterrir et qui allait ralentir le plan, le plan pour sauver Thetys. Il ne reste plus qu’à savoir sur qui elle se défoulerait quand elle se réveillerait dans quelques heures…