Nous n'avons rien à faire, rien que d'être heureux

Avitus & Levanah

L’héritier était excité comme un diable ce matin. Il avait donné rendez-vous à Levanah en milieu de matinée le temps de préparer les derniers détails, avec pour seule indication de se faire belle. Lui-même portait des atours magnifiques, tout en blanc et or, brodé de fines fleurs dans des couleurs pastel.

Il allait retrouver sa dulcinée avec un peu de retard, venant l’embrasser sans la moindre pudeur, ici, dans l’enceinte du palais.

« Es-tu prête ? » Est-ce qu’il allait l’entendre durant tout le trajet ? Il l’espérait bien. Il l’emmena vers les écuries sans plus tarder. Leur calèche était prête, le coffre bien rempli, Siraj et Katelya se trouvaient là eux aussi, déjà sur leur monture et le reste de la caravane se composait de dromadaires, transportant du matériel ou des gardes, ou des domestiques.

La caravane partit ainsi à travers le désert, en direction du sud pour environ quelques heures. « Comment te sens-tu ? » Avitus profita du voyage pour s'enquérir de son état, alors dans leur calèche, ils étaient à l’abri des oreilles indiscrètes.

Peu avant d’arriver, il lui banda les yeux, puis il l’accompagna dehors tandis que les domestiques installaient les derniers éléments. Il la fit marcher sur roche désertique, puis lui monter quelques marches en bois et la fit enfin se retourner avant d’enlever le foulard sur ses yeux. Devant elle, le soleil déclinait au-dessus d’une oasis. Une structure en bois avait été montée, recouverte de tissus, tantôt attachés, tantôt flottant au vent. Il y avait un lit, une petite table avec des coussins et le repas, comme le thé, était servi. Les chevaux et les dromadaires broutaient tranquillement au bord de l’oasis, ou s’y baignaient même. Les gardes montaient la garde tout autour et les domestiques attendaient discrètement qu’ils aient besoin d’eux.

« Est-ce que cela te plaît ? »

Un endroit magnifique, où ils seraient presque seuls au monde et la promesse que jamais il ne cesserait de la séduire.

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Avitus Carrery a écrit:
Nous n'avons rien à faire, rien que d'être heureux
Avitus & Levanah

Levanah faisait de son mieux pour trouver ses marques au Palais depuis quelques jours et devait bien admettre que cela n’était pas aussi facile qu’elle l’avait imaginé. Toutes les dames qu’elle croisait avait des manières bien plus élégantes que les siennes et seule son affection profonde pour la mode lui permettait de se mettre en valeur plus que les autres pour compenser. Elle n’avait jamais imaginé avoir un jour une dame de compagnie pour s’occuper de sa longue chevelure brune et refusait catégoriquement de se voir imposer ses tenues.

« Allez donc vous plaindre à l’héritier. » bougonna-t-elle devant la moue surprise de la dame qui n’avait sans doute pas l’habitude de se faire congédier de la sorte. Avitus lui avait demandé de se faire belle et elle n’avait jamais échoué dans cette mission ! Les regards à la fois tendres et sulfureux qu’il posait sur elle ne laissait aucune place aux doutes, elle savait s’attirer ses faveurs et comptait bien s’en sortir seule.

Sa coiffure restait naturelle, les cheveux détachés et soigneusement ondulés. Un maquillage léger mettait ses yeux vairons en valeur et une robe blanche délicate longeait ses courbes avec fluidité. La météo de Temerys commençait à se faire de plus en plus chaude et Levanah souffrait à chaque fois qu’elle enfilait sa tenue de Capitaine et ses bottes de cuir. Hors de question de s’infliger un tel supplice.

Son anxiété était palpable, toute cette agitation autour d’elle la rendait nerveuse. Tout le monde se questionnait sur sa présence permanente au Palais et elle entendait son prénom se murmurer dans les couloirs avec très peu de discrétion. Avitus quant à lui était très occupé, enseveli sous une montagne de responsabilités après ce voyage plein de surprises sur l’île des brumes. Lorsqu’enfin il lui demanda de se préparer, elle retrouva son sourire et son enthousiasme. Où ? Pourquoi ? Comment ? Il n’avait souhaité lui livrer aucun détail ! L’ingrat !

Prête ! Avec l’espoir qu’il la trouverait une fois encore à son goût, elle sentit son cœur se soulever sous le contact de ses lèvres. Une demi seconde à ses côtés suffisait à chasser sa nervosité et à lui redonner confiance en elle. « A toi de me le dire ? » dit-elle en tournoyant sur elle-même tout en tenant la main de l’héritier. Les bretelles étaient travaillées, elle avait modernisé une de ses anciennes robes à laquelle elle tenait trop pour s’en débarrasser. « C’est la première belle robe que j’ai pu m’offrir. Je l’ai modifié un peu, mais j’espère qu’elle plait. Je sais qu’elle est toute simple..mais.. j’avais envie de la porter. » Bon sang, ça faisait du bien de parler ! Levanah n’avait pas son équipage au palais et n’osait pas encore casser les pieds de tout le monde avec ses bavardages interminables. Avitus serait son souffre douleur pour les prochaines heures !

La demoiselle prit place et le sourire radieux qui étirait ses lèvres parlait à sa place. Elle était heureuse d’être avec lui. « Je vais bien. Tout va bien. »dit-elle en posant les yeux sur son ventre, ne sachant pas si elle avait le droit de parler ou non. Levanah restait assez évasive sur son ressenti, préférant ne pas rajouter des craintes sur les épaules d’Avitus. Elle ne faisait pas mention de ses disputes avec sa femme de chambre, de ses nausées interminables qui commençaient tôt le matin, du fait qu’elle ait avoué la vérité sur son état à Aesira malgré l’interdiction d’en parler…

Les yeux bandés, la jeune femme sortit avec l’aide de son prince charmant qui guidait ses gestes et rigolait de sa maladresse. Elle était bien capable de trébucher sur un grain de sable ! Lorsqu’elle fut libérée de l’obscurité, ses yeux s’écarquillèrent de stupéfaction. Le paradis sur terre venait d’être installé pour eux, un endroit d’une beauté incroyable, comme coupé du monde. Elle tourna la tête la tête en direction d’Avitus, sous le choc.

« C’est toi qui à fait préparer ça ? » Évidemment. Voilà donc ce que cela faisait de vivre aux côtés de l’un des hommes les plus riches et puissants de l’archipel ? Dieux du ciel, cet endroit était incroyable. La jeune femme se détacha de lui, écartant les bras en l’air pour tourner comme une danseuse et se mit à trottiner. « C’est incroyable. J’espère que t’as pris des gâteaux ! » Le petit être en approche lui donnait une faim de loup ! Ses doigts glissèrent le long des voilages et la jeune femme retira ses chaussures pour sentir la douceur d’un tapis de grande qualité sous ses pieds..

« Monsieur Carrery, vous êtes un homme surprenant. » Elle l’embrassa avec tendresse, rêvant de ne jamais mettre un terme à ses baisers. Cet homme lui faisait perdre la tête depuis le premier jour..

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Avitus & Levanah

Levanah était sublime dans sa robe d’une grande simplicité mais qu’il adorait plus que n’importe quelle autre. Il l’y trouvait incroyablement sensuelle et irrésistible et eut bien du mal à se retenir de la désirer durant un voyage alors qu’elle fut fort peu bavarde.

« Hmm, vraiment ? » Qu’il répondit, fort peu convaincu. Mais soit il se contenta du paysage et de sa présence contre lui. La vie de Levanah était en train de changer radicalement, elle habitait au Palais avec lui, même si elle restait libre de ses mouvements et son père avait tenu à ce qu’elle ait ses propres appartements, ce qui était ridicule puisqu’elle occupait de toute façon les siens toutes les nuits. Lui, n’était pas aussi présent qu’il le voulait, même s’il la rejoignait toujours le soir, plus ou moins tard et partait au matin, plus ou moins tôt. Parfois, il ne la voyait que dormir, et lorsqu’il passait la voir dans la journée, il ne la trouvait pas toujours ce qui le rassurait aussi un peu.
Bref, tout ça faisait qu’il était persuadé que tout n’allait pas si bien, ce n’était pas possible, mais il ne pouvait la forcer à lui parler alors qu’il n’était pas assez présent pour elle. Voilà pourquoi il avait organisé ce petit périple, afin de s’offrir une pause et pour lui être entièrement dévoué.

« Je l’ai fait faire, en effet, tout le mérite revient donc à notre dévouée Indira ici présente, ainsi qu’à Doran. » Il salua la domestique à nouveau, une intendante de confiance. « Merci, Indira, vous pouvez disposer, je m’occuperai moi-même de servir ma dame. Bien sûr qu’il y a à boire et à manger, pour trois jours même. » C’était ce qu’il avait prévu, trois jours loin du tumulte des préparatifs du mariage. Ceux qui les accompagnaient avaient une tente un peu plus loin, ils pourraient prendre du bon temps dans l’oasis mais au moins ils étaient tous assez loin pour ne pas les entendre, ils seraient ainsi libres de parler de tous les sujets maintenant qu’il avait congédié Indira.

Il se détacha de sa chère et tendre afin de défaire les tentures et leur offrir une plus grande intimité, ne leur laissant que la vue sur l’oasis avec le soleil couchant. Ceci fait, il vint se glisser dans le dos de sa dame pour l’enlacer, ses mains entourant son ventre et ses lèvres glissant sur sa gorge, inspirant son parfum enivrant et s'imprégnant des délicieuses courbes de son corps. Il prit un ton volontairement révérencieux.

« Que désirez-vous manger, ma dame ? Sucré ou salé ? Un peu de thé ? Ou de cervoise peut-être ? » Bien sûr qu’il avait pris de quoi s’amuser. Il voulait l’entendre rire et parler toute la nuit, et peut-être pleurer si c’était ce dont elle avait besoin.

« Veux-tu savoir ce que j’ai prévu ? Bain dans l’oasis et leçons d’équitation. J’entends ne pas être le seul étalon de ce séjour, évidemment, qu’il murmura suavement à son oreille avant de rire à cette blague qui courrait entre eux depuis des mois. Il avait posé une question à laquelle il avait répondu aussitôt, trop impatient et heureux pour lui laisser le choix de savoir ou non. Et des surprises, évidemment. Par quoi veux-tu commencer ? »

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Avitus & Levanah

Avitus avait ce don merveilleux d'électriser sa peau à chacun de ses contacts. Elle ne s’en lasserait jamais, pas plus que de contempler la beauté de ses traits. L’amour ne rendait pas qu’aveugle, il rendait fou, ivre de désir et de rêves. C’était de loin le sentiment le plus merveilleux qu’elle n’ait jamais connu. L’héritier détacha les teintures pour leur offrir plus d’intimité, même si Levanah avait une entière confiance en Doran qu’elle remercia d’un chaleureux sourire qui transmettait aisément sa joie.

« Ma Dame.. j’ai cru que mon coeur allait quitter ma poitrine la première fois que tu m’as appelé ainsi..» Une petite parenthèse pour évoquer un souvenir de leurs débuts, des premiers sentiments envers cet homme. « Hum.. sans hésitation, nous (baby) optons pour du salé ! » Une envie de femme enceinte dictée par ses hormones plus que par son estomac. La demoiselle était une adepte des gâteaux, mais depuis peu elle se découvrait une passion pour les biscuits salés et les petits pains fourrés que les cuisinières du Palais lui préparaient avec envie. Levanah se promenait de partout et s’était naturellement faite amie avec bon nombre d’employées au service des Carrery. Le matin, lorsqu’Avitus avait déjà quitté leur lit, elle se faufilait dans les cuisines pour manger et bavarder. Et bon sang, elles étaient toutes au moins aussi pipelettes qu’elle !

« C’est un merveilleux programme. J’ai également une activité en tête, je te laisse imaginer. » Elle s’esclaffa. Le désir ne quittait jamais son corps lorsqu’il était prêt d’elle. « D’abord, je mange. » dit-elle alors qu’elle en avait déjà plein les mains. « Ensuite, nous allons voir les chevaux et je t’interdis de te moquer de moi si tu espères ne pas dormir seul et frustré ». Un nouveau rire les enveloppa. Elle aurait encore plus de mal que lui à se passer de sa présence, une menace absolument pas crédible.

A l'abri des regards et des oreilles indiscrètes, seule avec Avitus, elle se décida enfin à confier ses premières impressions. L’héritier ne lui avait pas fait le moindre reproche, mais elle se doutait bien qu’il était au courant de tout. De son agacement durant les cours de lecture trop compliqués, de ses petites altercations avec sa dame de compagnie qu’elle n’appréciait pas trop, de ses escapades jusqu’au Salvatore duquel elle avait du mal à se détacher…

« Je.. N'as tu pas trop de mauvais écho à mon sujet, Avitus ? » Elle fit une moue désolée et absolument mignonne. « Je cherche mes marques, je vais avoir besoin de temps, il y a vraiment beaucoup de choses nouvelles.. je me sens un peu dépassée parfois et je ne suis pas prête de te lire des histoires, je suis une bien mauvaise élève! » Elle en avait tant à raconter sans livre.. Se confier un peu sur son état libéra ses épaules d’un poids. Levanah était très exigeante avec elle-même et cela depuis toujours. Son sérieux et sa détermination lui avaient offert une réputation au sein de la Guilde, assez pour habiller les grands noms de l’Archipel, mais c’était aussi une source de frustration qui la rendait grincheuse.

« J'aimerais que tu n'interprètes pas ce que l'on te dit, ni ce que moi je te dis comme un mal-être. Je suis comblée à tes côtés, je fais ma place.. à ma façon..» Rien d'étonnant. Levanah s'ajustait à cette nouvelle vie, mais elle imposait aussi ses règles pour un équilibre parfait.

« Et je n'aime pas cette femme qui s'obstine à vouloir choisir des tenues affreuses. Elle est trop âgée et veut faire de moi une poupée. Ce n'est pas possible.. » Sa voix était calme, teintée d'amusement entre deux gorgées de thé.

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Avitus & Levanah

Avitus manqua de fondre sur place à l’évocation du “nous”. Cette femme portant le fruit de leur amour, doucement, il commençait à le réaliser. Pour l’instant c’était encore invisible sur sa sublime silhouette et cela serait surement le cas jusqu’au mariage… Ce qui était mieux pour eux deux, mais il avait hâte de voir apparaître un petit ventre rond. Tout serait alors bien plus concret pour lui.

« Vos désirs sont des ordres, ma dame. » Il lui servit une assiette de mets salés qu’il disposa sur la table basse avec du vin et du thé. Elle prit place sur un large coussin, et il vint s’asseoir derrière elle, pour la tenir dans ses bras autant qu’elle puisse s’appuyer sur lui. Ce n’était pas très conventionnel comme façon de s’installer pour manger, mais il s’en moquait bien. Il avait le bras assez long pour s’emparer d’une délicieuse brochette de serpents. Et puis, Avitus aimait faire écho à d’autres moments de leur vie de couple, le bain en moins, il se tenait de façon similaire à seulement quelques jours plus tôt.

« Évidemment que l’activité à laquelle tu penses est au programme, mais ici ou ailleurs, elle l’est toujours plus ou moins. » Si elle le voulait, évidemment. La passion était toujours très présente entre eux, même s’ils étaient parfois trop fatigués. Pour Avitus, la tenir dans ses bras ou lui faire l’amour le rendaient également heureux, et il n’insistait jamais si elle n’en avait pas envie.

« Nous ne monterons pas ce soir, alors à moins que tu aies véritablement un mauvais rapport inné avec ces bêtes, je ne devrais pas avoir de raison de me moquer. » Et puis, il avait prévu autre chose, ce qu’elle découvrirait le moment venu. « Cela te laisse toute la nuit pour t’entraîner. » Qu’il ajouta avec un air indécent qu’elle pouvait aisément deviner. Ils rirent ensemble.

Il déposa un baiser sur son épaule puis attaqua son oreille, joueur. Les rares domestiques à avoir essayé de lui faire des remarques sur sa future épouse s’étaient pris des remarques cinglantes dont il avait le secret. Après avoir eu vent de chuchotements désagréables, il avait pris toutes les personnes à leur service pour leur expliquer très clairement qu’il ne tolérerait nullement ces messes basses et pour leur rappeler que leur rôle était de l’aider à se faire à cette vie. Personne ne se permettait de critiquer le Duc, ou lui-même, ou aucun autre membre de la famille Carrery dans l’enceinte du palais, il devait en être de même pour elle. Qu’on les entende ou non, les critiques et les vilaines rumeurs ont un impact. Avitus ne voulait rien savoir, mais il n’était pas non plus au courant de toutes les difficultés que rencontraient Levanah, en outre il ne savait pas pour sa dame de compagnie.

« Le seul écho qui m’intéresse est le tiens. Et celui de mon père, qui voit tes efforts et cela suffit à le satisfaire. Safa t’adore. Que me faut-il de plus ?
Tu as du temps, personne ne te demande d’intégrer tout ça d’ici le mariage. »

Il sourit, soulagé du fait qu’elle s’y sente bien malgré tout. Il craignait tant que tout cela la fasse fuir.

« Qui est cette femme ? Si elle ne t’aie pas utile, nous pourrions lui trouver un autre emploi.

Tant que tu continues de me parler de ce que tu ressens, de ce qui va et ne va pas, c’est tout ce que je demande.... J’essaye d’être présent pour toi, j’ai bien conscience que cela ne suffit pas. Mais j’aimerais une chose, mon amour : que tu t’accordes un peu plus de temps pour toi, surtout en journée. Tu dois te ménager un peu plus. Par contre, j’aimerais que tu sois là au coucher du soleil, ou au moins que tu me préviennes lorsque tu pars t’aérer l’esprit. C’est souvent que j’arrive enfin à me libérer et que je ne te trouve pas… Que je ne sais si tu voudrais que je te rejoigne ou non.
Ce n’est pas un reproche, j’aimerais seulement que nos emplois du temps concordent un peu plus.

Enfin... C’est pour toutes ces raisons que j’ai programmé ce voyage. Nous nous sommes trop peu vues depuis notre retour à Khesa.
Ça et aussi… Je ne sais pas s’il y aura de moment parfait… »

Il soupira, heureux, le cœur tellement débordant d’amour qu’il ne savait plus quoi en faire. Il sortit un petit objet de sa poche, une fine bague en or rose surmonté d’un très beau et très profond saphir bleu océan, et d’autres plus petits. Une bague très simple et très belle. A l’intérieur, les initiales A et L étaient gravées. Il était toujours dans son dos, ça ne rimait un peu à rien mais il en avait assez d’attendre pour officialiser leur situation. Et il ne savait pas quel serait le moment le plus propice, s’il y en aurait un. Il était aussi perdu qu’un jeune homme hésitant à échanger son premier baiser en cet instant, il voulait faire une demande parfaite, tout en ne sachant pas ce que cela signifiait.

« Levanah Saraõ, me feriez-vous l’honneur de devenir ma femme ? »

Des fiançailles en bonne et dû forme.

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Avitus & Levanah

Levanah se glissa entre ses bras, laissant son dos se poser délicatement sur son torse. Dans cette posture, le monde pouvait s’écrouler autour d’elle que cela n’aurait aucune importance. Toute sa vie elle avait dû se débrouiller et ne compter que sur elle-même, mais depuis quelques semaines déjà, elle se reposait de plus en plus sur lui. Cet homme parvenait à l’écouter sans râler et à absorber ses craintes en restant toujours très serein et pragmatique. Les bons mots au bon moment, un truc de futur Duc sans doute, pensa t-elle intérieurement.

Avant qu’il n’ait le temps de porter le serpent des sables à sa bouche, Levanah croqua un morceau sur son passage et tourna légèrement la tête pour le provoquer un peu. « C’est toujours meilleur quand c’est à toi. » dit-elle en savourant sa bouchée volée avec le visage d’une enfant de dix ans.

Sa voix suave, celle qui la rendait folle depuis le premier jour caressait ses oreilles de paroles tendancieuses, ravivant un désir incrusté dans son bas ventre. « Vous êtes la tentation incarnée, Monsieur Carrery. Avec le ton que vous employez là, vous pourriez me mener jusqu’au bout du monde sans difficulté. Je suis charmée. » Avitus n’était pas simplement un amant merveilleux, il était devenu en très peu de temps son confident et commençait à connaître toutes ses forces et ses faiblesses.

« Safa adore tout le monde ! » dit-elle en riant. Et l’inverse était vrai également, tout le monde adorait Safa ! Concernant le Duc, Levanah avait eu de bref échange avec lui, mais se doutait bien qu’il était informé de tout ce qu’il se passait au Palais. Son cœur rippa, enveloppé par une vague de fierté lorsqu’Avitus l’informa que son père remarquait ses efforts et les appréciaient. Sans doute était-ce un peu pour lui qu’elle se donnait tant de peine. Le Duc contourner des règles anciennes pour eux, pour le bonheur de son fils, elle ne pouvait pas le décevoir.

« Je prendrais du temps pour moi un peu plus tard, fais moi confiance. » Sa tête bascula en arrière pour se poser contre l’épaule de son homme. « Je veux prouver au monde entier que j’ai ma place à tes côtés, que je ne suis pas une jolie plante choisie pour ses compétences en matière d’équitation. » elle sourit, cette vanne ne les quitterait jamais. « Tu as beau me protéger et faire taire les langues de vipères et je sais que tu le fais, c’est à moi de faire mes preuves et je vais réussir. » Il ne la ferait pas changer d’avis sur son agenda chargé, Levanah comptait briller plus qu’à l’ordinaire aux bras de l’héritier pour légitimer sa place. « Je peux en revanche ajuster mon planning pour toi. Tu es toujours le bienvenue Avitus, comment peux-tu te poser la question ? Ce n’est pas toi que je fuis, c’est le Salvatore que je retrouve et qui repartira sûrement bientôt sans moi.»

Derrière elle, Avitus se mit à gigoter et laissa sa phrase en attente avant de tendre une bague absolument splendide devant ses yeux. Levanah se retourna aussitôt, à genoux devant lui, ses yeux vairons arrimés aux siens et le coeur palpitant plus que jamais lorsqu’enfin, il prononça cette phrase.

Il lui avait fait la promesse à Fedja de ne pas la laisser partir, glissant une bague de famille à son annulaire, mais tout était là bien plus solennel, plus vrai que jamais. Impossible pour elle d’empêcher les larmes de monter à ses yeux, elle prononça sa réponse avec beaucoup de fragilité dans sa voix, submergée par une vague de bonheur qu’elle ne saurait décrire tant tout était trop fort pour son petit corps.

« Levanah Saraõ, me feriez-vous l’honneur de devenir ma femme ? »

« Oui, évidemment. Je ne rêve que de ça. »

Elle s’empara de sa nuque avec douceur pour poser ses lèvres sur les siennes et lorsqu’elle ferma les paupières pour ce baiser léger, les larmes se mirent à rouler sur ses joues. Du bonheur en goutte. Face à lui, elle lui tendit sa main gauche qui tremblait comme une feuille à l’idée que cette bague, qui portait leurs initiales, glisse à son doigt.

Levanah Carrery..
Elle avait rigolé de ça avec lui durant leur voyage en tête à tête et ce qui n’était qu’un rêve léger entre deux jeunes amoureux devenait à présent la promesse d’une vie de dévotion et d’amour.

« Je t’aime, Avitus. » Un époux, un père, l’homme se transformait et l’image qu’il reflétait devant elle était absolument splendide. Le Duc ne pouvait qu’être fier de son fils, tout comme elle l’était elle.. de son futur mari.

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Avitus & Levanah

Puisqu'elle lui piqua un bout de sa brochette, il ne manqua pas d'enfoncer un index dans une préparation crémeuse avant que celle-ci n'arrive à sa bouche, tout en se méfiant qu'elle ne lui croque pas le doigt pour récupérer son dû. Quoiqu'il la laisserait presque volontairement faire...

Il laissa de côté la discussion délicate sur le temps qu'ils arrivaient à s'accorder l'un l'autre, même si, une fois le mariage passé tout serait déjà un peu plus simple. Avitus s'impliquait autant qu'il le pouvait pour ne pas laisser tout reposer sur les épaules de Safa qui était bien préoccupée par sa future rencontre avec Eiran Maeda, mais aussi pour que Levanah puisse souffler.

Le mariage s'organisait, mais il s'était promis de lui faire une demande en bonne et dûe forme et il ne put pas attendre un instant de plus. Face au soleil couchant, le moment lui sembla propice. Il n'y avait pas vraiment de suspens sur la réponse, toutefois, c'était important. Elle commençait à entrevoir la vie qui l'attendait et elle aurait pu changer d'avis. Il l'aurait compris même s'il aurait été obligé de lui imposer des décisions difficiles. Inutile d'y penser, car cette réalité là n'existerait jamais.

Aussi ému qu'elle, il accueillit ses lèvres dans un baiser à la fois doux et langoureux. Assise sur lui, si elle voulait le rendre fou, elle s'y prenait à la perfection. Il glissa la bague à son doigt.

" Il n'y a plus de mots assez forts pour décrire l'amour que je ressens pour toi. Je suis simplement sans voix. Tu fais de moi l'homme que je rêvais d'être, je ne me suis jamais senti aussi sûr d'être dans le juste. Je t'aime. Mon cœur et ma raison t'aiment. "

Que dire ? A la fois, les mots n'étaient jamais assez forts. A la fois, il pourrait parler des heures durant de tout ce qu'il aimait chez elle. Il fit le choix de se taire, la prenant dans ses bras et glissant son visage dans sa gorge pour simplement profiter des émotions, de la joie qui les assaillaient tous deux, de la pureté de leur sentiment, de leur chance...

Après plusieurs minutes de silence, il inspira et se détacha d'elle, sourire aux lèvres.

" J'essaierais de te rejoindre plus souvent.
Je sais que la mer te manque, elle me manque à moi aussi. Peut-être après Beltane... Pour le moment, il y a bien trop à faire. " Il lui avait promis de ne pas l'enfermer au Palais, il s'y tiendrait. Quant à lui-même, il n'était toujours pas retourné voir Thélème, ni même n'avait parlé avec son équipage. Il y avait peut-être là un peu de dénie de sa part, surtout que le Salvatore se trouvait arrimé à côté... Difficile de rejoindre Levanah sans saluer son propre navire...
Il aurait voulu trouver quelqu'un pour prendre sa suite, mais ça ne pouvait être elle. Doran préférait rester à son service. La loyauté de ceux qu'il employait le touchait toujours. Il faudrait pourtant qu'il aille discuter avec chacun, afin que ceux à qui la mer manque puisse trouver un autre emploi.

Quant à ses shamans, et bien ils étaient mis à contribution sur ce projet d'académie pour shamans qui était le leur. Qui d'autres qu'Evander, Nezetta et ses autres shamans pour enseigner après tout ? Nezetta pourrait même en prendre la direction, bien qu'il l'enverrait avec Levanah si elle décidait de reprendre la mer au milieu de sa grossesse.

Avitus tendit le bras, plongeant son doigt dans le houmous pour le ramener à ses lèvres, chassant ses réflexions pour revenir à l'instant présent et cette femme divine et terriblement désirable.

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Avitus & Levanah

Toute l’atmosphère qui entourait le jeune couple était chargée de bonnes ondes, de joie et d’amour. Levanah ne quittait plus sa bague des yeux et lorsqu’elle le faisait, c’était uniquement pour les poser sur la divine créature qui lui racontait son amour pour elle comme la plus belle des mélodies. Des baisers tendres et des caresses légères comme des plumes sur sa peau, la jeune femme était comblé, le vase de son bonheur était plein à rabord.

Le Capitaine Marduk s’apprêtait à quitter les rangs de la Guilde, peut-être cela était-il même déjà acté officiellement, mais Levanah se questionnait encore beaucoup sur son activité, à la fois passionnante et très lucrative. Bien sur, Avitus ne manquerait pas de prendre soin d’elle et de la couvrir de cadeaux, mais l’idée de ne dépendre que de la fortune des Carrery la rendait folle.

« Allons-nous faire un dernier voyage ? Avant que.. mon ventre soit si gros que je n’en verrais plus mes pieds. » Elle avait hâte, hâte de voir son corps faire de la place au fruit de leur amour, hâte d’attraper la main de son époux pour lui faire sentir les mouvements de son enfant..mais l’idée de rompre son lien avec la mer l’effrayait toujours un peu.

« Un voyage d’affaires, peut-être ? Je pourrais t’accompagner. » N’importe quoi, en vérité. Fedja avait été une épreuve physique et mentale et clôturer ainsi ses voyages lui pesait un peu. « Assez parlé de bateaux, parlons plutôt de ça. » dit-elle en tendant la main, son annulaire affiché avec une fierté attendrissante.

« Quand ? Où ? Comment et avec qui ? Je veux tout savoir de notre mariage. » Les choses allaient si vite au Palais que la brunette avait du mal à suivre la cadence et le flot d’informations constantes. Les préparatifs se déroulaient-ils bien ? Bien souvent, elle se contentait de hocher la tête, se moquant éperdument de la couleur des fleurs du moment qu’Avitus prononçait ses voeux et faisait d’elle sa femme. Une parcelle de sable vierge lui suffirait tant il rendait sa vie exaltante par sa simple présence.

« Malka ? Fait-elle partie de nos invités ? » Une question pleine de sous-entendus. Elle se questionnait sur sa présence au mariage, mais la question était valable pour un tas de sujets, en vérité. Comment se plaçait le Duc vis à vis de son aînée ? Pourrait-elle se déplacer librement au Palais pour lui rendre visite sans invitation préalable.

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