Beyond the Waves
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Twenty years to go || Dante || Flashback

Dante O'Broin
Moussaillon à l'abordage !
Dante O'Broin
Hopes
Miscéllanées :
Twenty years to go || Dante || Flashback - Page 4 F2877dc1dd828db942cdb3b7e94f91d0346c55d5

« j'en ai poursuivi des fantômes
presque touché leurs ballerines,
ils ont frappé fort dans mon cou
pour que je m'incline »


e s t - c e . q u e . c e . m o n d e . e s t . s é r i e u x ?

playlist | moodboard
Twenty years to go || Dante || Flashback - Page 4 2e09817efad42c1d28222eac9c5b7ad09884f578Twenty years to go || Dante || Flashback - Page 4 3c02a74f358780fac692569750dde3126fc0e441


Âge : vieille âme, cinquante deux ans tassés de galères propres et figurées.
Pronom : de genre masculin, pronoms en conséquence.
Coeur : sûrement qu'il grogne, si on lui demande, qu'il dit que ces choses-là ne sont pas pour lui, et ne l'ont jamais été. par-delà les eaux, cependant, la vérité vogue au gré de ses envies, et s'en vient à l'abordage de ses plages désertes quand son cœur à elle s'ennuie.
Origines : né aux Quatre Vents sur l'île de Jahar, il y crèvera sans doute.
Clan : autrefois propriété et chien de chasse de la famille Vestrit pendant des années, allégeance forcée aux pieds des Ozova.
Sang : Hybride
Irl : Masc. - il/lui
DC : Merle De Borhea
Faceclaim : Toby Stephens
Crédits : ange
Trigger : veines (mention & actions)
Warning : automutilation, autodestruction, dépression, mascu. toxique, esclavagisme, violence physique, traumatisme
Bones
   
23 AP. BDA ― tw : none.

La corde est une bonne idée. Par réflexe, le Vautre aurait naturellement pris son outil de travail préféré : une chaîne s'étendant à l'infini (enfin, c'est l'impression que ça donne, il n'est jamais allé vérifier), incassable jusqu'à maintenant. Et c'est là que le bât blesse, parce que le coutelas n'est pas là pour les chiens, enfin, si, pour un en particulier, mais quoi qu'il en soit, si sa théorie s'avère vérifiée, ils vont tout bonnement se noyer ensemble avec son lasso magique. Ça plairait au Chuckles, ça, de se noyer à deux dans une quête éperdue. Y a un côté très romantique à cette éventualité. C'est pas contre lui, mais hors de question de lui donner satisfaction : non, c'est bien la corde. On la sciera si nécessaire.

Les mains du Vautre se posent de part et d'autre de la table ; il zieute les reliefs sous la plaque de verre, comme il ne l'a pas fait tout à l'heure, laissant aux soins de Hundread de dévorer toutes ces découvertes les unes après les autres. Maintenant, il a peur. Il ne veut plus quitter cette maison rassurante, et Dante n'a pas envie de le persuader de le faire. A observer comme ça le meuble gravé, il commence à comprendre ce qui lui échappait tout à l'heure, et une angoisse sourde lui fait songer une seconde à la perspective d'effectivement rester ici encore un peu. Et s'il s'était trompé dans ses notes aussi pour le miroir, comme depuis le début ? Il ne va pour autant pas se ronger les sangs comme ça. Une poule mouillée, c'est déjà bien assez.

Pas du tout. Répond-il avec aplomb pour se persuader du contraire. Il ne ment pas vraiment, après tout, parce que la peur à l'heure actuelle est sourde, contrairement à celle de la veille qui l'aurait fait détaler comme un lièvre ou charger comme un taureau s'il avait été seul. Heureusement qu'il y avait quelqu'un à impressionner. Je trouve ça même plutôt excitant. C'est ce que tu voulais, non ?

Et ses yeux empreints de malice quittent le joli minois renfrogné, avec leur demi-mensonge. Roh, c'est bon, lui aussi il peut le faire, hein. C'est que le massage était pas désagréable, et l'a peut-être même convaincu qu'à son retour sur Jahar, il irait faire un tour au sauna local aux heures les plus sombres, ni vu, ni connu. Avec un Mog sous le bras, ouais, histoire de pas paraître trop louche. Quoique, deux mecs balèzes comme eux, tard le soir dans un sauna, c'est carrément louche. Ah, il ne veut plus y penser, et aussitôt ses bleues quittent Hundread qu'elles se posent sur le nuage de poussière qu'il vient de souffler comme le Grand Méchant Loup. Une toux cahoteuse plus tard (quel con, dans un endroit clos !), on y voit bien mieux les galeries et symboles marqués. La carte qu'a dégoté Chuckles les aidera bien, à n'en point douter : c'est quand même mieux pour aller dans l'eau, même si ça gondole vite si on ne le trempe pas dans la bonne huile, le bois.

On dirait que le verre représente la surface de l'eau. Je suis sûr que les galeries sont immergées. Il a trouvé ça tout seul, et il en est pas mal fier. Inutile de laisser la pensée que Hundread ait pu comprendre avant lui s'installer, sans quoi, il va redevenir bougon. Un soupir. Va falloir ouvrir les yeux, mon grand. Le regard qu'il lève est en tout point contrit. Il a eu bien des émotions, le grand en question, et n'est pas au bout de ses peines pour aujourd'hui. On essaiera avant d'y rentrer. Comme ça, en plus, tu pourras pratiquer un peu ta brasse.

Mais quelque chose lui dit que la peur grignotant le pirate (qui n'est ni un aventurier maintenant, ni un pillard, bien qu'il n'ait jamais été considéré comme tel) ne le rend pas d'humeur à retourner faire trempette. Sa barbe de quelques jours et ses cernes lui donnent des airs de naufragé ahuri, et ses nerfs semblent avoir été mis à rude épreuve d'avoir enroulé cette simple corde. Alors il s'est approché, le Vautre, et il a glissé sa pogne entre l'épaule et le chanvre tressé, et ses doigts l'ont serré, délestent enfin cette humeur lourde. Un maigre poids dont on l'allège, c'est vrai. C'est un pirate, après tout. Mais c'est tout ce qu'il peut faire, à l'échelle de sa propre intuition.

Enfin, si tu préfères, on se repose ce soir. Ça ne l'embête pas. Et ça l'arrange peut-être un peu, en fait. Il n'a pas envie d'avoir à repêcher Hundread mort de fatigue d'avoir dû se débattre d'un rocher à un autre pour la deuxième fois de la journée. On pourra y aller demain matin, au lever du jour. La température nous réveillera, tiens. C'est comme une grosse claque dans la gueule : ça fait circuler le sang.

Hundread Maelmuir
Moussaillon à l'abordage !
Hundread Maelmuir
Hopes
Miscéllanées : Twenty years to go || Dante || Flashback - Page 4 StxKp

Âge : 46 ans.
Pronom : Can you be my friend tonight? My day is gone, my body light. Can you take me as I am, a heavy soul, a hopeful man?
Coeur : Will you wander here some day, will you turn up unannouced with some new things you want to say?
Origines : Can you hold me to my word? My nights are cold, my memories blurred.
Clan : Will you laugh when I am slow? Will you get me if you need me, and be fine if you don't?
Sang : Plutôt humain, même s'il adore se déguiser et s'infiltrer.
Pouvoirs : Aucun pouvoir, il est juste sympathique.
Boussole : Sur le pont d'un navire, le toit d'une jolie maison qui ne lui appartient pas, dans des cuisines où on l'a laissé entrer, ou en train de faire du shopping plus ou moins légal.
Aventures : Flashbacks :
Ash, Dante, Velizar
Temps présent :
Cyan, Aes, Cyan, New Calypso Team

Inventaire : *Plume chanteuse
*Montre à gousset
*Eventail
*Bougie

Irl : Pronoms masculins pour un ressenti plus fluide.
DC : Egor Arseniev.
Faceclaim : Fero Janicek.
Crédits : Hermand.
Bones
   

"Je peux pas ouvrir les yeux sous l'eau. Même ici dans une bassine, je peux pas." D'un geste véhément, Hundread désigne une vasque de cuivre accrochée au mur, probablement plutôt pour décorer que pour tout autre usage. Ah, c'est là qu'était accroché l'autre objet qu'il a fait tomber, un disque salement aiguisé qui lui a pincé l'orteil. Il le raccroche à sa place, au moins là-haut personne ne s'y blessera. A moins que la soirée dégénère et que quelqu'un se retrouve plaqué contre un mur... Non non, ça n'arrivera pas.

"Il en faudrait beaucoup pour que je trouve ça excitant. Vraiment beaucoup." Ce n'est pas une provocation pour cette fois, c'est de la curiosité. Qu'est-ce que Dante pourrait bien inventer pour lui faire apprécier cette expérience absurde, voire la rechercher de lui-même ? Qu'est-ce qu'il aurait à voir de si extraordinaire sous l'eau ? Toutes sortes de scénarios extravagants lui traversent l'esprit. Ils n'en étaient pas si loin, pourtant, tout à l'heure... quand la peau rugueuse appliquait son contact prévenant contre la soie dérangée par le tourbillon. Il aurait suffi de pas grand-chose. Assez pour lui faire oublier ce qui l'attend sous la surface, le jour où Hundread retirera ses éternelles œillères ? Assez pour faire de lui un autre homme tout à coup, et pourquoi pas rattraper son âge ?
Non, ce ne serait pas extravagant. Ce serait plus que naturel. Mais pour cette fois, c'est lui qui ne se sent pas prêt. Un sourire bref laisse deviner les abîmes qui louvoient dans son âme, et il fait un pas en arrière.

"Je préfère... On se repose. C'est plus sérieux. Et je vais me refaire une beauté, au cas où ça tourne mal demain : je tiens à te laisser un joli souvenir."

On en croise fatalement, en mer, de ces êtres dont une phrase sur deux semble équivoque, dont un regard sur deux s'assortit d'un clin d'oeil, et qui pourtant sont les plus chastes et les plus respectueuses qui soient - souvent des femmes qui ont déjà bien vécu, et qui s'amusent des convenances sans avoir besoin de chair fraîche pour autant. C'est leur manière d'être, la forme que prend leur familiarité. Et les aventuriers bien bâtis doivent apprendre à encourir les feux de leur séduction imaginaire, au son des rires de leurs amis, alors que chacun sait parfaitement qu'il s'agit d'une comédie. Les nuits entre deux massacres doivent bien être égayées de quelques plaisanteries, l'alcool ne suffit pas.

Hundread se demande tout à coup si c'est ce qu'il est devenu. En furetant dans les affaires éparpillées, en quête de quelque chose qui l'aiderait à remettre de l'ordre dans son apparence, il se reproche légèrement cette subtile métamorphose infligée par l'âge. Dante aurait mérité de le croiser au sommet de son charme. Oui, un joli souvenir. Ce serait important.

"Il a intérêt à être magnifique, ce miroir. Le reste, franchement j'y renoncerais," marmonne-t-il en extirpant un petit meuble biscornu d'un tas de vieilleries. "Tiens, ce n'est pas cette coiffeuse ? Il y a un miroir." Ecaillé, évidemment. Il va falloir se contorsionner pour voir nettement le bas de son visage. Le haut, tant pis, il aura l'air de porter un masque de vitrail incolore. Ho, ça c'est une idée ! "Et fais attention au disque que j'ai pendu au mur, c'est une arme. C'est coupant comme le fil d'un rasoir," affirme-t-il en levant sa main armée du petit ustensile. Misère, rien pour accompagner l'opération et l'adoucir, il va falloir tailler sec et espérer qu'il n'en ressorte pas tout rouge... ha, quelle vie !
Une petite vie qui semble presque domestique tout à coup.
"Je renoncerais à pas mal de choses, si tu étais partant." Il vaut mieux laisser cette phrase-là en suspens. Les grandes émotions ne vont pas de pair avec les lames tranchantes à même la gorge.
Dante O'Broin
Moussaillon à l'abordage !
Dante O'Broin
Hopes
Miscéllanées :
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« j'en ai poursuivi des fantômes
presque touché leurs ballerines,
ils ont frappé fort dans mon cou
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Âge : vieille âme, cinquante deux ans tassés de galères propres et figurées.
Pronom : de genre masculin, pronoms en conséquence.
Coeur : sûrement qu'il grogne, si on lui demande, qu'il dit que ces choses-là ne sont pas pour lui, et ne l'ont jamais été. par-delà les eaux, cependant, la vérité vogue au gré de ses envies, et s'en vient à l'abordage de ses plages désertes quand son cœur à elle s'ennuie.
Origines : né aux Quatre Vents sur l'île de Jahar, il y crèvera sans doute.
Clan : autrefois propriété et chien de chasse de la famille Vestrit pendant des années, allégeance forcée aux pieds des Ozova.
Sang : Hybride
Irl : Masc. - il/lui
DC : Merle De Borhea
Faceclaim : Toby Stephens
Crédits : ange
Trigger : veines (mention & actions)
Warning : automutilation, autodestruction, dépression, mascu. toxique, esclavagisme, violence physique, traumatisme
Bones
   
23 AP. BDA ― tw : émétophobie (mention).

D'accord, d'accord. Il a compris, message reçu : Chuckles n'est pas seulement mort de trouille, il est aussi irrité. Pourquoi ? C'est là que s'arrêtent les capacités d'analyses du Vautre. Lui, sa barbe ne le dérange jamais (elle devrait, de temps en temps, ça ne lui ferait pas de mal), et il est taillé pour d'autres activités bien plus éreintantes que de battre des pattes dix minutes dans un cours d'eau frais. Enfin, il ne va pas se plaindre : un temps de repos ne serait pas de refus, ils ne savent pas quand est-ce que le soleil va se coucher. Et puis, ils ont un lapin à finir.

Mais la mention du miroir le fait s'affaisser quelque peu. Rien d'évident, c'est la nuque qui s'est arquée à l'image des condamnés à la peine capitale. Ah, il ne faut pas lui en parler, où il repart immédiatement se faire un mouron fou et plumé de tout espoir. Cette île lui ment depuis le début, sur ses couleurs, ses saisons, sa magie et sa vie, elle recèle de secrets perfides qu'elle garde au fond de ses entrailles pour tout revomir sur les deux individus en son sein. Voilà, c'est la sensation que ça lui fait : avancer dans une eau vaseuse. Et ce foutu miroir, il en est sûr, ne servira à rien, s'il figure sur le tas de trésors qu'est venu dénicher Hundread.

Tout ça lui plombe le moral, tant et si bien qu'il ne jette qu'un vague regard au cerceau accroché au mur. Sûr que c'est bien pratique pour se raser ? Il a laissé tomber la corde sur la table – ah, non, il ne va pas demander. Hundread est un grand garçon, et ils ne sont pas assez éloignés pour que le Vautre ne le paternalise comme ça. Lui apprendre à nager, pourquoi pas. Se raser...
Mais les derniers mots le piquent au vif, achèvent son humeur. C'est peut-être le bruit sourd de la corde lourde et du grincement du bois vieillit qui ont échauffé ses nerfs à la manière des cordes d'un violon trop frottées. La panique, le crissement des pieds de la coiffeuse sur la pierre, les bruits sourds, l'angoisse en crue à l'idée de s'être leurré depuis le début sur cette quête miteuse, de perdre son temps, et surtout, surtout, cette idée folle d'abandonner quoi que ce soit pour suivre quelqu'un comme lui. Il comprend pas, le bel oiseau, qu'il y laisserait des plumes ?

Ne sois pas stupide Hundread. Tonne-t-il soudain, la voix grave. Tu vaux mieux que ça. Mais il s'en tient à cette affirmation, sans vouloir donner plus de détails. Qu'est-ce qu'il en sait de ce que vaut Chuckles ? Pas grand-chose apparemment, puisqu'il est gratuit. Ah ! voilà, ça dépasse tout ce qu'il pense vraiment. Il s'arrête là, il vaut mieux, se passe une main sur la nuque, secoue la tête comme s'ébroue un chien voudrait avoir la paix. Sa pogne saisit la lame – aïe, le con –, saisit la poignée, zieute d'un revers ou deux les reflets de la faible lumière. Putain, ça tranche. C'est plus pour lui-même. Fais attention. Ça, c'est pour Hundread.

Parce qu'il ne fallait pas se taire en quittant la grotte. Il fallait mieux parler, changer de sujet, vite, sans quoi le Vautre aurait eu besoin de plus qu'une seule profonde inspiration et d'un seul intense soupir pour apaiser tout le baroufle en-dedans. Il y croit dur comme fer, à ce qu'il a dit : mais si ça se trouve, il a mal compris. Peut-être que Hundread renoncerait simplement à sa robe fleurie, son trésor et ses rêveries juste pour être avec lui. Non, même ça, c'est trop. Comme c'est con de vouloir être avec lui, d'abandonner ces petites choses qui lui tiennent à cœur pour quelqu'un qui le traitera mal, de toute façon.

Il a déjà commencé.
C'est perdu d'avance.

Le lapin a morflé. Ne reste plus que des os décharnés, et tout le reste a été éparpillé au-dessus des braises, sur une grande pierre plate et suffisamment fine pour le faire sécher, à l'exception des cuisses. Ce serait mentir que dire qu'il n'a pas essayé de trancher la chair avec la lame circulaire en la faisant tourner sur elle-même. Une perte de temps, et d'une inefficacité remarquable ; rien de tel qu'un bon vieux couteau pour faire une basse besogne. Voilà, là, il est requinqué le Vautre, dans la solitude et les cris des oiseaux haut perchés des bois. Ses expériences l'ont un peu amusé, et maintenant il lance cette étrange arme contre un tronc de liège en espérant qu'elle s'y plante. En vain. C'est qu'il ne doit pas lancer assez fort, alors il recommence. Et il a eu la décence de remettre sa chemise, il se sentait peut-être un peu vulnérable en sortant de l'habitacle. Elle a été étendue dans le courant d'air, s'est pris toute la fumée. Au moins, à défaut de sentir la sueur froide, elle sent le charbon de beau.

Le museau du Chuckles pointe à l'entrée, et le Vautre ne s'embarrasse pas à faire mine de ne pas l'avoir remarqué : ce serait avouer qu'il a quelque chose à se reprocher.
C'est vraiment nul ce truc, comme tout ce qu'il ne comprend pas dans les cinq premières secondes d'observation, faut croire. Il a copié son geste de plus tôt, devant la coiffeuse, pour désigner la lame. T'as réussi à pas te couper ?
Dans sa langue, ça veut dire tu te sens mieux ?
Hundread Maelmuir
Moussaillon à l'abordage !
Hundread Maelmuir
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Origines : Can you hold me to my word? My nights are cold, my memories blurred.
Clan : Will you laugh when I am slow? Will you get me if you need me, and be fine if you don't?
Sang : Plutôt humain, même s'il adore se déguiser et s'infiltrer.
Pouvoirs : Aucun pouvoir, il est juste sympathique.
Boussole : Sur le pont d'un navire, le toit d'une jolie maison qui ne lui appartient pas, dans des cuisines où on l'a laissé entrer, ou en train de faire du shopping plus ou moins légal.
Aventures : Flashbacks :
Ash, Dante, Velizar
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C'est méditatif, se raser. Hundread reste seul dans le quasi silence, le petit son râpeux et répétitif de la lame contre sa peau pour toute compagnie. Il pourrait se sentir triste, vaguement ou pour un point précis, mais c'est plus compliqué que ça et les complications, ça l'a toujours intéressé. Dante est à la fois très simple et très compliqué. Méthodiquement, la lame glisse au long de la mâchoire qui s'incline, puis remonte en sens inverse au creux de l'avant-bras pour chasser les poils coupés. Un coup vers le bas, qui tranche et auquel il faut faire attention. Un coup vers le haut, qui nettoie et ne menace personne. C'est l'illusion d'un équilibre. Si seulement le monde était si basique...
Eh bien, il serait très ennuyeux. Et binaire, aussi. Et il manquerait de voix qui s'affrontent, cette origine probable de la musique et du théâtre.

Il prend son temps. Il laisse à son compagnon d'infortune le temps de poser les choses à plat lui aussi. Quant à Hundread, il sait très bien ce qu'il a envie de lui dire : il en a envie depuis le début. C'est étrange de s'observer torse nu dans cette glace brisée. En sortant, il le voit se démener avec la lame circulaire et ne peut s'empêcher de sourire, même s'il a le coeur un peu lourd.

"C'est un couteau à pizza peut-être... une grande pizza pour tout un équipage,"
imagine-t-il sans grande conviction, avec un geste vague qui pourrait désigner pas mal de choses. Ou juste balayer le coup d'oeil dans sa direction, parce que ça le gêne d'être observé alors que sa peau lisse et nue, échauffée par le rasage un peu brutal, rougit comme une écrevisse au soleil. Vivement que la nuit tombe, avec sa fraîcheur et surtout, sa cécité. En attendant, il va à la source cueillir un peu d'eau dans le creux de ses mains, pour en éteindre momentanément le feu qui court au long de sa mâchoire.

"Dante, n'aie pas peur de moi. Moi aussi je suis un monstre. Ne me demande pas de preuves, je ne t'en demande pas non plus..." En se relevant, il essuie ses mains humides sur sa gorge et ses clavicules où la barbe coupée s'est accrochée ça et là, agaçante et piquante. C'est à son tour d'exposer la plastique de son torse et le coeur qui bat là-dedans, la cage et l'oiseau, et peut-être se fait-il entendre plus facilement ainsi. L'inverse est vrai, en tout cas. Les sensations du corps sont toujours exacerbées lorsque l'âme s'agite sous la peau. Pourtant, maintenant qu'il a pris son courage à deux mains et s'est lancé à voix haute, il se sent extraordinairement calme ; calme pour deux. C'est ce qu'il faut, en ce moment. "Je ne te demande rien, je l'ai promis, ça tient toujours. Juste être là tous les deux, ça me va très bien, et à toi aussi, d'ailleurs."

Il passe à côté du feu sans s'arrêter, constatant au passage qu'un petit atelier de cuisine s'est mis en place, ce qui le fait sourire. Ils ne sont vraiment pas si différents, c'est tellement dommage que Dante ait adopté cette opinion. Mais ça ne vient pas de lui, Hundread en est certain. C'est une bêtise qu'il a ramassé quelque part comme un rhume de cerveau, et il a la constitution nécessaire pour s'en remettre. Il suffit d'attendre et de croire en lui, et de lui faire du thé chaud pour l'aider à rétablir sa température interne, de temps en temps. A nouveau, le pirate recommence à escalader dans les arbres qui longent la clairière, cette fois pour récolter quelques oeufs pour son projet. A croire que les haubans lui manquent déjà !

"Bon, je vais faire des crêpes pendant que tu réfléchis. Si tu vas camper ailleurs, je ne te pourchasserai pas, et si tu reviens, je te ne questionnerai pas. C'est ça, ma manière de faire : si tu n'es pas libre, ce n'est pas drôle."

Il lui faut se forcer pour ne pas regarder dans la direction de Dante. Pourvu que monsieur apprécie l'effort ! L'air sur son visage enfin net est agréable là-haut, le balancement tranquille en plein ciel, la perspective transformée sur le paysage aux reliefs exaltants, la caresse de ses cheveux qui cascadent dans son dos et sèchent enfin réellement, tout ça est une confirmation que tout va bien, que la vie continue. Chacun attelé à sa tâche de son côté, pour que tout aille bien. Ce n'est pas méchant d'appeler cela une vie domestique, si ? Ce n'est pas une insulte.

Après avoir formé une sorte de pâte avec ce qui se trouve dans la demeure, il faudra bien revenir auprès du feu pour la cuisson. Pour prélever un peu de graisse sur les os restants, aussi, à moins qu'il découvre une bouteille d'huile quelconque survivante dans ce fatras. Il n'imagine pas réellement que Dante s'en aille. Il ne l'a proposé que par courtoisie, pour exprimer sa philosophie générale. Et il hausse la voix avec bonne humeur, tout en fouillant dans les placards encombrés, sans aucune crainte que le silence lui réponde.

"J'étais sérieux, tu sais. Je n'essayais pas d'être charmeur ou quoi que ce soit. Ce qu'il y a ici, c'est un trésor suffisant pour moi, vraiment. J'en ai pour des années à retourner tout ce chaos !"

C'est facile de parler comme un vieux sage. Demain matin, dans l'eau, il fera moins le malin, alors un peu mesquinement, il en profite tant qu'il est encore temps.
Dante O'Broin
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Origines : né aux Quatre Vents sur l'île de Jahar, il y crèvera sans doute.
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Ce qui énerve le plus Dante, c'est que c'est vrai. Juste être là, à deux, coupés du monde, ça lui va très bien. S'il était honnête, il reconnaîtrait devoir cette quiétude à son partenaire d'aventure si conciliant et rieur, et qu'il n'a plus envie, depuis que le soleil s'est levé ce matin, de quitter ce royaume de pins, de lièges et de noyers. Les lancers machinaux ont cessé, la lame s'est finalement plantée dans le liège. Ca ne le satisfait même pas, puisqu'il est occupé près des braises à retourner les morceaux de viande en évitant de se brûler. Oh, non, il ne regardera pas Hundread : c'est lui qui a réveillé cette humeur de chien qu'il s'est efforcé de taire tandis que lui se faisait beau. Mais le Vautre n'a pas envie de lui en faire payer le prix. Il se contente de regarder quelques éclats de feu voleter par-delà les pierres qui entourent le foyer.

Il aurait bien aimé ne pas savoir qu'il était un pirate.
Ça l'aurait autorisé à s'inquiéter de le voir grimper là-haut.

Des crêpes ? Là où Hundread ne parle jamais pour ne rien dire, Dante n'hésite pas une seule seconde à déchirer son mutisme prolongé de quelques remarques pavloviennes lorsqu'elles s'imposent. Soudain, il bondit sur ses pieds pour venir l'aider à descendre – il ne faudrait pas casser les œufs. D'ordinaire, il se serait fâché et sentit évincé qu'on lui parle d'aller camper ailleurs, alors que ça n'était pas dans ses projets. Mais il y a des choses plus simples qui sont bien plus une priorité que jouer les adolescents colériques. Les crêpes, notamment.

Ses armes sont bien nettoyées, rangées, ses affaires triées, la peau d'ours débarrassée de toutes ses poussières et ses poils arrachés, et la pierre lisse chauffe encore, patiente. Mettre de l'ordre apaise les pensées, et si sa cabine sur le Cyclope n'est jamais en bazar, pas de raison que ce camp le soit. Ce n'est qu'à l'éclat de voix qu'il s'autorise à troubler l'affairement dans la petite maison troglodyte. Les activités de fin de journée sont toujours solitaires et un peu sacrée.

J'ai rien compris. Lâche-t-il dans un dernier lourd pas en débarquant dans la petite pièce mal aérée. Il ne lui demandera pas de répéter. Son azur balaye de gauche à droite, comme s'il cherchait quelque chose – il n'y a pas un mortier, par ici ? Si, bien sûr, sous ses yeux. Mais que voulez-vous, il y a des choses qui traversent les âges et les mondes. Y a un pilon ou un truc du genre ? Pour faire de la compote avec les prunes. Ça ira bien sur les crêpes. Peut-être que s'il retrouve Alma, ils pourront revenir ici et lui en faire – mais son flair est tout autre, et il y a, dans ce meuble à cases, des goulots qui dépassent. Il les avait remarquées tout à l'heure, mais avit tout simplement oublié. C'est qu'il y a d'autres choses qui occupent sa tête, ici, notamment : T'as de la pâte dans les cheveux. T'aurais dû me demander, j'aurais renoué tes mèches.

Mais Hundread n'a pas demandé, et dans toute sa prévenance, le Vautre n'a pas proposé. Alors tant pis, ça ne l'intéresse déjà plus : il a saisi la bouteille opaque de poussière pour regarder à travers. Avec la faible lumière, ce n'est pas évident, mais ce qu'il y a dedans a l'air liquoreux, il le fait danser et ça s'accroche aux parois. Liquoreux, et opaque aussi. Ça lui rappelle les boissons chaudes qu'ils font à partir de lait de chèvre, de miel, et d'une liqueur de malt, sur Jahar, mais il doute que ça s'apparente en quelconque façon à lait. Maintenant, il faut trouver comment l'ouvrir, le bouchon est rustique et enfoncé jusqu'au fond du gosier, et ça, c'est emmerdant. Qu'à cela ne tienne. Un petit tour au feu, et le tour est joué, le goulot est explosé contre une pierre, pas de temps à perdre avec la subtilité. Il sait bien faire, ça, le Vautre. Ça, et ne plus penser aux événements précédents, ni à ceux à venir. Il espère juste que le contenu sera bon.

Et ses attentes sont bien satisfaites.
Tant et si bien qu'il revient avec la même lourdeur dans le pas que précédemment. Le contraste entre les deux est risible : Hundread est au plus calme dans la masure, tandis que lui n'arrête pas de bouger, presque excité par ce qu'il vient de découvrir. Il n'a même pas pensé à regarder d'autres bouteilles pour vérifier qu'un bouchon ou un autre ne nécessiterait pas tant de brusqueries ; et sa brusquerie à lui, c'est coller le doux parfum de vin et de miel fermenté aux épices sous les nasaux du Chuckles.

Sens ça. Il s'est appuyé les reins contre la table, mais à l'entendre grincer maintenant dénudée de sa corde, ce n'est pas une bonne idée. Bouteille abandonnée, il s'en va regarder les autres. Il a l'air un peu vieux, mais il a surtout l'air très sucré. Effectivement, celle-ci pouvait être débouchonnée avec aisance. Le bruit sourd qu'elle fait est comme musique à ses oreilles. Il s'en est fait toute une cuvée, ton alchitruc. Comment ça se fait qu'il a décampé ?

Ah, peut-être les habitants des galeries immergés, à tout hasard.

Résultat du dé:
Hundread Maelmuir
Moussaillon à l'abordage !
Hundread Maelmuir
Hopes
Miscéllanées : Twenty years to go || Dante || Flashback - Page 4 StxKp

Âge : 46 ans.
Pronom : Can you be my friend tonight? My day is gone, my body light. Can you take me as I am, a heavy soul, a hopeful man?
Coeur : Will you wander here some day, will you turn up unannouced with some new things you want to say?
Origines : Can you hold me to my word? My nights are cold, my memories blurred.
Clan : Will you laugh when I am slow? Will you get me if you need me, and be fine if you don't?
Sang : Plutôt humain, même s'il adore se déguiser et s'infiltrer.
Pouvoirs : Aucun pouvoir, il est juste sympathique.
Boussole : Sur le pont d'un navire, le toit d'une jolie maison qui ne lui appartient pas, dans des cuisines où on l'a laissé entrer, ou en train de faire du shopping plus ou moins légal.
Aventures : Flashbacks :
Ash, Dante, Velizar
Temps présent :
Cyan, Aes, Cyan, New Calypso Team

Inventaire : *Plume chanteuse
*Montre à gousset
*Eventail
*Bougie

Irl : Pronoms masculins pour un ressenti plus fluide.
DC : Egor Arseniev.
Faceclaim : Fero Janicek.
Crédits : Hermand.
Bones
   

Les crêpes ne ressemblent pas à des crêpes. En d'autres circonstances, Hundread s'énerverait un tout petit peu. Juste pour le plaisir. Il trouve ça très pittoresque de ronchonner dans sa cuisine en se promenant ici et là, les mains occupées à toutes sortes de gestes ésotériques que les pirates observent parfois avec un sourcil levé, presque avec appréhension. Mais ce n'est que de la comédie. Il aime en réalité rencontrer un peu d'adversité dans sa tâche. L'invention, l'improvisation de dernière minute, voilà comment les meilleurs plats sont créés. Si tout était toujours simple, on mangerait de l'herbe par terre comme aux premiers temps, ou quelque chose comme ça.

Donc, les crêpes ressemblent à d'épais pancakes sucrés-salés aux reliefs lunaires, et ce seront désormais et pour le restant de sa vie les Crêpes de l'Ile. De temps en temps, il en fera volontairement, en souvenir. Alignant des monticules de trois à la fois, pas plus, sur des plats rincés sommairement et beaucoup trop jolis pour servir à table, il agite ses cheveux en essayant de localiser où ceux-ci se sont agglomérés.
Dante est toujours là, très bien.

"Je n'ai pas connu l'alchimiste. Je suis trop jeune... crois-le ou non."

Hundread ramasse une pièce d'un petit jeu d'échecs, dont les pièces d'ivoire évoquent étrangement quelques juges bien en vue d'autrefois. Considérant la barbe blanche du bonhomme (de toute façon, il est tout blanc, comme cette demeure et la falaise : d'un blanc un peu sale, délavé par la morsure du temps) il attend, assis bien sagement, que l'on daigne prendre soin de ses cheveux. Ben quoi ? Il ne va pas le faire lui-même. Lui, il ne voit pas où il y a de la pâte. Comme sous l'eau, c'est celui qui y voit qui s'y colle !

"C'est son apprenti qui m'a raconté, un vieux bonhomme lui-même, qui n'est venu ici que dans sa jeunesse. L'alchimiste a construit ce repaire pour mettre ses recherches en sécurité, c'est ce qu'il m'a dit. - Tiens, fais comme chez toi. J'ai trop rarement l'occasion de cuisiner avec quelqu'un !"

Un pilon, c'est bien ce qu'il cherchait ? Celui-ci a dû servir à concasser des plantes plus ou moins magiques, il est orné d'une petite tête animale sculptée, difficile à identifier. Le contraste entre toutes ces créations, rassemblées au cours d'une vie, lui donne le sourire. Ce fou d'un autre temps lui est sympathique. Il espère qu'ils ne lui manquent pas de respect en envahissant ainsi son sanctuaire avec leurs mains fouineuses. Mais quelque chose lui dit que, tant qu'ils parviennent à avancer, ils s'en prouvent dignes. Il poursuit son histoire d'un ton mystérieux, en capturant la bouteille entre ses mains pour jouer avec. Oh, ces crêpes, ils pourraient les faire flamber !

"On le voyait disparaître, quelques mois, parfois un an, puis il revenait les mains vides. Un jour, il a livré le secret de cette île. L'apprenti, quant à lui, avait peur de revenir parce que quelque chose a rendu les environs inhospitaliers. Il est resté très vague, mais il a dit que je pouvais tenter ma chance si ça m'amusait. Lui, il s'en fichait de ces vieilles affaires... autant que ça serve."

Il avait raison. Hundread, en tout cas, ça l'amuse beaucoup. Et ils vont grignoter ensemble ce soir et ils seront comme des rois, dans ce misérable logis de berger, et ils en oublieront que demain, ils risquent leurs vies à la recherche d'un trésor. C'est sans doute cela le plus magique dans cette île, le miroir qui transforme la réalité et fait apparaître des vies absentes. L'illusion. Ils s'en bercent, chacun de son côté, ou l'un l'autre, et à chaque nouvelle nuit passée ici, ils y dormiront un peu plus ancrés. C'est dangereux, bien sûr, comme tout ce qui est plaisant. A trop forte dose, on y perd la tête. Mais si ça avait déjà arrêté Hundread, ça se saurait.

"C'est peut-être un test. A l'avant-dernière étape, il y a tout ce qu'on pourrait souhaiter. Si on est trop curieux, on continue jusqu'au bout de la route, au risque de tout perdre. Si on est sages, on reste là... mais on se demandera toujours ce qu'il y avait après."

Il réserve une portion de crêpes qu'il renferme dans un placard, dans un petit coffret de bois. C'est pour le petit déjeuner de demain. Il faudra bien ça pour lui donner du courage... Quelque chose lui dit que vider une bouteille ne sera ni constructif, ni autorisé. Brr, rien que d'y penser !... Qu'aurait-il fait, s'il n'avait pas rencontré Dante ? Aurait-il tout de même plongé ? Aurait-il pu s'en empêcher ?
Dante O'Broin
Moussaillon à l'abordage !
Dante O'Broin
Hopes
Miscéllanées :
Twenty years to go || Dante || Flashback - Page 4 F2877dc1dd828db942cdb3b7e94f91d0346c55d5

« j'en ai poursuivi des fantômes
presque touché leurs ballerines,
ils ont frappé fort dans mon cou
pour que je m'incline »


e s t - c e . q u e . c e . m o n d e . e s t . s é r i e u x ?

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Twenty years to go || Dante || Flashback - Page 4 2e09817efad42c1d28222eac9c5b7ad09884f578Twenty years to go || Dante || Flashback - Page 4 3c02a74f358780fac692569750dde3126fc0e441


Âge : vieille âme, cinquante deux ans tassés de galères propres et figurées.
Pronom : de genre masculin, pronoms en conséquence.
Coeur : sûrement qu'il grogne, si on lui demande, qu'il dit que ces choses-là ne sont pas pour lui, et ne l'ont jamais été. par-delà les eaux, cependant, la vérité vogue au gré de ses envies, et s'en vient à l'abordage de ses plages désertes quand son cœur à elle s'ennuie.
Origines : né aux Quatre Vents sur l'île de Jahar, il y crèvera sans doute.
Clan : autrefois propriété et chien de chasse de la famille Vestrit pendant des années, allégeance forcée aux pieds des Ozova.
Sang : Hybride
Irl : Masc. - il/lui
DC : Merle De Borhea
Faceclaim : Toby Stephens
Crédits : ange
Trigger : veines (mention & actions)
Warning : automutilation, autodestruction, dépression, mascu. toxique, esclavagisme, violence physique, traumatisme
Bones
   
23 AP. BDA ― tw : moisissure (mention).

Une minute d'inattention, et il a profité du dos tourné pour chaparder un petit bout de galette (il n'appelle ça crêpes que pour faire plaisir à celui qui les a préparées), déchiré de son pâton, aussitôt fourré dans le groin. Hundread n'en voudra pas à un grand gaillard qui a besoin de manger, il en est sûr, mais il a connu des gens en cuisine qui auraient chassé pour bien moins que ça. Il est tout de même impressionné, Dante, de voir toute la ressource dont fourmille le pirate : des crêpes en territoire hostile, faut le faire. Lui aurait sûrement passé une famille de lapins par jour, s'il avait été seul ; c'est vite redondant, alors que de petites galettes avec des œufs volés... Et pour les honorer comme il se doit, il en déchire un autre bout.

Le mortier est sur la table, effectivement sous son nez. Pas de sa faute si la tête de chien, ou de léopard, ou d'il-ne-sait-quoi encore, porte à confusion. Un pilon, ça n'a pas besoin d'être à ce point détaillé, râle-t-il. Mais comme aurait été faussement agacé Hundread avec sa tâche, le Vautre ne bougonne que pour le jeu, pareillement lorsqu'il abandonne sa bouteille (qu'il n'a même pas goûté, on félicite l'effort) après une œillade dépourvue de toute équivoque. Chuckles pourrait rouler de l'épaule et papillonner des cils que ça ne serait pas moins flagrant ; dans toute sa bonté, et parce que c'est de la sorte qu'on l'a bien dressé, le Vautre abdique sans trop rechigner non plus. La pâte a à peine séché, ça colle à ses doigts. Il se garde de les lécher si près du visage de sa victime, sans quoi il n'aurait pas fini d'en entendre parler.

Et parler, Chuckles n'arrête pas. Pour une fois, le Vautre ne s'en plaint guère. L'histoire lui rappelle les romans d'aventure qu'il dévorait de longues heures durant dans la bibliothèque dramatiquement humide de la maison familiale. La pièce était mal orientée et mal isolée. L'odeur de papier suintant de poussière et de moisissure rendait les récits encore plus vrais, et il semble au Vautre capter à nouveau cette étonnante fragrance alors qu'il passe des doigts dans les longs cheveux ondulés, pensif. Le geste est presque machinal, la ceinture rouge-rosée au creux de la paume ne s'apprête pas à nouer. Il démêle avec attention les quelques nœuds (Nicodema avait les cheveux moins longs) dans la chevelure en cascade, prenant soin de ne pas blesser la tête qu'il manipule avec autant de doigté qu'il est capable de fournir.

Il faut continuer. A-t-il grondé, pour la forme, puis il serre le ruban de soie fermement autour des mèches. Ses attaches ressemblent à des bandages de guerre, c'est ridicule et inesthétique au possible, mais ça a le mérite de tenir. Une longue traînée rouge lui pend dans la nuque et virevolte derrière lui ; Dante la suit comme s'il suivait un papillon insaisissable. Celui-là a dû remarquer que le Vautre avait fauté puisqu'il cache son trésor de la soirée. Ça le fait sourire, légèrement. Il a des grandes pattes, Hundread, il est tout en longueur et en finesse, et surtout, il sait ce qu'il fait : chaque fois qu'il se déplace, on dirait qu'il danse une chorégraphie qu'il a apprise par cœur. C'est un truc de coq, ça faut croire, mais jamais il n'en a vu un l'incarner avec autant d'élégance.

Comme s'il avait été pris sur le vif, Dante a fait mine de s'étouffer. Pas de chance, la seule boisson potable à portée c'est l'hydromel maison dont il avale un grosse rasade pour faire passer la honte – mais quelle ne fut pas sa surprise de sentir tout ce sucre lui dégouliner dans le gosier, si concentré qu'il en brûle les parois. Une quinte de toux pour se remettre, il aurait bien besoin d'un peu d'acidité et d'eau fraîche pour faire passer. Et parlant de faire passer, il tend la bouteille au Chuckles : hors de question qu'il souffre seul, maintenant.

N'aie pas peur, il est bon. Mais le seul qui a peur ici, c'est toi Dante. Juste très, très sucré. Ce n'est ni un mensonge, ni un problème. Il ira à merveille avec tes crêpes. La voix est à peine cassée, un peu désossée, manquant de structure. C'est qu'il a l'impression d'avoir bouffé du sable, il comprend pourquoi ça se sirote dans de jolis verres minuscules et pas enfoncé direct dans le gosier pour rincer tout le beau monde à l'intérieur. Le Tavernier en sert un doux et épicé dans de petits godets frappés du forgeron le plus populaire de Jahar ; lui aussi, il aura des histoires à raconter à Hundread, un jour.

Peut-être lorsqu'ils sortiront de l'île.

Il s'est installé dehors, en tailleur près du feu. L'hydromel est enfoncé dans le sol de mousse et d'herbe rases, calé par une pierre empruntée au foyer ; ses mains de soudard affairées à écraser, encore, et encore dans un geste répétitif, des prunelles dont les noyaux gisent à un lancer par-dessus l'épaule. S'en est presque méditatif. Le Vautre a repensé à l'histoire de l'alchimiste, aux galeries sous-marines, et à la présence hostile qui les a hantés toute la nuit dernière. Rien, aucune manifestation de leur part aujourd'hui. Pourtant, de toute évidence, les bêtes quelle qu'elles aient été, sont bipèdes, et ils ont laissé le camp sans surveillance plus d'une fois. Une lampée d'hydromel pour lui, une autre pour le récipient du mortier, et les fruits font un bruit de bouillie bulleuse chaque fois qu'il les écrase. Les créatures auraient bien pu les prendre par surprise près de la cascade ; y ont-ils échappé ? Ou n'était-elles pas vraiment là ?

Le joli minois sorti de sa grotte a le mérite de lui faire lever les yeux plus vite qu'il ne l'aurait espéré. Ça lui va mieux, la barbe de trois jours, se dit-il. Surtout avec la robe. Ça donne un petit côté d'entre-deux mondes que le Vautre ne saurait même pas s'expliquer à lui-même.

Chuckles, il ne salue pas, il appelle, et ses coudes se reposent enfin sur ses genoux. Qu'est-ce que t'espères trouver, demain ? Un trésor, ouais, j'ai compris. Mais précisément.

Lui, il est venu chercher un miroir, c'est tout.
En revanche, si on lui sort une mièvrerie du genre que Hundread est capable de sortir, il se fait la promesse de se barrer.

Hundread Maelmuir
Moussaillon à l'abordage !
Hundread Maelmuir
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Coeur : Will you wander here some day, will you turn up unannouced with some new things you want to say?
Origines : Can you hold me to my word? My nights are cold, my memories blurred.
Clan : Will you laugh when I am slow? Will you get me if you need me, and be fine if you don't?
Sang : Plutôt humain, même s'il adore se déguiser et s'infiltrer.
Pouvoirs : Aucun pouvoir, il est juste sympathique.
Boussole : Sur le pont d'un navire, le toit d'une jolie maison qui ne lui appartient pas, dans des cuisines où on l'a laissé entrer, ou en train de faire du shopping plus ou moins légal.
Aventures : Flashbacks :
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Bones
   

C'est si agréable de se laisser arranger les cheveux que Hundread pourrait fermer les yeux, ronronner et se laisser bercer. Au lieu de cela il parle, et il se plaît à considérer que Dante et lui parlent vraiment plus facilement à présent. L'alcool n'y est encore pour rien, mais à poursuivre dans cette direction, ça viendra. Une soirée teintée à l'hydromel...

"Je veux, je sais pas."
C'est vrai qu'il n'y a pas réfléchi. Un trésor, c'est fait pour être pillé ! C'est de la redistribution des ressources, voilà ! Question de principe et de bien-être de l'humanité. C'est ce que dirait Aréliane, qui lui a appris le métier, et c'est un peu ça mais pas seulement.
"Des bijoux ?... Des choses que je ne pourrais jamais m'acheter ou, disons, trouver dans une baraque abandonnée comme ici."

Pourtant, le but n'est pas de s'enrichir. En rougissant légèrement, Hundread réalise que son but est assez immature. Il veut les bijoux pour les porter en secret, et ensuite il est bien obligé de les vendre, ou de se les faire voler par plus malin, fatalement. Il n'a pas de maison où les entreposer jalousement, pas même la volonté de s'en procurer une. Il vit au jour le jour et sa beauté aussi, changeante au fil des découvertes. C'est difficile à expliquer à quelqu'un qui ne partage pas cette vénéneuse attraction. Dante pourrait se moquer ; pour cette fois, il le lui accorderait.

"Je ne veux pas que tu prennes une mauvaise opinion de moi, mais je suis quelqu'un d'assez rapace, avec tout ce qui brille. C'est peut-être même pour ça que j'aime tant partir en mer. J'ai besoin que ça brille, ça me rend vivant. Les bijoux, c'est un peu de lumière que j'attache sur ma peau."

Il a une théorie là-dessus : tout petit, quand il s'est perdu ou qu'on l'a abandonné, il portait sur lui un bijou quelconque qui aurait pu aider à le faire reconnaître. Mais bien sûr, ce petit article précieux s'est perdu dans les méandres de la survie et il l'a oublié lui-même, ne se souvenant que d'une vague impression de désirer ce chaud chatoiement, de s'y sentir en sécurité. Il n'en sait rien, tout ça ce sont des conjectures, pour tenter de s'expliquer à lui-même les bizarreries de son caractère.

Comme pour prouver qu'il est tout de même un homme et qu'on peut le prendre au sérieux, il porte vivement le goulot à ses lèvres et boit, à son tour, une gorgée de trop. C'est brûlant et poisseux à la fois, mais ça n'a rien à envier à la mélasse qui a traîné au fond d'un navire pendant de trop longs mois en mer. L'avantage de goûter à tout, c'est qu'il est devenu difficile à impressionner. Il plisse les yeux tout de même, et repose la bouteille ; mieux vaut alterner avec le thé pour éviter de s'étouffer.

"Un de ces jours, je coucherai avec une sirène et ça me calmera, qui sait."
Est-ce que Gribouille lui en veut de faire ce genre de blagues ?...

Il s'essaie à flamber une crêpe sur le feu - dans la graisse de lapin, oui oui - la seule huile qu'il a trouvée dans la maison était rance. Juste pour voir si on lui fera la leçon. Mais la quantité de cet alcool âpre l'autorise certainement à quelques fantaisies.
L'odeur lui dit que ça va être intéressant. Encore un peu de cette pâte de fruits avec ça, et ils auront réinventé la cuisine.

"Toi, Dante, tu cherches quoi dans ce miroir ?"

Oui parce qu'il y a une personne ici qui fait des mystères, et ce n'est pas Hundread. Lui, c'est assez clair ce qu'il veut : de l'aventure, des trésors, satisfaire sa curiosité, répondre au défi d'un vieux fou, c'est naturel tout ça. Dante n'a pas l'air du genre de personne qui a besoin d'un miroir magique dans sa chambre pour mieux dormir la nuit. Ni d'un magicien, d'ailleurs, pour qui l'objet aurait une sorte de valeur utilitaire. Alors, est-ce que c'est un duc qui l'a envoyé chercher cette relique pour ses collections privées ? Ce serait trop bête. Sans jugement, mais tout de même ! Subir tous ces désagréments pour le plaisir d'un autre... là, c'est Hundread qui ne comprendrait plus. Il a été bien des choses dans sa vie, mais il n'a jamais été un soldat.

Sa première création passe entre les mains de son convive. C'est le moment de vérité.
Dante O'Broin
Moussaillon à l'abordage !
Dante O'Broin
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Coeur : sûrement qu'il grogne, si on lui demande, qu'il dit que ces choses-là ne sont pas pour lui, et ne l'ont jamais été. par-delà les eaux, cependant, la vérité vogue au gré de ses envies, et s'en vient à l'abordage de ses plages désertes quand son cœur à elle s'ennuie.
Origines : né aux Quatre Vents sur l'île de Jahar, il y crèvera sans doute.
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Des bijoux.
Pour toute réponse, Dante sourit, tout simplement. Il ne regarde plus Chuckles, il l'écoute avec attention par-dessus le bruit abjecte et organique des fruits qu'on écrase. D'un sourire en coin, il ne juge pas, le Vautre, il s'amuse d'entendre les priorités de ceux qui ont le luxe de s'y attacher. Même Hudread s'en rend compte, d'à quel point tout ça est futile ; mais toute cette superficialité va bien avec sa personnalité, on le reconnaît là. Alors il suffit de sourire un peu, sans rien dire, avec une tendresse qui n'appartient qu'à ceux qui ne sont pas habitués à en montrer. C'est drôle, le blason à la maison arborait un grand corbeau aux plumes aussi noires que ses cheveux attachés.

Dante ne peut pas s'empêcher de penser à quel point, lui, il ne brille pas.

La boutade n'en est pas une pour tout le monde, et une babine se lève de mécontentement. Les sirènes, dans son milieu, ne sont pas des sujets de plaisanterie (enfin, si, mais pas dans ce sens), et le plus gros du problème, c'est que Hundread n'a l'air de rire qu'à moitié. Il peut bien sillonner les mers en long, en large et en travers pour récolter la plus jolie perle qui ira à son teint et fera de lui un roi, ça le Vautre s'en moque bien. Ce qui l'emmerde n'est qu'une triste projection de sa propre expérience : ce n'est pas pour rien que les légendes parlent d'océanides qui charment les matelots jusqu'à les noyer. Aux bras de ces créatures inhumaines, on finit toujours par se noyer. Et ce n'est jamais sans douleur.

Toi, Dante, tu cherches quoi dans ce miroir ?
Un ange passe, il retourne les choses dans tous les sens pendant ce temps. Silencieux et les yeux rivés sur les braises, puis sur la pitance qu'on lui offre gentiment mais qui ne lui fait subitement plus du tout envie. Du plomb dans l'estomac à défaut d'en avoir dans l'aile, il y a des sujets dont le poids ne change jamais malgré les années qui passent. Il pourrait bien se renfrogner, râler, se fermer comme le cloporte qu'il a l'habitude d'être, mais Hundread ne mérite pas ça. De toutes les rencontres qu'il a faites sur des îles désertes, c'est certainement la personne la plus honnête et la plus bienveillante qu'il lui ait été donné de croiser. Même Le Tavernier ne s'embarrasse pas d'autant de prévenance, bien qu'on sente sans peine à quel point c'est un humain qui prend soin des gens. Puis, Chuckles lui donne à manger, et ça a une bonne odeur de miel. On dit quoi déjà, sur l'estomac et le cœur des hommes ?

La crêpe tourne entre ses mains, il n'y a pas encore touché. C'est qu'il songe à la manière d'aborder le sujet, mais comme il n'y en a aucune de bonne, il lâche tout en un bloc brut, après un soupir bref pour se donner du courage :
Ma fille. Ça donne la sensation d'un couperet tombé sur une nuque dégagée. Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas confié ce secret en dehors des cyclopes. On me l'a enlevée.

Le reste se passe d'explications. Quid de la ravisseuse ? Lui, il sait ce qu'il lui est arrivé, il n'a pas besoin d'en dire plus, c'est déjà beaucoup articulé pour un pareil sujet. Peut-être que s'il ne la nomme pas, cette enfant perdue, qu'elle n'existe qu'en chimère nébuleuse dans l'esprit de Hundread, ils arrêteront d'y penser. Le Vautre n'a pas envie d'arrêter d'y penser, mais sur cette île, ça s'impose à lui. La fatigue, la tristesse. Tout le gagne, et il se tient comme une plante dramatiquement peu arrosée, et c'est plus de douleur qu'il n'en a connu jusque-là. De douleur, et de colère.

Tu sais, les sirènes sont perfides. Comme les sorcières isolées dans les légendes, j'sais pas si tu connais. On dirait qu'elles ont fait un pacte avec un genre de forces obscures. Il a arraché un bout du repas, machinalement, plus pour s'occuper les mains et la bouche que par appétit. Son front plissé et ses sourcils affaissés ne sont pas ceux de quelqu'un qui apprécie la pitance ; non, ils sont ceux d'un inquiet revanchard encore pétrit d'une haine sourde. C'est qu'il faudra encore quelques années pour atteindre cette impuissance acquise qu'adoptent les chiens trop battus. Moi, j'ai couché avec une sirène. Et bien sûr, dans tout ça, il ment comme il respire : il en est tombé amoureux de sa sirène, voilà la vérité. Elles prennent tout tant qu'elles sont là et ne repartent jamais sans rien.
En voilà un, d'aveu.

Hundread Maelmuir
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Hundread Maelmuir
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Pouvoirs : Aucun pouvoir, il est juste sympathique.
Boussole : Sur le pont d'un navire, le toit d'une jolie maison qui ne lui appartient pas, dans des cuisines où on l'a laissé entrer, ou en train de faire du shopping plus ou moins légal.
Aventures : Flashbacks :
Ash, Dante, Velizar
Temps présent :
Cyan, Aes, Cyan, New Calypso Team

Inventaire : *Plume chanteuse
*Montre à gousset
*Eventail
*Bougie

Irl : Pronoms masculins pour un ressenti plus fluide.
DC : Egor Arseniev.
Faceclaim : Fero Janicek.
Crédits : Hermand.
Bones
   

Hundread a commis l'erreur de manger en écoutant, et il a failli s'étouffer. Il s'attendait à tout, sauf à de réelles confidences. Le passé récent lui avait appris à prendre leur absence avec philosophie. Et tout à coup...! mais il aurait dû s'en douter. Tout ce temps, il s'est imaginé que Dante pourrait être quelqu'un d'un peu comme lui, une plume au vent, mais il était clair que cet être-là s'était ancré quelque part, et que c'était ça le plus important à ses yeux. Cessant de manger, il manipule machinalement une boîte trouvée dans la baraque, qu'il a rapportée l'air innocent avec le plat... et qu'il comptait montrer à la fin du repas, avec une fierté de pirate qui aurait fait rire Dante, parce que ça lui aurait été profondément égal. Il n'y aura pas de rires cette fois.

Dante a eu un enfant. Il y était attaché. On le lui a pris. Une sirène ? Une sirène avec laquelle il a couché. Pas assez d'informations pour déterminer si c'était une amante de passage, jalouse de ce bonheur domestique, ou la mère de l'enfant elle-même. Mais dans tous les cas, le coeur de Hundread s'est serré comme un pierre et coule au fond de l'eau noire, quelque part où ils se rejoignent. Pendant quelques instants, son langage corporel s'est figé, sa langue aussi, et il a l'impression de comprendre pourquoi Dante se conduit comme il le fait. Il traîne ce poids, jour après jour.

Lui, au moins, n'a rien fait de mal : il a aimé son enfant, et puis il a aimé une femme, et puis il lui est arrivé des choses difficiles. Et maintenant, il peut conseiller les autres pour les mettre à l'abri et c'est ce qu'il fait. Et il cherche son enfant jusqu'aux limites du monde. C'est quelqu'un de bien, c'est même quelqu'un d'admirable. Une émotion poignante s'empare de Hundread qui cherche comment l'exprimer, regarde la boîte à ses côtés, puis prend une décision. C'est facile au fond, il n'y a que celle-là qui lui tend les bras.

"Ecoute. Que ce miroir existe ou pas, qu'il fonctionne ou pas, c'est la même chose. On va repartir chacun de notre côté, n'est-ce pas ?" Un léger sourire triste passe sur le visage de Hundread, sans s'y arrêter. Son regard a cessé de chercher celui de Dante. Il n'a plus envie de s'imposer. Le bonheur domestique, il n'a jamais été fait pour ça, il ne pourra jamais lui rendre ce qu'il cherche. C'est dit et accepté, dans un même souffle. "Alors on cherchera chacun de notre côté. Je n'ai rien de mieux à faire de ma vie, pas vrai ? A deux, on peut en couvrir, de la route. Je chercherai ta fille moi aussi. Et au premier indice..."

Dante n'est pas le seul à porter des colliers précieusement autour de son cou. La dernière trouvaille de Hundread est un boîtier qui contient deux étranges pendentifs. On dirait des plumes à écrire, mais c'est beaucoup plus que cela. Il a su immédiatement ce qu'il avait envie d'en faire quand il les a trouvées entre deux boîtes d'épices. Et maintenant, il prie pour que sa proposition soit acceptée. C'est peut-être le seul lien qu'ils conserveront. Religieusement, il frotte ses mains avant de poser le boîtier sur ses genoux et de l'ouvrir, laissant apparaître le contenu.

"...On se prévient. Tu sais ce que c'est ?"

Puisque Dante ne semble pas avoir si faim en ce moment, tant mieux. C'est l'heure d'un geste symbolique. Et pour cette fois, Hundread ne minaude pas, la question n'est pas de parer un corps qui lui plaît pour le rendre resplendissant, ou autre enfantillage d'artiste. Il soulève l'une des chaînettes dorées et la passe autour du cou de son ami, conscient d'activer par ce simple geste des forces magiques qui valent bien tous les miroirs du monde. Peut-être parce que le vent s'est levé et caresse ses cheveux au passage, portant avec lui les senteurs de fin d'après-midi qui embaument la forêt.

"Elle est à toi, maintenant. Je te l'offre. Tu veux bien ? Passe-moi l'autre, et elles seront reliées pour de bon."

Ses yeux se ferment. Il attend. La douce saveur de l'hydromel chaud sur ses lèvres lui donne de quoi patienter, même si, dans sa poitrine, il ressent quelque chose qui ressemble à de la faim et à quelques autres sentiments emmêlés. Et son coeur est toujours une pierre, il le restera un temps. Leur voyage, à ses yeux, a pris une dimension sérieuse et même tragique qui est une nouveauté pour lui. Mais il ne lui viendrait pas à l'esprit de se rebeller. C'est peut-être ça qu'il a toujours cherché : un trésor qui en vaudrait la peine. Et il ne le rencontre qu'aujourd'hui.

Sans y prendre garde, il s'est aussi décidé à tenter la fameuse plongée du lendemain, et rien désormais ne pourra le faire reculer. Une crise de panique, en revanche, est toujours possible... mais ça, il vaut mieux ne pas y songer.
Dante O'Broin
Moussaillon à l'abordage !
Dante O'Broin
Hopes
Miscéllanées :
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« j'en ai poursuivi des fantômes
presque touché leurs ballerines,
ils ont frappé fort dans mon cou
pour que je m'incline »


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Âge : vieille âme, cinquante deux ans tassés de galères propres et figurées.
Pronom : de genre masculin, pronoms en conséquence.
Coeur : sûrement qu'il grogne, si on lui demande, qu'il dit que ces choses-là ne sont pas pour lui, et ne l'ont jamais été. par-delà les eaux, cependant, la vérité vogue au gré de ses envies, et s'en vient à l'abordage de ses plages désertes quand son cœur à elle s'ennuie.
Origines : né aux Quatre Vents sur l'île de Jahar, il y crèvera sans doute.
Clan : autrefois propriété et chien de chasse de la famille Vestrit pendant des années, allégeance forcée aux pieds des Ozova.
Sang : Hybride
Irl : Masc. - il/lui
DC : Merle De Borhea
Faceclaim : Toby Stephens
Crédits : ange
Trigger : veines (mention & actions)
Warning : automutilation, autodestruction, dépression, mascu. toxique, esclavagisme, violence physique, traumatisme
Bones
   
23 AP. BDA ― tw : none.

Ils vont repartir chacun de leur côté. Pourquoi ce fait si simple rend encore plus lourd le cœur du Vautre ? Allez savoir. Un mélange pieux d'affection incongrue et de la peur panique de perdre, encore, ce peu de choses plaisantes auxquelles se raccroche l'esprit. C'est momentané et irrationnel, il le sait, Dante. C'est le triste réflexe d'une personnalité qui n'a pas encore été poncée et polie par l'usure du temps et des larmes salines. Ah, il aurait préféré s'abstenir de tout attachement. Rester ferme et de marbre, à distance de bras et pas un pas de plus, garde tes pattes loin de moi ou je te tue. Mais s'il est en partie fait d'écailles, le Vautre reste homme malgré tout.

Et son battant s'alourdit aux mots inattendus. On cherchera chacun de notre côté, comme si c'était sa fille à lui aussi, maintenant. Le souffle se veut rire, mais un rire de clown triste, et le Vautre a secoué la tête, lentement, les yeux chassés par l'attention qu'y a soudainement porté Hundread. Timide, sûrement. Le pire, c'est d'être vulnérable. Il aurait préféré qu'on lui dise qu'il exagère, et qu'elles ne sont pas toutes pareilles, mais non, on pose la main sur sa douleur dans l'espoir vain de l'apaiser. C'est pour ça qu'il ne parle pas, Dante. C'est pour ne pas être pris en pitié, il n'en a pas besoin, merci bien – il sait, que ça n'en est pas, il sait. Mais c'est plus fort que lui. Alors il se force, il se force mais ne dit rien en relevant la tête, à regarder ce minois compatissant d'aussi près. C'est la deuxième fois, aujourd'hui. Il ferme les yeux quand on lui passe le collier, mais pas pour fuir. L'objet est chétif entre ses doigts, ridicule en comparaison.

Non, il ne sait pas ce que c'est.
Mais il doit passer l'autre autour de son cou.

C'est pas lui, tout à l'heure, qui menaçait sa pierre ? Peu importe. Un instant d'hésitation, n'a-t-il pas assez confessé d'affection aujourd'hui ? Mais il n'a pas la sensation qu'on lui en demande trop, pour une fois. Non, c'est plutôt naturel, il saisit la chaîne et son cœur bat plus fort, parce que Hundread l'attend. Ça le surprend un peu, mais il reconnaît cet emballement, ce troupeau de chevaux sauvages qui lui massacrent les côtes à chaque fois qu'il va faire ce qui s'apparente à un saut dans le vide. Il a arrêté de respirer, connement, pour ne rien trahir. Le bijou cliquète silencieusement autour du cou voisin, frappe le torse sans le blesser, et c'est joli, le doré va bien avec le jais. Ils sont reliés pour de bon, ça y est ? Dante ne peut plus reculer ?

Alors sa paume cale cet angle de mâchoire ciselée en son creux. Le contact se veut doux, Hundread s'est rasé tout à l'heure, il espère sincèrement que ses aspérités ne lui feront pas de mal. Ses yeux sont encore clos, ça donne l'impression à Dante d'avoir tous les droits à cet instant. Et il pourrait s'arrêter là, à caresser la joue d'un pouce puis la claquer, une, deux fois, bravement comme le font les matelots entre eux. Ça, il connaît, le Vautre. Ce qu'il connaît moins, c'est le goût de l'hydromel sur des lèvres. C'est l'envie, brève et tout aussi irrationnelle que d'avaler une pierre, de faire cadeau de ce qu'il semble qu'on attendait de lui. Même si on lui disait le contraire, tout à l'heure. On n'enlève pas une sensation pareille aussi simplement.

Le baiser dure plus longtemps qu'il ne le prévoyait. C'est qu'il doit être bien, là, dans son souffle, le Vautre. Il est chaste, aussi, bien trop par rapport à ce à quoi on l'a habitué. Pour autant, il ne forcera rien : Hundread a déjà fait un croche-pied à ses habitudes et ses principes, elles se sont vautrées dans le bassin et emportées par le courant. Est-ce volontaire de sa part ? Personne ne s'arrêtera pour le demander. Lui s'est redressé, à peine, et n'ose toujours pas regarder ces yeux qui ont porté sur lui une si grande compassion. Ah, il ne s'en sent pas digne, digne de rien même, de l'avoir entre les mains non plus. C'en est presque douloureux, parce que Hundread lui apparaît comme quelqu'un de pur au sens religieux. Et lui, lui, c'est un Cerbère craché de la gueule des Enfers. Ils ne peuvent pas se rencontrer, n'est-ce pas ? Il se fait des idées. Des idées fausses, et folles.

Merci, Chuckles. Murmure-t-il pourtant.
En lui, la tempête s'apaise d'avoir à peine prononcé ces quelques mots. D'ordinaire si mutique, il fallait bien l'exprimer, cette fois, toute la gratitude qui l'empoigne par le col chaque fois qu'il pose les yeux sur Hundread en train de puiser de l'eau, ou de cuisiner. C'est n'importe quoi, ce revirement de situation. Quand il va se réveiller, il voudra s'assommer, il en est sûr.

Hundread Maelmuir
Moussaillon à l'abordage !
Hundread Maelmuir
Hopes
Miscéllanées : Twenty years to go || Dante || Flashback - Page 4 StxKp

Âge : 46 ans.
Pronom : Can you be my friend tonight? My day is gone, my body light. Can you take me as I am, a heavy soul, a hopeful man?
Coeur : Will you wander here some day, will you turn up unannouced with some new things you want to say?
Origines : Can you hold me to my word? My nights are cold, my memories blurred.
Clan : Will you laugh when I am slow? Will you get me if you need me, and be fine if you don't?
Sang : Plutôt humain, même s'il adore se déguiser et s'infiltrer.
Pouvoirs : Aucun pouvoir, il est juste sympathique.
Boussole : Sur le pont d'un navire, le toit d'une jolie maison qui ne lui appartient pas, dans des cuisines où on l'a laissé entrer, ou en train de faire du shopping plus ou moins légal.
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Et soudain, le temps s'arrête.
Lorsqu'il reprend, on dirait qu'il a fallu une éternité, mais pas une seconde n'était de trop. Les feuilles sèches au sol poursuivent leur course scintillante, certaines l'achèvent dans les braises et se parent de mille étincelles.

"...Quoi merci, j'ai encore rien fait..."

Il y a maintenant dans le monde un marin taciturne et mélancolique qui, à tout moment, et jusque sur son lit de mort - ou ailleurs, les hommes comme lui meurent rarement dans un lit - pourra s'adresser à Hundread, coeur à coeur. Ce dernier est tout étourdi face à cette pensée, un picotement sur les lèvres, les yeux à peine rouverts de peur de voir la place à ses côtés déserte, et le rêve envolé. "Hm, alors-" De quoi parler à présent ? Il aurait besoin de parler, pour chasser la nervosité fiévreuse qui lui fait perdre la tête, mais pour une fois il ne sait plus quoi dire. "C'est une plume." Oui, ça se voit, merci. "Une plume de calligraphie, joyeux anniversaire," ajoute-t-il maladroitement en jouant avec la petite pointe, qui lui pique le bout du doigt. Faible écho à leur conversation de tout à l'heure au bord de l'eau. Dire qu'à ce moment, il maudissait presque Dante de ne pas avoir sauté sur l'occasion, pour lui plaquer un tel baiser sur les lèvres tout en le faisant valser sous la cascade, dans une apesanteur onirique...

Heureusement qu'ils sont assis près du feu. Il en aurait la tête qui tourne. Même sa propre voix est bizarre, il ne la reconnaît pas. Son épaule s'appuie contre celle de Dante, sa tête s'incline pour se nicher contre la sienne. Les deux plumes se frôleraient presque, mais on dirait qu'elles n'osent pas. Petit à petit, laborieusement, il reprend le cours de ses pensées.

"C'est pour s'écrire... Tu aimes écrire des lettres ? C'est magique, tout ce que j'écrirai te parviendra. On ne sera jamais seuls."

Avant de le dire, il n'y avait pas pensé ; mais maintenant il s'en rend compte, c'est ce qui leur plaît tant à tous les deux. Ce qu'il appelait au départ la compagnie. Il sera toujours là pour Dante, il le sait, dès que ce dernier le sollicitera. Peut-être qu'il n'a rien d'intéressant à lui apporter, mais ce n'est pas la question. Il est là. Ils sont juste là, tous les deux, et même le ciel au-dessus d'eux et les falaises qui les surplombent et les branches à leurs pieds en rougissent. C'est immense, c'est intimidant. C'est parfait.

Lentement, sans brusquerie, mais avec une assurance nouvelle, sa main ramène celle de Dante contre sa joue. Il s'habitue déjà à cette peau qu'il a expérimentée lors de sa baignade, sans pouvoir y prendre vraiment garde, et qui lui manquera tellement un de ces jours.

"C'est moi qui te dis merci. Tu n'étais pas obligé, mais tu l'as fait. Je m'en souviendrai toute ma vie."

Ce serait peut-être le moment de faire une plaisanterie, mais laquelle ? De lancer soudainement un autre sujet de conversation sans queue ni tête, comme il en a le secret... De se taire et manger comme si de rien n'était, mais même cela semble maintenant hors de portée. Et riposter, même si c'est moins risqué à présent, s'enhardir à son tour et témoigner d'un geste ardent tout ce qui bouillonne dans son coeur, il hésite. L'esthète en lui hésite. C'était tellement parfait, la manière dont Dante a progressé, l'enchaînement des mouvements comme une chorégraphie de combat, si simple et si efficace. Hundread a peur de faire n'importe quoi et de gâcher, sinon le moment, du moins le spectacle. Une petite peur bien légère, pas handicapante pour un sou, dont il se moquera demain, et qui lui est chère elle aussi comme tout ce qui se passera ce soir.

"Bon, je suis tout timide maintenant, bien joué. A nous."

Il lève la bouteille et boit à nouveau, puis revient tenter un baiser furtif à son tour, presque un baiser volé, mais un peu plus appuyé tout de même que le précédent. Et il rit d'un air légèrement ivre, encore tout étonné de ce qui se passe. C'est encore un truc de l'alchimiste, ça : sur cette île, il faut renoncer aux trésors pour les obtenir. Pourquoi la magie est-elle toujours si compliquée ? Elle fait son intéressante, voilà. L'alcool lui monte d'un coup à la tête, lui qui résiste pourtant si bien d'ordinaire, et délie tout à coup sa langue embrasée.

"J'étais sérieux, si tu... as voyagé suffisamment, et trouvé tout ce que tu cherches, ou juste... si tu es fatigué, on peut revenir ici et faire attention l'un à l'autre et, voilà, ça ne sera pas du temps perdu. Tu n'auras qu'à me l'écrire, et je viendrai. Allez, on parle d'autre chose sinon je vais pleurer comme un idiot !" Pourtant il rit de plus belle, mais l'un n'empêche pas l'autre, c'est un moment trop rare pour qu'une de ses facettes ne s'exprime pas.
Dante O'Broin
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Dante O'Broin
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Origines : né aux Quatre Vents sur l'île de Jahar, il y crèvera sans doute.
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L'affection n'est pas une alliée. D'ordinaire exprimée de manière bien spécifique, mais jamais de la sorte : tout contact lui paraît intrus, inhabituel, déplacé au sens littéral. On pose sur son épaule confortable une tête câline et lui ne sait plus où se mettre, regarde le haut du crâne avec une sensation étrange de quiétude rarement frôlée, jamais atteinte, et d'angoisse sourde qu'on ne parviendra jamais à toucher du doigt. D'autant plus qu'il a envie de se pencher pour y déposer un baiser tout en douceur, mais se retient. Hundread est gêné, il balbutie, ne sait plus où se mettre, se perd dans ses explications de plume que Dante ne comprend même pas et ne se donne même pas la peine d'imaginer : ce n'est pas un rêveur, lui. C'est ce qu'il a sous les yeux qui le transporte.

Je sais écrire. Il ne sait pas s'il aime les lettres. En tout cas, si c'est le souhait de Hundread, peut-être pourra-t-il lui en écrire quelques-unes ; mais il ne se rend pas totalement compte, quand on lui explique, ce que cette plume veut dire. Ça le fait sourire d'imaginer qu'on pense que des lettres magiques vont leur apparaître sous le nez, instantanément, qu'il suffira d'y penser suffisamment fort pour que ce souhait se réalise. De penser suffisamment fort à l'autre, quand ils en auront envie.

Son pouce caresse à nouveau la joue fraîchement rasée, puis un revers d'index doux, cajoleur comme il n'en a pas l'habitude. C'est un peu maladroit, c'est gourd, comme un enfant mimerait des adultes. Cette fois, le Vautre ne craint pas vraiment de croiser son regard : au loin, le soleil commence à décliner, et c'est dans ses yeux lumineux qu'il voit apparaître les premières étoiles de la nuit. Ça lui donne envie de sourire, mais ne le fait pas non plus. La sensation de s'être autorisé déjà bien assez musèle l'envie comme on l'a muselé, esclave, par le passé. Mais Hundread insiste. Lui, manque de se prendre un coup de bouteille (on aurait pu dire qu'il avait un coup dans le nez, mais ce n'est pas le cas, il en faudra bien plus pour qu'il s'enivre comme le fait Chuckles, et rien n'indique qu'il ait envie de ça), n'en veut à personne, parce qu'il a la sensation qu'on s'est parfumé les lèvres rien que pour lui avant de l'embrasser de nouveau. Cette fois-ci, il ne bouge pas, à peine, figé sur place, à se demander où est-ce qu'il doit poser les mains. Franchement, à son âge.

Ses doigts cherchent le creux des riens, jusqu'à la hanche.
Tu veux revenir ici ? Allez, on parle d'autre chose sinon je vais pleurer comme un idiot ! Un rire lui échappe. Tu vas pleurer ? Mais qu'est-ce qui leur garantit que cette île sera là à leur retour ? Elle est étrange, si nébuleuse. Presque un mirage. Et si elle est un mirage, alors Hundread aussi : il peut bien s'accorder ce répit, le Vautre, non ? Ce sourire est si séduisant. Tellement qu'il le croque, la main pressée pour le rapprocher. Si c'est inhabituel, alors qu'il s'habitue. Si c'est intrus, alors qu'il fasse comme chez lui. Si c'est déplacé, qu'il se place où il est juste qu'il soit.

Des lèvres au miel, c'est forcément un rêve.
Personne n'a de lèvres au miel.

Si le baiser qu'on lui a volé l'a étonné, au moins un peu, celui qu'il rend ne laisse pas le moins du monde planer de doutes sur ce qui peut bien l'animer, maintenant qu'il a goûté au sucré de la peau. C'est presque trop affectueux quand la pogne rustre a remonté le dos jusqu'à la nuque, pincée entre ses doigts comme la peau du cou d'un mauvais chaton, et qu'il attire le minois au sien pour y promener le bout d'un nez avide de découverte. Il n'est pas le Vautre, pour rien, après tout . Il sème des baisers mielleux sur son sillage pour se rappeler d'où il vient, rend à la gorge les quelques mordillements joueurs (les siens ne le sont pas vraiment) qu'il a reçu sous la cascade, tout à l'heure. Ce n'était qu'à charge de revanche, il aurait dû le savoir.

Qu'on s'écrive. Finit-il par articuler contre la pomme d'Adam. Il y pensait tout ce temps, s'imaginant tourner en rond devant son bureau avec un syndrome de la page blanche. Qu'est-ce que tu voudrais qu'on s'écrive ? Il s'est redressé pour regarder Hundread, et son repas, puis Hundread. À ça de les confondre. Tu as vu juste. Mon travail sert une grande famille ducale. Mais son azur se perd sur les braises, comme chaque fois qu'il songe. De toute façon, ce n'est pas plaisant de voir le regard qu'on pose sur lui lorsqu'il parle de sa fausse profession. Je suis occupé, tout le temps. J'aurai rien à te dire. Ça va te décevoir. Je vais te décevoir, aurait-il dû dire.

D'un bras glissé autour de l'épaule, le Vautre n'a pas l'intention de s'arrêter, et attire ce corps qui ne lui résiste pas tout contre lui. Hundread est une poupée de chiffon, non, de porcelaine : ce n'est pas qu'il est câlin, Dante. C'est qu'il a l'impression qu'il pourrait le casser s'il y va à sa manière, en mille morceaux, et il lui faudrait des heures pour tout recoller comme il est exactement. Si bien taillé, si joliment fait, avec ses beaux cheveux noirs et son sourire pour lequel on se damnerait. Ah, ses étoiles dans les yeux.
Voilà toute la rêverie dont est capable le Vautre.
Hundread Maelmuir
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Eh bien, la machine est lancée, à ce qu'il semble ! Hundread n'en revient pas de voir soudain son interlocuteur si prudent s'enhardir à l'enlacer en retour, au point que le repas est déjà oublié. Aucune hésitation, il le repousse doucement sur le tas de branchages moelleux où il a passé la nuit, pour s'étendre tout contre lui - à moitié sur lui, à vrai dire - une posture bien plus confortable pour bavarder tout en se cajolant.

Ce qu'ils pourraient s'écrire ? Mais il n'y a pas de réponse à cette question. Tout et rien, absolument tout. Des bêtises, de grandes déclarations, des appels à l'aide, des questions soudaines - auxquelles il sera peut-être plus facile de répondre dans ces conditions, à tête reposée et sans l'acuité perçante d'un regard hypnotique. Juste bavarder, Dante ne connaît pas ça ? C'est un marin, pourtant. Des heures à tuer, au coude à coude avec des inconnus plus ou moins bavards, il en a traversé autant que de vagues ou presque... S'est-il vraiment toujours tu, en écoutant parler les autres ?

Qu'est-ce que c'est son métier exactement ? Espion ?

"Je ne sais pas, ce qui nous passera par la tête. C'est tout ce qu'on aura ! On ne pourra pas se regarder ou se toucher. Et je sais que ça te manquera beaucoup."

Le sourire de Hundread quête la provocation, plutôt qu'il ne la dispense. Bagarre ? Il l'a proposé, et il ne se dédit pas. Mais Dante fera tous les premiers pas ce soir, peut-être parce que les nuits d'hydromel et de cajoleries débouchent trop souvent sur des matins de reproches et de mine basse, et Hundread a l'expérience nécessaire pour sentir quand lâcher la bride à son compagnon. Et puis, il est réellement comblé en ce moment. Il flotte dans un doux nuage d'hydromel et de chaleur humaine. Le sommeil pourrait le cueillir, et ce ne serait pas un sommeil frustré.

"Par exemple... Je suis fatigué, j'aimerais que tu sois là pour prendre soin de moi. Ou bien : est-ce que tu as déjà goûté cet alcool rare, j'en garde pour notre prochaine rencontre... Je suis face à un dilemme, qu'est-ce que tu ferais à ma place ? Je passe la nuit avec quelqu'un de très charmant qui m'a fait penser à toi... Est-ce que tu as essayé de nager ces derniers temps... Est-ce que Monsieur le Duc est gentil avec toi ? Est-ce que tu vas à la Fête des Fleurs, j'y serai et je poserai une lanterne sur l'eau..."

Mais il n'aime pas tant parler de tout ça. C'est se projeter dans un avenir où ils auront repris leurs vies mouvementées, loin l'un de l'autre, à des mondes de distance. Ou pire, dans les mêmes eaux, mais dans l'incapacité de se rejoindre. Son sourcil se fronce. Les lettres magiques parlent à voix haute, est-ce qu'il doit l'expliquer ? Ce serait tellement plus doux d'en faire la surprise.

"Monsieur le Duc, ça ne le dérangera pas, que tu reçoives du courrier d'un..." D'un pirate. "D'un inconnu ?"

Lui ou d'autres. Après tout, Dante n'a toujours rien livré au sujet d'une épouse ou même plusieurs, d'une vie commune avec d'autres personnes, d'un groupe autour de lui qui demandera des comptes. D'autres enfants ? Oh, ça alors, ce serait... quelque chose. Hundread se laisse de bonnes secondes pour réfléchir à ce qu'il en penserait, ce que Dante aimerait qu'il en pense, aussi, alors qu'il revient l'embrasser encore et encore. C'est rassurant, comme on s'accroche au bord d'une falaise avant de chuter. Pourquoi cette image lui vient-elle en tête ? Parce qu'il y a, tout autour d'eux, la crête de la falaise qui forme un écrin finement taillé autour de la grande voûte du ciel, où ils pourraient presque se sentir disparaître. Et qu'il a découvert les plans d'une machine volante, et que cet endroit serait parfait pour la tester.

Dante ne laisserait jamais rien de mauvais lui arriver.

"Moi, ça va, les gens s'attendent à ce que je sois particulier de toute façon ; je peux parler de toi sans que... je ne sais pas, à moins que ça te dérange. Dis-moi, c'est toi qui choisis. Te garder comme un secret, rien qu'à moi, c'est bien aussi."
Dante O'Broin
Moussaillon à l'abordage !
Dante O'Broin
Hopes
Miscéllanées :
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« j'en ai poursuivi des fantômes
presque touché leurs ballerines,
ils ont frappé fort dans mon cou
pour que je m'incline »


e s t - c e . q u e . c e . m o n d e . e s t . s é r i e u x ?

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Âge : vieille âme, cinquante deux ans tassés de galères propres et figurées.
Pronom : de genre masculin, pronoms en conséquence.
Coeur : sûrement qu'il grogne, si on lui demande, qu'il dit que ces choses-là ne sont pas pour lui, et ne l'ont jamais été. par-delà les eaux, cependant, la vérité vogue au gré de ses envies, et s'en vient à l'abordage de ses plages désertes quand son cœur à elle s'ennuie.
Origines : né aux Quatre Vents sur l'île de Jahar, il y crèvera sans doute.
Clan : autrefois propriété et chien de chasse de la famille Vestrit pendant des années, allégeance forcée aux pieds des Ozova.
Sang : Hybride
Irl : Masc. - il/lui
DC : Merle De Borhea
Faceclaim : Toby Stephens
Crédits : ange
Trigger : veines (mention & actions)
Warning : automutilation, autodestruction, dépression, mascu. toxique, esclavagisme, violence physique, traumatisme
Bones
   
23 AP. BDA ― tw : none.

Le ciel au-dessus d'eux se pare doucement de crépuscule. Le déclin du soleil gerbe son sang contre la roche et les branches noires qui prennent soudain une étonnante teinte de rose et d'orange. On dirait presque, s'il en croit ses souvenirs, les quelques rêves doucereux qu'avaient les jeunes bergères dans les livres qu'il utilisait comme seule échappatoire de cette maison du Diable. Lui n'a jamais été un rêveur, c'est peut-être pour ça que tout l'onirisme englobant Hundread l'attire autant – enfin, jusqu'à un certain point. Il trouve parfois que son imagination frôle le ridicule ; au moins, lui, il en a pour deux.

Et c'est plus facile de ne pas le voir, de regarder le ciel et les feuilles chatoyantes sous le souffle de la brise marine qui les bouscule, là-haut. C'est plus facile, parce que tout ce que lui dit Hundread ne l'aurait pas été à entendre s'il avait pu voir ses yeux enjoués posés sur lui qui attendent la réciprocité de l'excitation. Rien qu'au sourire dans la voix, s'en serait presque déchirant : il n'espère même pas. Pour lui, c'est la suite logique des choses. Les doigts du Vautre s'emmêlent nerveusement dans ses mèches noires sans savoir que répondre. Tout ça le dépasse soudainement. Il n'a jamais été capable de voir aussi loin, dans ses sentiments comme dans ses franches amitiés, bloqué par le mur invisible de la rationalité. C'est des conneries, tout ça, a-t-il envie de gronder à l'égard du rêveur. Peut-être que pour ce soir, il peut se passer d'être désagréable. Sa mélancolie, en revanche, elle ne pourra pas le quitter, il faudra faire avec.

Monsieur le Duc n'est pas sur mon dos en permanence, tu sais. La raillerie était sans doute de trop, mais elle lui a échappé. Il a ramené un bras sous sa nuque, s'est senti étonnamment protégé par le poids et la chaleur qui le couvrent ; ses doigts croisent un bout de peau qu'ils caressent machinalement d'un revers de phalange, comme on caresse la fourrure douce d'un lapin domestiqué de force. Puis tu m'as dit qu'elles étaient magiques, tes plumes, non ? Elles peuvent bien s'éviter la case boîte aux lettres. En tout cas, ça paraît logique.

Les nouveaux baisers viennent l'arracher à sa mauvaise humeur tout juste naissante. Comme c'est compliqué d'être à ce point-là carencé d'affection et en même temps de sentir comme des forces invisibles le retenir de se jeter à corps perdu dans ce qui lui est si gracieusement offert. Des liens, toujours des liens qui l'entravent et l'empêchent d'être. C'est un vrai dilemme qui s'impose au Vautre : il serait plus sage d'y mettre un terme tout de suite, comme ça, ils reprennent cette attitude distante qu'ont les chiens qui se jaugent, et ça convient très bien à tout le monde. Ils auraient eu leur petit moment à eux, dont Hundread se souviendra toujours, comme il l'a si bien dit, et Dante se contenterait de ça, de cet interlude curieux et nouveau, point. Mais. Mais ça voudrait dire ne pas pouvoir se relever sur un coude, ranger les longues mèches décoiffées derrière une oreille, et admirer ce si joli minois sur ce fond de ciel saumoné. Toutes les couleurs lui vont bien, à lui : le vert des bijoux, le rouge de la robe, le rose à ses joues.

Après tout ça, je vais disparaître. Comme un mirage. Si cette île en est un, que Hundread aussi, alors par extension, lui non-plus n'est pas aussi tangible qu'il aimerait l'être. Quelque part, ça l'arrange bien. Sa voix est presque un murmure, pour ne pas que la forêt l'entende : Ne fais pas l'innocent, tu sais comment ça va se passer. Il a attrapé ce collier qui lui brille sous les yeux, joint son pendentif avec son jumeau entre deux doigts. Tu ne sais pas vraiment qui je suis, Chuckles. Ce que je fais, où je vais ; je n'suis pas libre comme toi. Il allait l'embrasser, mais se retient à nouveau. Comme c'est dur d'avoir son minois près de lui, et ses yeux bruns qui cherchent à se raccrocher à quelque chose qu'il n'a pas l'impression de pouvoir tendre. Il inspire un soupir à en devenir. Toi, tu rêves. C'est ce que tu fais le mieux. Je n'ai pas cette richesse.

Ça l'attriste plus que de raison. Sûrement qu'une pointe de regret commence à germer au fond de son estomac vide. Il se l'est dit, plusieurs fois même, que Hundread allait y laisser des plumes à vouloir rester comme ça avec lui. Mais c'est lui qui a fait le premier pas. C'est idiot. Hundread aussi est idiot. Et pourtant, il attire sa tête vers lui, la paume calée dans sa nuque. Un baiser contre son front. Il a tellement peur de le décevoir. Qui est le plus idiot des deux, il se le demande.

Tu devrais profiter. Tant que c'est là, tant qu'ils ont tout ce qu'ils veulent. N'essaye pas de voir trop loin. Je t'offre ça ce soir, je te l'offrirai demain. Un baiser à ses lèvres sucrées ; sans douceur mais sans brusquerie, il le renverse à son tour, plante un genou de part et d'autre de lui. Ah, il lui paraît minuscule, tout à coup. Puis il range la plume à l'intérieur de sa chemise, pour ne pas qu'elle lui aille dans le nez. Tu pourras parler de moi si ça te plaît. Tout ça a pris une importance qu'il ne voulait pas y accorder. Il se dira, de retour dans sa cabine, que ce n'était finalement qu'une amourette de passage, avec le recul, et tout ira bien. Alors il peut bien baiser le précipice raide qu'offre sa mandibule, faire pleuvoir en cascade ses propres lèvres et chatouiller sa peau de sa moustache. Mais profite, tant qu'on est là.

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