Zoya Ozova •• Our spirit forged in fire

Boussole Née au sein de la famille Ozova, autrefois vassale de la famille Sovevna gouvernante de l’île Fedja, c’est par les complots qu’elle débuta sa vie. Fille de Nikolaï Ozova, elle fut élevée avec froideur et rudesse, mise de côté par son propre père car celui-ci prit son cousin, Velizar Ozova, sous son aile. Écœurée, elle mit tout en œuvre pour se hisser elle-même, sur les plus hautes sphères de la famille. Elle s’entraina avec rigueur pour maîtriser la magie de la Psyché, quand bien même elle se refusait de ressentir des émotions qui pourraient la parasiter dans ses ambitions.

Le silence fut sa première arme, bien plus aiguisée que pouvaient se révéler être les mots. Observant en silence les différents jeux de pouvoir, calculant ce qu’elle pouvait comprendre à l’époque, afin de se construire sur des bases qui l’aideraient à faire d’elle une femme forte à l’apparente froideur. On la regardait déjà différemment car elle parlait peu. Et lorsqu’elle ouvrait la bouche, il n’était jamais question de frivolité. Elle allait droit au but, usait des mots avec une justesse qu’on n’attribuait pas aux enfants de son âge. Elle apprit à se faire respecter peu à peu par sa pensée et ses réflexions. Dans cette famille, les seules personnes pour lesquelles elle éprouva de l’amour, fut sa fratrie. Sa sœur jumelle surtout. Aussi différentes que fusionnelles, elle fut la seule à traverser les barrières érigées par son esprit, afin d’être à la hauteur de la pression qu’on lui faisait vivre. Genya fut l’unique personne à voir en elle autre chose, à l’aimer pour ce qu’elle était, et non pas pour la terreur qu’elle pouvait inspirer dans les esprits. Quant à son frère Vladim, et malgré les années qui les séparaient, elle éprouvait beaucoup d’affection pour lui. Il était arrogant et immature, et cela l’agacait au plus haut point, mais elle ferait tout pour le protéger. Elle ne comprit jamais l’indifférence de son père à son égard et lui en voulut.

L’événement qui lui attribua une réputation de froide guerrière, fut l’attaque qu’elle vécut à l’adolescence. Un homme bien plus âgé se rapprocha d’elle et abusa de ce qu’il vit comme une jeune fleur faible. Il essaya de se servir d’elle en l’endormant avec des mots doux, dans le but de se rapprocher de son père. À plusieurs reprises, il dépassa la limite du respect qu’il lui devait mais sans jamais que la jeune femme ne se plaigne. Elle accusa les coups, ruminant sa vengeance au bon moment. Et lorsque ce moment arriva, quelques semaines plus tard, le silence ne fut plus assez éloquent pour faire face à cet homme qui abusait d’elle trop régulièrement. Muée par le désir de lui faire mal et de se venger, elle s’entraina sans relâche et avec davantage de férocité. Puis, lorsque le moment fut le bon, qu’il lâcha prise contre elle, prêt à s’emparer de son corps, elle tomba à genoux et l’empala lentement sur sa lame. Et lorsqu’il hurla de douleur, dégobillant son sang, elle le scruta comme s’il n’était rien d’autre qu’une mouche qu’elle venait d’écraser entre ses doigts. Et c’était ce qu’il était. Une mouche qui avait tourné autour d’elle, trop longtemps, et qui avait trop joué avec elle. Il en était mort. Et si quiconque devait la prendre pour une femme vulnérable et faible, ils connaitraient le même sort. Personne ne se servirait jamais plus d’elle, ni de son corps.

À la suite de ce meurtre de sang-froid, on la regardait différemment, dans un mélange de terreur et de respect. La plupart des personnes s’éloigna d’elle, ils étaient terrifiés à l’idée que la jeune femme puisse décider de les tuer avec cette même froideur si le cœur lui en disait. Personne ne sut la réalité derrière cet assassinat, la manipulation qu’elle avait vécue, les abus qui avaient marqué sa peau ses quelques mois, qu’elle avait dissimulé habilement en prétextant que les cicatrices venaient de son entrainement. Elle était trop fière pour laisser entendre ces choses-là.

Les années finirent de construire cette réputation de fière guerrière implacable et sans émotion. Ni la rage, ni la colère, ni la terreur, ne l’habitaient jamais. Elle combattait parce qu’elle le devait. Pour faire entendre à tous, qu’elle était puissante et déterminée, et pas uniquement par le sang qui coulait dans ses veines. Brutale et féroce, elle s’illustra lors des différentes batailles, lors des affrontements particulièrement sanglants pendant lesquels elle se montra aussi implacable que la réputation qu’on lui avait attribuée.

Mais toutes ces années ont également fait d’elle une femme froide incapable d’extérioriser ses émotions. Elle les garde précieusement intériorisée, tapie dans le tréfond de son esprit. À mesure qu’elle vieillit, elle se fait happée par ses démons, par les angoisses qui s’éveillent en elle la nuit, quand on effleure son corps comme jadis cet homme effleura le sien et la marqua. Elle commença à consommer du lotus noir de façon anecdotique au début, afin de détendre son corps et son esprit, d’apaiser les tourments. Une consommation qui se fait désormais de plus en plus régulière, à mesure que la pression pèse de plus en plus sur ses épaules.

Aujourd’hui, si Zoya conserva pendant longtemps de la rancune et des ressentiments envers son cousin, sur un fond de profonde jalousie, elle est désormais certaine de la place auprès de lui qu’elle désire occuper. Elle le suit dans ses désirs de grandeur et a pris le commandement de ses armées. Lorsqu’ils étaient enfants, elle aimait passer du temps avec lui, mais éprouve désormais des difficultés à supporter certaines de ses décisions, ne supportant pas d’être le jouet d’un autre. Alors lorsqu’il arrangea un mariage avec la famille Ethelsa, comme si elle n’était qu’un objet pour arriver, à ses fins, elle réprima une violente colère, retenant, une nouvelle fois, ses émotions. N'était-elle qu’un énième moyen d’arriver à ses fins ?