Les femmes de l'Onyx - Ft Zoya

Mar 12 Nov 2024 - 15:41

Lug, jour 17. Terrain d'entrainement de l'Onyx. Ft @Zoya Ozova

Après un mois passé dans ses nouveaux quartiers particulièrement luxueux, la Shamane avait enfin pris de nouveaux repères. Pour combien de temps ? Cette ascension vers la gloire, elle l’avait désiré de tout son être, mais l’acclimatation s’avérait plus complexe que jamais pour la jeune femme sans origine qui avait passé plus de 30 ans de sa vie entre des chambres aux allures de placards et des dortoirs pleins de dangers. Pour enrayer ses craintes, Elowen s’était plongée dans ses entraînements afin de débloquer son dernier stade de magie et avait augmenté sa dotation de cours auprès des nouveaux élèves pour occuper son esprit et l’empêcher de vagabonder vers des peurs d’un nouveau genre. Les questions ne manquaient pas. Sera-t-elle à la hauteur ? Suffisamment compétente dans son rôle d’épouse, de professeur, d’espionne et de combattante durant les combats à venir ? Des interrogations misent sous silence, y comprit la plus capitale de toute.. qui s’apprêtait à lui venir en pleine face dans les prochaines minutes.

La jeune femme, relativement sereine, se heurta au regard interrogateur de la femme de menage qui s’occupait de sa literie.

« Vous n’avez pas mieux à faire que de me regarder ainsi ? » lança-t-elle en enfilant sa tenue d'entraînement.

« Madame Shade. Vous.. vous n’avez pas saigné. Pas depuis votre arrivé dans votre nouvelle chambre. »

La shamane leva les yeux au ciel, des paroles acerbes au bord des lèvres. “ Et sinon, vous mêler de vos affaires…? “ pensa t-elle avant que le compteur ne se mette à envahir ses pensées. Depuis combien de temps était-elle là ? 10 jours ? Non. 20 ? Merde. Merde. Merde. Son corps se figea et la demoiselle se releva, ses prunelles d’encre noir écarquillées comme des billes. Machinalement, elle ferma les poings pour tenter de contenir la vague d’émotions dévastatrices qui s'apprêtait à tout ravager sur son passage. Bien sur, en acceptant cette bague à son annulaire, la demoiselle avait accepté les clauses de ce mariage de pouvoir, cette union factice qui offrait une façade parfaite au Roi ainsi qu’à elle-même pour vaquer à leurs lubies privées tout en augmentant leurs puissances respectives. Bien sûr, elle avait accepté l’idée de fournir un héritier à la dangereuse Fedja et à son gérant.. mais.. pas .. pas déjà. La guerrière rêvait d’une guerre où mettre à profit ses années d'entraînements, il était hors de question que son rêve ne s’évapore si près du but à cause.. d’un enfant. Sa relation avec le Souverain la perturbait déjà bien assez pour ne pas avoir à gérer une grossesse. Ses émotions étaient fragmentées, sagement rangées dans des petites boites de sa psyché pour ne jamais venir altérer ses projets. En clair, l’amitié était déjà assez complexe à gérer pour elle. L’amour, interdit et un bébé.. par les Dieux…

La shamane s’empressa d’attraper dagues et épées pour rejoindre l'entraînement général des futurs prodiges de l’Onyx.

Quelques heures plus tard…

Absorbée par ses pensées, Elowen ne cessait plus d’entendre la voix de cette femme. “Je n’ai pas saigné.” “Putain, je dois saigner.” “Je n’ai pas saigné” se répétait-elle inlassablement, en retournant son calendrier mental dans tous les sens. Faute de concentration, la magicienne avait laissé ces élèves psychopathes se débrouiller seuls et lorsque 4 d’entre eux commencèrent à se battre par la pensée près des élèves de la chef des armées humaines, la digue se rompit en elle. Depuis son duel avec Velizar, son pouvoir n’avait pas cessé de grandir. Cumulée à sa peur, à sa colère, à son absence de contraception, le chaos était inévitable. Son regard se posa sur le quatuor désobéissant et tous se mirent à tituber en comprimant leurs têtes entre leurs mains fébriles. L’étau se resserra sur eux à chacun de ses pas, renforçant la douleur autant que la surprise. La grande salle d'entraînement se figea et les spectateurs impuissants attendaient à présent l’issu de cette punition avec un mélange d'enthousiasme - pour les plus sadiques - et d’angoisse - pauvres créatures chétives - . Les protestations des professeurs censés l’alerter de ses excès ne parvenaient plus à ses oreilles. Sa puissance était douce, salvatrice, libératrice. Elowen cherchait à reprendre le contrôle de quelque chose, de quelqu’un, n’importe quoi ou n’importe qui et ses cobayes meurtris au sol étaient malheureusement au mauvais endroit, au mauvais moment…

Jeu 14 Nov 2024 - 20:04

Les femmes de l'Onyx

Jour 17 Lug — An 31
@Elowen Shade

Seize jours qu’elle était mariée et qu’elle évitait soigneusement la Citadelle, faisait en sorte de ne pas rester trop longtemps dans ses appartements, fuyant sans délicatesse la présence de son époux qu’elle ne voulait pas rejoindre. Elle prenait différentes prédispositions, continuait de se noyer dans son travail pour éviter de rentrer trop tôt le soir, prête à prendre n’importe quelle mission pour s’extirper de Fedja. Et quand bien même ils se trouvaient tous les deux au même endroit, au même moment, elle préférait rester dans ses appartements et faire la sourde oreille. Tout lui semblait plus agréable que de rester sur l’île qui l’avait vu naître et grandir. Elle n'était pourtant pas entièrement une étrangère en ces murs, et le confort de la Citadelle lui plaisait maintenant que les tensions avec son cousin s’étaient un peu calmées. Zoya restait agacée et revêche mais elle avait accepté la situation. En partie. Si elle l’avait vraiment accepté, elle n’aurait aucun mal à partager du temps avec l’homme qui était désormais le sien. Peut-être cela viendrait-il, mais pas en quelques jours.

Les bras croisés, elle marchait de long en large sur le terrain d’entrainement, le visage froid et impassible. Aucune émotion ne vivait sur ses traits qu’elle gardait durs et sévères. De temps en temps, elle s’arrêtait pour dévisager l’un de ses hommes, silencieuse. Aucun mot ne sortait d’entre ses lèvres, attendant simplement que l’un d’eux s’écrase au sol dans un bruit ignoble d’os qui venait de se briser sous l’impact. L’homme hurla de douleur et Zoya marcha nonchalamment vers lui, adressant un regard à l’autre qui venait de lui donner ce coup magistral. En voilà un qui montrait enfin un peu de talent. Aucun sourire ne vint animer son visage malgré cette agréable surprise, et elle se contenta de forcer le blessé à se remettre sur ses pieds. Il s’était certainement brisé l’épaule puisqu’il était tombé lourdement dessus. Elle aurait aussi très bien pu lui ordonner de poursuivre le combat avec un seul bras mais elle n’était pas d’humeur à le torturer.

« — Fin du combat. Va te faire soigner. » Dit-elle de façon neutre à celui qu’elle venait de lâcher de sa prise féroce, avant de se tourner vers l’autre. « Toi, tu poursuis. »

D’un geste de la main, elle ordonna à un autre adversaire de prendre la suite, un homme assez chétif. Elle le lorgna un instant et s’apprêtait à lancer le combat quand elle entendit des grognements venant d’un peu plus loin, où les shamans s’entrainaient entre eux avec une femme que Zoya connaissait bien mais avec laquelle elle n’avait aucun désir de parler. Ce n’était rien de très personnel, elle n’avait guère envie de parler à quiconque. Pourtant, quand elle observa les élèves shamans se tordre de douleurs en se tenant la tête, la blonde fronça les sourcils. Elle n'était pas la dernière à martyriser ses élèves mais jamais par simple désir, ou… Si, par désir, cela lui arrivait de le faire. Par colère et rage. Mais pas si souvent. Enfin, pas trop. Mais tuer des élèves par simple plaisir n’arrangerait pas les choses, et ne les aiderait pas à s’améliorer. La cheffe des armées hésita à intervenir. Ce n’était pas son problème si l’autre décidait de torturer et tuer les élèves qu’elle était censée entrainer. Du coin de l’œil, elle aperçut les visages terrifiés de ses propres recrues devant cette attaque pernicieuse qu’ils ne pouvaient pas contrer. Cela avait quelque chose d’angoissant pour des personnes dénuées de magie.

« — Ça suffit. » Gronda-t-elle en pensées, à l’instigatrice de ce dérangement. « Attaque toi à quelqu’un de ta taille, Elowen. » Elle était familière mais Zoya n’était pas du genre à s’alourdir des convenances de son rang. Et elle connaissait la jeune femme depuis de nombreuses années.

Pas de réaction. Elle échappa un soupir d’agacement et fit quelques pas en direction de ces quatre élèves qui s’écroulaient au sol en se tenant douloureusement la tête, hurlant de douleur. Elle allait les tuer si elle continuait. Zoya fit quelques pas supplémentaires pour rejoindre la position d’Elowen et s’insinua en elle avec la force d’une puissante vague. Si elle était une puissante shaman, elle n’était pas encore au stade maximal et était bien moins douée pour la magie qu’elle l’était avec une lame, mais elle ne pouvait pas planter la fiancée de son cousin avec son épée. À la place, elle s’entêta à repousser les attaques de cette femme, cherchant à briser les barrières de son esprit avec force et précision. Elle ne cherchait pas à la blesser mais à briser les chaînes invisibles qu’elle avait lancé sur ses élèves, et avec lesquelles elle les étouffait peu à peu, à mesure qu’elle les enserrait.

« — Ça suffit, lâche-les ! » Gronda-t-elle plus fortement, sa voix emplissant l’esprit de la jeune femme, forte et puissante. Impossible de ne pas l’entendre. « Tu es censée leur enseigner la magie pas les tuer dès qu’ils font la moindre erreur ! Ils ont compris. Je ne serais même pas étonnée qu’il tourne complètement fou après une telle attaque. » Siffla-t-elle. « C’est quoi ton problème ? Tu es dérangée par tes hormones ? » Des mots jetés nonchalamment, sans savoir qu’ils pourraient résonner dans l’esprit de cette femme.

Elle était désormais juste devant elle, dans un silence apparent, tandis que toutes les personnes sur le terrain d’entrainement les fixaient. Si elle voulait se battre, elle répondrait. Même si elle était probablement moins douée qu’elle. Qu’importe.

lumos maxima

Dim 17 Nov 2024 - 10:46

Lug, jour 17. Terrain d'entrainement de l'Onyx. Ft @Zoya Ozova

Le développement de ses dons était particulièrement jouissif. A terre face à elle, les trois vers de terre n’accaparaient qu’une partie de son pouvoir en cours de développement et cette nouvelle la rendait euphorique. Malgré la quantité de magie utilisée, la mage noir ne ressentait ni fatigue, ni saignement en approche, mais malheureusement pour elle, la riposte était faible, inexistante et de ce faite terriblement ennuyante jusqu’à ce qu’enfin, ses barrières metales soient rompue avec force et entrain.
“ Bien joué mes p’tits oisillons “ pensa-t-elle avant de comprendre qu’aucun des élèves soumis à ses pieds n’étaient responsables de cette intrusion. Alors qui ? Une voix familière résonna dans ses tympans sans qu’il n’y ait de bruit à l’extérieur. Zoya. Le timbre autoritaire de la générale des armées n’était pas difficile à reconnaître tant il manquait de douceur et de chaleur. La guerrière de l’onyx ne pouvait pas trouver meilleur job que le sien. Devenir fleuriste serait une folie et sa simple présence glaciale ferait tomber les pétales des bouquets, une certitude.

« Dégage de ma tête Zoya ! Ce ne sont pas tes affaires ! »

La shaman enragée démultiplia ses forces pour chasser l’intruse trop téméraire, en vain. La garce exerçait une pression mentale constante et fortement dérangeante, mais manque de chance pour elle, l’Ozova, grande justicière à ses heures perdues, prononça les mots de trop. Ses hormones ! Quels putain d’hormones au juste ? Coup de poignard involontaire, l'extrémiste cessa la torture de ses petits oisillons en detresse et fit volte face pour concentrer sa colère sur une seule personne bien trop audacieuse à son gout. Les deux femmes n’étaient ni amies, ni ennemies, seulement collègues et bientôt reliées par un nom, guère plus. De ce fait, l’empathie n’était pas à l’ordre du jour.

« Mes hormones t’emmerde bien comme il faut ! T’as pas autre chose à faire que de me chercher des poux !? Comme fêter cette si belle union avec ce malheureux qui a eu le courage de t’épouser ? » Fière, droite, Elowen s’avança pour réduire la distance entre elles et sortit son épée croisée sur son dos.

« Pas de règles, pas de pitié. Tu veux être mon exutoire, grand bien te fasse. »

Après tout, quoi de mieux qu’une adversaire à sa hauteur pour dompter son humeur dévastatrice. Manque de chance, son adversaire n’avait pas totalement quitté son esprit et la voix de la femme de chambre résonna de nouveau “ Madame, vous n’avez pas saigné depuis votre arrivé “ répétait-elle comme une putain de malédiction. Sa mâchoire se serra, bien consciente que Zoya ne pouvait pas passer à côté de l’information.

« Répète ça à quelqu’un et je t’étouffe dans ton sommeil sans le moindre remord » siffla-t-elle mentalement, prête à combattre par plaisir et nécessité. « J’ai travaillé dur, je suis douée, hors de question que l’on me prive de cette guerre ! » Et pourtant, comment ferait-elle pour brandir son épée une fois qu’elle ressemblerait à une bonbonnière ?
Déterminée à utiliser ses dons plus que sa lame, pour rendre ce petit jeu utile et se rapprocher de son stade 5, la Shaman se faufila dans sa tête pour paralyser une partie de son esprit et ainsi espérer avoir une chance de faire se croiser l’acier sans perdre une jambe au passage. C’était un fait, si Elowen devenait puissante dans la maîtrise de son don, Zoya était de loin la meilleure soldate au combat armé.