Trouble will find me | ft Moghan

Dim 27 Oct 2024 - 21:08

Trouble will find me

[ L’an 11 _ Yule _ Jour 21 ]

Quitter le palais sans prévenir tes proches de où tu vas est une belle idée de merde et pourtant c’est ce que tu as fait sans la moindre hésitation. Tu as profité d’un moment où ta mère était occupée avec quelque chose d’important. Quoi ? Tu n’en sais rien. Tu sais juste qu’elle doit voir des personnes haut placé, le reste tu t’en contrefiches. Quand à ta femme, tu lui as laissé un petit mot pour la prévenir que tu reviendrais dans quelques jours. Normalement. De toute façon, ta mère ne te laissera jamais partir sans être certaine que tu ne vas pas ternir le nom des Maeda. Alors autant profiter des quelques jours que tu vas avoir devant toi avant de te faire choper.

Du haut de tes dix huit ans, te voilà arrivé à Kaldrgarðr, la capitale de Jahar, sur une des îles des quatre vents. C’est la première fois que tu viens dans le coin. Tu n’as pas choisi l’endroit par hasard, ni même la période, tu as entendu parler des aurores boréales qui apparaissent l’hiver et tu as soudainement eu envie d’aller voir ça de tes propres yeux. Une belle excuse pour justifier ta fugue. Mais c’est vraiment ce qui t’a poussé à choisir cette destination. Tu as envie d’oublier les entraînements où tu te fais constamment botter les fesses par ton frère. Draven est imbattable. Non pas que tu essaies sérieusement, mais même en y mettant du tien, tu es persuadé que tu n’arriverais pas à le battre. Il est bien plus costaud que toi. À côté, tu as l’air d’être un gringalet. Et tu ne parles même pas de toutes les leçons que vous devez ingurgiter pour prendre la suite de Jihane. Non merci, tout ça, ce n’est pas pour toi. Déjà, tu as accepté de te marier et bientôt tu devrais sûrement faire des enfants à ta femme, mais tu n’es pas prêt. Tu es trop jeune pour envisager ça.

Tu questionnes quelques personnes pour savoir où séjourner, parce que tu comptes bien rester plusieurs jours, et surtout où voir les aurores boréales. Les habitants doivent bien avoir des conseils pour profiter du spectacle. Par contre, tu sens le froid mordant de l’hiver. Heureusement tu es venu équipé, tu as préparé ton voyage depuis quelques semaines. Tu as tout calculé, ne laissant rien au hasard. Tu commences à connaître les combines pour sortir discrètement du Palais. Tu es majeur, mais tu es toujours surveillé. En même temps, vu ce que tu es capable de faire comme conneries, tu n’es pas étonné que ta mère soit toujours sur ton dos, même si elle commence à se faire à l’idée que tu ne prendras jamais ton rôle d’aîné au sérieux. Elle a deux autres fils qui sont bien plus compétents pour prendre la suite.

Tout se passait bien jusqu’à ce que tu tombes sur un groupe de mecs qui semblent bien décidés à venir te casser les pieds, voir à te mettre dans leur lit. Si tu es ouvert aux rencontres, malgré ta femme, tu n’as aucune envie de te coltiner des types pareils. Alors pendant qu’ils te bassinent avec leurs propositions à la noix, tu regardes discrètement autour de toi, il doit bien y avoir un moyen de les esquiver sans déclencher une bagarre. « Allez, si tu restes avec nous, on pourra t’amener voir les aurores boréales. » Te propose l’un des types en venant glisser un bras autour de tes épaules. Au même moment ton regard se pose sur un beau brun, proche de ton âge. Un poil plus âgé, mais tu t’en fiches. Tu repousses le bras du type qui te dérange et tu te diriges vers l’inconnu que tu as repéré. Il pourrait très bien te faire du mal, mais ce n’est pas ça qui va t’arrêter. « Chéri. » Souffles-tu d’une voix enjouée, comme si vous vous connaissiez déjà. « Je pensais que tu finirais plus tard. Enfin, tu veux bien dire à ces … » Tu te retiens de les insulter, ce n’est pas le moment de t’enfoncer, même si tu essaies de faire comprendre à l’homme en face de toi que tu as besoin de son aide. « … hommes que je n’ai pas besoin de leur aide. » Maintenant tu es curieux de voir si l’inconnu que tu déranges va te donner un coup de main pour faire fuir les mecs ou non. « On ira boire un verre après si tu veux. »

(c) DΛNDELION

trouble will find me

11 ap bda, yule jour 21

Yule et sa fraîcheur amenaient toujours un peu de calme sur l'Archipel. Les célébrations approchaient et, déjà, bien des gens se réunissaient, décoraient leurs étals et leurs maisons. Ils paraissaient enchantés, même fébriles, comme s'ils se projetaient déjà dans leurs échanges familiaux.
Natif de l'île des Quatre Vents, Moghan s'était posé quelques questions, en arrivant. Le Cyclope venait de terminer une mission et se trouvait au port de Jahar, pour quelque temps. Le Second avait un moment devant lui et errait, cherchant un peu de divertissement et, sans hésiter, ses pas l'avaient mené jusqu'à Kaldrgardr, où les rues étaient toujours animées.

L'ambiance était différente aujourd'hui, pourtant. Toute l'agitation paraissait plus intense. Mog crut d'abord que la folie de Yule s'était déjà propagée parmi les habitants, puis, il avait finalement entendu quelques rumeurs, quelques murmures.
Les aurores boréales.
Les aurores boréales danseraient dans le ciel ce soir, dans un bal de couleurs et de lumières.
C'était un phénomène rare, même pour Jahar qui subissait toutes les colères de la nature. Mog n'en avait encore jamais vu et, impulsif comme un enfant, l'événement lui paraissait soudainement urgent. Important. Il devait en profiter et surtout, il devait faire en sorte que cette soirée soit mémorable, inoubliable. Exceptionnelle.
Pour un événement incroyable, il devait passer une nuit incroyable. Il se le promettait.

Heureux et souriant, Moghan était passé récupérer son chien dès son arrivée. Il s'appelait Skunk. Il était très vieux, il bavait et il puait. Un digne précepteur de ce que serait, dans bien des années, Cradoc, le chien du navire qu'ils allaient adopter. Le brave vieillard poilu portait un petit manteau pour l'occasion, pour le protéger du froid et éviter que ses os ne lui fassent mal -c'était ce que la dame qui s'en occupait en l'absence de Valas disait toujours, qu'il avait mal aux os. Le jeune homme pensait que c'était plutôt une projection et que c'était elle, l'ancêtre qui avait mal aux os.

La soirée était déjà agréable. Le froid mordant réveillait les sens. Les lumières et décorations faisaient pétiller le regard. Le regard de Moghan caressait chaque spectacle, en s'émerveillant et cherchant chaque recoin pour trouver le meilleur marchand. Celui qui vendait du vin chaud. Parfait pour une telle nuitée. Il s'approcha d'un stand qui lui paru être le bon, mais croisa un groupe bien avant de s'y rendre.

Chéri.
Un seul mot et le pirate fut interpelé, se senti concerné comme s'il était en couple depuis plusieurs années.
C'était peut-être parce que Moghan était un idiot.
Ou c'était peut-être parce que le jeune homme qui l'avait appelé ainsi était fort charmant et qu'il aurait accepté qu'il le surnomme de la manière qu'il le voulait, autant de temps qu'il le voulait et dans le contexte qu'il voulait.
C'était sûrement un peu des deux.
Il posa sur l'inconnu un regard admiratif sans même avoir à le feindre et glissa une main derrière son dos, le rapprocha légèrement de lui pour endosser son nouveau rôle d'amoureux transi.

« Oui, j'ai fini. La vente s'est bien passée. » La vente d'océa-de bijoux. Bien sûr. Il avait déjà posé brièvement les pieds sur un bateau de la Guilde et se doutait que cela passerait mieux. « Messieurs ! Je suis... honoré que vous vous portiez garant de lui faire passer une bonne soirée en mon absence. Mais ! Je suis de retour. Il est entre bonnes mains. » Il leur lança un clin d'oeil, quoiqu'il puisse vouloir dire. La bande d'imbéciles -décidément il y avait pire que lui !- le prendrait sans doute pour une allusion bien paillarde, mais lui n'en pensait rien, ne faisait que jouer. Leur donner ce qu'ils voulaient pour qu'ils se taisent et cessent d'emmerder.. Son camarade, qui qu'il soit. « Je suis certain que des gaillards aussi séduisants » Non. « que vous trouveront bien des partis ce soir. »

Le jeune homme essaya doucement de l'entraîner avec lui, de l'éloigner du groupe en espérant ne pas les faire réagir. Qu'ils ne s'élancent pas à leur poursuite. Sagement, le chien suivait le mouvement. Il n'avait, heureusement, pas réagi devant la foule d'inconnus avec qui il venait d'échanger. Encore mieux, il n'avait pas réagi comme si l'étranger était un étranger, camouflant parfaitement le mensonge. Moghan glissa à l'oreille de Nikolas, discrètement.

« J'essayais de trouver du vin chaud à boire. Tu aimes ? Tu veux m'aider à chercher ? »

@Nikolas Maeda - code par alcara

Trouble will find me

ft @Moghan Valas

Choisir un parfait inconnu avec un chien est probablement une idée risquée, mais quitte à designer quelqu’un autant qu’il soit charmant. Et puis l’animal ne semble pas te considérer comme une menace. Une chance pour toi. Tu sais que les chiens peuvent se montrer très protecteurs envers leur maître. Et même si tu les adores, tu sais que leur méfiance est justifiée et tu n’iras jamais forcer le contact avec eux. Tu ne comprends vraiment pas les gens qui se plaignent que les chiens sont trop agressifs alors qu’eux-même ne prêtent même pas attention aux signaux des animaux qui sont pourtant limpides.

Prêt à te faire rembarrer, tu te lances quand même dans ce petit jeu avec l’inconnu, comme si vous étiez en couple depuis longtemps. Et à ta grande surprise, il joue le jeu, glissant une main dans ton dos, en un geste doux mais parfait pour compléter le tableau. « Oh déjà ? » Souffles-tu, faussement surpris, n’ayant aucune idée du travail de l’homme que tu as choisi comme complice pour faire fuir les autres. Il peut très bien ne rien vendre et être un simple marin ou même ne pas travailler du tout. Tant qu’il t’aide à te sortir de là, tu acceptes tout. Et plus si affinité, s’il est intéressé pour passer un peu plus de temps en ta compagnie. « Mais je ne suis pas étonné, aucun client ne te résiste. »

Les mecs qui t’embêtent semblent rapidement mal à l’aise. Entre toi qui joue l’amoureux transi qui voit son petit ami comme le meilleur et le faux copain qui assure que tu es entre de bonnes mains avec un magnifique clin d’oeil, l’embarras est à son paroxysme. La scène doit être hilarante, mais tu te retiens de rire, gardant un simple sourire sur le bout des lèvres, une de tes mains se posant sur le torse de l’inconnu pour vous rapprocher. Autant être cliché jusqu’au bout. « Mais oui, mon chéri a raison. » Prononcer ce petit surnom t’amuse énormément. « Tout le monde s’amuse, vous allez bien trouver quelqu’un. » Tu plains déjà leur future victime, mais avec un peu de chance elle pourra aussi trouver une parade pour les esquiver.

Tu te laisses guider par l’inconnu, ravi de t’éloigner du groupe de mecs qui ne semble pas vous suivre pour le moment. Tu espères juste ne pas les retrouver plus tard. Comment leur expliquer que tu n’es finalement pas en couple avec cet homme ? Homme qui te propose d’aller trouver du vin chaud. Tu lâches un petit rire, un peu surjoué, mais parfait pour donner l’illusion qu’il t’a dit quelque chose de très drôle. Si tu lâches trop vite ton rôle, ils pourraient décider de revenir à la charge. « Avec grand plaisir. Il me semble avoir vu un marchand ambulant à quelques rues d’ici. » Confies-tu en te remémorant ta visite de la ville. Tu n’es pas certain de retrouver du premier coup ton chemin, mais tu es prêt à essayer, si ça te permet de passer un peu plus de temps avec cet inconnu.

Tu te décolles un peu de lui, venant tendre ta main vers le vieux chien afin qu’il puisse sentir ton odeur et te dire s’il accepte ou non d’être touché par toi. Tu en profites pour jeter un discret coup d’oeil en arrière. Le groupe s’est éloigné, comme s’ils avaient compris que c’était peine perdue d’essayer. « Merci pour ton aide. » Tu relèves le regard vers ton faux petit ami du moment. « Ton jeu d’acteur était parfait. » Tu lui offres un clin d’oeil amusé, te rappelant encore de ses paroles et des grimaces de certains de vos interlocuteurs.

« Mais dis-moi, chéri, comment suis-je censé t’appeler ? » Après tout, tu ne connais pas encore son prénom. Peut-être n’a-t-il pas envie de te le donner, mais quitte à faire un bout de chemin ensemble, ce sera plus sympa de savoir comment l’appeler. « Enfin si chéri te convient, on peut très bien rester sur ça. » Tu n’es pas difficile, tu te plieras à ce qu’il préfère et si l’inconnu ne veut pas te répondre, il devra se contenter de ce surnom.

(c) DΛNDELION